vendredi 31 décembre 2010

Speciale dédicace à Martine des Landes

Martine si tu me lis...
Je ne connais pas ton nom de femme mariée, donc je ne peux pas te retrouver.
Il y a quelques jours on s'est croisées à la journée de Pierrot de la lune (ou de la dune comme tu veux) et tu es venue me voir en me demandant si j'étais la méli-mélo. J'étais contente de te parler. Tu étais à la recherche d'un texte de Pierrot que j'avai smis dans mon ancien blog et que tu ne trouvais plus. Donc je l'ai retrouvé, j'espère qu'il est entier, car j'ai fait un copié collé, je ne suis pas certaine nonplus d'avoir coupé les vers aux bons endroits. Donc si un jour ou ce soir tu tapes la vague et PGrocq, tu atteriras ici et tu pourras relire ce texte qui n'est pas dans le livre.




DIS-MOI BON MARINIER,
A VAGUE RETOURNEE,
TOI QUI SAIS LA COULEUR ET LA FORCE DE L’EAU,
DIS-MOI BON MARINIER
OU EST L’HOMME DEBOUT
QUI SURGIT DE L’ECUME
ET COIFFE SA CRINIERE DES EMBRUNS EMPERLES,
AVANT DE S’EN ALLER PAR LE CREUX AVALE
LA OU LE CŒUR CHAVIRE ET LA PEUR TORD LE VENTRE,
OU LA GIFLE DU SABLE EGRATIGNE LA PEAU,
OU IL FAUT REPARTIR POUR EFFACER L’AFFRONT
ET SOUFFRIR A NOUVEAU,
CETTE FOIS DE FIERTE
PIERRE GROCQ

Faim d'année et voeux de la honte

Vendredi matin. Mêm’pas faim. Et trop contente. Rien dépensé ou presque de la semaine. Alors j’ai pu aller faire 100 euros de courses.


A Lidl évidement. Parce que l’écologie et bio quand on est dans la dêche, c’est pas forcément le plus gros des soucis…Et celui qui me dit que c’est meilleur pour la santé la planète et les zabeilles, ben il a raison, mais c e que je vois moi c’est qu’avec 100 euros mon caddie était presque plein. Et je lui dis aussi que quand je me torche, mes fesses ne font pas la différence entre un papier bio à 5 euros les 6 rouleaux et un papier Lidl à 3 euros les 12 rouleaux. Et je lui dis aussi tape sur ton ordi et compare ton ticket de courses faites à Lidl et ton ticket de courses faites à Leclerc. Parce dans le comparatif Leclerc, y’a pas Leader ni Lidl… Et puis les pauvres c’est pas grave s’ils bouffent de la merde, ils ont qu’à réfléchir un peu et aller au marché du samedi, hein parce que les pauvres ils travaillent pas tous le samedi… Bref. J’ai fait mes courses et ça m’a fait plaisir.

Je vais faire comme mon nouveau zami de blogoshère (si t'es curieux clique là), et je vais digresser. C’est ma spécialité à moi aussi, je pars pour une notes avec une idée bien précise de ce que je veux raconter. Et là, je ne sais, pas je me laisse embarquer dans des histoires autour de l’histoire, qui n’ont rien à voir amis qui ont un peu à voir tout de même.

Et là j’ai déjà digressé à fond puisque mon idée première c’était de parler du réveillon. Tentative de retour au sujet donc….

Mon nounours Chamallow que rien n’arrête, avec l’insouciance de ces 15 ans, ma harcelée toute la semaine pour savoir si ce soir il pouvait inviter des copains. Mais oui j’ai dit, s’ils n’on t pas peur d’une maison sans chauffage et des douches à l’eau froide. Ben on leur dira que la chaudière est en panne, il a dit le nounours. Là je digresse sur la question, est-ce que je laisse mon nounours avec son gros bobard, ou est-ce que je dis aux potes que non on n’a plus de chauffage et d’eau chaude, que c’est aussi ça la vie. Bon je crois que je ne dirai rien, à l’âge du nounours on a besoin de se sentir comme les autres…. Donc, nounours une fois l’accord donné pour les potes, (l’invitation comprenant le couvert et le gîte), m’envoie un sms( il est chez son père), pour me donner la liste des courses à faire : du nutella, des céréales, du VRAI coca, du saucisson, deux plats de lasagnes, des chips, et des carambars (comme quoi c’est encore un gamin…). Je textote que je vais voir ce que je peux faire…Puis il rajoute des pétards et des feux d’artifice et aussi le jeu Fifa 2011. La je textoxe que ça c’est bien sûr exclu. Et je l’appelle pour confirmer. Mais le nounours n’est pas téméraire et il n’insiste pas. Sauf que toute la semaine j’ai reçu des sms pour voir si les courses étaient faites et si par hasard j’avais acheté Fifamachin. A la fin je ne réponds même plus.

Je sors donc de ma digression, et je reviens à Lidl, trop contente que le distributeur de billets ait accepté de me cracher les 100 euros. A côté des caddies un homme me demande un peu d’argent. Ca me tord les tripes de lui dire que je n’en ai déjà pas beaucoup, mais je lui donne tout de même quelques pièces jaunes (celles-la elle ne seront pas pour la Bernadette…). Il me remercie en me disant que c’est la crise pour tout le monde il le sait. Ca me donne les larmes aux yeux. Et puis je pense que les trois pièces jaunes, je ne l’ai même pas regardé en lui donnant. Et ça c’est nul. Et puis je me dis que je vais lui faire un petit doggy bag pour ce soir, et que je lui donnerai en le regardant. Mais là ça me donne encore plus envie de pleurer… Putain de sensiblerie… Je suis incorrigible. Je vais le faire mais je ne dois pas pleurer en lui donnant. J’ai fais les courses, et j’ai choisi quelque chose de bon, pour cet homme. Du chapon aux morilles, du vin, de la mousse de foie, du pain de mie, pas cher ça a dû me coûter 5 euros sur les 100. Quand je lui ai donné, je l’ai regardé, il était heureux et je n’ai pas pleuré, mais j’ai failli quand il a refusé le chapon parce que je n’avais pas pensé que ça se mange chaud. Grosse nullasse. Je lui ai dit que c’était la crise pour tout le monde mais que c’était aussi le réveillon pour tout le monde. Alors je lui ai proposé d’échanger contre le saumon. Son sourire m’a fait ravaler mes larmes.

En rentrant j’ai rangé mes courses. Dans mon frigo il y avait encore le bouillon et l’os à moelle de Noël. Alors pour ne pas gaspiller ce bouillon, j’ai pris une courgette des carottes et des pommes de terre et j’ai préparé une soupe de légumes.

Le nounours chamallow a repris son harcèlement téléphonique pour rajouter un copain à la liste et aussi…. Pour savoir si j’avais pensé à acheter Fifa 2011. Et je lui ai répondu merde et je l’ai appelé pour lui demander d’arrêter sous peine d’annulation de réveillon. Il a ri. J’ai pensé à ses fossettes et à ses grands yeux noirs et joyeux… Et j’ai ri… Quand il était petit, tout petit, le nounours chamallow, me faisait fondre. Dès le premier jour, dès le moment où il s’est blotti contre moi, avec ce regard que jamais je n’oublierai, dès ce moment, j’ai su que cet enfant me mènerait en bateau. Il y a une photo de lui que j’adore. Il est sur moi. Il vient de prendre son biberon et une goutte de lait brille au coin de ses lèvres sur sa peau noire. Une larme a séché au coin des ses paupières. Il ne reste que le sel qui brille sur sa peau noire. Il est avec nous depuis quelques jours et déjà son visage est apaisé, ses joues se sont arrondies, sa peau n’est plus terne comme à son arrivée. Les larmes de ses douleurs intérieures passées et le lait qui le nourrit à présent. Les larmes et le lait et tout l’amour qui l’entoure maintenant. Plus tard, quand il voulait me faire craquer et qu’il pleurait, je le suppliais en lui demandant de ne pas me faire son regard du tiers monde….Et je pensais à la photo.

Bien sûr il peut sortir les fossettes et le lait et le sel et les larmes, il n’aura pas Fifa machin. Le réveillon sans feu d’artifices ni pétard mais avec les potes me paraît déjà bien dans la situation actuelle.

Ce soir, il sera heureux et il rira avec ses copains. Je les amènerai peut-être au cinéma. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est je viens de préparer une bonne soupe de légumes. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’avant d’aller au cinéma, je ferai chauffer la soupe, le chapon, je les mettrai dans des bocaux. Ce qu’il ne sait pas c’est que nous allons faire atelier tartine avec ses copains. Et avec la lutine qui sera là évidement et n’a rien réclamé. Quand les tartines seront prêtes, la soupe et le chapon chauds, nous mettrons tout dans un grand sac, et nous irons à pied sur la place près de chez nous, et nous trouverons un des sdf à qui donner le sac. Ce sac que j’avais trouvé plein il y a quelques semaines (je ne RE-raconte pas, la note est plus bas…). Et que j’ai pu remplir ce soir. Il y aura même les os à moelle pour les chiens.

Je sais que j’aurai cette putain d’envie de pleurer. Je sais que tous les ans j’essaie de faire un petit geste comme ça. Mais ce que je sais c’est que cette année, il sera différent des autres années, chargé d’un autre sens que je garderai pour moi. Et je voudrais que mes enfants, mes tdc, comprennent que le partage n’est pas l’apanage des nantis. Que partager quand on a peu, ce n’est pas s’oublier, ce n’est pas se sacrifier, ce n’est pas chercher un paradis qui n’existe pas, c’est juste possible.

Je dédie cette note, à l’autre connard qui viendra dans ma télé que je n’allumerai surtout pas ce soir, qui me dira que les temps sont durs et les restrictions nécessaires, avec sa gueule bronzée de Marrakech, son sourire plus hypocrite que jamais. Je lui dédie tout le mépris que j’ai pour lui, d’oser venir nous parler et nous donner des conseils. Je lui dédie toute la merde qui pourrait lui tomber dessus et l’ensevelir, pour son incompétence, son auto-satisfaction, son mépris du peuple. Je vomis sur ses mots que je n’entendrai pas et je vomis de savoir qu’il sera rentré juste quelques heures avant son discours, en jet privé, d’un palace à bling-bling la semaine, et qu’avec ce qu’il vient de dépenser, je ne veux même pas savoir combien de bouche on aurait pu nourrir.

jeudi 30 décembre 2010

Cette impudeur ici dite ...

Question d’un anonyme sur les commentaires de mon blog :


« C'est une histoire vraie ce que vous nous racontez là ??? »



La question ne me choque pas vraiment…. Elle m’amuserait presque. C’est vraiment un anonyme que ne me connait vraiment pas. Je n’invente rien sur mes blogs. Si je savais inventer j’écrirais des romans. Je l’ai d’ailleurs fait quand j’ai écrit des histoires pour mes enfants quand ils étaient petits… Elles sont bien rangées dans ma bibliothèque et attendent mes futurs petits-enfants.

Mais là, non anonyme, pas besoin de me mettre dans la peau d’une autre, pas besoin d’inventer des anecdotes ou des problèmes….



La réponse d’une autre blogueuse me donne envie de reparler à anonyme qui ne repassera peut-être plus ici d’ailleurs.

Et de lui dire Anonyme, la blogueuse qui a commenté te demande si tu n’écoutes pas la radio. Je suis certaine que oui, tu écoutes la radio, que oui tu croises parfois le regard d’un sdf imbibé de vinasse sur un trottoir de ta ville. Et oui le vin, ça tient chaud, ça fait oublier la réalité, ça nourrit…Et c’est pas cher. Ca tue aussi, mais ils ont certainement déjà à moitié mort dans leurs têtes.

Mais celle qui écrit ici, n’est pas sur un trottoir. Elle travaille. Elle part tous les matins et accompagne ses enfants au collège. Elle arrive au bureau, parle avec ses collègues, rit avec eux, va en réunion. Personne ne semble remarquer que parfois à midi elle dit qu’elle n’a pas faim, qu’elle a trop de boulot, ou qu’elle a mal à l’estomac et elle boit juste un thé chaud. Personne ne semble remarquer que quand à la pause de 10 heures sur les chantiers, elle pioche dans les paquets de chocos des autres, un peu à gauche un peu à droite, ni vu ni connu. Personne ne semble remarquer que dans les colloques elle est tout près de la table avec les petits fours. Personne ne remarque qu’elle porte rarement des vêtements neufs. Personne ne remarque que ses racines commencent à dépasser les deux centimètres et que la couleur « pure ruby » n’a pas été faite depuis des semaines.



