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mardi 3 juin 2014

Un matin de mai pas comme les autres

C’était un matin du mois de mai.
Deux jours après mon anniversaire. Deux jours après la fête des mères. Le dimanche soir en rentrant chez moi, j’ai trouvé un gros bouquet sur la table, avec un mot écrit sur une feuille déchirée. « Bonne fête Maman, Sam ». Il est sorti de sa chambre, intimidé, et les yeux brillants, heureux d’avoir posé ces fleurs et ce mot, pour me faire une surprise.
C’était un matin du mois de mai, deux jours plus tard.
Je m’étais levée tôt pour préparer une pissaladière et un crumble pour féter mon anniversaire avec mes collègues de travail. On allait passer un bon moment. 
Dans la cuisine, au milieu de la farine du beurre de la tomate, Sam est venue poser le café et je me suis agacée de devoir me pousser. Il a ronchonné. Il a râlé parce qu’il n’y avait plus de jus d’orange. Il a bu du lait et il est parti travailler.
Ca sentait bon et oihana s’est réveillée. Nous nous sommes préparées ensemble. Dans la salle de bains pleine de musique. Moshi moshi buvait l’eau du robinet. 
Ca a sonné à la porte vers 9 heures.
Ca ne pouvait être qu’un voisin, puisqu’il y a une entrée sécurisée. 
J’ai ouvert sans regarder le juda. 
Trois hommes une femme. 
Ils m’ont demandé si j’étais la mère de Samuel. Tout de suite j’ai pensé à l’accident. Mais ils m’ont demandé s’il était là, juste au moment où je voyais le brassard orange sur le bras de l’un d’entre eux. POLICE.
Ils ont voulu perquisitionner et on demandé la chambre. 
J’ai posé des questions mais il est majeur. On m’a répondu on ne peut rien dire. Ils fouillaient toutes les boîtes, tous les meubles, ils soulevaient les matelas le canapé, ils ont ri en voyant les photos dans l’Ipad. J’ai dit que je fouillais parfois moi aussi sous le lit et ailleurs. L’un d’eux m’a dit c’est pas bien d’être suspicieux… J’ai demandé s’ils cherchaient du shit. Ils m’ont demandé s’il en consommait. Comment dire le contraire, avec les mégots qui traînaient sur la table ? 
Ils ont parlé de violence aggravée avec vol. Je crois que j’aurais préféré le shit mais ce n’était plus vraiment le moment de préférer. Trop tard.
Oihana râlait qu’on fouille la chambre de son frère et moshi moshi sautait dans tous les sens pour attaquer les policiers.
Ils ont emporté l’Ipad et rien d’autre. Puis ils ont filé chercher Sam à son boulot. 
Je ne savais rien. Je n’étais pas encore consciente du drame. Je suis partie travailler. 
Puis j’ai voulu savoir où il était. Je suis allée à l’hôtel de police. Une femme flic m’a refoulée et dit que je ne saurais rien qu’il fallait que je parte. Dans la voiture le père de Sam m’avait dit que le flic avait parlé de violence homophobe. C’est là que j’ai compris que c’était grave. C’est là que j’ai cru devenir folle. 
Sur Facebook, dans les journaux, j’ai vu tant de photos d’homo tabassés, et chaque fois j’ai eu envie de vomir et de hurler, et aussi de dégommer les coupables.
Je voulais voir mon fils et qu’il me dise ce qu’il avait fait. Je voulais qu’on me dise  qu’il y avait erreur qu’il avait été dénoncé abusivement.
Je suis revenue chez moi, il fallait que j’attende pendant les 24 ou 48 heures de garde à vue.
Je pensais au petit garçon que j’avais élevé avec son sourire et ses fossettes, toujours collé à moi, le pouce dans la bouche, avec son doudou le lachien tout sale, qu’il traînait partout et auquel il donnait la dernière goutte de chocolat du biberon. A tout ce que je lui avais appris de tolérance, d’amour des autres et de leurs différences. Je pensais à toutes les fois où j’avais mis le souk pour le défendre contre les propos ou les actes racistes. Je le revoyais petit expliquant à son copain Antoine, ce que c’était homosexuel, que c’était pas grave, que c’était de l’amour tout simplement mais entre deux hommes ou deux femmes. Ils avaient 6 ans. Et je pensais à lui avec des menottes, interrogé et ré-interrogé. Je pensais à la victime mais pas trop parce que pour moi il était totalement impossible que ce soit arrivé.
Et puis le soir on m’a appelée. Je suis venue très vite, j’avais porté un sac. J’avais mis son gel douche, sa crème, des vêtements propres, des chips. Mais je savais qu’on ne les prendrait pas. J’ai signé un papier sans le lire. C’était pour la perquisition. Le flic m’a parlé d’une soirée en boîte très arrosée, d’une rencontre et d’un homme qui finit à terre roué de coups et d’un vol d’ordinateur. Il m’a montré le dossier, des photos, je n’avais pas mes lunettes, je ne voyais rien de précis. Il m’a dit que c’était très grave. Il m’a parlé des deux complices. Je savais de toutes manières qui ils pouvaient être. Il m’a dit que si je voulais je pouvais aller à la comparution immédiate mercredi à 14 heures. Il m’a parlé de la victime un jeune médecin et il m’a décrit les blessures.
Je n’ai pas pu poser les affaires apportées. Je savais que quelque part mon fils attendait menotté dans une cellule, qu’il allait y dormir, et qu’il avait fait une chose immonde. Je n’avais plus qu’à rentrer chez moi avec tout ça.
Mercredi il  y a eu la comparution immédiate. Samuel était dans le box les yeux baissés. Son complice était à côté de lui. Le troisième trop jeune sera jugé autrement. La victime était là. Il est venu à la barre, jeune aussi, avec un air si gentil, si humain. 
La description des faits est longue, précise, jusqu’à la description de chaque blessure. Trois jeunes gens sortent de boîte en ayant trop bu. Un jeune homme sort d’une autre boîte en ayant lui aussi trop bu. Ils se croisent et parlent. Le jeune homme propose une after chez lui. Dans le tram il parle avec les garçons de leur couleur de peau et de leur différence, si elle est facile à vivre. Il leur dit qu’il est homosexuel et ils répondent que ce n’est pas un problème. C’est le jeune homme qui le dit lui-même. Chez lui, ils boivent encore et encore, et aussi consomme autre chose, je n’ai pas compris quoi. Puis des heures plus tard alors que tout le monde est plus que saoul, il demande aux trois garçons de partir. C’est là qu’il se retrouve parterre roué de coup et qu’il perd connaissance. Quand il se réveille il n’a plus de télé ni d’ordinateur, ni sa cigarette électronique. Il  se traîne chez la voisine qui appelle les secours.
La version des trois garçons est différente. Jusqu’au moment où il demande de partir. Il aurait éteint la lumière et eu un geste envers le plus jeune pour le draguer. Celui-ci lui colle sont poing dans la figure. Il tombe. Il est roué de coup. 
Qui saura jamais quelle est la version exacte ?
Cet homme a eu deux cotes cassées, le nez cassé et des plaies sur le corps car l’un des agresseurs a fait tomber un meuble plein de verres sur lui. C’est horrible et immonde.
D’ailleurs les retraités qui sont dans la salle d’audience pour passer un peu de temps en écoutant des histoires croustillantes qu’il commenteront au café du coin, sont outrés. Ils ponctuent les fait de «  c’est incroyable et d’insultes diverses ». 
Quand le procureur parle d’une peine de dix ans pour Sam et 20 ans pour son ami ils poussent des soupirs de satisfaction et rient de plaisir. La demande de l’avocat général de 18 mois pour l’un et trois ans pour l’autre les déçoit de toute évidence et ils l’expriment.
En attendant le verdict, je sors. La victime est un peu plus loin. J’avais en tête de lui parler depuis la veille. Il est seul et je m’avance vers lui pour lui demander tout le pardon qu’il est en capacité de me donner. Pardon c’est une expression car il n’a rien à pardonner, juste entendre ma compassion, ma honte, ma colère pour l’acte dont il a été la victime. Juste lui dire que jamais jamais une parole homophobe n’a été prononcée chez nous, jamais un acte violent n’a été toléré, que Samuel a été élevé dans la tolérance, l’écoute des différences, leur respect, et l’amour de la liberté. L’avocate de la victime aussi parle avec nous, je pourrais lui raconter toutes les petites histoires que je connais de la vie de mon fils. Mais ce garçon qui a frappé, qui a volé, je ne le connais pas. Depuis trois ans je le vois empêtré dans un personnage qu’il n’est pas tout au fond de lui.
 Depuis trois ans j’appelle au secours les services sociaux,  les associations, je demande un éducateur pour m’aider. Je suis seule à me battre avec cette adolescence rebelle et incontrôlable. Dans le vide et le désert.
Le verdict tombe finalement. 
Un an ferme pour Samuel, deux ans pour son ami. Des dommages et intérêts en plus dont le montant n’est pas encore définitif.
Samuel baisse la tête, sa sœur sort en pleurant, je n’entends plus le reste.
Je réponds comme un automate à la dame à côté de moi qui veut savoir lequel est mon fils… C’est le noir. Elle me toise et me dit bon courage en ricanant. 
Plus loin, une avocate d’une autre affaire me fait non de la tête, et articule des phrases que je ne comprends pas. 
Je sors.
La victime et son avocate me rejoignent et restent avec moi. Elle m’explique que Sam a un an ferme mais sans mandat de dépôt. Ca veut dire qu’il n’ira pas en prison. 
L’avocat commis d’office sort triomphant et attends mers félicitations. Il me demande si je suis contente. Je lui dis que non. Soulagée oui. Il est choqué, je m’en fous. Etre contente de quoi ? 
Je suis honteuse, en colère, assommée, ko debout, mais contente non.
Depuis hier Sud-Ouest se fait l’écho de cet acte homophobe qu’il met en parallèle avec le film l’appat. Le nom de Samuel est en toute lettre dans l’article. 
La peine judiciaire ne suffit pas le tribunal populaire va pouvoir se déchaîner. Les commentaires ont été fermés. Je préfère n’avoir rien vu et ne pas savoir ce qui s’est dit. 
Je vais continuer d’aimer mon fils. Je vais porter le poids d’une part de la responsabilité que j’ai de toute évidence. 
La victime va je le souhaite rester cet homme généreux qu’il semble être.

