mardi 29 janvier 2013

My tailor is rich


Je ne sais plus, j’ai oublié et j’ai un peu la flemme de rechercher si j’ai déjà raconté ça. Des notes sur les profs et sur les réunions parents profs, il doit y en avoir un petit lot. Mais tant pis, je vais refaire alors.
C’était la semaine dernière. N’ayant plus qu’une tdc scolarisée sur les trois, le rythme s’est largement allégé. Mais il reste quand même des moments dignes d’entrer dans l’anthologie de mes aventures de mère.
C’était mardi et j’ai hésité à y aller. Réveil au petit matin. La lutine nauséeuse la veille est carrément gastroeuse. Appel chez la Doc dès 8 heures. Pas de rendez vous libre pour la journée, la lutine pourra gerber et plus, jusqu’à jeudi puisque la doc ne travaille pas le mercredi. Le secrétariat me conseille de rappeler à 11 pour voir si une place s’est libérée. Dommage j’ai une réunion à la fac à 10. J’appelle un peu avant midi et là ouf !!! c’est un peu plus calme je peux venir tout de suite et me caler entre deux patients. Je quitte la réunion, cours chercher la lutine, à midi et quart on est dans la salle d’attente et quatrième position derrière trois mamans bébé-nez coulant. D’autres arrivent après moi. On passe à 14 heures. Ben c’est une gastro, tiens j’aurais pas deviné !!! Pharmacie. J’ai du annuler mon rendez vous à la banque à 13 h 45 et le repousser à 17 heures. Je  vais reposer la lutine sur les toilettes à la maison et repars à mon rendez vous à la banque. Plus qu’une heure avant la réunion parents profs, et l’envie de rentrer chez moi. En plus la lutine ne sera pas avec moi. J’y vais quand même, j’ai six rendez vous et ce ne serait pas correct de poser des lapins…. Tout le monde râle tant et plus, à 18 heures tous les profs ont déjà une bonne heure de retard sur les plannings. Je me suis déjà faite entuber le midi chez le toubib alors ça suffit pour aujourd’hui. J’essaie de ne pas être trop gentille et de repérer les parents resquilleurs, ceux qui profitent que tu aies tourné la tête trois secondes pour te souffler ta place. Je sais que je ne verrai pas les six sinon je suis là bas jusqu’à minuit. Je ne sais pas pour quoi je vais zapper la physique et svt… Priorité maths, français, arts plastiques et aussi anglais. Nous y voilà. L’anglais. Perso, quand j’avais l’âge de la lutine mes notes en anglais étaient vraiment différentes suivant les profs et les années. De la sixième à la quatrième, c’était une vieille fille ennuyeuse, qui parlait anglais avec l’accent de Dax, j’avais des notes assez bonnes mais la matière m’ennuyait. Puis en troisième, une jeune prof est arrivée une jolie ronde blonde qui venait de faire ses études en angleterre et je suis devenue la meilleure élève de la classe. Je ne me souviens pas du tout de la prof de seconde. Celle que je n’oublie pas c’est celle de première. Mademoiselle Majani. Une vraie salope. Les notes : 0 10 ou 20. Pas d’autre alternative. Des pages à étudier par cœur tous les soirs. Je la détestais, nous la détestions tous et elle devait tous nous détester. En teminale le prof n’était pas fun mais c’était le rêve quand on sortait de chez Majani. J’ai eu 16 au bac. Je ne suis donc pas surprise que ma fille suive le même chemin que moi. En fonctions des années elle bonne, mauvaise, très bonne ou très mauvaise. Mais elle n’avait jamais encore été très mauvaise et très bonne avec la même prof. Et là on y est.