Le soir je rentre chez moi, je gare ma voiture devant ma porte, parfois je croise un voisin, nous nous disons bonjour en souriant.

Personne ne sait que derrière cette porte bleu et ces volets fermés, on a froid depuis des mois, on se lave à l’eau froide. Personne ne remarque que depuis des mois, on ne fait plus de charriot de courses que l’on décharge en plusieurs fois dans des grands sacs. Personne ne remarque que l’on ne ramène presque jamais de baguette dans cette maison. Personne ne remarque que la vie a changé derrière cette porte. Et sur la place qui remarque que je passe devant le marchand de si bon fruits et légumes en lui disant juste bonjour. Qui remarque qu’à l épicerie, je n’achète plus que des produits premiers prix. Qui remarque qu’à la poste je suis abonnée à la file recommandé avec AR…



Voilà juste pour toi anonyme, une réponse, et aussi pour la blogueuse qui a répondu. Parce que comment en vouloir aux autres de ne pas savoir, de ne pas voir, de ne pas avoir remarqué ? L’aurions nous fait nous ? Et merci de me donner l’occasion de dire que ce que j’écris peut servir peut-être à quelque chose.



N.B. : A propos de petits fours, et de pauvreté. Lors du colloque de la semaine dernière à Marseille, j’ai remarqué la présence l’après-midi, d’un petit homme mal fagoté et qui sentait très mauvais. Je trouvais cela un peu bizarre car il semblait ne connaître personne, il ne prenait aucune note, et le thème du colloque étant « Le cadavre dans tous ses états », je doutais qu’il vienne là pour se distraire. Et comme parfois je m’attache à des détails, j’ai compris que cette salle de l’Alcazar, genre salle de cinéma, chauffée, ouverte de 8 heures à 20 heures, ou l’on faisait des pauses café toutes les deux heures, avec croissants, biscuits, jus de fruits, thé, cette salle était une aubaine pour une personne qui vit dehors. Le lendemain, ils étaient 4 ou 5, à venir à l’heure de la pause. Seuls deux ont aussi assisté aux conférences. Tout le monde a fermé les yeux et a laissé ces hommes boire leur café chaud.

Honte au roi et à son pote

La super dernière mesure de l’année.




Au début, ça m’a fait un peu sourire.

Cette sous-m… d’Hortefeux a annoncé qu’on n’allait pas donner le compte des voitures brûlées la nuit de la Saint Sylvestre. J’ai pensé « Oui et alors ???? ». Il faut une mesure pour ça, il faut une annonce ????



Et puis j’ai un peu moins souri.

C’est ça l’urgence de notre pays ? Quand des milliers de personnes dorment sur le trottoir, ont froid, faim… Quand ce pays n’est que triche, privilèges, injustices, inégalités…. C’est donc ça le souci de ce ministre puant d’autosatisfaction ?



Et puis je n’ai plus du tout souri.

Parce que je ne comprends plus rien à ce pays. Et surtout à ce gouvernement qui semble ne plus faire que ce qui lui plait, se fout du peuple. Un gouvernement qui gouverne, qui pond des lois, des mesures, sans le souci de l’opinion du peuple.



Et puis j’ai été indignée.

Décider ne pas dire combien de voiture ont brûlé est une chose. Mais alors demain on décidera quoi ??? On ne nous dira pas que des policiers ont tazzé un malien. On ne nous dira pas combien on a viré de ROM de Maliens de sans-papiers. On ne nous dira pas combien de SDF sont morts sur des trottoirs dans le froid. On ne nous dira plus combien de femmes battues, combien d’enfants martyrisés, combien de chômeurs ou de travailleurs pauvres.



Il faut que la France soit en colère et vite, il faut que la France réagisse et vite. 2012 est encore loin, il faut garder la révolte en nous la colère, l’indignation. Et ne pas cesser de l’exprimer. Il faut en 2011 descendre dans la rue chaque fois qu’on nous y appelle. On ne nous comptera peut-être plus on prendra une mesure anti-comptage.



On parle souvent du dénie. Hortefeux, dont l’œil bleu ne brille pas d’intelligence, est dans le dénie. Ne pas compter les voitures brûlées… Mais bordel elles brûleront quand même… Hortefeux et bien sûr son chef-roi nous prennent pour des cons. Honte à eux !!!

mercredi 29 décembre 2010

Je me lève et je me bouscule….

Je fais une cure de sommeil cette semaine. Ca servirait à quoi de se lever tôt, de quitter la couette sous laquelle il fait si bon ? Ca servirait à quoi de prendre un petit dej’à 9 heures et aussi un repas à midi, un repas le soir, sinon vider trop vite placards et frigo ? Mieux vaut traîner ses somnolences jusqu’à midi. Et se lever à midi, c’est prendre son petit dej’ à midi. Donc pas besoin d’un vrai repas de midi…. Un bon thé chaud, deux trois tartines, une clémentine. Et le tour est joué. Et se dire que c’est aussi un moment plaisir dans la journée, parce que le thé est chaud et qu’il a goût de bergamote. Que la petite goutte de lait rajoutée le rend si doux. Parce que la tranche de pain aux 7 céréales, un peu beurrée, avec juste une petite cuillerée de gelée de groseille me ramène dans mon enfance, parce que du beurre frais avec de la confiture, ça me fait du bien au cœur. Et la petite clémentine un peu acide, va parfumer l’air autour de moi, va me donner quelques vitamines. C’est mon « 5 fruits et légumes du jour ». ..Et puis je suis ronde et enveloppée, je dois avoir des réserves car je supporte la sensation de faim sans trop de difficultés.

Le chat a eu sa dose de croquettes, il a compris que c’était ça ou rien, et que s’il faisait la gueule devant sa gamelle, il allait crever la dalle. Quand les tdc sont là, ils augmentent la dose de croquettes et ils savent qu’il y a aussi une petite boîte avec des sachets de bouchées planquée dans un coin sous l’évier. Quand ils sont là, ils piochent dedans sans se poser de questions, chaque fois que Chatbada miaule et se frotte contre le mollet on lui file sa dose. Quand je suis seule avec Chatbada, régime sec. Il fait la gueule le premier jour et se jette sur les croquettes le second.

La petite toilette à l’eau chaude de la bouilloire a été faite rapidement. Je ne sais quand sera la prochaine douche chaude, je ne vois pas, mais j’en rêve aussi.



Le reste de la journée s’étire devant moi, je me suis bousculée pour me lever, c’est parfait. Je suis descendue de ma mezzanine avec les « munitions » pour cet après midi. Mon ordi, mon téléphone et mon bouquin, mes lunettes. En même temps je vais faire ce que j’aime, lire et écrire…

Je me suis bousculée pour me lever, parce que j’ai comme la sensation que rester sous la couette et lire ou écrire allongée serait bien différent. J’ai peur de me laisser sombrer dans la déprime. J’ai peur de ne pas voir le jour où la dépression mettra le grappin sur moi. Je ne le veux pas je ne le dois pas. Même si je crois qu’à certains moments je suis déjà dedans. J’ai souvent utilisé l’image de l’insecte pris au piège dans un bocal de confiture et sui veut sortir et se cogne contre les parois de verre. Sans trouver l’air et la sortie. Il se cogne longtemps. Et longtemps je me suis sentie cet insecte qui tourne et se cogne dans son bocal. Aujourd’hui j’ai une sensation différente. Je suis toujours dans mon bocal. Mais je ne me cogne plus. J’en ai fini de me cogner. Mais je ne suis pas sortie du bocal, loin de là. Je suis au fond, engluée de confiture. Seule ma tête est hors de « l’eau ». Je respire encore, et ma lutte est de garder la tête en dehors. Je sais que si je la laisse sombrer je suis morte, la lutte est finie. Je rêve de se bocal qui s’ouvre un jour et redonne de l’air, je rêve de cet air nouveau qui me donnerait la force de me relever. Je rêve aussi d’une petite cuiller qui viendrait me ramasser et me sortirait du bocal. Elle me poserait juste à côté, et puis elle ôterait la confiture collée sur moi depuis si longtemps. J’aurais du mal à me relever, je le ferais lentement parce depuis si longtemps, je ne sais plus la vie. Peut-être que quelqu’un viendrait nettoyer les ailes de l’insecte qui fût trop gourmand et lui ré-apprendrait à voler… Je rêve et je me mets à me croire dans le monde des bisounours.

Mais pas de souci, je ne risque pas de rester dans ce monde-là longtemps. J’ai entendu le facteur à ma porte. C’est la régie du Gaz qui me demande de l’appeler. On va enlever mon compteur. Je vais appeler, pleurer peut-être, j’aurais peut-être un petit délai. Je suis fatiguée. Je ne vais pas me recoucher. Il faut que j’appelle quelqu’un pour ne pas rester seule juste pour cet après-midi.

mardi 28 décembre 2010

Petite sortie respiration…

Respirer un peu l’air de la rue….

Sentir le froid de dehors…

Marcher un peu…

Regarder les vitrines…

Se poser sur un banc et regarder autour de soi…

Faire quelques démarches administratives pour joindre l’utile à l’agréable…

Ca y est j’ai enfin fait mon inscription sur les listes electorales…

Histoire de. On ne sait jamais si Nikoroi cassait ses talonnettes un peu plus vite que prévu, faudrait pas que je râte le coche et que je ne puisse pas faire partie de ceux qui le foutront dehors… Il ne faudrait pas qu’il manque une voix et que ce soit la mienne… Même si je ne sais pas encore où elle ira exactement, je sais bien où elle n’ira jamais.

Donc là je suis parée pour voter.

Regarder partout en l’air si ne traîne pas un panneau « à louer » sur un balcon…

J’ai trois mois pour trouver enfin un peu moins on dira deux mois.

Puis après tous ces plaisir gratuits, se dire qu’il va falloir rentrer chez soi, parce qu’on n’a fait le tour.

Laisser son regard s’attarder sur un petit bracelet, une paire de boucles d’oreilles, être prête à craquer. Et se dire que ouf par prudence on a laissé la carte bleue dans un tiroir. Faire marcher la calculette intérieure, et se dire qu’on pourrait au moins peut-être se payer une petite boisson chaude, pas avec du cheesecake ou un cookie, non juste la boisson chaude. Se dire que oui, on galère et qu’on est le 28 et qu’on en est encore à finir les restes du jour de Noël parce que les tdc n’ont pas trop mangé ce jour-là. Pourtant la le Chapon de Dinde qui avait cuit trois heures était bon avec les marrons et les pommes de terre, et il avait coûté 15 euros…. On en fait des repas avec 15 euros. Bon les tdc une fois qu’ils mangé le blanc, le reste c’est pas leur truc. Alors, depuis qu’ils sont partis, j’ai mangé du chapon avec encore des pommes de terres et des marrons, puis, j’ai ajouté un peu de crème aux pommes de terre, puis hier j’ai fait une quiche au chapon et à la pomme de terre… Une part le soir, une part ce midi, ce soir je pense que ce sera encore chapon. Mais dois-je me plaindre, je mange ? Finalement avec un chapon à 15 euros on peut faire une belle quantité de repas si on se débrouille bien. Et puis en regardant un dvd ou en écoutant les podcast des conférences de Michel Onfray, ça va vite un repas. S’il n’est ni pantagruélique ni sublimissime, c’est pas grave. Le principal est de se nourrir. Je reconnais que seule je vis beaucoup mieux de manger n’importe quoi n’importe comment.

Là tout à l’heure j’ai fini par entrer dans un café cocooning, grandes tables de bois blond, vente de chocolats, thés, caramel, et produits gourmands. Un truc un peu chicos derrière la Mairie, oui parce que j’en suis encore là, j’ai besoin que ça soit un peu confortable, propre, chaud, que ça ne sente pas la bière et le tabac froid. J’ai bu un grand chocolat chaud, j’avais sorti mon bouquin, mon portable, j’étais un peu comme tous ces gens qui m’entouraient… Mais non je ne suis pas comme cette famille papa-maman-une fille-un garçon qui commandent des salades un peu de vin et on verra pour le dessert, parce que là papa il essaie le super Nikon que le père Noël lui a porté dans son soulier et il force toute la famille a faire des risettes à l’objectif, et vas-y que je te mitraille mon fils qui fait la gueule qui veut pas sourire, vas-y que je te mitraille ma femme trop gênée qui sait pas où regarder, et toi ma fille ah toi tu souris comme j’aime… Et en plus si t’es pas sur la photo puisque t’es pas de la famille, t’as quand même profité des 20 flash dans ta gueule…Laissons donc cette famille heureuse se faire plaisir et replongeons nous dans notre bouquin.