Nous allons tout faire pour que de cette horreur commise sorte une leçon pour Samuel. Et qu’il devienne un homme respectable et plein d’humanité.

mardi 2 octobre 2012

Liberté chérie et malitude familiale


Dans ma famille on ne rigole pas avec la malitude. Malgré un discours bien argumenté sur la tolérance et la liberté d’autrui qui se respecte, voire une tendance anarco-révolutionnaire, il y des bornes qu’on n’aime pas voir dépasser.

Mon fils le nounours serait fou de colère de connaître son surnom ici. Prompt à ouvrir mon courrier quand il dépasse de ma boîte à lettres, mon sac quand il a besoin de mes clefs, d’un kleenex, ou d’un euro, sans états d’âmes pour faire passer ses troupeaux d’amis dans le séjour alors que n’ayant pas de chambre j’y dors, il ne lésine pas avec sa liberté personnelle. Il ne manque pas de me faire remarquer que je n’ai pas frappé avant d’entrer dans sa chambre, que j’ai fini le fond de la bouteille de coca ou du pot de nutella ou que j’ai piqué un peu de sa crème hydratante. Ca me rappelle cruellement un autre mâle de la famille et encore un autre que j’ai connu par le passé. Celui qui paraît-il ne savait pas mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle, il ne le savait pas. C’est ce qu’il disait à Mamamia, et elle fulminait mais semblait le croire. Quand il mettait une assiette avec petits pois et lardons, en faisant croire qu’il n’avait pas vu…. On riait gentiment, nous ses enfants. De même son fils, dans un autre style, est le seul membre de la famille, dont on ne se soit jamais offusqué qu’il ne souhaite jamais un anniversaire de ses neveux, qu’il se pointe aux fêtes de familles « sans fleurs ni couronnes », il est comme ça frérot, on prend ou on laisse, et on sourit gentiment. Parce que si on a le malheur de souligner la faille, on passe pour une sale féministe, une emmerdeuse, une fouteuse de merde.