L’an dernier, fut l’année très mauvaise. Cette année c’est l’année très bonne. Et là il y a énigme. Enigme de la prof qu’on sait pas comment elle fonctionne. Finalement je crois que j’ai déjà parlé de ça l’an dernier. Tat pis. Je résume. Première réunion madame Ofion(anagramme de son vrai nom la pauvrette) me reçoit l’air désolé que dis je éploré. La lutine ne l’aime pas. Elle ne comprend pas ce qui se passe. En plus elle a un niveau très très bas. Elle est nulle en grammaire, elle est nulle à l’écrit, elle parle beaucoup mais fait beaucoup de fautes. J’explique que l’année précédente le prof était anglais et qu’ils ont fait principalement de l’oral et qu’elle s’est éclatée et que c’est pour ça qu’elle bloque peut être un peu cette année sur une méthode différente. Deuxième réunion, la rengaine reprend. La lutine ne m’aime pas, et je ne sais pas quoi faire pour qu’elle m’aime, et pourtant je suis gentille et elle n’ira jamais u lycée avec ces notes… Je me permets de rappeler que ni la lutine ni madame Ofion ne sont là pour s’aimer à la folie que l’une doit faire avec l’autre. Jusqu’à la fin de l’année.
Un mois plus tard je ne sais quelle lubie prend à la prof de place la lutine à son bureau à sa place en lui donnant le rôle de secrétaire du cours, un jour où dans la classe après l’arrivée d’un nouvel élève on manquait de places. Ma fille amusée a fini l’année au bureau de la prof en espérant ne pas la retrouver à la rentrée.
Septembre. Pas de chance. Anglais. Madame Ofion.
Mais dès les premiers cours la donne semble avoir changé. Tout se passe comme sur des roulettes. Les notes sont bonnes, plus de punitions, plus de mots à signer dans le carnet de correspondance. Miraculeux ?
Mardi soir, avant même que je pose mon séant sur la chaise face à elle, elle arborre un immense sourire. Et avant même que j’ai fini de m’asseoir, elle m’annonce que ça y est «  elles s’aiment ». Elle m’        annonce texto qu’elle va me dire tout à fait le contraire de ce qu’elle disait l’an dernier. Elle a découvert une autre lutine, une lutine qui l’aime et tout va bien. Je n’exagère pas, elle emploie sans arrêt le mot « aimer »… Elle m’avoue avoir découvert son âme d’artiste quand elle l’a vue jouer Frida Khalo en fin d’année à la fête du collège et à quel point elle avait un vrai talent. Elle m’avoue que ma fille reste imprévisible et bavarde et fantasque mais  que « c’est ça les artistes… ».
Tout cela est … disons…. Curieux. D’un côté comme de l’autre elles ont chacune fait du chemin et les résultats (scolaires) sont là pour le prouver. Je suis un peu gênée toutefois de voir à quel point cette prof place la relation avec les élèves sur le plan affectif.
Mais ce qui me gène le plus est ailleurs. Quand je jette un œil dans les cahiers de ma fille, je constate que de nombreuses leçons ont pour thème « madame Ofion ». Elle raconte sa jeunesse, elle fait étudier et commenter des photos d’elle adolescente, elle se met en scène dans des histoires imaginaires ou pas, je ne sais pas. Dans le dernier contrôle par exemple, elle est le sujet principal des questions. Traduisez : Ma prof d’anglais préfère les Rolling stones aux Beattles.
Quand elle était jeune madame Ofion avait les cheveux très longs.
Madame Ofion porte des jupes courtes.
My English teacher used to be very skinny, didn’t she ?
 Finissez la phrase : When she was a teenager miss Ofion…