Mais mon petit plaisir quand je suis dans le bus un café une salle d’attente c’est de mater, d’écouter et d’observer. Parfois ça m’amuse, parfois ça m’attendrit, parfois ça m’énerve.

Je ne suis pas non plus comme ces trois amis qui se collent à moi sur la grande table et commencent à raconter leur vie, tellement fort que je ne peux plus lire. Alors j’écoute, madame, la cinquantaine, qui doit tenir boutique dans le coin, marièe à Gilles, mère de Mathieu et Julien qui pesait 3,8 kilos à la naissance… Elle se rapproche du mari de sa copine pour pouvoir le papouiller comme elle dit. Ca a l’air d’enchanter la copine !!! Bon elle a des gros soucis parce qu’elle refait la boutique, elle casse le plafond et le conducteur des travaux qui est très bien lui permet de ne pas devoir être là tout le temps. Heureusement parce que l’employée surnommée pimprenelle et enceinte jusqu’aux yeux va lui faire un sale coup. Elle en est sûre elle va faire exprès d’accoucher le jour du déménagement, ah ces employés et sur tout ces employées, ils accouchent n’importe quand… Et ça ce serait un sale coup parce que c’est juste la semaine ou elle est inscrite au tantra de la sexualité avec Gilles….Elle en a des problèmes cette dame…. Avec Julien aux USA, qui elle le sent va revenir dès qu’il aura grillé toutes ses économies et Mathieu qui lui s’est installé avec sa copine mais elle la sent pas du tout…. Bon mais ce qui est important c’est qu’elle puisse faire un peu de tantra tous les jours là… Sinon elle ne tiendrait pas le coup. Bon inutile de dire que les deux autres potes à part se faire papouiller ils n’ont même pas l’occasion d’ouvrir la bouche pour dire comment ils vont. Parce qu’on enchaîne sur maman dont la femme de ménage s’appelle Arlette et qui ‘est acheté un coussin pour son yoga, et puis l’amie morte qui fait plus le réveillon (véridique je l’ai entendu de mes propres oreilles) et qu’elle la tantreuse elle a organisé un repas le premier janvier avec la mère de l’amie morte, sa sœur et aussi les enfants s’ils veulent, et elle en profite pour inviter le mari de l’amie avec sa nouvelle amie… Histoire de faire se rencontrer tout ce beau monde devant un foie gras et une part de chapon.

Moi j’ai fini mon chocolat depuis longtemps, mais je ne peux pas sortir, car les potes sont au bout de la table et je suis coincée. Oh et puis avec ces histoires de soucis des autres, je suis clouée.

Bon voilà les deux potes papouillés n’ont pas pu raconter leur réveillon ni leurs soucis parce que la tantrée, elle devait repartir à la boutique surveiller Pimprenelle, ben oui au cas ou elle aurait des contractions, parce que la tantreuse elle en est sûre, ils se sont trompés sur la date Monsieur et Madame Pimprenelle….

Bon donc je suis libérée je paie mon chocolat et je retourne à ma voiture. Petit tour à Monop, petit plaisir d’une bouteille de Perrier, dont je rêve depuis deux jours, quelques biscuits, de la gelée de groseille j’adore ça, et de bons haricots verts bien rangés dans le bocal. Petite frayeur en passant à la caisse et en me souvenant que j’ai laissé la carte bleue dans le tiroir et que l’a j’en ai pour plus que les 15 euros que j’ai en poche. Je vais devoir choisir les priorités et poser des trucs. Mais non finalement, j’ai visé moins de 15. Ouf je garde tout !

Faut que je rentre. Je culpabilise un peu pour la gelée de groseilles, et les biscuits, pas forcément nécessaires.

Je reviens à mon cocon, et je bois du Perrier en écoutant Michel Onfray, qui a moins de soucis que Madame Tantra et qui me nourrit plus qu’une dinde aux marrons.

Chez moi il fait froid, je suis seule, mais je suis bien dans mon petit monde.

Le jeu du pourkoitu ?

Le jeu du pourkoitu ?




Ce jeu là, je le connais parfaitement. C’est un jeu de questions réponses. Un ou des posent des questions et l’autre doit répondre. Il n’est pas méchant mais il est très fatigant. Surtout pour celui qui répond. Il peut être joué en fin de soirée entre amis, au bureau, au café, à la maison. Quand tu y joue avec des amis, en principe, y’a rien de méchant, on essaie de t’aider à trouver des solutions. Quand tu y joues avec des non-amis(pas forcément des ennemis), c’est je tape au hasard pour les questions et je suis celui qui a les solutions.



Donc toutes les questions doivent commencer par POURKOITU, SUIVI DE fepa , vapa, demandepa, dipa, à vous d’imaginer….



Exemple :



POURKOITUfépa tes comptes ?

Parce que mes comptes ils sont déjà faits le jour de la paye, puisque mon salaire couvre juste mon découvert….

POURKOITUfepa un budget et que tu t’y tiens pas ?

Parce que j’ai plus de budget, et que si je fais un budget en ce moment j’ai 0 pour manger, 0 pour sortir, 0 par personne et par jours.

POURKOITUarretepatérevolving ?

Parce que tu vas me prêter le fric pour tous les solder toi ? Et que les banques elles ne prêtent pas aux surendettés

POURKOITUfépa un dossier de surendettement ?

Parce que j’en ai déjà fait un et que je me suis faite dégommer

Alors POURKOITUenrefépa’un ?

Parce que mon salaire fait rigoler les gens de la BDF et qu’on me renvoie à la gueule que je devrais avoir honte, et oui j’ai honte c’est bon !

POURKOITUdéménages pas ton loyer est trop cher !

C’est bon c’est ce que je vais faire, mais si je ne récupère pas ma caution, comment je vais la payer l’autre caution sachant que j’ai un loyer de retard… Et tu crois que je suis tranquille là avec mon préavis pour fin mars et même pas savoir si j’aurai autre chose ?

POURKOITUvapavoir une assistante sociale y’en a dans ton quartier ?

Parce que j’ai du boulot, je ne suis pas malade, j’ai un bon salaire, et qu’il y a pire que moi…

POURKOITUdemande pas les prélèvements mensuels pour tes factures ?

Parce que tu ne peux le faire que si les autres factures sont soldées. D’ailleurs pour le gaz j’avais fait ça l’an dernier, mais au premier rejet de mensualités pof on te sucre ton prélèvement automatique…

POURKOITUdemande pas à les solder en plusieurs fois ?

Parce que tant que t’as pas tout soldé on te remet ton gaz ou ton eau.

La liste est longue très longue et le jeu peu durer tant qu’il y a des POURKOITU en réserve.



POURKOITUpleures il faut te battre, il faut pas baisser les bras…

Parce que je crois que je me bats mais parfois je suis fatiguée et je me dis que ça sert à rien tout ça.

lundi 27 décembre 2010

Le désespoir est assis sur un banc...est un beau poème

Comme raconté plus bas, la situation n’est pas nouvelle. Dans la pile des lettres recommandées, des avis et derniers avis, des injonctions à payer, des recouvrements, je peux tirer des enveloppes au hasard, et revivre des moments douloureux. Menacer, faire peur, faire vivre l’endetté dans une angoisse encore plus terrible que celle qu’il connaît déjà. Voilà le but. Chacun son métier. En parlant de métier, je voudrais aussi parler d’une nouvelle sorte de métier, c’est le harceleur professionnel. Recrutés par nos amis les revolvers, ils on à mon avis subi outre le lavage de cerveau un lavage de cœur et une ablation de conscience. Je les imagine, arrivant chaque matin, dans leur open space, une pile de dossier posée sur leur bureau. Et juste à coté une sorte de compteur, que j’appellerai un impitoyablomètre. Et aussi à côté, peut-être, on pourrait voir la copie d’une lettre de licenciement au nom de chaque employé, pour les encourager à « atteindre l’objectif quotidien », récupérer un maximum de tune, par quelque moyen que ce soit. Bon ça ressemble à huissier tout ça, mais un huissier je n’en ai vu un qu’une fois chez moi, et on s’est arrangés face à face. Là c’est l’huissier en fauteuil, qu’est ce qu’ils mettent les enfants de ces gens sur la petite fiche à profession des parents ? Moi j’ai des idées s’il faut les aider, mais je l’écrirai pas là ce serait trop grossier…


Comment on appelle des personnes qui peuvent faire ce que je vais raconter ?

Un milieu de mois d’Août. Ma banque a rejeté deux ou trois je ne sais plus mensualités à Cofi…. Ceux qui parrainent une équipe du tour de France, qui font de pubs avec un soleil qui brille, votre solution crédit en quelques clics. Pour les clac(ques) on verra après, mais on a les solutions aussi !

Ce soir d’Août, je suis dans le tgv avec mes tdc. Les deux petits. On rentre de 15 jours en Bretagne. De quelques jours de vacances offerts par une amie qui m’a prêté sa maison et sa voiture pendant son absence. C’était pluvieux mais reposant et j’ai un peu oublié mes soucis. Mon portable sonne vers presque 20 heures. D’emblée, elle se présente, madame Ag…(allez je donne pas son nom, elle est peut-être virée depuis belle lurette, mais je l’ai encore en tête), elle m’appelle pour savoir ce que je compte faire en ce qui concerne mes 300 euros de retard de paiement de mon revolving. Hein ??? Hein ??? Tu vas me le dire et vite ???! Mon estomac se serre illico, bon retour dans la vie, tes vacances sont terminées ma belle. Je tente de parler doucement pour que tout le compartiment ne soit pas au courant de mon retard de paiement. Elle me demande de parler plus fort d’un ton qui ne donne pas envie de désobéir. Je lui explique que je suis dans le train et que je ne peux pas vraiment parler, qu’elle pourrait peut-être me rappeler le mardi suivant. Je précise que nous sommes samedi soir (elle doit emmener des dossiers pour le week-end celle là), et que le lundi ma banque est fermée. Ca me laisse le temps d’appeler ma banquière le mardi à la première heure. Parce qu’en fait j’ai fait une demande de regroupement de crédits et j’attends la réponse. Bon elle accepte, c’est déjà ça de gagné. Ca y est, je n’ai pas posé le pied en gare de Bordeaux que déjà la machine à soucis m’a rattrapée.

Mardi matin suivant en me levant, j’appelle la banquière qui me dit qu’elle n’a pas encore de réponse pour le regroupement, oui que la situation est délicate mais de ne pas trop m’inquiéter.

C’est durant l’après-midi que vient le coup fatal. Ce n’est pas madame Ag… mais monsieur Alexandre X, un jeune con arrogant qui m’appelle, pour le demander ce que j’ai l’intention de faire pour les 300 euros….bla-bla-bla… Je lui explique que j’attends un appel de madame Ag… dans la journée à qui j’ai déjà commencé d’expliquer mon problème samedi. Oui mais aujourd’hui c’est à lui que j’ai affaire alors qu’est-ce que je compte faire pour ces 300 euros ??? Hein ? Hein ??? Je reste calme et explique que j’ai contacté ma banque ce matin et qu’on attend un réponse… Oui mais comment ça se fait là ce problème madame, hein ?? Vous pouvez m’expliquer ? Je peux oui, divorce, dettes, revolving, mais je dis que mes enfants sont juste à côté de mi et que je ne peux pas parler plus. Comment il n’en a rien à péter le jeune con. Et comment il est sourd et repose la question, alors qu’est ce que vous allez faire ??? Hein Hein ??!! La je perds un peu mon calme et dis que j’ai déjà expliqué ça samedi, et que madame Ag…est au courant. Il devient plus agressif et commence à me faire une leçon de comment on fait pour en arriver là, c’est la honte… Là mon sang ne fait qu’un tour et je perds mon calme. Et je finis entre autres par le traiter de petit con et je raccroche. Illico il rappelle et je lui raccroche au nez en disant que je ne traite qu’avec madame Ag… Alors là lecteur, sache que la règle quand tu es dans cette situation c’est de t’aplatir, de pleurnicher, mais sûrement pas de répondre et de te positionner d’égal à égal. Et ton intérêt n’est pas de la ramener… C’est mi qui rappelle Cof… et qui demande à parler à Madame Ag… Qui est occupée. C’est une autre personne qui s’y colle. Je tente de lui expliquer ce qui vient de se passer. Et la question revient « comment comptez vous faire pour nous payer nos 300 euros avant demain ?? » Je ré-explique mon rachat de crédit. J’ai du mal à rester calme. Elle finit par me demander pourquoi je n’ai pas dit ça à madame Ag samedi. Et là je lâche que j’étais dans le train et que je rentrais de vacances chez une amie. « Des vacances, ironise-t-elle… »Je comprends qu’on ne part pas en vacances quand on a 300 euros de rejet. Elle a sûrement raison et je ne vais pas lui expliquer que c’était tout cadeau, parce que ma copine est gentille…Le ton monte un peu, je suis moins calme, je parle du rachat de crédit et elle me dit tout de go, qu’elle va appeler ma banque pour que ça ne se fasse pas si je n’ai pas trouvé une solution avant demain. Je lui explique que les enfants sont près de moi que je ne peux pas trop parler. Ayant réponse à tout elle me conseille de les mettre devant un jeu vidéo ou la télé. Ca tourne mal encore une fois, car ce n’est pas parce que j’ai 300 euros de débit qu’on doit me dire ce que je dois faire avec mes enfants… Et à nouveau je raccroche. J’appelle ma banquière qui me rassure, la personne peut appeler elle ne pourra rien. Mais elle a eu la société de rachat et mon dossier est rejeté car Cof… m’a fait interdire de crédit. Point final. Retour à la case départ.