Quelle mouche me pique. Pourquoi ça ne me fait plus rigoler tout ce petit cinéma ?

Tout simplement parce que mon fils et mon frère ont chacun leur compte Face de bouc.

Mon fils, y publie ses conneries à la pelle, commentées illico par tous ses potes avec force « fote d’oretografe et de franssais », on est mdr, on est swag, et on est tous frère et sœurs. Par deux fois j’ai osé commenter des photos un peu ridicules ou surprenantes pour moi. J’ai vite été priée de retirer mes commentaires. Privée donc d’humour chez mon fils.

Exilé chez les bretons depuis un mois, mon frérot (qui d’ailleurs m’avait déjà demandé de ne pas l’appeler frérot dans mon blog, alors qu’il n’y vient jamais), s’est décidé à créer un compte face de bouc. S’il a sauté le pas c’était juste pour avoir la possibilité de visionner un film à sa « gloire », très touchant et beau au demeurant, publié par l’un de ses amis. Tout comme soeurette courage, je me suis permis de commenter ces si belles images de lui avec quelques mots tendres et admiratifs pour celui qui à bientôt 50 ans a tout quitté pour réaliser son rêve d’enfant : appendre à fabriquer des bateaux devenir charpentier de marine et naviguer. J’ai osé y ajouter une petite phrase évoquant son enfance, quand il courait autour de la piscine où nous apprenions à nager, en pleurs, refusant de sauter dans l’eau. Viol de la vie privée. Premier avertissement. Puis, quelques jous plus tard, frérot publie une photo de lui. Il est de bon ton sur Face de bouc, de trouver toutes les photos magnifiques, sublimes, trop belles… Et de cliquer les j’aime sans compter. Ca frise parfois le ridicule. Je me permets donc de dire que je n’aime pas cette photo. Sans autre commentaire. Oups, réponse par une phrase de LF Céline : "le monde est une grande affaire a se foutre du monde."

Deuxième avertissement.

On dirait qu’on ne peut pas tout dire.

On dirait qu’on ne dit pas n’importe quoi aux hommes de la famille.

Ici, c’est mon refuge, je dis ce que je veux sur qui je veux.

Si je ne peux plus le faire, c’est une entrave à ma liberté d’expression.

Pendant des années cet espace m’a sauvée de la dérive morale et il va continuer, qu’on le veuille ou pas.



samedi 1 septembre 2012

Se réveiller enfin...


J’ai dormi longtemps. Je m’éveille comme la Belle au bois dormant de cent ans de sommeil… Depuis de longues longues années, j’avais oublié les petits matins calmes et silencieux. J’avais oublié la fraîcheur du jour qui se lève. J’avais perdu le goût de thé pris en silence quand toute la famille dort encore, malgré l’odeur des tartines de pains qui grillent. Depuis si longtemps je me perdais dans des grasses matinées éreintantes. Sans la conscience de ce qu’elles représentaient vraiment. Depuis si longtemps mes nuits n’en finissaient plus. Enroulée dans ma couette, je n’ouvrais les yeux que pour les refermer et m’endormir à nouveau–souvent à moitié. Vers midi, la matinée terminée, je me levais enfin, plus fatiguée que la veille. Je savais que la moitié de la journée était déjà derrière moi. Je sais que j’avais économisé un repas, que j’avais fui le vide de ma vie pendant au moins quelques heures, fui la peur du lendemain, la peur de idées les plus sombres. J’avais fini par ne plus en avoir la conscience. Parfois, souvent même, après un petit repas vite avalé, j’ai fini par aimer faire de longues sieste l’après-midi, devant la télévision allumée sur des émissions sans queue ni tête. Parfois, j’arrivais à me plonger dans d’autres vies, celles des romans, celles des bloggueurs, celles qui me faisaient oublier mon existence. J’ai dormi pour fuir, pour ne pas voir le temps qui passe.

Ecrire m’a sauvé l’esprit. Ecrire m’a permis de dire, en évitant de savoir qui me lisait, de dire une douleur immense. De faire sortir de moi une souffrance, peut-être parfois avec beaucoup d’impudeur. J’avais décidé que c’était ce qui me sauverait.

Je n’étais pas malade. Juste mal. Juste pauvre. Juste sans deux sous dessus.

J’aurais voulu me dire que l’argent ne fait pas le bonheur, car non il ne le fait pas. J’aurais voulu avoir assez de grandeur d’âme et d’esprit pour l’accepter. En même temps il n’était plus question de bonheur, mais juste de vie. L’argent non, ne fait pas le bonheur, mais qui sait la terreur de voir son enfant tomber malade, avoir faim, en se disant qu’on a les poches vides, ultra vide et que manger et se soigner, ce minimum vital, passe forcément par la case payer ??? Seul peut le comprendre celui qui l’a vécu. L’autre celui qui ne l’a as vécu, peut l’entendre, mais ne pourra jamais imaginer, quelle panique intérieure, quel désespoir, quelle envie de faire des conneries cela provoque. Celui qui ne l’a pas vécu ne peut souvent même pas l’imaginer. Et c’est tant mieux pour lui.

Ici et maintenant, tout est terminée de cette période. Il y aura la cicatrice. Longtemps.

Pierrot de la lune et Mamamia, avaient une maison. Elle est vendue. Enfin. C’est toute une histoire. Je ne me sens pas prête à en parler ici. Je ne m’y autorise pas. Peut-être la honte que finalement, ma vie va changer, juste grâce à ça. Il a suffi de ça, pour que je recommence à me réveiller le matin quand le jour se lève à peine.

 Pour qu’après trois ou quatre matins, où j’ai posé mes pieds nus sur le carrelage, et où j’ai laissé ma journée s’installer sans la fuir, je réalise que quelque chose était différent… Juste parce que j’ai pu aller acheter du beurre frais, de la confiture, du bon pain frais et du thé avec un vrai goût de thé, et que j’allais pouvoir les déguster en silence en me demandant ce que j’allais faire de ma journée.