Y’aurait tout de même pas un petit problème de personnalité avec cette dame ??? 
Miss Ofion is strange, isn't she ????

dimanche 27 janvier 2013

Miam alla puttanesca # 9#




Il y a longtemps que je n’ai pas fait de puttanesca. Et d’un parce que mon frigo est moins souvent vide. Deux parce que notre famille décomposée en ce moment se retrouve rarement à table. Le nounours nous boude. La lutine qui mangeait de tout devient de plus en lus difficile. Elle n’aime pas le riz, rajoute toujours du sel ou du ketchup.  Et puis, j’ai dû acheter une plaque de cuisson, car dans mon nouvel appart le gaz est interdit. J’ai donc opté pour une plaque à induction et j’ai un peu de mal encore à maîtriser cette cuisson. Bref à midi, j’ai donc renoué avec la puttanesca.
Des crevettes roses
Un oignon rose
Du poivre
De la pâte de curry
Du lait de coco
Un ou deux poireaux

Faire revenir les crevettes roses avec l’oignon émincé. Quand les crevettes sont cuites, couvrir avec une brique de lait de coco et une cuillerée à café de pâte de curry. Saler poivrer. Emincer deux poireaux en julienne. Les poser sur les crevettes et laisser mijoter doucement un demi-heure en mélangeant de temps en temps.
Voilà c’est tout.
C’était si  bon que je n’en ai même pas mangé. J’étais si heureuse de voir les deux tdc se régaler, que j’ai juste un peu saucé du pain dans la crème au fond du plat. J’ai dit que je n’avais pas faim. Voir mes deux tdc réunis autour du repas, manger sans se disputer, m’a suffi, avec un peu de gouda au cumin et du pain au pavot et au sésame et un café.
Il était plus important pour moi de partager le moment que le repas.

samedi 26 janvier 2013

Une histoire de rien du tout


Je fais parfois toute une histoire avec rien. Et je le prouve.
Et là c’est vraiment avec rien. Je monte un roman, un drame, en pas plus de trois minutes. Ca occupe mon esprit. Et je le prouve.
Hier. Treize heures. Montparnasse. Rue du départ. Arrivée la veille pour éviter de partir le matin à 5 heures. 3 heures de réunion chez les narkeotrafiquants. Retour à 16 heures. J’ai 3 heures à tuer avant le départ et mon sac à dos est trop lourd pour que je le traîne dans le métro, pour aller voir une expo. Je décide d’aller me poser dans une brasserie, de manger un petit truc chaud, et de bouquiner avant d’aller faire un petit tour au Monop’. En plus, j’ai acheté un bouquin en partant de Bordeaux et j’ai envie de m’y plonger.
C’est un plaisir que je ne me refuse jamais. Passer un moment seule dans un café ou un restau, manger, en regardant autour de moi et en bouquinant. Et surtout regarder, mater, observer, écouter.
Hier. Treize heures. Montparnasse. Rue du départ. Tous les éléments sont en place pour moi. J’ai commandé mon croque salade avec une eau pétillante. J’ai pris la table contre la vitrine, à côté du radiateur, dans un coin. Je mange calmement au milieu du brouhaha. Les  tables sont toutes occupées ou pour la plupart par des gens qui bossent à la Tour Montparnasse. Je le comprends aux conversations. Typiques des conversations entre collègues de bureau. Ca parle chef, note de service, on cite Leduc, qui fait chier tout le monde. On cite Sarouin qui n’est plus au service territorial, et celle qui a pris un chocolat chaud n’était même pas au courant… Et aussi, Germignon qui a mauvaise tête, parce qu’il bosse trop même les week-ends et qu’il ne va pas tenir. Ca sent la bonne ambiance des collègues qui se bouffent la gueule….
Mon œil va voir plus loin, dehors, les passants, il fait  froid tout le monde marche vite.