Je descends dans ma chambre pour pouvoir parler plus tranquille. Je rappelle Cof.. Et je parle à encore une nouvelle personne. Je ré-ré-explique tout encore une fois et je ré-réentends les mêmes réponses, mais là en plus il y a l’élément refus de rachat de crédits et ça n’arrange pas mon affaire… On dirait qu’il n’y a as de solutions et la question revient immuable « Qu’est ce que vous allez faire DONC pour les 300 euros ! ». Je craque. Je pleure et je dis que c’est « à se flinguer »… C’est ce moment que là que choisit ma lutine pour entrer dans ma chambre et entendre mes dernier mots.. Elle hurle à son frère « Sam maman veut se flinguer, maman veut se flinguer… » Je pose le téléphone et rattrape la lutine pour la calmer. Impossible le mal est fait. A l’autre bout du fil, la « recouvreuse » commence à s’énerver. Je lui dis que je dois rassurer ma fille et que je rappellerai. Je raccroche. La lutine pleure à chaude larmes et en plus de tout je dois me transformer en maman Doltoïenne, pour expliquer que non c’était une expression et que je ne ferai jamais ça, que je les aime trop et qu’elle n’ait pas peur. Je précise que depuis ce jour, chaque fois que la lutine me voit pleurer pour le fric, ou quand elle me quitte elle demande si je ne veux pas me suicider ?? On appelle ça des dommages collatéraux.

Ce jour-là, j’ai fini enfin par pouvoir parler à madame Ag… et je pense que l’épisode de la lutine y est pour quelque chose. J’étais moi-même en pleurs en rappelant et je pense que c’est ce qui est recherché. La personne doit se sentir une merde, en situation de demandeur, incapable de réagir en tant que personne égal, mais de celui qui demande une faveur. Alors on a fini par me donner un délai de quelques jours, attendre que j’aie mon salaire d’Août, et que je puisse virer 300 euros d’une seule traite. Le problème n’étant pas pour eux de savoir ca que je ferai avec 300 euros en moins sur mon salaire dés le début du mois. Puis on me proposa « gentiment », de renégocier le revolving, de réduire mes mensualités, et que bien évidement je mettrai plus de temps à tout rembourser… On appelle ça « rouler dans la farine », mine de rien, mais je dis oui.

J’ai compris ce jour-là que je devrai m’accrocher très fort pour ne pas sombrer, et que la spirale infernale était bel et bien enclenchée. J’ai aussi compris qu’il était facile de craquer et de laisser sa vie dans ce genre d’histoire. Parfois, les infos nous assènent l’histoire d’un père ou d’une mère qui a supprimé ses enfants avant de se donner la mort, en nous amenant à penser « Oh la mère indigne, comment on peut faire ça !!! C’est dégueulasse !!! Oh la vilaine femme…. ». Je pense toujours à cet épisode et je me dis que cette personne a pu ne plus voir d’autre solution et que ça s’appelle le désespoir.

dimanche 26 décembre 2010

Il y a deux ans ailleurs je disais ça aussi....

Quelques minutes dans ma vie d’aujourd’hui. Quelques minutes au milieu du quotidien. Je raconterai tout plus tard. Depuis le début de l’année je passe à nouveau parce que je suis au chaud dans un bureau et que je peux accéder au net. Bon avec le pot qu’on me connaît bien sûr je suis sur un poste ou que je me connecte avec mozilla ou avec explorer je plante à chaque clic sur un lien. Bon en même temps je suis là pour bosser et pas pour me balader sur la toile. Alors, camembert la méli ! Plus tard je ferai un détail de ce qu’est la vie que j’ai aujourd’hui. Mais ce sera quand j’aurai du recul, et que je pourrai le faire sans pleurer, sans avoir l’impression que toute la pitié du monde va s’abattre sur moi, dont le sort est tout de même que le soir je rentre à Ma maison et que j’ai chaud, et que même si parfois j’ai faim, je peux boire un bon thé et manger quelques nouilles. Ce matin sur le portable que j’ai maintenant que c’est ma banquière qui me l’a offert …. Ben oui y’en a des sympa qui t’enfoncent pas… Donc sur le portable en même temps que le dring dring crisse je vois BDF… Banque de France pour les non initiés. Si tu savais ami bloggeuur ce que c’est que de faire un dossier BDF… Accroche toi. Parce que déjà i tu fais ça c’est que t’en es à un point qui te rend pas fier de fier… Mais en plus comment te dire ami bloggueur.. C’est pire qu’une enquête de FBI porté disparu, on te passe ta vie à la loupe super bitriquadrubinoculaire. T’es tout nu et tu peux rien dire parce que c’est eux qui ont la main si tu vois ce que je veux dire. Ben ce matin la dame elle m’a grondée pour me dire que je mettais trop longtemps à poster mes courrier, et que elle me l’avait pas dit mais dans sa tête de dame qui traite mon dossier elle m’avait donné un délai de réponse pour les pièces complémentaires aux pièces complémentaires su dossier épais comme ça que je lui ai déjà fourni. Mais le délai il était dans sa tête et pas dans la mienne. Et comme elle a vu que mon courrier écrit le 21 décembre et posté hier parce que j’ai mis du temps à tout rédiger et puis que j’ai attendu d’être au bureau pour imprimer la lettre et que j’ai encore attendu d’avoir assez dans ma poche pour acheter les enveloppes et les timbres et tout et tout, ok j’ai mis du temps pour l’envoyer. Et comme le délai qui était dans sa tête est dépassé de 10 jours, et qu’en plus elle voulait d’autres documents que j’aurai pas le temps de trouver aujourd’hui même si elle me les demande, ben alors elle classe mon dossier. Too late, sans suite, no posible donar una suite , demerdenzizich…. Mais si je veux je peux en déposer un autre. Mais attendtion je peux pas re-déposer le même parce que les documents ils ne seront plus à jour… Il faut que re photocopie mes bulletins de salaires, que je re-demande des points sur mes revolvings, que je refasse mes attestations de tout. Et en plus il faut que je trouve mon acte de vente de ma maison de quand j’étais madame Ken, et aussi le justificatif du remboursement du crédit et aussi si je pouvais donner les pièces justificatives des dépenses faites avec l’argent qui restait…. C’est sûr méli tu vas t’en sortir putain tu vas t’en sortir… C’est ce que je répète tous les jours en ouvrant les courriers de recouvrement de dernier avis et tout le reste….

samedi 25 décembre 2010

On va dire qu'aujour'hui je ne pleurniche pas puis que c'est Noël

Pour ceux qui viennent ici et qui ne me connaissent pas je vais donner quelques précisions.
Avant j'étais ailleurs, c'était un blog qu'on venait voir pour rire sourire et s'émouvoir prce que j'avais encore du recul sur les choses. Alors si aujourd'hui vous n'avez pas envie de pleunicheries allez plutôt sur la mélimélodit (clique là).
Et puis aussi quand je parle des tdc, je parle de mes enfants. Depuis qu'ils sont tout petits je les appelle comme ça, et dans les blogs ça m'évite de donner leurs prénoms, dont l'un est tellement pas très répandu qu'il est tout de suite identifiable. TDC ça veut dire trou du cul. J'explique, un trou du cul, on en a qu'un alors c'est unique, précieux, et si on en a plus on est mort. Voilà.
Ma gazelle, c'est ma grande fille aînée, une belle métisse de 21 ans avec un caractère bien trempé que j'ai adoptée quand elle était bébé, une écorchée vive, qui croit que pour se protéger de l'abandon, il ne faut aimer personne. Alors depuis quelques mois, elle a coupé les ponts.Nous ne correspondons plus que par sms. Je l'aime et lui laisse faire sa crise sans laisser le lien se casser totalement.
Mon nounours chamallow c'est un grand ados raleur de bientôt 16 qui me vient du Mali, et que j'ai adopté quand il avait... on ne sait pas quel âge. Jamais content, toujours en demande de plus, plus de baskets, de jeans, de coca, et de jeux vidéo. Mais avec un sourire à fossettes et un rire tonitruant, il me fait fondre. Il a lui aussi un coeur à vif, mais un coeur énorme. Il veut la paix entre ses parents, et je suis sûre qu'il est pleins de secrets qu'il nose pas dévoiler. Je l'aime tendrement et passionément.
La lutine, elle arriva dans mon ventre, il y a 13 ans, quand ce n'était plus dutout le moment. Après 17 ans de vie commune et au milieu d'un couple prêt pour le divorce, enfin moi. L'argument du papa pour que je n'avorte pas, fut :"Ca va nous rapprocher". Je ne croyais pas à ça bien sûr, mais j'ai gardé ce bébé en moi. Et je n'ose penser à ce qu'aurait été la vie sans elle... Un petit bonbon qui pétille, pleine de joie, un torrent de mots, elle se rêve actrice ou avocate. Elle veut me protéger de toutes les douleurs. C'est mon ancienne psy qui lui a trouvé son surnom. Je l'aime.

vendredi 24 décembre 2010

Noël dehors

Je peux encore me réfugier chez moi quand dehors c'est Noël.
Mais quand dehors c'est Noël, il y a ceux qui font Noël dehors. Ceux qui ont froid et faim.
D'autres années, j'allais leur acheter un peu de quoi se réchauffer le corps, et je parlais un peu avec eux pour leur coeur.
Cette année je ne peux vraiment pas.
Aux va-nus-pieds quifont Noel dehors,
Une va pieds nus qui sait que dehors c'est Noël
Pense très fort à vous ce soir...

Dehors Noël

Voilà. Dehors c’est Noël. J’ai déposé les tdc chez leur père et ils partent chez leurs grand-parents dans les Landes jusqu’à demain. Sapin, repas de famille, déballage de cadeaux, foie gras fait maison (avec les sacro saints pruneaux fourrés au beurre d’ex-belle mère, un truc vraiment immonde, mais que son cerveau mono-neuronal n’était pas peu fier d’avoir inventé ! j’échappe à ça depuis mon divorce !!! ouf !). Bref mes zados auront leur Noël.


Dehors ça grouille partout. Ca brille. Les euros valsent. On se trimballe les bras chargés de sac remplis de bouffe, de cadeaux, de vin, de papiers multicolores…

Dehors il fait un froid de décembre, hier soir la neige tombait.

Dehors, dans ma rue, les volets se ferment, les familles montent dans les breaks, et les monospaces, les enfants sont excités de partir, pas tant du Noël familial, dont ils ne connaissent souvent pas le sens religieux, mais il ne reste plus que quelques heures avant le passage du père Noël et l’ouverture des cadeaux. Dans mon quartier on pique les portes de couronnes décorées, on met des bougies aux fenêtres. Ici on est chez les bobos, les rennes lumineux et les Père Noël suspendus aux cheminées, c’est pas le genre…

Dehors, c’est froid et joyeux.

Dehors, on passe devant des portes et on sent le fumet des bouillons, des vins chauds, et l’odeur du pain qui cuit.

En rentrant j’ai fermé ma porte à double tour. J’ai rangé un peu ce que les zados avaient laissé traîner par-ci par-là, j’ai donné à manger au chat, j’ai mis un bouillon à cuire pour ce soir. Quelques oignons, des os à moelle, du gingembre, des épices, du vin blanc des l’ail et de l’orange. Ce soir il y aura aussi chez moi un parfum chaleureux. Puis je suis montée, dans ma mezzanine avec un thé chaud. La télé me tient compagnie, en bruit de fond. Les infos en boucle. Difficile de trouver une chaîne sans un téléfilm américain de Noël à la con. Bon ne soyons pas rabat-joie à outrance. Je ne suis pas dans le truc cette année et c’est difficile de passer au travers des mailles du filet.