Juste parce que devant mes tartines, je me dis que je vais pouvoir prendre le bus, ou ma voiture et aller flâner dans la ville, prendre un verre en terrasse, m’acheter un crayon et un carnet, sans me demander ce que je devrais sacrifier chez lidl en faisant mes courses de bouffe, en échange de cette folie. Juste parce que je sais que mes enfants n’auront plus faim et que désormais, je peux leur assurer une certaine sécurité.

Tout cela relève d’un matérialisme affligeant certainement. C’est la réalité.

C’est en tout cas ce qui fait que depuis quelques semaines mes enfants me voient sourire un peu plus, que quand ils se lèvent le matin, quelques heures après moi, j’ai déjà eu le temps de faire un tas de choses et que le courage m’est revenu. Mon esprit, plus léger et détendu, peut entendre plus facilement leurs soucis à eux et trouver les mots pour les aider.

Je me suis  battue longtemps et sans concession. Je n’ai cédé à aucune pression. A aucune tentation folle non plus. Mais jamais, jamais je n’oublierai ces dernières années.







lundi 6 août 2012

MIAM ALLA PUTTANESCA #7# de ma famille basco landaise


Je ne sais plus où traîne le petit carnet bleu dans lequel j’avais noté la recette de la piperade de ma Tatie Simone. Celle que j’ai toujours toujours suivie depuis que je cuisine. Mais en même temps, je ne crois pas avoir encore besoin du petit carnet bleu. Parce que la première piperade que j’ai cuisinée, c’était dans la cuisine de l’école où je vivais, chez Pierrot de la Lune et Mamamia. Je n’avais peut-être pas vingt ans. La recette était copiée par sœurette sur le dos d’une carte d’anniversaire, sous la dictée de tatie Simone, experte en la matière, magicienne de la cuisine généreuse et familiale. Les crêpes au beurre frais, la garbure au chou et confit de canard, les graisserons de canard et le foie de canard, et un truc qui s’appelle les saliades. Bon ça ne parle qu’à un landais la saliade. C’est ce qui reste tout au fond de la marmite dans laquelle on fait cuire le confit de canard. Tout fin, comme une crème un peu granuleuse et salée, qui se tartine su du pain frais ou dans laquelle on trempe ses frites de pommes de terres nouvelles cuites avec la peau… Ca ne se raconte même pas ça se mange simplement. Quand on en trouve parce que depuis que Tatie Simone est partie tutoyer les anges, ce n’est plus qu’un souvenir. J’an ai trouvé sur un marché de mes vacances il y deux ans, mais rien à voir avec LA saliade de Simone.

Hier aux Capucins, pour un euro j’ai acheté une douzaine de piments verst. Pas des poivrons, trop sucrés, pas des piments rouges trop forts… Non du petit piment vert, juste un peu acide, bien croquant. Dans les landes on le mange de trois manières.

Simplement en salade avec de bonnes tomates et de l’oignon frais. Et une vinaigrette huile vinaigre sel poivre. Pas autre chose. Et on n’en mange que de fin juillet à mi-septembre quand les tomates ont le goût de soleil.

Autre version en omelette. Coupé en petits tronçons, cuits tout doucement à la poële, très très doucement soit seul soit avec de l’oignon soit avec de l’ail. Puis, on casse des œufs sur les piments et on mélange doucement. Il faut que ça reste un peu baveux. Pour pouvoir saucer avec du pain frais le fond de l’assiette à la fin du repas.

Et enfin. En piperade.

Ce matin en préparant ma piperade, le nez juste au dessus de la cocotte, je fermais les yeux et je revenais en arrière, à ma grand-mère basque qui disait la piparade, je ne sais pas pourquoi, à ma mère et sa mère qui coupaient tous les légumes tout petits, à Tatie Simone qui en faisait des conserves, et en distribuait à tous ceux qu’elle aimait.  Je pensais à toutes ces femmes de ma famille qui mettaient toutes les mêmes ingrédients, mais dont chacune était différente et reconnaissable. Et puis la mienne, que j’aime bien aussi, copiée sur celle de Simone mais inspirée de toutes les autres. Je pensais aussi à celle de mon ex-belle mère qui m’avait bien déstabilisée quand je la goutais pour la première fois. Elle aussi mettait les mêmes ingrédients, mais le résultat était trop acide et trop cuit. Une sorte de bouillie acide à la couleur indéfinissable.

La mienne cuit doucement et longtemps mais reste verte et rouge vif comme le drapeau du pays basque. Il faut en faire une bonne quantité, parce que la piperade fraîche, c’est le bonheur. Avec un bon poulet rôti. Mais c’est quand même ben qu’il en reste pour le soir, avec les restes du poulet réchauffés dans la même cocotte. Et puis ce qui est bien, c’est s’il en reste encore un petit bol pour le lendemain. Parce que soit on est partageur et on fait un plat de pâtes on oublie le ketchup et le gruyère et on arrose du bol de piperade. Soit on est un peu égoïste et on verse le bol dan une petite poële, on réchauffe et on casse deux œufs dedans. Ca c’était le plat préféré de Mamamia et on n’aurait même pas eu l’idée de lui demander d’en avoir un peu. Parce qu’il y a des petits bonheurs qui ne se partagent pas. Ou juste un peu. Parfois elle trempait un morceau de pain dans le jaune d’œuf, et le jus de la tomate et nous l’offrait. Nous n’en demandions pas plus.

C’était le plat de l’été, et nous en mangions aussi souvent que les frites et les pâtes.

Moi, je n’en fais plus très souvent. Parce que j’attends que les tomates m’inspirent l’envie de les préparer. La dernière que j’ai préparée date de deux ans. J’en avais même fait des conserves tant les tomates étaient belles. Mais c’était si bon que les zados ont englouti les dix ou quinze bocaux avant la fin du mois d’octobre alors que j’avais prévu des les manger en hiver.

Allez la recette, pour ceux qui connaîtraient de bonnes tomates.