Rue du départ. Juste à l’angle. Un homme seul. Un petit homme appuyé sur deux cannes. Son dos calé contre une armoire de transformateur. Mon regard s’arrête. Mon cerveau s’emballe. La machine à raconter des histoire démarre. En fait, il m’inquiète un peu. Il est immobile. Son teint est blême. Un homme seul, à un coin de rue, immobile, debout. On pense à un SDF. Mais il n’a rien d’un mendiant. Il est propre, ses vêtements sont plutôt neufs. Il est bien rasé, cheveux courts. Ou alors il n’est pas à la rue depuis longtemps. Les hypothèses commencent. Je rejette l’idée SDF. Alors pourquoi reste-t il immobile ? Il pourrait être immobile parce qu’il a un malaise. Il a peut-être mal au dos et ne peut plus bouger. Ou alors il a une crise cardiaque. Il faut que je surveille au cas ou pour appeler les secours. En tout cas personne ne semble s’inquiéter dans la rue. Je suis bien la seule à surveiller la santé de cette homme. J’ai même envie d dire aux passant, mais putain aidez-le !!! Une autre idée me vient. C’est un homme qui avec ses deux cannes, peu à peine marcher. Il doit habiter dans le quartier. Juste l’immeuble en face peut-être et comme il faut qu’il se force à bouger, il doit descendre de chez lui tous les jours pour marcher un peu. Sauf que là il ne marche pas du tout donc ça ne colle pas. Quoique, le temps que je pique ma fourchette dans mon croque et que je boive une gorgée, il a démarré. Ca faisait bien un quart d’heure qu’il ne bougeait pas. Le voila qui tout doucement s’en va vers le carrefour. Mais au bout de 4, 5 pas il stoppe, fait demi-tour, et retourne vers le transfo. Et reprend la position initiale. C’est peut-être un homme qui n’a plus toute sa tête, ou qui a Alzheimer et est perdu. C’est vrai que son regard est lointain, perdu, ne se fixe sur personne. Cinq minutes de pause, immobile. Nouveau départ, même direction vers le carrefour, trois quatre pas de plus et demi-tour et retour à la case départ. Je dégage l’idée du malaise. Ca ressemble plus à un exercice de rééducation, à une promenade pour convalescent. Je suis moins inquiète mais tout de même très intriguée. Quoique je n’ai pas écarté l’Alzheimer. Et, là il faut que je surveille. D’autant plus que le manège continue. Aller-retour, aller-retour… Il a, un instant trouvé refuge juste contre la vitre du coin ou je mange. Puis il est reparti au point de départ. Encore de nombreuses minutes. Il souffle beaucoup et il semble quand même avoir mal. Je veille toujours en vue d’un éventuel malaise.
Dans mon esprit le vent de la révolte gronde. Je pars dans mes réflexions sur l’indifférence, sur l’anonymat et le chacun pour soi. Je me dis que je suis seule à m’inquiéter pour cet homme, que s’il tombe personne n’aura remarqué ce qui s’est passé avant. Mais moi j’aurai tout vu et je pourrai raconter !!!
C’est alors que l’homme quitte son transfo doucement en grimaçant. Et à ma grande surprise, moi qui dans mes divagations avais pensé qu’il restait dehors peut-être parce qu’il ne pouvait pas se payer un café, je le vois entrer dans le café. La supposition du pauvre type sans le sous, disparaît elle aussi. Tant mieux. Il s’assied, et passe une commande. Un expresso. Bon, ça va, il peut parler clairement. Et le voilà qui sort un téléphone portable et appelle quelqu’un en souriant. Finalement c’était juste un homme qui était dehors et a mis longtemps à entrer boire un café. Un homme normal mais un peu lent, un peu handicapé. Et tout à coup tout redevient normal pour cet inconnu.
Une femme, jolie, jeune, grande et mince, jupe en jean courte et collants en laine, entre dans le café. Il sourit. Elle l’embrasse. Il s’appelle Michel. Il finit son café et ils y vont juste après, dit-il. Je ne sais pas où… Lui ce soir il ira rejoindre Patrick et Catherine à dans les locaux de Levallois-Perret.
Il paie. Ils se lèvent. Ils partent. Très lentement. Je les regarde s’éloigner.
Voilà. Un homme attendait debout dehors. Il a attendu longtemps. Simplement. Il ne sait pas que pendant une heure il a été le héros d’un roman dramatique, un homme perdu ou en danger de mort.