Ma soirée va se dérouler doucement, ni triste ni gaie, j’ai préparé un polar acheté hier que je commencerai dans un moment. Je lirai peut-être toute la nuit. J’ai pris un bon vieux bouquin dans lequel tu te plonges sans plus pouvoir en sortir. Un qui fait que tu sais même plus quel jour on est, ni où on est. Un pour oublier Noël les fêtes de famille les cadeaux le foie gras le sapin et les chocolats.

Demain les tdc reviendront. On fera un petit repas et ils ouvriront quelques paquets. Un jour peut-être je les amènerai à Londres ou ailleurs pour Noël, j’en rêve depuis longtemps.

mercredi 22 décembre 2010

Mes enfants

Comme d’habitude, chacun réagit à sa manière.


Puisque la gazelle a décidé de vivre sa vie, je n’en parle pas.

La lutine et le nounours chamallow ont 13 et 15 ans.

C’est Noël, les vacances et tout devrait être léger pour eux.

Le nounours m’a dit « pleure tu ne sais faire que ça en ce moment ». Je ne suis pas très patiente avec lui ces jours-ci. Il ne comprend pas que je ne pense qu’à le nourrir, alors que lui, pense à sortir, voir des potes, acheter des gants Nike en cuir, un jeu vidéo, et manger des hamburger et boire du coca. Lundi soir il était sorti avec un copain. Après plusieurs sms lui demandant de rentrer sans réponse, je me préparais à aller le chercher quand il est arrivé. Minuit passé. Je ne veux pas que mon fils de 15 ans traîne dehors à ces heures. Quand il est entré j’étais hors de moi et je l’ai collé au mur par le col en criant. Son ami était muet. Lui m’a pris le mains et a ri. Je lui ai ordonné de me lâcher et je lui ai donné une claque. Alors j’ai pleuré. Et c’est là qu’il m’a dit ça. Le lendemain il est venu s’excuser. Mais hier soir à nouveau il m’a mal parlé. Il ne supporte plus cette ambiance si lourde. Il dit que c’est une vie de merde. Je le vois peu. J’aimerais qu’il comprenne mieux. Mais je comprends sa colère.

La lutine elle, est légère, comme peux l’être en temps de non-crise. Légère mais elle cherche à m’aider. Ce n’est pas son rôle. Elle a treize depuis samedi mais ne se plaint pas d’attendre encore son cadeau d’anniversaire. Elle me demande quelle sont mes chansons préférées, et les cherche sur le net pour me les faire écouter. Elle me fait chauffer de l’eau pour le thé et jamais à cours d’idées, elle fait sécher les feuilles déjà utilisées pour « recycler » et ré-utiliser. C’est dégoutant. Elle se colle contre moi pour que nous n’ayons pas froid. Elle recherche des offres d’appart à louer sur le net. Elle gronde son frère de ses exigences. Elle veut me protéger, alors que c’est à moi de la protéger. En ce moment elle est sur un fauteuil de bureau et glisse dans la pièce dans tous les sens, en écoutant Céline Dion chanter Titanic à fond. Je déteste cette chanson. Ca m’énerve. Mais elle est encore une enfant. Tout à l’heure nous sortirons et je l’amènerai dans les magasins. Elle aime ça. J’aurai du mal mais je le ferai.

Je sais que ni l’un ni l’autre ne doute de mon amour pour eux. Mais je sais que c’est difficile pour eux et je ne leur en veux pas de leur attitude.

mardi 21 décembre 2010

Qui a la carte du Monopoly pour moi ?

Pour continuer sur le sujet qui me préoccupe, et mon étalage de tartines de merdes, je vais raconter ce que je cumule de casseroles dans ma batterie. Il y eut ma fulgurante et géniale idée de donner mon fric un jour à la banque directe. Direct tu rentre dedans cette banque si ton salaire dépasse le seuil des 10.000 francs mensuels dans les années 2000. Direct quand tu ouvres ton compte on t’offre royalement une souris et un clavier sans fils, ou je ne sais trop quel gadget qui à cette époque là, n’était pas un cadeau bidon. Direct tu reçois de jolis classeurs pour trier tes papiers. Direct tu vois ton compte sur ton ordi. Direct tu suis tout par téléphone. Tout est direct, de toi à l’écran, de l’écran à toi. Plus besoin de te coltiner la sale tronche libidineuse du banquier ventripotent qui croit qu’il est le maître du monde, juste parce qu’il gère ton compte. Le mien me rappelait un personnage de l’étranger de Camus, et il m’insupportait. Donc dans la banque Directe ce qui fut direct c’est ma sortie de route en Janvier 2002. Divorce, je me répète, mais c’est tellement vrai et pour tant de monde. Et moi qui me prends toujours pour une petite travailleuse qui gagne assez pour couvrir de cadeaux toute la famille, l’ex-belle famille, les amis… et me voilà à découvert avec plus de mari pour réparer l’erreur…. Et c’est là que, plus DIRECT tu peux vraiment pas, la Banque du même nom me vire à la minute. Premier mail pour me prévenir que je suis à découvert, qu’attention !!! Un petit courrier suit. J’appelle sur mon numéro qui m’est réservé juste à moi avec mon code d’accès sécurisé qui ne répond pas. Deuxième mail pour me dire que fais gaffe t’es mal, ça va chier pour ton matricule. J’appelle et toujours pas de réponse. Puis un vrai courrier en papier me dit juste que je suis direct virée de la banque directe à la minute même et que direct mon découvert est passé au contentieux avec direct un numéro à appeler pour voir comment je règle le problème le plus direct possible. Evidement, il m’est devenu impossible de parler à aucun être humain, car mes codes d’accès ont été annulés DIRECT. Bien entendu, plus d’accès internet non plus. Je n’existe donc plus pour cette banque, du jour au lendemain. La règle est devenue la suivante :


Seul interlocuteur, le service contentieux, externe à la banque bien sûr.

Mon découvert est environ de 600 euros car nous y sommes maintenant à l’euro.

Le contentieux me demande 1700 euros de frais à régler au plus vite qui ne correspondent pas du tout au découvert mais aux agios, pénalités, au frais de correspondance, c'est-à-dire les deux lettres d’avertissement direct plus le courrier contentieux direct.

Je dois bien sûr par ailleurs régler les 600 euros et bien sûr m’acquitter des frais de rejets avec un timbre-amende par chèque émis.

Ce qui a été direct pour moi ce jour là c’est la panique et l’impression de trébucher au bord d’un énorme précipice sans pouvoir me raccrocher à aucune branche.

Il est évident qu’aucune négociation, aucun dialogue, n’était désormais plus possible. Pas un seul être vivant humain à qui parler.

C’est donc dans cet instant là que je me tournais pour rembourser les 1700 euros de frais occasionnés par ce dépassement dû à ces maudits cadeaux de Noël, que je me tournais donc vers une des réserves d’argent « miracle ».

Inutile de dire que j’étais désormais interdite bancaire Direct sur toute la planète. Grand escroc international fiché au grand truandisme des abuseurs de chéquiers.

C’est d’ailleurs dans le mois suivant que mon employeur changeant de statut a eu la bonne idée, de ne pas enregistrer mon changement de coordonnées bancaires, et a persisté à envoyer pendant deux mois mon salaire à la Banque Directe, qui Direct ne bougeait pas. Je suis donc restée deux mois sans salaire. Février, Mars, revenu zéro. Revenu qui va de mon employeur à mon ancienne banque et vice versa. Mais en tout cas ne passe pas par moi. Aux abois. Avec un propriétaire collé derrière la porte de ma maison chaque fois que je l’ouvre avec le montant du loyer brandi devant mes yeux. Et hop un petit coup dans un autre revolving. La machine s’emballe. Plus le temps de réfléchir calmement. Mon ancienne banque accepte de réactiver mon compte qui sommeillait depuis deux ans. Entre temps le libidineux a été muté. Une gentille jeune fille m’accueille, m’écoute et je le dis me soutient.

Je reste interdite bancaire toutefois car je n’ai pas pu régler les 600 euros de chèque et les timbres fiscaux.

La BD ne me poursuit plus, ce n’est plus son problème depuis que les 1700 euros sont réglés. Le reste est à régler avec mes débiteurs et la Banque de France.

Pendant deux ans, je n’ai plus eu ni carte bleue ni chéquier. Juste des billets quand le compte était positif. Je pouvais aller retirer aux guichets de ma banque. On me donnait ou pas une carte à usage unique et j’avais droit à quelques billets pour me nourrir, et faire quelques achats. J’ai souvent pleuré dans le bureau de ma chargée de compte, aux abois, pitoyable et honteuse. Car que n’étais-je aux yeux de tous sinon quelqu’un qui n’avait pas su gérer. Aux yeux des proches, amis, famille, dépensière, insouciante, je n’avais que ce que j’avais cherché. Peut-être…. Il y a déjà dix ans que je paye pour ce dérapage incontrôlé. C’est une lourde peine. Au monopoly on tire parfois une carte « vous êtes libéré de prison » ou « erreur de la banque en votre faveur »….

Le crédit flingue en main, tu connais ?

Me voilà donc rentrée dans l’engrenage. Quand je parle de revolving, il m’arrive souvent d’entendre : Qu’est ce que c’est. Je pense alors quelle chance de ne pas le savoir…


Moi qui suis dans la merde jusqu’au cou et plus haut peut-être, c’est tout naturellement et comme une évidence que lorsque mes « camarades syndicalistes » m’ont proposé de siéger dans une commission pour représenter Sud, j’ai choisi la commission de secours plus une autre sur la souffrance au travail. C’est quoi aussi ça. Dans notre boîte de narkeos dont beaucoup se plaignent, il existe donc une commission qui vient en aide aux personnes plongées dans les difficultés financières. Réunions avec assistante sociale, DRH, représentants syndicaux, pour étudier les dossiers et évaluer les besoins. Nous donnons je dis bien donnons et pas prêtons au maximum 1000 euros par demande. Depuis trois ans les demandes sont passées de 7 ou 8 par mois à une bonne quinzaine. Divorces, longues maladies, et bien sûr ces maudits revolvings, conduisent donc ces travailleurs à appeler à l’aide. J’ai longtemps refusé de faire moi-même une demande. Je sais tout d’abord que 1000 euros ne serons que comme un pansement sur une jambe de bois, comme pour la plupart des demandes qui passent. Mais en plus je me dis toujours que ma situation est « moins grave » que celle des autres. Et puis aujourd’hui je me décide. Oui je vais demander ces 1000 euros pour payer cette maudite facture de gaz et avoir enfin la possibilité de me laver tous les jours avec de l’eau chaude.

J’ai d’ailleurs justement réalisé en réunion dans ces commissions que certains de mes collègues étaient loin de la réalité du quotidien d’une personne entrée dans la précarité ou prêt à y entrer. Parfois des phrases comme « Mais comment peut-on s’endetter à ce point ?, Moi tous ces crédits, jamais ! Ils n’ont qu’à ci, ils devraient plutôt ça !!! Ils ont un téléphone portable avec toutes les dettes qu’ils ont !!!! »

J’ai parfois envie de hurler viens dans ma vie, va dans leur vie, retrouve toi avec un seul salaire et des gosses… Vas-y viens dans la place petit connard !!! Parce que quand tu es en couple si tu dérapes un peu, quand les deux bossent, l’un sauve l’autre. Mais quand t’es seul ben si tu dérapes tu te casses la gueule, et pour te relever, il te faut des années. Si un jour tu te relèves, bien sûr !!! Et c’est là que tu te tournes vers le « remède miracle » du docteur Revolving. Drôle de nom, non ??? Parce que le cadeau de bienvenue ça pourrait bien être le revolver pour te flinguer, pour flinguer ta vie d’abord, puis te flinguer toi à la fin.

J’ai aussi parfois tout simplement expliqué à mes collègues camarades syndiqués ce que c’était qu’un revolving. La somme qu’on t’attribue pour acheter un truc à 300 euros et on te met 2000 sous le nez. Et comme il est facile d’obtenir ce genre de crédit à des taux honteusement élevés mais que tu ne vois pas ou ne veux pas voir…. Comme on ne te demande que ta bonne foi, qu’on te parle de tes petites envies, tes besoins, tes petits ennuis, pour te convaincre que c’est rien, qu’il te faudra trois jours avoir ton petit chèque… Et être endetté pour des années et des années entières. Et comme quand tu as souscrit à deux ou trois de ces revolvings, à la moindre facture trop élevée, panne de voiture, tu puises dans le nourrain de Cofitruc, Sofinmachin, Cetechose…. Et jamais, jamais tu ne soldes ton crédit.

