samedi 6 décembre 2014

Le temps fait son oeuvre...

Perplexe. C’est  un peu mon état d’esprit en cette fin d’année. Le silence, l’immobilisme, cette parenthèse ouverte en mai et qui ne se referme jamais, me laissent perplexe. Quelque chose plane au-dessus de nos têtes, mais nous ignorons si un jour, soit l’oiseau s’envolera à  jamais, soit il fondra sur nous du jour au lendemain.
Sam vit. Sam travaille, il sort, il voit ses amis. Tous les mois un peu de son salaire est donné à la victime. Qu’il appelle par son prénom maintenant. Hier matin, il est venu me voir dans ma chambre en me demandant «  C’est quoi déjà le nom de famille d’Hugo ? ». Ca m’a aussi laissée perplexe, je ne sais pas quel sens a cet emploi du prénom comme d’une personne familière… Peut-être aucun sens.
Peut-être la mise à l’épreuve réside-t-elle dans cette attente et ce silence.
JE NE SAIS PAS.
J’espère seulement que la vie a repris doucement pour la victime. Souvent je pense à lui.
La notre a repris. Je ne parle de cet évènement que si l’on me questionne. C’est long de ressortir la tête hors de l’eau.
Ces deux derniers mois, m’ont permis de regarder un peu vers d’autres choses.
La lutine, qui prépare un voyage avec Erasmus en Angleterre en juin prochain. Elle partira faire son stage en entreprise pour un mois dans une friperie de Bornemouth. Son lycée l’a sélectionnée parmi un tas d’autres élèves pour lui offrir cette chance. Quand je reviens deux ans en arrière, au moment de son orientation, et que je repense aux conseils de la co-psy, je hurle de rire !!! Si nous l’avions écoutée, la lutine, moisirait dans un CAP de blanchisserie pressing ou dans un CAP de comptabilité-gestion. Ben non, elle s’éclate dans le social, rêve toujours de devenir comédienne, son Canon la suit partout avec deux argentiques offerts par son oncle, elle est devenue l’assistante metteur en scène de son prof de théâtre cette année. La petite sauvageonne, montée sur les planches a six ans commence à avoir de l’expérience à partager. J’adore ce qu’elle est devenue.
La gazelle a failli me faire pleurer d’émotion hier. Elle hurlait de joie dans son téléphone, car elle venait d’apprendre qu’elle avait été recrutée dans une grande société nationale pour faire un apprentissage d’électricienne.  Bon avec elle je ne tente plus de suivre une logique. Après son CAP de palefrenière, obtenu en fin de parcours scolaire, après des petits boulots dans diverses branches, après un apprentissage de plaquiste pas fini, puis son passage remarqué dans la restauration, après son désir de devenir conducteur d’engins de chantier, nous voilà sur encore autre chose. Ce qui me sidère c’est l’énergie qu’elle met dans tout ce qu’elle entreprend. Dans les restaurant où elle a travaillé elle était devenue tellement efficace, et indispensable qu’elle s’était permise de démissionner en attendant que le patron revienne la chercher. Ses coups de bluff me font flipper. Depuis fin Septembre elle avait démissionné de ses deux boulots, un cdi un cdd, pour chercher ailleurs mieux. J’espère que ce nouveau départ sera pour elle le début d’une vie meilleure. Je ne la comprends pas la plupart du temps. J’essaie parfois de lui faire comprendre que vivre avec sept chats quand on a juste de quoi manger soi-même, est une mauvaise idée. J’essaie de lui faire comprendre que si elle veut sortir de ses galères financières elle doit trouver un appart moins grand, moins cher, mais je prêche dans le désert. Elle n’a plus que deux histoires sentimentales, le temps des sept amants étant révolu. Ouf ! C’est déjà ça. L’un est un fou furieux à mon avis pervers narcissique de 50 ans qui l’appelle 30 fois par nuit, lui offre des sacs de luxe mais la pourrit d’insultes et qu’elle-même traite comme de la merde. Chaque fois que je l’entends lui parler au téléphone, elle lui demande de dégager de sortir de sa vie, mais il a l’air de revenir tout de même.
L’autre homme est un peu plus jeune, la quarantaine, elle a l’air d’être un peu amoureuse de lui. Je ne le connais pas non plus, mais ça semble mieux se passer.
Il y a aussi un homme que j’ai croisé deux fois chez elle et qui doit avoir à peu près mon âge. Proviseur dans un lycée, élégant, qui souffre d’un cancer du foie, et vient en toute amitié paraît-il, chercher du réconfort en buvant du thé et fumant un petit pet. C’est une énigme pour moi.
Ma fille manque d’un père, c’est une évidence.
Où suis-je moi-même dans toutes ces histoires ? Ou-vais-je moi-aussi ?
Je viens de passer un mois, investie à fond dans une formation assurée auprès de mes collègues et que j’ai terminée hier. J’ai fabriqué une vidéo, fabriqué un jeu inter actif, préparé un cours théorique pas trop ennuyeux, concocté des travaux pratiques vivants et pas trop bordéliques. Ca m’a épuisée mais j’ai aimé. Et puis, ça m’a emmenée tellement loin des idées qui me bouffaient le cerveau depuis quelques mois.
Après Noel, je me préparerais à mon cours auprès des étudiants narkeotrafiquants de master qui aura lieu en février. J’aurai aussi peut-être à préparer un travail qui m’amènerait quelques jours en Martinique en 2015.
Tous les quatre matins je prends le TGV pour Paris, et j’enchaîne les réunions syndicales, les réunions narkeo, dormant dans des hôtels pas toujours très hospitaliers.
Je ne raconte plus ici les anecdotes croustillantes comme je le faisais avant. J’aimerais que mon cœur et mon esprit s’allègent à nouveau pour retrouver ce ton plein d’humour. Il aurait matière à raconter, mais la lourdeur de la vie a pris le dessus.
Un jour peut-être à nouveau.