Il faut donc pou une bonne piperade :



Une douzaine de piments verts

Cinq ou six grosses tomates

Deux oignons

De l’ail

Deux tranches épaisses de jambon DE BAYONNE



On coupe le jambon en dés, on émince l’oignon.

On coupe les piments en deux et on ôte les graines. (la poule ne les enlevait pas je crois que c’est pour ça que le goût était un peu amer). Et on coupe le piment en petits morceaux de trois quatre centimètres.

On fait chauffer UN PEU de l’huile d’olive dans une cocotte. On y jette ensemble le jambon, les piments et l’oignon. On fait revenir en remuant souvent, très souvent pour que rien ne cuisent trop vite. On baisse un peu le feu. Ca fait un beau mélange de couleur vertes blanche et rosée.

Pendant que ça cuit on coupe les tomates en quartiers. On remonte un peu le feu. Et on les ajoute au mélange qui a cuit doucement. Là on a toutes les couleurs du drapeau basque au fond de la cocotte. On sale, on poivre. On n’oublie pas trois ou quatre gousses d’ail écrasées avec leur peau. On laisse un peu chanter le mélange. Que ça accroche un peu, juste un peu au fond, on verse un petit bol d’eau, et un morceau de sucre.

Alors on baisse bien le feu et on laisse cuire, très bas pendant une heure. Tatie Simone elle faisait à la cocotte minute une vingtaine de minutes. Pas moi. Juste pour le plaisir d’aller de temps en temps soulever le couvercle de la cocotte, respirer les odeurs, et voir les belles couleurs.

Voila j’en ai fait une à midi. Le nounours en a mangé sans dire si c’était bon ou mauvais. Il a juste dit qu’on pourrait ne pas mettre de jambon. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’alors ça ne serait plus une piperade. Mais en milieu d’après midi, j’ai entendu le frigo s’ouvrir, et il a dit « Je mange un peu de piperade !! ». Alors j’ai jubilé. Sauf que je ne suis pas sûre qu’il m’en restera suffisament pour  mon petit bonheur égoïste de demain.







samedi 21 juillet 2012

Mauvais plan...


Je voulais faire cette note depuis quelques semaines. Je ne sais pas trop comment la tourner.  Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, elle n’a rien ni de plus plus perso que d’habitude, ni d’amusant, ni de triste. Mais plus d’inquiétant… Elle pourrait relever du fait de société, un truc qui aurait pu très mal tourner et que j’ai fini par régler avant la cata.

On nous raconte régulièrement aux infos les dérives de l’utilisation des réseaux sociaux chez les ados. Des petits évènements ou petits amusements qui partent en live en moins de temps qu’il ne faut pour se retourner. C’est arrivé à la lutine le mois dernier. Un truc qui en moins d’une heure peut faire dangereusement basculer une vie.

La lutine est sur l’incontournable FB, tout comme son frère et moi-même. Elle y affiche 689 amis, 605 photos. Des cinquantaines de j’aime chaque fois qu’une nouvelle photo apparaît, des « t’es tro belle je t’aime » des ses amis auxquels elle répond « non toi t’es tro belle » qui n’en finissent pas et que je trouve ridicules. Mais je ne me prends pas trop la tête avec ça, c’est il faut l’accepter, le truc des ados d’aujourd’hui. Mes enfants sont mes zamis de facebook, cela me permet d’avoir un petit œil sur le truc et de veiller aux dérives. Ca n’a pas l’air de les déranger. Le nounours refuse cependant que je commente ses photos, ce que je fais tout de même parfois. Et bien je me félicite finalement d’être parfois un minimum intrusive, et de savoir manipuler Facebook, msn et autre.

Pour fêter la fin de la troisième, une soirée a été organisée chez une copine de la lutine, le dernier vendredi soir de juin. Ce que, quand j’ai quitté la troisième moi-même on appelait une boum, où nous dansions des slows dans le garage d’une maison de parents, et parfois nous ennuyions des heures et des heures sur une chaise, parce qu’aucun garçon ne venait nous inviter. Alors, nous tournions notre paille laborieusement dans notre verre de coca fraise, en observant les moindres recoins de la pièce.

Aujourd’hui, on ne s’ennuie plus en boum, pardon en soirée. On prend son portable, on sms, on internette, et surtout on échange ses impressions même si l’on est dans la même pièce. Et de soirée à soirée on se tient au courant de qui sort avec qui à la minute même où la pelle est roulée…

La lutine vivait son premier dilemme, son premier drame cornélien en même temps qu’elle « préparait » son brevet des collèges. Un garçon de troisième était amoureux d’elle. Mais il sortait avec une autre fille. Pour corser l’affaire, cette fille fait du théâtre avec la lutine et elles sont copines. J’ai eu droit aux confidences, aux hésitations, aux questionnements «  dois-je trahir la copine, ou repousser le soupirant, pour lequel je soupire moi-même ???? ».

Ce soir de juin, si le jeune S. était invité, sa copine ne l’était pas. Et bien sûr, la lutine n’a pas mis longtemps à trancher et à faire le tri dans ses priorités. L’amour a eu le pas sur l’amitié. C’était quand même plutôt une copine qu’une amie. Et voilà que la lutine est sortie avec cet ado ma foi très prometteur. Classe préparant au conservatoire, percussionniste chanteur à lunettes, entre artiste et intello, telle mère telle fille… Le journal intime de mes 15 ans regorgeait de photos de ce genre d’ados. Mais moi, je m’arrêtais au rêve.