Alors j’explique à mes gentils collègues non revolvés qu’on devrait avec les 1000 euros demandés, solde un des revolvings, pour que la personne ait au moins tous les mois cette mensualité en moins.

Et la hiérarchie me répond qu’administrativement c’est trop compliqué.

Alors j’ai envie de claquer la porte pace que c’est pas ça qui est compliqué. Oh non c’est pas ça ! Et en plus je suis certaine que ce n’est pas si compliqué.

lundi 20 décembre 2010

Histoire du requin qui mange les petits poissons

J’aimerais parler de l’arnaque du siècle. D’une catégorie de requins impitoyables, qui sévit et fait sa fortune sur ton dos, mon dos, enfin le dos de tout « français moyen » qui un beau jour ou un mauvais jour envisagea d’acheter son ordi à « crédit »…. Moi c’était il y a plus de vingt ans la première fois. J’étais avec l’ex et notre frigo nous avait lâchés. Je revois ce jour comme si j’y étais. Je crois pouvoir dire que nous étions en 1983. Nous avons filé à Carrefour et le petit frigo pour deux jeunes sans enfants que nous visions s’est transformé par la grâce d’un vendeur qui nous avait bien vus venir, en un duo frigo congélo pour famille nombreuse. Evidement, c’était bien au-delà de nos moyens. Et ce bon et dévoué vendeur proposa au jeune couple naïf, LA solution, pour partir avec ce frigo «  de nos rêves ». Une petite carte bleue, qui en plus de nous permettre d’acheter ce beau frigo à crédit, nous mettait à disposition une petite somme d’argent en cas d’envies de besoins de tuiles soudains, et cerise sur le gâteau nous accordait le privilège extrême de passer au nez et à la barbe du client lambda, trop bête lui pour ne pas avoir de carte. Affaire fut faite et nous repartîmes avec le frigo, plus un bouquin que j’avais piqué. Ben oui ça m’amusait encore ces conneries à l’époque. Nous voici maintenant une bonne dizaine d’années plus tard. Le frigo a fondu les plombs depuis belle lurette et la famille est maintenant nombreuse. Un nouveau combi trône dans notre cuisine de notre belle maison verte et blanche. La somme est toujours à notre disposition, augmentée même, puisqu’on nous l’a gentiment proposé en tant que bons vieux clients… Parfois, les fins de mois sont un peu courtes et nous piochons dans la réserve. Il se trouve aussi que j’ai souscrit à une autre « crédit » de ce genre pour pouvoir me payer, je ne sais plus trop quelle chose « indispensable ». Le revolving mêm’ pas peur. Je gère. La vie je gère et mêm’ pas peur que je vais divorcer bientôt et me débrouiller comme un chef dans ma nouvelle vie. Tout ça en théorie, ça devrait se passer comme au cinéma. On divorce amis, on refait sa vie amis, et devant nos enfants on reste amis. C’est comme ça que je pensais que ça se passerait………….. Mais il faut deux mois pour que mon ex me demande de lui rembourser la moitié de la voiture qu’on venait d’acheter, parce que lui il agrandissait sa famille et qu’il ne pouvait pas garder la notre. Puis Noël vient et je puise dans la réserve pour les cadeaux, puis février arrive et par manque de chance grâce à une erreur de la banque en ma défaveur, je suis deux mois sans salaire. Et hop me voilà qui puise et qui repuise. Et voilà les coupures d’eau, et les mensualités rejetées, et les autres révolvings souscrits dans la panique. L’engrenage se met en place……………….

Excuses

Désolé, vraiment désolée pour ces panneaux de pub intempestifs qui apparaissent depuis ce matin ici !!!! C'est la monétisation du site, j'ai vu ça, je ne suis pas sûre que celà rapportera quoi que ce soit, je n'y crois pas mais je le fais tout de même.... Oui la je vais à l'encontre de mes idées, oui là je fais un truc qui m'insupporte et j'ai l'impression de me prostituer... Mais je le fais quand même....

dimanche 19 décembre 2010

parfois la chance...

C’était une semaine riche, d émotions, de connaissances, de rencontres. Une semaine de riche. De richouse comme le dit la lutine. Pour ce colloque à Marseille l’employeur nous avait réservé un hôtel trois étoiles près du port de Marseille. Il était donc certain que j’aurais chaud, que je pourrais prendre des douches à volonté toute la semaine, que mon petit déj’ serait copieux et même trop. Depuis longtemps j’ai perdu cette habitude que j’avais quand j’étais avec Ken. Pas un matin je ne préparais mon plateau de thé au lait, de jus d’orange, mes deux tranches de brioche beurrées et tartinées de marmelade d’oranges, et mon yaourt nature. C’était immuable. Aujourd’hui je pars travailler l’estomac vide la plupart du temps. Cette semaine j’avais tout sur le plateau, tout comme avant plus les viennoiseries. Je partais même discrètement avec quelques provisions pour le soir dans la main, un peu honteuse… Mais drôle de réflexe, tous les soirs, je rangeais mes provisions dans le sac sans les manger pour un autre soir plus difficile. Il faut dire qu’entre les interventions des anthropo, tanatho, et Cie, les pauses café étaient accompagnées de douceurs multiples et variées. Tout cela m’a permis de recevoir tout ce qui était dit l’estomac plein, l’esprit allégé du souci qui occupe mon esprit quasi en permanence. J’ai même réussi à aller au restau un soir. J’ai négocié une soupe de poisson et un dessert pour pas trop cher, alors qu’elle était à la carte. J’avoue qu’il est très difficile quand on se trouve en groupe de faire semblant d’être insouciant, difficile de refuser d’aller boire un verre, faire un tour dans les boutiques, de compter ses pièces car on n’a que ça. C’est du jonglage permanent, du faux-semblant de sourires, de conversations forcées. Et puis si j’avais pu oublier trop longtemps ma situation, elle m’était vite remise en mémoire par les appels téléphoniques ou des sms. Le nounours qui croyait que j’allais lui ramener des gants nike de Marseille et à qui j’ai fini par dire qu’il me torturait avec ce genre de demande. Puis en milieu de semaine, les messages de Ken. Un revolving dont je n’arrive pas à faire change le nom du titulaire mais que je paie depuis notre divorce, l’a contacté pour cause de rejet de mensualité. Déjà le mois dernier, j’ay avais eu droit et cela l’avait rendu fou de colère. Ce mois-ci ça recommence, et il m’a téléphoné pas moins de 20 fois. Il me menace d’usurpation d’identité. Je ne sais plus que faire pour qu’il me lâche. Il en profite pour prendre le dessus sur moi. Il ne manque pas une occasion de me mettre à la figure ma vie, mes difficultés. Ce soir dans quelques minutes, il va ramener les enfants et il m’a annoncé qu’il allait m’annoncer ses décisions. J‘ai tellement peu envie de lui parler…


Pour clôturer cette semaine hier, gros stress en arrivant à la gare au moment de composter mon billet. Il avait disparu. Sac ouvert. Est-il tombé, me l’a-t-on volé ? Je ne sais pas. A l’accueil je suis en larmes, on me renvoie dans un autre service qui me renvoie à SOS voyageurs, qui me renvoie à la police, qui me conseille de voir un employé sur le quai, qui me conseille de monter dans le train, et d’aller voir les contrôleurs. Je le fais et les contrôleurs m’annoncent que même si j’ai la référence du billet, je dois en repayer un et que si je n’ai pas d’argent je dois donner une pièce d’identité et que je recevrai la facture avec des frais de dossier. Puis me voyant en pleurs ils me conseillent de m’asseoir et d’attendre le passage de leurs collègues. Quand le contrôleur passe je raconte à nouveau mon histoire avec tous les détails. Il m’annonce que cela me coutera 150 euros et demande aux deux collègues qui m’accompagnent si elles ne peuvent pas payer tout de suite pour que cela me coûte moins cher. Je les vois complètement effrayées de devoir payer pour ce qui m’arrive. Elles sont si mal à l’aise… Intérieurement je suis complètement anéantie de devoir payer ce prix, et je ne ais même pas comment no quand j’arriverai à le faire…. Puis le contrôleur, me regarde et me tends ma carte d’identité en disant ‘Je ne vous ai pas vue’ se lève et part. La chance. Le père Noël, je ne sais pas. Merci à cet inconnu.

mardi 14 décembre 2010

Je suis à Marseille et les soucis aussi...

Cette semaine, il va falloir jouer serré de chez serré. La lutine, qui a vendu son portable pur acheter les cadeaux de Noël, a eu la gentillesse de me prêter les 45 euros qu’elle avait. C’est la honte de taper du fric à sa fille. Mas sinon je partais sans rien. Semaine de colloque à Marseille. Par chance le train, l’hôtel et les petits dej’ sont déjà réservés et payés par Paris. Reste à manger sans faire de folie jusqu’à samedi soir. Ce matin, j’ai pris le reste de fromage que quelqu’un avait laissé de la soirée bouquin, j’ai acheté quelques fruits et j’ai dû lâcher 1,17 euros pour une tranche de jambon chez le boucher de chez moi. Vraiment c’est de la foutaise. Qui aurait osé demander 8 francs pour ça. Ca me hérisse chaque fois que je paie un morceau de pain ou un croissant ou une bouteille d’eau en euro et que je fais le calcul en francs. Je sais il ne faut pas, on est aux euros. On nous avait dit que ça n’augmenterait pas le coût de la vie. Ben ils seraient bien emmerdés si on devait revenir aux francs. Donc à midi dans le train après avoir payé 2 euros un bouteille d’évian 50cl à la gare j’ai avalé ma tranche de jambon qui ne valait même pas mieux qu’une tranche de sous vide de leader price. Plus une pomme c’est quand même léger !!! Là à l’hôtel il y a une petite bouilloire dans la chambre avec thé, biscuits, sucre et lait. Bon il va falloir faire avec.


Je me rends compte que ces jours ci, je ne pense qu’à ce que je vais mettre dans mon estomac et comment. Parfois je rêve que je trouve des choses au fond de mes placards. Une fois j’ai fait un régime et je faisais des rêves comme ça, où je me trouvais à des buffets et ou je me goinfrais de tout ce que j’aimais.

On a reçu un mail de notre employeur qui nous annonce qu’en raison des fêtes notre salaire nous sera viré le 20 au lieu du 27. Bon de toutes manières il est sûrement déjà pratiquement bouffé mon salaire. Je pourrai peut-être faire mes cadeaux de Noël aux tdc plus à l’aise et acheter un peu de sans plomb pour aller quelques jours dans les Landes et avoir du chauffage et de l’eau chaude.

Ce soir c’est le pot d’accueil pour les participants au colloque. Je n’aurai pas besoin d’acheter à manger, je vais me gaver de cacahuètes et de chips.