dimanche 20 janvier 2013

Boulettes blanches


Dans  son bureau, vilain comme tout, installée dans un vieux fauteuil moitié voltaire moitié art déco, tellement que je sais pas comment on à l’idée de faire un meuble comme ça, elle me regarde.
Je la connais déjà un peu. J’étais venue la voir il y a quelques années, désespérée et fâchée contre mon généraliste. Il persistait et signait : la douleur aux cervicales qu’il soignait depuis deux mois à coup de myorelaxants, allait beaucoup mieux. Sauf que moi, je ne le ressentais pas. J’étais de mauvaise humeur, et épuisée.
Elle, elle a commencé par prescrire une radio, et m’a donné une liste longue comme le bras de petites boules blanches à prendre pour me faire partir cette douleur. Elle m’a aussi expliqué un tas de trucs, que j’écoutais à moitié sur le pourquoi du comment j’avais aussi mal. Quand je suis sortie de chez elle, sincèrement je ne voyais pas comment ignatia et compagnie allaient dégommer cette sale douleur.
Je ne me souviens plus combien de temps cela a pris, mais assez rapidement, j’ai oublié cette douleur. Normal elle avait disparu.
Certains disent que c’est une question de croyance, que les petites boules sont un placebo et que tout ça, c’est dans la tête.  Et alors ???
Je ne sais pas pourquoi (enfin si la consult est à 50 euros), j’ai attendu aussi longtemps pour aller la consulter à nouveau pour mon dos.
J’avais vite compris, moi qui ne connaissais pas le mal de dos, que son arrivait, s’était calée pile poil, sur le jour ou la gazelle s’est fait frapper par « soncoeursonamour » puis a disparu en faisant croire qu’elle s’était suicidée. Ce jour là la douleur aux cervicales est revenue, puis elle est descendue une semaine plus tard quand le nounours m’a fait son entourloupe en vacances dans les Landes (voir une note d’Aout 2011).  
Ca doit s’appeler somatiser.
Et même si l’IRM montre une protrusion minime entre deux lombaires, même si je marche depuis plus d’un an à coups de tous les médicaments antidouleur que les médecins prescrivent, rien ne fait passer cette douleur. J’ai mal, j’ai mal, mais ce n’est pas grave alors il ne faut pas en parler. Il faut supporter. Se taire. Parce que ça lasse les personnes qui se plaignent de leurs petits bobos. Et c’est vrai.
Donc une IRM, deux ostéo, une rhumato, et quelques génaralistes et aussi un compte en banque positif plus tard, j’ai repensé à mon docteur des petites billes blanches.
Et un mois plus tard je me suis retrouvée dans son cabinet. Elle est drôle cette femme. La soixantaine. Une sorte de babacool, peace and love à mort. Longs, longs, très longs cheveux bruns qu’elle laisse libres, longs jusqu’aux fesses. Elle doit faire une natte la nuit, ça se voit aux crans réguliers. Fringuée d’un vieux pull genre poil de lamas, et d’un jean ni slim, ni pat d’eph’, juste moche. Parfois elle te reçoit pieds nus. Le matin. Elle fait des séances de sophro à ses heures « perdues ». Dans son bureau des tas de dossiers sont empilés partout dans tous les coins, c’est très mochement décoré je l’ai déjà dit, peinture vert amande, carrelage genre marbre, et meubles dépareillés. On sent qu’on n’est pas dans le dernier cabinet chic qui en jette.
Mais on s’en fout parce qu’elle elle te regarde. Elle t’écoute. Elle te questionne. Elle te regarde avec son regard que t’as l’impression qu’elle va te prendre dans ses bras et te serrer contre elle et te faire un gros câlin. Elle te pose les trop bonnes questions. Avec un sourire doux de maman qui te comprend. Et rien que ça déjà, ça te fait énormément de bien. Bon, moi, comme mon œil insolent est toujours à l’affût, je suis partagée entre l’envie de rire devant ce sourire de madone compatissante, et de verser ma larme face à ce regard tellement « à l’écoute ». Pendant une bonne vraie heure, elle écoute, elle explique. Des mots sur le pourquoi du comment de la douleur. Je dois avouer que je n’ai pas totalement compris toutes les explications. Il y a une histoire de colère que j’ai éprouvée, et qui n’est pas sortie de la bonne façon, et d’envie que j’ai en moi d’aller bien. Il y a mes crampes et mes crispations, mon envie d’avoir les pieds en dehors de la couette la nuit, mon désir de boire de l’eau froide. Elle me demande si je comprends je dis oui même si je mens un peu. Ce que je comprends c’est que j’ai pu un peu parler de cette douleur et de ce qui l’avait déclenchée. Et j’ai une énorme envie de pleurer et de laisser couler mes larmes. Mais je ravale.
La liste des petits tubes bleus prescrits est impressionnante. Je vais devoir ingurgiter trois par trois, trois fois par jour, un nombre incalculable de petites billes blanches. Plus un immonde liquide, trois fois par jour aussi, qui les premiers jours m’a presque fait vomir.
Alor j’ai décidé d’y croire. Et ça marche. Placebo ou pas, sucre ou pas.
Je ne réveille plus en pleine nuit pour mettre mes pieds hors de la couette,  me retourner dans mon lit n’est plus une douleur qui me tire de mon sommeil. Je me lève de mon canapé sans être moitié pliée en deux. Je marche dans les couloirs du bureau sans être ralentie par ce point que j’avais au dessus du sacrum.
Il m’arrive le soir d’avoir encore un peu mal. Ce n’est vraiment le point douloureux qui a disparu mais plutôt toute la contracture musculaire qui était autour de ce point. La protrusion est là et toujours bien là.  Mais mon dos est plus décontracté.
Demain je vais de nouveau voir mon docteur baba. Il me tarde de voir son immense sourire. Je suis certaine qu’avec quelques petites billes blanches de plus je vais retrouver la forme avant le printemps. On y croit on y croit !

