Il faudrait que je me remette sérieusement à écrire, ici ou
ailleurs. Il faudrait que je remette le nez dans mes textes pour enfants et que
j’essaie de les envoyer quelque part.
Ca me ferait :
du bien,
du plaisir,
une distraction,
une thérapie…
que sais-je ?
J’ai rangé tout ça dans un tiroir depuis si longtemps.
D’ailleurs, quel tiroir ?
Ca a peut-être un peu vieilli puisque j’avais trouvé
l’inspiration quand les TDC étaient encore des petites canailles qui ne me
causaient que de petits soucis. Mais les mots vieillissent-ils ?
Depuis deux semaines mes séances de sophrologie m’apportent
de drôles de surprises. A des moments où je ne les attends pas, des images s’imposent
à moi. Comme des flashes. Involontaires et non maîtrisés. La première fois ça a
déclenché un flot de larmes. Une énorme émotion. Une première pensée est venue :
il y a un peu plus de dix ans, quand les tdc étaient petits dans mon autre vie
dans la maison verte et blanche. J’allais une fois par semaine à des séances d’eutonie. Je laissais les tdc entre les mains d’un baby-sitter. Quand je rentrais ils
étaient baignés, avaient mangé et m’attendaient pour le câlin du soir. Je les
ai vus tous les trois dans une image fugace. Une petite famille. Puis aussitôt
j’ai vu aujourd’hui. Mes trois TDC ados, à la dérive, séparés, exprimant entre
eux seulement de la violence et du désamour. Puis une larme est venue. Et ce
sentiment d’échec qui s’est imposé à moi, de gâchis, et aussi une grande
culpabilité. Une grande inquiétude pour eux, pour leur avenir, une grande
nostalgie de cette époque. Une prise de conscience de ce qui me mine en ce
moment.
La semaine suivante, lundi dernier, autre grande émotion. La
sophrologue qui guide les exercices, propose de visualiser la confiance. Ce n’est
pas la première fois d’ailleurs. Je n’y arrive pas ça ne me parle pas la
confiance. Et pourtant je cherche les yeux fermés à aller au fond de moi
chercher un peu de cette notion. En vain. Et puis là…. Une parole entendue dans
la journée me revient. Une collègue m’a dit que j’étais jolie, cultivée, intéressante,
et autre compliment. J’ai zappé très vite sans répondre. En me disant qu’est ce
qu’elle me raconte elle ? Elle n’est pas la seule à me l’avoir déjà dit. Peut-être
qu’il y aurait un peu de vérité dans tout ça. Peut-être qui les personnes qui
le disent ne sont pas que des flatteurs…. Et si j’avais un peu confiance en ce
que les personnes perçoivent de moi, peut-être que j’aurais un peu plus
confiance en moi. Cette image de confiance et de ces paroles du matin, s’amalgament
et me permettent de réaliser enfin cette visualisation et de lui donner du
sens. Je me sens bien et je crois que j’ai compris quelque chose. Au moment de
se dire merci, je sais aussi pourquoi je dis merci.
Le temps de parole vient. J’explique ce qui vient de se
passer. Avec la peur d’ennuyer la personne qui suit la même séance que moi,
mais tant pis. De fil en aiguille, de
mots en paroles, j’explique des choses. Enfant, mes frères et sœurs me « traitaient
d’intello » comme une insulte
permanente. Aujourd’hui, les personnes qui me côtoient finissent toujours par
me lancer ce mot, que je ne prends jamais comme un compliment. L’ autre chose c’est cette chose qui
nous a construites ma sœur cadette et moi. La manière dont nous avons été
cataloguées elle et moi dès notre enfance. Elle, belle, souriante, séduisante
et pas très bonne élève. Moi, romantique, intelligente, plus rebelle à l’intérieur
que belle à l’extérieur. Chacune en a tiré ses forces mais aussi ses
faiblesses.
Ainsi je ne sais recevoir un compliment, un jugement à mon
sujet. Dans ma tête automatiquement une machine se met en marche « Qu’est-ce
qu’il dit celui-là, n’importe quoi, comment il peut être dupe ??? Qu’est
ce qui fait que je donne cette illusion ??? à un moment il va se rendre compte de l’imposture…. »
Quand on m’a demandé de faire un cours à des étudiants en
narkeotrafik, j’ai tout de suite pensé qu’il y avait erreur de casting, que très
vite on se rendrait compte de la nullité de ce que je racontais…
En fait tout ça s’appelle de l’auto flagellation. Et ça doit
se soigner. Peut-être que je suis sur le bon chemin avec la sophro. Je sens
tout de même que ça va être long. D’autant plus que les cours ne reprennent qu’en
septembre. Dommage.