C’est un peu pitoyable tout ça !!!!

lundi 13 décembre 2010

    Voici le lien sur l'article du journal qui relate la sortie du bouquin

Sur la photos, mes soeurs, mes neuveux et nièces, mon nounours chamallow, ma lutine et moi, manquent mon frèrot et ma gazelle.
http://www.sudouest.fr/2010/12/13/pierrot-de-la-dune-265894-3394.php#xtor=RSS-10521769

Pierrot de la Dune a eu sa journée

La douceur et la beauté d’un moment. On range un moment ses soucis au fond de son cœur, on pose un petit châle en laine dessus, juste pour accueillir ce qui va venir sans tout mélanger. Vendredi j’avais embarqué mes deux zados de TDC avec moi pour prendre la direction des Landes. J’avais même décidé de ne mettre un autre petit châle sur le conflit avec ma sœur. Me mettre en retrait de tout ça. Les zados était si en colère d’apprendre que je les déposerai à la maison de là-bas et que j’irai ailleurs où je sentirai une ambiance plus douce pour moi. Je n’aurais pas pu priver les zados et leurs cousins de retrouvailles tant attendues. Mais je n’aurais pas pu assumer en ce moment une ambiance de faux-semblants et de non dit, d’évitement des regards et des sujets qui fâchent, qui à la moindre étincelle tourne à la dispute et à l’hystérie collective. J’ai eu très mal de ne pouvoir rentre chez « moi » de ma propre volonté, et de m’en tenir à ce que j’avais décidé. Avant d’aller retrouver ma cousine dans sa belle maison si accueillante, je suis passée verser quelques larmes au bord des vagues de la plage et respirer l’odeur du sable mouillé et de l’iode.
La soirée a été gaie et je n’ai parlé d’aucun de mes soucis. Je sais à quel point ma cousine aurait été triste et émue par ma situation actuelle, mais je ne veux pas être la mendiante éternelle. Alors j’ai raconté des anecdotes à mourir de rire comme je le fais si bien quand tout va mal, puis j’ai parlé de mon boulot ça aussi ça cache bien la forêt des emmerdes.
Hier matin je me sentais plus sereine dans cette maison où il faisait chaud, où j’ai pris une longue douche avec un mélange de tous les gels et baumes que je trouvais, je sentais si bon en sortant de la salle de bain que je n’arrêtais pas de frotter mon nez sur ma peau et de respirer son odeur. J’ai eu cette vie moi aussi un jour, où chaque jour je pouvais hésiter entre le parfum du thé vert et celui de la cannelle, la douceur d’une crème et les saveurs piquantes d’un tonique.
Vers 10 heures je me suis sentie comme à l’aube d’un grand moment. La sensation d’un bonheur imminent, d’avancer lentement au fil des minutes vers des instants inoubliables. Cette petite pelote de joie un peu jubilatoire qui circulait en moi dans tous les sens et me disait c’est bon ce moment profites-en.
Puis il y a la demi-heure avant, qui passe si vite, qui file vers le moment où on plonge dans l’instant. Arrivée au port et rencontre des visages aimés d’abord. On s’embrasse, on se reconnaît, on se regarde vieilli.
Pour Pierrot de la lune et son livre fraîchement, tous étaient venus, la famille que l’on ne voit plus, les vieux amis de mamamia et papa, des inconnus qui les connaissaient…les élus, le journal, les photographes, entre cent et deux cent personnes, je ne sais pas.
Le livre était là, les photos, les affiches. La lumière du port. L’air marin. Ce port qu’il aimait tant. Les discours étaient pleins de lui. Fidèle à ce qu’il était. Il le dépeignaient si bien que nous avions l’impression qu’il allait entrer avec son sac de reporter, son pantalon « qui tombe », un vieux sweat bleu délavé, ses cheveux en bataille, son œil bleu pâle allait parcourir la salle et il allait nous raconter une histoire encore, fier d’être le pôle d’attraction et de parler à tous.
Mes sœurs et moi, mes neveux mes nièces, mes enfants, tous nous étions illuminés de lui à cet instant. Les larmes ont coulés sans tristesse mais gonflées d’émotions quand des inconnus ont pris la parole pour lire des textes de Pierrot de la dune comme l’avait appelé le député. Ma sœur a parlé elle aussi si bien, si vrai aussi sans oublier de penser à petit tonton et mamamia.
Puis tous ces amis de Pierrot, se anciens collègues ou élèves, ont tenu a venir nous voir pour nous raconter ce qu’ils avaient partagé avec lui. On nous demandait un petit mot de dédicace, quelques lignes des enfants de Pierrot. La lutine et son cousin ont joué les stars en signant à qui le demandait. Le nounours chamallow a écrit dans le livre d’or un joli mot de ses souvenirs avec son grand-père.
On aurait aimé ne jamais quitter ce moment. Le prolonger encore et encore, plus loin, plus longtemps que la petite réunion familiale d’après. Il fallait repartir. Redevenir non plus la fille de mais la femme. Se demander si on serait arrive à temps pour la soirée lecture, si avec juste presque rien dans le frigo on arriverait à berner son monde. Si on allait pouvoir chauffer un peu la maison avant l’arrivée des invités.
On parle des moments qui restent gravés, celui-ci est là et le restera à jamais. Je le garde en moi pour les moments difficiles qui m’attendent.

jeudi 9 décembre 2010

Dire merci

Les années d’avant. Les deux dernières. Il y a deux ans c’était dur, si dur. L’an dernier, un sursis. Un hiver plus facile. Avoir chaud, faire quelques cadeaux pour Noël, pouvoir gâter les enfants au moment des soldes, un peu. Accepter les invitations des amis parce qu’on pourra arriver en portant un petit truc, même si ce n’est qu’une bouteille de vin pas génial ou quelques bonbons pour un enfant. Arriver en se disant qu’on va pouvoir regarder ses amis en face, parce qu’on n’a pas les mains vides. Petit bonheur intérieur dont on n’a pas conscience quand on le fait sans difficultés.
Il y a deux ans j’avais trébuché sur la fin de l’automne. La rentrée scolaire avait avalé la totalité de l’allocation de la caf. Ca sert à ça après tout…. Bon le petit problème c’était que chaque mois, dès le mois de Septembre cette même Caf m’avertissait que la Gazelle ayant eu ses 18 ans mes allocs passeraient de plus 300 euros à 60. On venait de me couper internet. Dès octobre j’ai compris ce qu’était la faim, la privation la vraie, quand il n’y a plus rien que des centimes d’euros, que le frigo ne se remplit jamais, que le froid circule à son aise entre le litre de lait, la plaque de beurre, les 6 œufs, le petit bout de gruyère, quelques yaourts blancs et tranches de jambon.
Ce dossier de surendettement je l’ai fait. Depuis le temps. Je l’ai fait et je pense être tombée sur la plus grosse peau de vache de la BdF. Recalée. J’avais été trop longue pour envoyer tous les papiers, parce que j’avais fait un choix entre quelques tranches de jambon pour les enfants et quelques timbres pour les courriers de demandes de documents. La peau de vaches m’a quand même mis sur la piste de la CAF, m’indiquant qu’en tant que femme seule j’avais encore droit à l’alloc jusqu’aux 21 ans de la gazelle. Juste avant Noël, j’ai débarqué à la CAF avec une valise de documents administratifs pour parer à toute demande. Je suis sortie avec la promesse de 1500 euros sur mon compte dans les jours suivants. J’ai ainsi pu acheter les cadeaux de Noël, et aussi payer quelques factures, et aussi eu de nouveau 300 euros par mois jusqu’aux 21 ans de la Gazelle. Depuis septembre retour à la case 2008. D’où les difficultés actuelles.
J’ai encore en mémoire ces jours où je ne pouvais plus joindre personne, plus d’internet, plus de téléphone ni portable, ni fixe. Et ce soir de novembre, si douloureux. La gazelle et son coeursonamour, installés dans la mezzanine qu’ils avaient transformée en studio, faisaient chauffer dans mon four deux grandes pizzas pour leur repas du soir en haut. Pendant ce temps les enfants, mes petits et moi, nous partagions une purée mousseline et du jambon blanc. Une tranche chacun. J’allais leur donner la mienne, à l’adolescence on a faim de plus d’une tranche de jambon. Surtout quand ça sent bon la pizza.
La sonnette a retenti. Les amis étaient là. Deux. Un panier à la main. De la soupe, des biscuits, des gourmandises pour les enfants, je ne sais plus de quoi remplir le frigo. C’était bon. Mais c’était terrible. De douleur et d’amour à la fois. Je pleurais à chaudes larmes sans pouvoir les regarder en face. On se sent mendiant assisté mais c’est juste de l’amour qui est offert. On aimerait ne jamais avoir eu besoin de ça, mais on sait que c’est ça l’amitié. Etre là. On est perdu d’en arriver là. On est reconnaissant mais plein de honte. On pleure de son orgueil blessé et aussi de l’amour donné. On met un peu de temps avant de regarder à nouveau en face. Mais on n’oublie jamais, jamais, ni la douleur, ni la douceur de savoir qu’on a la chance d’avoir encore l’amitié pour continuer à avancer.

Quand la méli regarde vers le ciel et sourit

Raconter encore des moments, finalement en me disant que peu importe que ça dégouline de ma vie.
Raconter ce moment hallucinant il y a quelques jours. Les zados étaient chez leur père. Mais on était samedi et je devais aller chercher la lutine et l’emmener à la répet de théâtre comme tous, tous les samedis. Tous, tous parce que son père est contre ce théâtre qui est trop loin de chez lui, et qui l’obligerait à prendre sa voiture, et à faire pas plus de dix kilomètres pour les loisirs de sa fille. Alors je dois assumer toutes les répétitions, que les zados soient avec moi ou pas. Et si je ne suis empêchée il refuse de l’emmener une seule fois. Il ex comme ça l’ex con jusqu’aux poils les plus intimes, con par tous les temps, et dans toutes les situations bien aidé par sa chère poupée Barbie conne et aussi méchante.
Alors ce samedi matin-là, je me suis levée tôt pour aller chercher la lutine. Tôt car la jauge d’essence était dans le rouge depuis deux jours. J’ai fait 1,50 euros de sans plomb, pour pouvoir arriver devant chez mon ex, car je n’avais pas plus que ça. La lutine et moi on est heureuse de se retrouver, elle attend ces samedis avec impatience, ça lui fait une pause dans la quinzaine.
J’avais calculé que nous poserions la voiture au premier arrêt de tram croisé, car il me restait un ticket 5 voyages, trouvé dans un fond de tiroir. J’avais pris mon bouquin du moment et chargé mon téléphone car les répet sont de 11 heure à 13 heures et il faut tuer le temps sans euros. Je m’installe dans un coin de l’entrée du théâtre, je bouquine, je joue sur mon téléphone.
Je peux donc raconter que ce samedi-là, entre deux jeux, je calculais ce qu’il restait dans le fond de mon placard. Je ne parcenais pas à me concentrer sur mon livre. Trop soucieuse. Un peu de riz, un peu de pâtes, une petite réserve de lentilles. Où allais-je racler et racler encore ? Il me restait aussi deux ou trois pommes de terre, et un tout petit peu de beurre. J’adore les pommes à l’eau avec beurre et gros sel. Alors j’ai recommencé mon jeu…
13 heures nous sortons du cours de la lutine, et rejoignons le tram sous le soleil. A l’aller, j’avais essayé de cacher à la lutine que je lorgnais toutes les poubelles et le trottoir, me disant que je pourrais trouver quelques chose de pas trop sale jeté et que je pourrais venir récupérer pendant le cours. Sur une poubelle il y avait une belle tarte à la compote de pomme dans un emballage un peu abimé, même pas entamée, et j’ai dit à la lutine : « C’est nul de jeter des choses comme ça ». Elle m’a regardée bizarrement. Je n’ai pas osé aller récupérer la tarte, je crois que la lutine aurait été choquée.
Nous marchons donc toutes les deux en discutant. Il me faut trois secondes pour voir ce cabas au milieu du trottoir. Je continue de parler à la lutine, et nous passons au-dessus du cabas. Sur le haut du cabas gonflé, je vois un poulet à rôtir. Quelques pas plus loin je demande à la lutine si elle a vu. Oui elle a vu. Elle me demande si je vais le faire et je réponds que ou je vais reculer et ramasser le cabas. Je ne réfléchis pas, fais 5 pas en arrière, me baisse et ramasse le cabas au milieu du trottoir. Où sont ma fierté mon sens du partage et de l’autre ???? Je ne sais pas j’ai faim. La lutine est effrayée de ce que je fais elle regarde partout si on nous a vues. J’ai pris le cabas dans mes bras, comme un bébé, je le porte sur moi. Et je ris…
C’est seulement en rentrant dans le tram, que j’ouvre le cabas. Deux poulets, 4 faux-filets, deux tournedos charolais, un jarret, des tripes à la mode de Caen, du surimi. Tout ça. Tout ça pour moi comme ça. J’ai ri longtemps. J’ai regardé le ciel moi qui ne crois en rien, comme pour dire merci. Je crois que la lutine était soulagée de me voir rire, de penser que j’avais de la viande à manger pour plusieurs jours.
En arrivant à la maison, j’ai coupé un peu de viande pour le chat et je lui ai donné le surimi. J’ai fait cuire mes deux pommes de terre et le tournedos. Il était si bon avec les pommes de terre du gros sel et un peu de beurre. J’étais heureuse. Je me demande bien quelle est la dernière fois que j’ai mangé du tournedos. Je ne sais vraiment pas. C’est vraiment bon le tournedos. Ce soir, je vais manger la deuxième tranche, car j’avais mis dans le congélateur du boulot, ce que je ne consommerai pas dans la semaine. Il me reste encore un poulet.
J’ai un peu pensé à cette personne qui avait oublié ses courses de viande de la semaine. Elle ne le sait pas mais elle m’a sauvée un peu. J’avais mal d’en arriver là. J’ai pensé qu’un jour quand tout irait mieux je remplirai le cabas et j’irai le reposer au même endroit. Avec un mot pour dire merci. Je me fous de savoir si c’est la bonne personne qui le trouvera, mais il pourra sauver quelqu’un un peu aussi.