samedi 19 janvier 2013

Complications agaçantes



Dans le pack boulot de narkeotafiquant est inclue une mutuelle dont les cotisations sont prélevées sur le salaire. C’est parfait pas cher et efficace. Mais cette année à cause d’un nouveau marché nous changeons de partenaire. On nous envoie un mail demandant une attestation de sécu pour pouvoir faire l’inscription. Je traîne pour la trouver, trop occupée par le déménagement, et le boulot. Je traîne… je traîne bien sur jusqu’à dépasser la date limite d’envoi.
Juste avant Noel, un matin je m’y colle. Je vais sur le net voir AMELI pour imprimer mon attestation. Et là qu’on me dit : « quel est votre code madame ???? », et là que je dis que j’ai pas de code en tout cas je le connais pas ou plus. Mais AMELI, ne peut pas illico me donner un code à la seconde. Si j’en veux un nouveau je le demande sur le net, mais on me le renvoie par la poste, sous dix jours. Va savoir pourquoi on ne peut pas me l’envoyer par mail ???
Dix jours plus tard je reçois mon code, mais c’est pendant les ouacances de noël et je n’ai pas encore internet à la maison. Je dois attendre la rentrée pour faire ça au boulot. Le 5 janvier je reviens travailler, et vas-y que tous les jours je me dis que je dois aller revoir AMELI. Et que je remets au lendemain. Jusqu’à la semaine dernière.
 Et me voilà sur AMELI, avec mon code, mon numéro de sécu et tout nickel chrome pour avoir mon attestation en deux temps trois mouvements. Et hop j’y suis-je l’ai. Sauf que. Je réalise que je suis seule, sans mes tdc sur mon attestation. Trois essai plus tard, je comprends que ce ‘est pas une mauvaise manip de ma part. Petit coup de téléphone pour connaître le pourquoi du comment. Mes enfants ont disparu happés par la caisse d’assurance de travailleur indépendant de leur père. Sans autre forme de procès. Et sans que j’en sois informée bien sûr. Ni par la caisse, ni par Ken.
J’ai le droit de les couvrir à nouveau mais pour cela, je dois remplir quelques petites formalités.
1 télécharger une fiche d’enregistrement de mes enfants.
2 Comme le nounours a 17 ans mais ne va plus en cours, je dois télécharger et imprimer et remplir une attestation sur l’honneur, signifiant qu’il et à ma charge.
3 envoyer le tout à ma caisse
4 attendre trois semaines à peu près pour recevoir mon attestation
5 la joindre au dossier pour la mutuelle avec un certificat de scolarité pour la lutine et une photocopie du livret de famille.
Tout simplement.
Deux choses auraient là tendance à m’énerver prodigieusement :
La première est que finalement l’informatique ne rend pas les choses forcément plus simples même si elle veut nous le faire croire.
La deuxième est que du fait d’une erreur tout à fait indépendante de ma volonté je me retrouve à devoir faire une série de démarches qui prendront un temps incroyable.

Allez c’est pas si grave ma méli. C’est juste chiant.
Il faudrait que je commence par me remettre à écrire ici tous les jours c’et un début de thérapie…


Attention à la marche...