Ce soir-là, une copine de la copine de théâtre, témoin du roulage de patin, a dégainé le smartphone plus vite que son ombre. Et en trois secondes elle a publié sur son mur. Il a fallu trois minutes de plus pour que la « copine » apprenne qu’elle était trompée et trahie. Elle a consacré les trois minutes suivantes à pirater le compte du musicien-poète, à fouiller dans ses chats, et en un copié-collé assassin elle a affiché sur son mur, la conversation dans laquelle la lutine et le musicien s‘avouaient leur amour, puis s’avouaient avec force détails où ils en étaient de leur vie intime et sexuelle d’ados de 14 ans. Et hop la vengeance est maintenant un plat qui se mange chaud bouillant. En moins de dix minutes, les 689 amis de la lutine, plus les 747 amis du musicien, ainsi que les 932 amis de la « trompée-trahie » ont pu lire, cette conversation très personnelle. A la soirée tous les smartphones étant « on line », l’évènement est devenu le pôle d’attraction. Tout les zamis, des amis des amis du collège et du théâtre ainsi que les inconnus, ont envahi le mur de la lutine pour l’insulter, la menacer, et lui régler son compte. Un déchaînement d’une violence effrayante. Inimaginable.

La lutine, conseillée par ses amies présentes et par son musicien a aussitôt fermé son compte Facebook, pour stopper la réaction en chaîne et le déferlement de plus de 200 messages en moins d’une heure. Alors tout le monde est allée sur le mur de la « copine », pour lui assurer son soutien, et continuer le flots des insultes et des menaces.

Quand la lutine est rentrée à la maison le lendemain, elle était terrorisée. Elle a tout de suite ressenti le besoin de tout me raconter. Elle me suppliait de la changer de collège et disait ne plus vouloir sortir de la maison. Elle avait reçu des tas de menaces sur son téléphone portable.

Super-maman est alors entrée en action. La lutine refusant totalement que j’aille sur le mur de la « copine » pour mesurer l’ampleur des dégâts, et surtout lire cette conversation. Il est évident que je ne l’ai pas écoutée et que de recherches en recherche j’ai pu trouver le nom de cette copine et son mur et cette conversation qui en effet était très intime entre les deux ados. Rien de grave vue de mon grand âge, mais véritable mise à nu pour une ado. Comme si on avait ouvert un journal intime qu’on l’avait photocopié et placardé sur les murs de tous les collèges du secteur… J’ai compris la honte et le désarroi que cela  pouvait provoquer. Je crois qu’un enfant sans soutien, sans écoute, ou trop renfermé pour en parler à ses parents,  peut, après une telle chose commettre des actes irréparables.

J’ai aussitôt moi-même publié sur le mur de la copine un ultimatum. Une heure pour effacer  ce tas d’insultes ce copié collé. Si ce n’était pas fait plainte au commissariat. Je précisais que tous les noms et la conversation étaient maintenant sauvegardés sur mon ordi. Que par ailleurs, si un seul cheveu de ma lutine était touché, maintenant ou à la rentrée de septembre, tous ces mêmes noms suivraient le chemin du commissariat et que je prendrai contact avec les parents. Puis petit coup de téléphone à la jeune fille pour tout confirmer de vive voix.

En deux heures l’affaire était réglée.

La lutine a séché ses larmes et elle a tout l’été pour mettre un peu de baume su cette sale plaie.

Je serai vigilante puissance 100 à la rentrée.

La bluette se poursuit via les sms et le téléphone puisque la lutine est en vacances dans la famille et le jeune homme en vacances je ne sais où. Ils se retrouveront en Aout.

La lutine a rouvert son compte et je surveille. Pour l’instant rien n’est venu le perturber.

Je crois que tout le monde a bien compris que j’étais très très sérieuse.

C’est fragile un ado. Et les outils d’aujourd’hui peuvent devenir des armes.



samedi 8 octobre 2011

Les zados sont formidables ou comment commencer la jouréne de très mauvaise humeur...