mardi 7 décembre 2010

un mardi

Mardi ordinaire. Mardi travaillé. Mardi et partir en refoulant les larmes et évitant de laisser les penser s’engouffrer dans le larmoiement. Mais pour les pensées y’a pas de zapette… On a beau essayer de se dire « non ! Ne pense pas que tu ne peux même pas acheter un timbre pour poster ton préavis, ne pense pas que tu dois récupérer au plus vite le fric de la commande internet annulée, mais que tu dois envoyer la demande et que deux timbres, t’as rien pour les payer. Ne pense pas que cette spirale est infernale,… Pense que tu vas bosser et que t’as de la chance, Pense que dans quelques mois ça ira mieux, Pense à n’importe quoi mais pas au fric »
Mardi midi, la collègue qui m’avait vue en pleurs passe tous les jours me dire un petit bonjour. Mardi midi, l’autre collègue, m’a donné deux tupperware remplis de légumes de couscous et de semoule. Elle m’a dit qu’elle e avait trop préparé, mais je suis certaine qu’elle en a fait plus pour m’en donner. Accepter l’aide n’est pas toujours facile. J’essaie de le faire simplement sans commentaire avec juste un merci. Mardi soir, j’invente une recette avec les carottes qui restent que je fais cuire très longtemps pour avoir un bouillon parfumé avec du gingembre et j’ajoute un peu de lait de coco, une brique là depuis très longtemps. Je me régale. J’ai très envie de chocolat, mais il n’y en a pas. Il ne reste pas grand-chose non plus pour le chat qui fait régime lui aussi. Trois enveloppes ce mardi, mes relevés de banque, rejet, rejet, agio, agios, frais d’impayés, ça rapporte les pauvres !!! Tu vois Eric je ne peux même pas faire ce que t’as dit parce que moi, y’a rien sur mon compte. Puis une enveloppe d’un huissier, que j’ai même pas peur, que je l’emmerde, il a qu’à venir. Bon ouf la troisième enveloppe était pour l’ancien locataire.
Mardi ordinaire, où j’ai ri avec mes collègues, où j’ai pensé à ma semaine prochaine à Marseille, …..

dimanche 5 décembre 2010

Avant aujourd'hui

Peut-être que raconter tout ça, ça sert aussi. Pas étaler sa misère, pas chercher la pitié, mais dire, dire aussi ce que d’autres ne savent pas, ne peuvent pas, ne veulent pas ou plus. Peut-être qu’un journal, un journal sans fard, sans fierté, un journal indécent et indiscret, sans honte de rien, mais pour qui ? Pour moi, pour ceux qui passent, surtout je crois parce que quand on n’y est pas passé on n’imagine pas simplement. Ou plutôt quand on imagine on est bien loin de la vérité et de la réalité. Je ne sais pas encore si je peux si je dois si j’ose, je ne sais pas.

Au début, il y avait moi. Insouciante, gourmande, superficielle et légère comme j’aime l’emprunter à Michel Berger.
Au tout début, il y avait moi adolescente, partant en Italie ou en Angleterre, à Tunis ou à Hambourg, riche des dons de toute la famille et revenant avec deux ou trois centimes maximum, quand ma sœur a su garder quelques billets. Puis, il eut moi étudiante, gagnant ses premiers salaires en été, et filant à Bayonne le lendemain de la paye pour acheter tout ce qui me faisait plaisir. Je me souviens de ma première poudre plus qu’invisible de Dior, et de ma palette grise de Lancôme, de mon Chanel n°19, de ses petites boucles d’oreilles en or et saphir achetées dans une grande bijouterie, de mon parfum village à la pomme et aussi des cadeaux pour la famille. Je me souviens de mamamia se moquant de sa fille cigale, l’argent lui brûle les doigts comme elle le disait en oubliant pas que j’étais aussi d’après elle un cœur d’artichaut, une originale, romantique, et dans la lune... Epouse un homme riche disait-elle. L’homme n’était pas vraiment riche, plutôt vraiment pas. Mais il gagnait sa vie pendant que je bûchais, puis pendant que je cherchais du boulot. Je me souviens aussi du sac Longchamp et du portefeuille assorti, bordeaux, qui me coutèrent la totalité de mon premier chômage. Ken aimait me gâter et me couvrait de cadeaux. Travailler m’a fait prendre conscience que l’agent gagné servait aussi à manger, payer des factures, participer aux dépenses d’un ménage. Je n’aimais pas ça mais il le fallait. Ken avait dans son enfance souffert du manque de la faim du froid, de la pauvreté. Je l’appelais Balladur, car il comptait chaque franc. Ken pensait qu’avoir sa maison à soi, était nécessaire à la réalisation de la vie d’un homme. Moi pas. Mais je me pliais à ce désir. Nous ne nous comprenions que sur très peu de sujets, mais surtout pas sur celui-ci. Je me faisais gronder comme une enfant quand je dépensais trop d’argent. Mais je le faisais tout de même. Je trouvais si peux de bonheur dans cette vie avec lui, que je ne me refusais aucun petit plaisir au quotidien, pour la nourriture, pour la lecture, les vêtements, pour mes enfants, pour la décoration de ma maison. Ma mère trouvait que j’étais une femme gâtée-pourrie, avec comme elle le disait un mari en or. Vue de l’extérieur c’était vrai. En dedans, ma vie était vide, le bonheur ne me venait que de mes enfants et le plaisir ne me venait jamais de Ken. Ma seule envie était de fuir ce vide et cet homme. J’étais épouse, mère, employée au ministère, mais je n’étais plus moi. J’avais dit adieu à mon moi, quand j’avais décidé d’allier ma vie à celle de Ken. Mon moi était dans un minuscule coin de mon cerveau, fermé à double tour, ficelé, bâillonné, étouffé. Pour ne pas souffrir, je regardais mes enfants grandir heureux.
Il m’a fallu cinq longues années pour que Ken consente à divorcer. Je prenais des risques sans les mesurer. Seule avec mes trois petits, mais libérée de Ken. Une renaissance. Jamais aux pires moments de faim de froid de désespoir, jamais je n’ai regretté ma vie avec cet homme plein d’ennui. Ken lui n’avait consenti à me quitter que parce qu’il ne partait pas seul. Pour lui le risque devait toujours être calculé. Il ne serait jamais parti seul. Sa rencontre avec cette femme aussi creuse et vide que lui, a été sa chance mais surtout la mienne. J’étais libre. La liberté a un prix. Je paie le prix fort. Chaque fois que je croise Ken je mesure à quel point j’ai dû m’ennuyer. Aujourd’hui je suis, aujourd’hui je suis moi, mère, femme, raconteuse de l’histoire et des histoires, je chante, je lis, amante parfois, militante, bloggueuse, amie, confidente, fâchée, en colère, en pleurs ou en représentation, j’ai faim, j’ai froid, je galère, je vais mal, je fais bonne figure, au boulot j’oublie, chez moi, je lis, je crie, j’écris. Peut-être que dire tout cela ici, me poussera et m’obligera à m’accrocher pour repartir. Pour être moi encore, et pour mes enfants.

Le faire ou pas

Peut-être que raconter tout ça, ça sert aussi. Pas étaler sa misère, pas chercher la pitié, mais dire, dire aussi ce que d’autres ne savent pas, ne peuvent pas, ne veulent pas ou plus. Peut-être qu’un journal, un journal sans fard, sans fierté, un journal indécent et indiscret, sans honte de rien, mais pour qui ? Pour moi, pour ceux qui passent, surtout je crois parce que quand on n’y est pas passé on n’imagine pas simplement. Ou plutôt quand on imagine on est bien loin de la vérité et de la réalité. Je ne sais pas encore si je peux si je dois si j’ose, je ne sais pas.

Dernier cri

J’aurais voulu que tout soit léger ici.
J’aurais voulu parler d’amour de voyage d’émotions joyeuses, des petites anecdotes qui font que la vie est superficielle et légère.
Mais non, là pas encore. Parce que là, la peur revient, la peur d’aller nu pieds. La peur de basculer. La peur que définitivement la chute ne puisse plus s’arrêter.
Me voilà de nouveau, encore une fois, entrain de me fermer à tout. Plus de sorties. Plus de plaisirs, plus que le nécessaire.
Déjà deux mois que mon compteur de gaz est fermé à nouveau. Deux mois à l’eau froide, glacée même depuis quelques jours. Glaciale. Deux mois de micro-toilettes au petit matin, deux mois à faire chauffer la bouilloire, quand on en a le courage. Deux mois que la lutine et moi n’avons même plus le courage de descendre dans nos chambres le soir et que nous nous glissons sous deux couettes en haut dans la mezzanine où il fait un peu plus chaud. Le nounours chamallow est plus courageux, il râle mais il se douche à l’eau froide et descend dans sa chambre en marmonnant. Demain soir le nounours et la lutine partiront chez Ken et seront au chaud pour quinze jours. J’irai mieux, je serai rassurée pour eux. Moi, je me gère mieux. Un thé chaud avec du miel, un bouquin, la télé, internet et les soirées passent en douceur.
Mais les enfants eux, on le sait, on le dit assez, les enfants d’aujourd’hui sont en demande de tout, ne supportent pas les refus. Ils ne sont surtout pas responsables des dérives de leurs parents et ne devraient pas avoir à en pâtir. Alors on tente de faire comme si…
Cet après-midi combien il était compliqué et difficile de garder le sourire pour accompagner la lutine qui réclamait depuis des semaines une sortie dans Bordeaux, pour aller chercher son cadeau chez Yves Rocher. Tout se complique rapidement quand on doit compter les centimes d’euros. Prendre le tram plutôt que la voiture pour économiser l’essence et le parking. Ok c’est plus écolo… Mais deux tickets de tram plus deux au retour ça fait 5 euros. Alors, on prend deux tickets en calculant qu’on ne pourra pas offrir un coca à la lutine si elle veut aussi acheter un petit truc chez Yves avec les 50 % de réduc. Alors on ne composte pas les deux tickets en risquant l’amande et la honte de se faire contrôler… Et puis dans sa tête on recalcule et on peut encore partager un coca, et même acheter un vernis à ongle à la lutine qui subit les sautes d’humeur constantes d’une maman un peu aux abois.
Je marchais dans cette grande rue, résonnant des chants de Noël, illuminée à outrance de doré d’argenté de rouge lamé, un peu saoule des rires des autres. Mais en moi tout s’était resserré, crispé, mon ventre me faisait mal, ma gorge brûlait et mes yeux aussi de cette envie de pleurer, de ne pas être de la fête. Je pensais à toutes ces personnes que j’aime auxquelles je ne pourrai rien offrir. Je pensais à ma gazelle, qui ne communique plus avec moi que par sms glaçants. Le matin même je lui a vais dit que je lui gardais un exemplaire du livre de son grand père, et la réponse fut « tu sais bien qu’il finira au fond d’un placard, je ne le lirai pas, donne le plutôt à ta fille… » ; la semaine précédente je lui disais que son frère était en Pologne elle me répondit « et alors », donc je dis alors rien, et elle dit « alors on s’en fout bisous ». Je marchais en pensant à des années futures où peut-être ma vie serait plus légère, où je pourrais rire avec mes filles et mon fils et les inviter dans de petits restaus pour des moments partagés. Je marchais et j’avais envie de courir, de rentrer chez moi et de ne plus voir tout ça. Je n’aimais plus cette foule joyeuse, je ne savais plus si j’avais envie de tout ou envie de rien. La lutine était joyeuse elle, elle me disait tu es belle maman, elle voulait que je regarde les vitrines, que nous restions encore. Nous avons traversé la place Pey-Berland et les stands du Téléthon, je sentais mes yeux pleins de larmes et de douleur. Je ne pouvais rien donner qu’un sourire triste et coupable d’être de ceux qui disent « non merci », je réussissais à ravaler toute ma tristesse et mes larmes inutiles.
Je ne me reconnais plus dans cette personne triste, pleurnicharde et hargneuse avec ses enfants. Je voudrais redevenir, la méli qui rit du mélo. Peut-être que le fond est atteint, enfin, celui qui m’a fait donner mon préavis et me décide à chercher un appart plus petit moins cher, à en finir et à faire tout ce qu’il faut pour racheter ce putain de revolving qui pourrissent ma vie.
Je veux que demain tout cela s’arrête. Je veux vivre légère, je veux être la méli-mélo va pieds nus parc e qu’elle l’a choisi.