J’avais cru à la fin des soucis et à la légèreté.
J’avais pensé que tout reprendrait son vol.
Peut-être que c’est normal, cette période de vide.
En même temps les derniers évènements ne m’aident pas.
Au mois d’Août j’ai senti la fin de la galère. J’ai posé un fardeau.
J’ai regardé autour de moi le monde que je ne voyais plus depuis si longtemps. J’ai amorcé un retour.
Changer d’endroit, prendre les choses avec plus d’énergie, soigner les petits mots qui traînaient depuis toutes ces années.
Parfois quand la somme de choses à faire est énorme on recule un peu devant tout ce qu’il faut entreprendre. On repousse.... un jour ....deux jours. La vie met les bâtons dans les roues et pof ! On se dit qu’on a fait un faux départ…
Alors en ce début janvier je me regarde un peu et je n’aime pas trop ce que je vois de moi.
Pas parce que j’ai trop grossi depuis trop longtemps….
Pas parce que je me maquille vite fait le matin ou pas.
Pas parce que je ne prends pas la peine, le temps d’aller voir un coiffeur et que la pince miracle ou l’élastique magique règlent tous les matins le problème. Et que ce n’est pas non plus la cata.

Tout simplement parce que je me sens sans forces et sans envies. Peut-être que ça revient petit à petit. Je ne sais pas. J’avais toujours dit "quand on s’en sera sortis on aura besoin d’un bon psy."
Alors là je crois qu’on y est. Le nounours le refuse, la lutine le réclame. Moi je sais qu’il va falloir.
Parce que je vois bien que le redémarrage ne se fait pas. Parce que je vois des enveloppes que je n’ouvre pas, ou que j’ouvre et que je transporte chaque jour de chez moi au bureau et du bureau à chez moi en disant à ma conscience « aujourd’hui tu règles ça ». Et dans la journée, la même conscience me dit « Tu es la pour bosser et pas pour régler tes formalités administratives, pour appeler la sécu et compagnie », et le soir le cabas repart aussi plein que le matin. Parfois cinq minutes ont suffi à faire rentrer un problème dans la case REGLE. Parfois un simple coup de fil a fait que tout s’est compliqué incroyablement. Je le prouverai dansla prochaine note.
Il faut que j’arrive à redémarrer. Je dois retrouver le petit fragment d’énergie qui reste en moi pour rallumer l’étincelle.
Si je ne le fais pas, j’ai peur que la dépression m’envahisse. Je n’en ai pas le droit. Je ne m’y autorise pas. C’est pour ça que je le dis ici. L’exprimer peut m’aider à lutter.