S’il y a quelque chose que je n’aime pas c’est qu’on me coupe un rêve… Je n’ai pas dit casse, j’ai dit coupe.
Et là ça vient d’arriver et je suis « trop » de mauvais poil. Je ne sais pas si c’et ce qui a coupé ou que ça ait coupé, qui m’agace le plus.
C’était je ne sais pas quand, je ne sais pas où… Je ne sais pas quel âge j’avais. Il y avait du soleil. Il faisait chaud. J’étais à quoi ? Une heure, 5 minutes, de mon mariage. Il me reste quelques images, quelques sensations. Je vois une grande table avec des assiettes de toutes les couleurs, des verres en cristal et des serviettes multicolores aussi. Il a du rouge, de l’orange, du jaune, du vert, partout sur la table. C’est beau, c’est gai. Mais je ne vois pas de nappe. Alors je demande qu’on enlève tout et qu’on en mette une. Et il me faut du turquoise sur cette table. Quand je le demande, quelqu’un, une femme, ma mère peut-être, ou la lutine ou la gazelle, me dit « J’en étais sûre… ».  Je ne suis pas encore habillée. J’attends ma robe. Je dois être mince. Je n’ai pas terminé mon maquillage. On apporte la robe. C’est une dentelle très fine sur laquelle sont posées, cousus comme des perles des dizaines de papillons très gracieux aux ailes relevées. Ils ont le même bleu que celui qui recouvre tous les objets que je traite en ce moment au travail.
 Digression : Au contact de la terre humide et gorgée de produits pas trop bien identifiés, tous les objets se sont recouverts d’une fine poussière bleue. On dit BLEU EGYPTIEN . En fait,  il y a deux mille ans étaient installées à cet endroit des tanneries, on faisait décanter le cuir dans des bacs en bois avec des produits que nous ne connaissons pas, le terrain est pollué et des réactions chimiques se sont opérées durant deux milles ans. Il parait que ce bleu vient d’un sulfate de je ne sais trop quoi… Donc toute la journée, gantée, masquée, lunettés, je gratte ce bleu, en toute sécurité paraît-il…
Retour au rêve. Je trouve la robe magique. Excentrique mais si poétique… Elle est aérienne, elle a une petite traîne, elle aussi parsemée de papillons bleus. Je sais qu’elle étonnera tout le monde et que je serai belle dans ce corset lacé. Je crois que je porte une mantille. Le marié est totalement absent de mon rêve. Il n’en est même pas question. Je vois des femmes de ma famille, mes enfants, mon papi, qui ronchonne(comme à mon vrai mariage, scandalisé par les manières de ma belle-famille, il avait quitté la table…),sans arrêt parce qu’il faut y aller. Moi, je prends mon temps, je lave mes dents. Je suis très calme. Comme à mon vrai mariage, où deux minutes avent le départ, je m’étais installée à table pour manger un Dany chocolat devant ma mère et mes grands-mères, paniquées à l’idée que je puisse me tâcher.
Je sais qu’il y a pleins d’autres détails, que j’ai zappé au moment où j’écris. Ils me reviendront pas sensations, par images-flash, par bribes au long de la journée. C’est souvent comme ça avec mes rêves….
Je suis bien en tout cas dans celui-ci. La sensation c’est que l’important n’est pas le mari, mais la robe que je porte, si belle…
Mais patatras, quelque chose chatouille mon tympan. Deux fois.
C’est bien l’arrivée d’un texto, qui vient de me pousser loin de ma dentelle et de mes papillons bleus.
C’est la lutine. Elle dort chez une amie. Normalement elle devrait être chez moi, car elle a karaté le vendredi soir et théâtre le samedi matin. Comme c’est sa quinzaine avec Ken, elle a une autorisation hebdomadaire de dormir chez moi, le vendredi, et de rentrer le samedi avant 14 heures, car elle a cours de maths chez Ken. Ken interdit les sorties chez les amies. C’est comme ça quand les zados sont chez lui, ils sont chez lui, donc aucune sortie, aucune soirée copains, on file dans sa chambre t quand on en sort c’est pour mettre la table, ou aider à une tâche domestique. On a droit à la télé, à l’utilisation de l’ordinateur pour les recherches internet pour les devoirs, et au portable, mais éteint et rangé dan un tiroir de la cuisine. Extinction des feux à 21 heures. Autant dire que mes zados, qui vivent comme des sauvageons quand ils sont avec moi, ont du mal avec ces règles débiles. Je dois donc couvrir des mensonges, qui permettent aux dits ados, de passer du temps chez moi durant la période Ken, et de voir des potes.
J’ai donc couvert la lutine et ses retrouvailles avec Jul d’hier soir à cet après-midi. La maman de Jul, complice du mensonge, m’a même proposé de ramener la lutine chez son père cet après-midi. Nous avons donc mis au point le scénar hier soir ensemble. La lutine attendait le bus qui va de chez moi à chez Ken, et Rholala la surpraïse !!!  Jul et sa mère passent devant l’arrêt en rentrant des faire les boutiques à Bordeaux. Alors, elles s’arrêtent et proposent à la lutine de la déposer chez son père. Clic-clac, l’affaire est dans le sac, c’est un mensonge qui roule.
Bling-Bling (sonnerie de sms…) : «  Comment je fais jai oublier mais affaire de math chez toi et jai cours de math » (fautes certifiées niveau orthographe de 3ème !!!)
Et moi qui ai juste passé le corset de la robe à papillons bleus, et qui regarde avec émerveillement la traîne et ses papillons prêts à s’envoler…
Moi :« T’es une grosse naze »
Re-moi : « il faut toujours que je gère vos conneries »
La lutine : « Je vais me faire niquer »
Moi : « Tant pis pour toi, vous faites vraiment chier je viens te chercher »
La lutine : « Mais nan. C bon. C pas grave. »
Moi, appel pour lui demander si elle se fout moi, si c’est pas grave pourquoi elle me réveille un samedi matin à 9 heures alors que j’ai mal au dos et que j’ai droit à ma grasse matinée quand ils ne sont pas là elle et son frère. Je crois qu’elle en a pris plein la gueule pour pas un rond !!!!
Moi : « En plus tu me réveilles en plein rêve j’allais mettre ma super robe de mariée »
La lutine « Et beh, essaye de te rendormir et tu la revera peut etre ».
Et je ne me demande pas pourquoi j’en ai plein le dos et que l’ostéo m’a dit que j’avais les épaules larges…

 J'aimerais être un papillon bleu aujourd'hui. 
Vision positive : La lutine m'a empêchée de refaire la même connerie qu'il y a trente ans... Tout s'est arrêté avant le mariage....

dimanche 6 mars 2011

Faites entrer l'accusé qu'il est pas coupable....

Bon sang, je me demande vraiment ce que nous avons pu faire de si incroyable nous les parents d’aujourd’hui.


Soit, y’avait un complot de Blédina, Nestlé et Lactel, et ils ont mis quelque chose de pas net dans leurs aliments bébé,

Soit, c’est Dolto qui nous a menti, à l’insu de notre plein grè, pour se venger d’avoir fabriqué un barbu qui chante en pantalon à fleurs,

Soit c’est ça la génération Sarkonon,

Soit, ils ont tout simplement envie de nous faire tourner en bourrique…

J’ai d’abord pensé que tout ce qui se passait avec ma gazelle, venait de son abandon, de l’adoption, du divorce. Que cette famille recomposée avec une mère qui joue la bohème et un pére et une belle mère reconvertis en poupées Mattel, était responsable des lubies de la gazelle, palefrenière qui entame une formation de plaquiste pour la lâcher du jour au lendemain, et aller nettoyer des friteuses à Mac Do, et enfin, s’enfermer chez elle avec ses 7 chats, et une souris, son coeursonamour, et ne jamais trouver un boulot qui lui convienne. Je me suis sentie responsable de notre totale incompréhension, de nos dialogues impossibles, de notre incommunicabilité. J’en ai voulu à mon manque d’autorité, mon insouciance, je me suis blâmée pour n’avoir pas posé de cadre assez strict, avoir laissé faire les choses, je pourrais rajouter une multitude de tous les reproches que j’ai pu me faire.

Tout ça, ça s’appelle finalement, CULPABILISER.

Hier, Marie la Souris, est venue faire sa pause pipi chez moi, venant de Bretagne elle se rendait chez ses parents au pays basque, et nous ne nous étions pas vues depuis l’été dernier, même pas un coup de téléphone. Alors ça valait bien une pause pipi.

Petit apparté pour la remercier pour le Pure Ruby Color, que je vais faire cet après midi, enfin je vais cacher mes racines. Marie c’était très rigolo !!!! Et merci pour le chocolat aussi, et le caramel au beurre salé, et le reste. Juste la semaine où j’apprends que je dois freiner des deux pieds sur le sucre. Je ne le dirai pas au docteur Nadia.