samedi 12 janvier 2013

Deux mois plus tard


Love vous avez dit love ? Ah non c’est moi qui l’ai dit… Qui l’avais dit !!! On était mi novembre. Encore loin de Noël. Cette période que je n’arrive plus à aimer. Mes cartons remplis encore une fois,  La bibliothèque pliée, le piano sur les starting blocks, le nouveau départ était prêt à être donné.  Tout roulait vers une nouvelle destination. Oui mais. Voilà, il y a eu un mais. Et un « mais » de taille ! Un « mais » qui te fout en l’air comme une grande claque dans ta gueule.
Et là, tu es sonné, sans voix, sans mots. Comme je le suis ces dernières semaines.
Disons-le tout de suite et sans prendre de gants. Mon fils, le nounours que j’aime tendrement, lui, m’a trahie. Je l’ai su le jour ù j’ai trouvé su la porte de mon appartement un bon de livraison collé signalant le passage d’un livreur en mon absence. Mais le bon n’était pas pour moi, il était pour le nounours. C’est ce jour-là que j’ai découvert qu’en quelques jours, il avait « emprunté » ma carte bleue toute neuve, et avec juste le numéro et le cryptogramme, il s’est préparé son petit Noël. C’est facile internet pour faire ses courses, tu cliques, tu cliques et le panier se remplit. Et là, tu ne sais plus t’arrêter. En tout cas c’est ce qui s’est passé là. Lorsque j’ai découvert la plaisanterie, déjà 1500 euros s’étaient envolés. Il a commencé par nier, mais l’évidence était là. Des dizaines d’achats du musiques, vidéo, et surtout des baskets, des écharpes, des sacs, des ceintures, des tee-shirts, du Louis Vuitton, du Burberrys du Nike… Quand tu comprends ce qui a pu se passer, tu n’as qu’une seule envie, en tout cas c’était la mienne, c’est tout simplement de hurler et de coller une tarte à ton ado. Ce que je ne me suis pas autorisée à faire. Mais Ô combien ça m’aurait fait du bien !!!!
Après avoir fait opposition à ma carte, grondé, puni, confisqué, et enfin pu avoir le total des achats, j’ai, folle de colère amené le nounours avec moi en voiture. Direction le commissariat pour déposer une plainte contre lui. Faire ce genre de chose contre son propre enfant, c’est une immense douleur. On ne sait pas si elle est nécessaire, on ne sait pas si la réaction est appropriée ou pas. On ne sait plus. On s’entend dire par le père qu’on récolte ce que l’on a semé. Alors on sait qu’il va falloir assumer seule, sans aucun soutien.
Je me suis sentie dévastée par cette affaire. Depuis, je me demande comment nous avons pu en arriver là.
Le nounours dit que savoir que mon compte en banque s’était soudain retrouvé créditeur et largement lui a fait comme il le dit « péter un câble ». Il dit qu’il a tant souffert de nos années de galère, qu’il a cru qu’il pouvait maintenant dépenser sans limites. Et que je ne m’apercevrai de rien.  Pour moi, ça n’excuse pas cette vraie trahison.
Qu’est-il arrivé à mon fils ? Depuis quand est-il devenu ce jeune homme qui n’a plus de repères, ni d’obligations, qui ne respecte plus rien, pas même sa mère ?  Et moi qu’ai-je ou n’ai-je pas fait ? Qu’est-ce que je râte, qu’est-ce que je fais mal ? Je me sens tellement responsable de tout ce gâchis.
L’ambiance à tourné depuis au cauchemar.
On pourrait trouver un point positif à cette sale histoire, et je ne le négligerai pas.
Mon ex, après m’avoir accusée de tous les maux, a proposé de faire travailler son fils dans son entreprise. Depuis tous les matins, il se lève et va travailler. Il me donnera un partie de son salaire jusqu’à épuisement de sa dette. Puisque je ne peux même pas utiliser mon assurance carte bleue, le vol ayant été commis chez moi avec un ordi de la maison.
Je sens une énorme colère dan la tête du nounours contre un tas de chose, son père, ses parents biologiques, ses anciens profs, le reste du monde et moi aussi. Mais cette colère se cristallise sur moi seule. Je suis la seule cible et la seule personne qu’il ait le courage de punir. 
Nos disputes sont violentes, bruyantes, de plus en plus fréquentes. Je n’arrive plus à être calme, je n’arrive pas à pardonner, et moi aussi j’ai une immense colère en moi.
J’ai tout de même consenti à tenter le voyage à Paris prévu depuis longue date. Il ne fallait pas aussi punir la lutine. Il a été beaucoup plus court que prévu à l’origine. On ne peut pas non plus dire qu’il se soit vraiment bien passé. J’y ai pris peu de plaisir. Je n’ai pas réussi à oublier les soucis, même pendant les vacances. Nous avons fait peu de choses, les activités qui plaisent à l’une ne plaisant pas à l’autre, j’ai dû tenter de jongler pour satisfaire tout le monde. Et même ça je l’ai raté. Quand je faisais plaisir à l’un, l’autre se disait lésé, et inversement.
Durant cinq jours j’ai eu la sensation d’être comme un vêtement, dont chacun tire une partie vers lui pour le posséder à lui tout seul.
Un jour le vêtement se déchirera.
Une étape supplémentaire a été franchie dimanche dernier quand en mon absence, le nounours (puis-je encore l’appeler ainsi ?), a frappé sa sœur lors d’une dispute.
Cette semaine j’ai réussi à éloigner mon fils d sa sœur. Il est parti trois jours chez son père. Celui-ci n’a pas consenti à nous accorder plus.
Je ne sais pas comment traduire mon ressenti. Je suis tellement perdue dans ce qui arrive là. Je n’ai aucune solution.
Mon nouvel appartement me plait. Il est calme, lumineux et spacieux. Mais je n’ai pas encore pu trouver la sérénité qu’il pourrait m’apporter.
Ma tête et mon coeur son tellement emplis de cet évènement que le positif m’échappe.
C’est la première fois depuis très très longtemps, que me manque une personne sur laquelle je pourrais m’appuyer. Je sais que c’est la pire des raisons qui pourrait me faire aller vers quelqu’un.

A ceux qui passent encore ici, je souhaite une très belle année 2013. Je me doute que la mienne sera encore difficile. J’ai de plus en plus de mal à croire aux jours meilleurs. Alors j’en souhaite aux autres.