Alors hier, la pause pipi s’est transformée en pause je te fais 6 mois de ma vie en deux heures. Monsieur Marie la souris est un ange de patience !!! Il regarde sa souris avec tant d’amour dans les yeux, il boit mon nescafé dégueu sans broncher, alors que je suis certaine qu’il a un Whatelse chez lui, et il prend même part à la conversation. Pour un peu je dirais qu’il ne s’ennuie pas avec nous… C’est comme le Coco, le colonel mari de la coco, même regard, même patience, sauf que lui il ose me dire que mon café est dégueu… Et aussi Edwarrior le mari de soeurette courage, qui a tant d’amour dans les yeux quand il la regarde, mais lui ne boit pas de café, et parle presque plus que soeurette.

Et justement. Je regarde ma vie et celle de ces trois couples « modèle », en tout cas non divorcés, avec une figure maternelle, et une figure paternelle bien définies, de l’autorité, du cadre, famille unie, avec les deux enfants, fille garçon, choix du roi, comme sur les photos de Mac Do. Une famille de 4, chez qui on a toujours bien fait faire les devoirs, surveillé les bulletins de notes, sanctionné quand il le fallait, en tout cas c’est ainsi que je les vois moi.

Mais le truc c’est que quand on parle de nos enfants, qui ont sensiblement le même âge entre 25-26 et 22 ans pour les aînés, on est tous logés à la même enseigne, ils nous en font voir de toutes les couleurs.

Je ne reviens pas sur la gazelle. Nous totalisons 9 enfants de 13 à 27-28 ans dans 4 familles différentes. Je prendrai la tranche 22-26. la gazelle élève ses sept chats et sa souris, en les appelant mon amour, et en regardant des dvd à longueur de journée.

P. s’est inscrit aux beaux-arts après son bac, mais c’était pas le bon enseignement alors il a arrêté, et est partie faire les arts appliquées dans le privé, mais s’est fait virer. C’était pas grave puisque son projet de sa vie, c’était d’aller vivre à London, de faire de la zique et de dessiner. Il a durement travaillé pendant plus d’un an pour son projet. Il est parti il y a quinze jours, pour une durée indéterminée, sans savoir où il dormirait, avec une valise en peau de vache, et un chapeau de mexicain. Et deux potes de son groupe de zique. La durée indéterminée s’est terminée une semaine plus tard pile poil. Avec plus beaucoup de fric, un retour en eurostar, pour cause de coloc un peu trop nombreuses. Il se son retrouvé à 27 colocataires, et cause que les autres potes avaient juste pas un sou et que P semblait avoir trimé pour trois. Direction arrêt Paris, où P pensait trouver un appart et du boulot. Quelques jours plus tard, direction Bayonne où P pense trouver un appart et du boulot. Finalament P. qui est mon neveu, est à Ozgor, et fait du baby-sitting dans la maison de notre famille.


Passons à L. maintenant. Bac en poche, elle intègre une école privée de gestion, deux ans après elle est diplômée, mais elle a toujours voulu être dans l’humanitaire alors elle prépare un diplôme dans la branche. Pendant ce temps elle s’amourache de tous les drédeux qui passent dans son champ de vision. Puis elle part au Burkina pour travailler avec une assos qui aide les myopathes. Retour chez papa-maman, puis départ pour paris, avec son drédeux et son rat. Départ du drédeux, perte du rat. Rencontre avec un militant de la cause de la terre qu’elle est sale et qu’il faut pas manger des animaux, juste des graines, parce que quand on les tues les graines elles ont pas mal. Déménagement à Lyon pour un autre boulot. Mais au bout d’un temps avec le bouffeur de graines ça capote et L est malheureuse. Séparation. L voudrait partir ailleurs où les valeurs sont différentes. Elle hésite entre l’Inde, le Népal, et autre pays de la zenitude où l’on s’habille en rose et orange. Là, gros pétage de plomb entre fifille et maman qui veut pas qu’elle parte s’habiller en rose et orange et revienne à poil. Au dernières nouvelles, L. lâchera bientôt son boulot et son appart pour aller quelques temps chez mamie, dans le cantal, avec son nouveau compagnon. Projet en voie de réalisation : achat de quelques ânes et d’une roulotte, pour aller au Viet-Nam et aussi en revenir. Maman Coco et Papa coco, sont sans voix.

C’est donc avec Marie la souris que nous complèteront le tableau. Sa fille M. Bac en poche commence une prépar si j’ai bonne mémoire, mais elle est une fan de théatre comme papa et maman. Alors elle laisse la prépa pour le conservatoire. Puis le conservatoire pour un fac des arts du spectacle je crois bien. Je connais moins M. que les deux autres. Elle est juste passée ici l’an dernier avec son namour un week-end, car ils allaient passer des auditions pour entrer au TNBA. Le namour est aussi un théatreux. M. a déjà monté des spectacles et croit en ce qu’elle fait. Même si ça ne lui rapporte rien. Va-t-elle encore à la fac ? Ses parents ont comme un doute. Mais elle a plusieurs projets. Partir à Paris, pour trouver appart en coloc avec sa cousine ou son autre cousine, pas encore décicé, qui ne sont pas au courant, et faire une formation de monteuse de cinéma. Sinon partir à Munich, avec son namour, et vivre. Sinon, partir chez des indiens d’Amérique et monter des pièces de théâtre engagé pour les défendre…

Voilà sinon TOUT VA BIEN. Et moi ce que je dis c’est que ces enfants ne manquent pas d’imagination.

Soeurette, Marie et Coco j’espère que vous ne serez pas en colère que je me moque ainsi de vos petits trésors, mais c’est en toute affection.

Je trouve si attendrissant et tellement rassurant de voir qu’avec nos vies si différentes on a tous réussi à faire les même chieurs. Et qu’en plus qu’on les aime et qu’on les défend, même s’ils croient le contraire.

J’ambrasse affectueusement tous les parents de cette génération Nestlé-dolto-Sarkonon.