vendredi 27 septembre 2013

Autopsie d'une crise


C'est de la faute des trois crétins qui ont pris le TGV dans mon carré mercredi... C'est ça... Si je dois trouver le coupable de m'avoir poussée à cette crise aiguë, là, j'en tiens trois.... Il faut dire Mossieu, qu'ils étaient .... "Aux petits oignons".... Trois mâles dans la force de leur trentaine, petite quarantaine pour un .... Propres sur eux, polo jean qui moule bien l'endroit qui certifie la conformité de la marchandise. Trois mâles entre eux, du qui rigole en faisant sauter les épaules et les pectoraux gonflétés, parce que côté humour, c'est pas de la blague carambar ! Sans faire la psy à deux balles, j'ai vite trouvé les cases à cocher sur le type de marchandise. Origine : sud ouest, bon j'ai même deviné le département mais on s'en fout.... Métier : flic ou militaire, et je n'ai pas vu ça à la coupe de cheveux, mais j'en eu fréquenté un, que j'espousasse même il y a trente ans.... J'oserai opter pour au moins deux rugbymans, facile à reconnaître puisque celui que j'espousasse, l'était aussi.
J'avais dégainé mon bouquin de voyage tout de suite, pour tenter d'oublier leur présence. Eux après avoir épuisé touts leurs blagues carambar de garnison, ont sorti chacun tablette et oreillette. Bon avant de plonger dans leur film d'action favori, et s'être mutuellement taquiné de bonnes blagues, "c'est quoi ton film de boules??? Haha ha!!!!", je ne sais pas pourquoi ils sont tous allés voir leur banque en ligne et j'ai pu profiter de l'historique de leur compte et du montant de leur solde. Deux étaient contents de faire les caïds en annonçant une prime surprise de 200€, mais le troisième venait d'avoir un virement de 200000€.... Détail des dépenses du mois et confirmation de mon idée de départ, on avait bien du militaire qui bouge de base en base pendant que maman torche les gosses à la maison avec abnégation. Je sais de quoi je parle, j'ai un peu connu cette vie.
Inutile de préciser que je n'arrivais pas à lire plus de trois mots, sans être distraite par ces passionnantes conversations. Mon esprit curieux, et prompt à la divagation, construisant pour chacun un roman familial. Et de fil en aiguille, les trois comparses plongés chacun dans sa séance de cinéma, j'ai eu envie moi aussi de me faire un petit film. Difficile avec juste un téléphone Samsung qui fait juste téléphone....
Ainsi germa l'idée, naquit le désir....
Il me fallait une tablette. Au plus vite évidement !!!
Est ce bien raisonnable ma Méli va nus pieds, le mois de la rentrée scolaire de ta fille, des impôts et avec ta voiture qui va mourir bientôt, d'oser avoir cette envie là ?!?!!?!!?
Bon, je restructure mes économies ces jours ci, et la banquières n'y verrait que du feu, si je pratiquais une petite ponction sur mes transferts.... C'est pas pour 400 €, qu'elle va pinailler....allez emballé c'est pesé, j'arrive à la capitale et dès que j'ai 5 minutes, je passe à la FNAC.
Ça me donne des ailes ces conneries... J'en oublie mes voisins de voyage et peux me replonger dans mon bouquin.
Très rapidement je décroche, j'ai une autre petite idée. Une tablette c'est cool, mais je préfèrerais un joli petit sac, celui que j'ai pour l'été est trop été et je l'ai rangé et je me trimballe avec le Longchamps que j'ai piqué à la lutine. Ça fait un peu lycéenne ! Allez, on fait passer le budget tablette sur le budget sac. C'est bon de rêver sur du bassement matériel parfois !
Arrivée à Paris, métro, sandwich rue Richelieu, réunion, 5 heures de discutions , métro, il est 20 heures, hôtel, nuit. Quand je me réveille la tablette et le sac sont toujours là, avec moi. Douche, petit déj', métro, réunion, 3 heures de discutions, tablette, sac encore toujours la. Par politesse, je consens à boire un verre avec mes camarades syndiques, mais je n'ai qu'une idée en tête... J'avale mon Perrier à 4,50 € !!!! Ciao les camarades, je descends la rue de Rome. Et là en passant à saint lazare, c'est le drame.... Une idée me revient.... Je n'ai plus de MON Kenzo jungle depuis un mois..... Un sac, un parfum, je peux m'offrir les deux non ? Ça tombe bien il y a un Séphora dans le coin.... Je pense alors que ma lutine elle non plus n'a plus de parfum depuis un bon moment.... Faut pas penser qu'à soi. Hop dans le petit panier noir ! Et mon nounours qui me fait chier, faut que je compense toutes les horreurs qu'on s'envoie à la figure..... Hop dans le petit panier noir !
Et voilà que je me fais aimanter par la FNAC en face de la gare.... Et voilà que ... J'ai acheté l'i pad sans autre forme de procès ! Putain la Méli va nus pieds, sors de la et cours à la gare les yeux fermés.... Métro, gare, je suis hyper en avance, tellement j'ai fait vite mes achats compulsifs... Faut que je traîne mes baskets quelque part pendant deux heures.....
Y'a un monop pas loin.... Oh et si j'allais juste pour le plaisir des yeux faire un tour aux Galeries Lafayette, la Mecque de mamamia..... Plaisir des yeux je vais aller voir les sacs... Surtout les Lamarthe, j'en ai un rouge acheté ici mé̀me il y a dix ans. Mon dernier sac cher. Depuis je fais dans la récup ´ ou le plastique. Les Lamarthe sont toujours aussi beaux je le confirme. Je regarde les autres, Lancel, pas trop mon truc, Arthur et Aston pas mal, Guess berk , paquetage non merci. Mac Douglas, cuir tout souple, orange, petites anses, cherche à se faire adopter, c'est sur il me regarde la, avec ses grands yeux, il m'appelle avec sa voix.... Tu sais dans L'Odyssee, Ulysse et le chant des sirène... Ben moi tout pareil mais avec le sac.
Si je dis qu'en sortant j'ai fait une pause Murano chez Pandora....
Ça s'appelle déconner grave....  

Mais c'était trop bon.

mardi 24 septembre 2013

Chéri, on a d’la visite !




Aujourd’hui on a eu de la visite. De la grosse visite. Du lourd de chez lourd…. Avec de la BAC, du véhicule de déminage, de la police partout, et aussi de la DGSE. Oui mossieu, oui madame ! Enfin, on fait les malin, sauf que la visite elle n’était pas vraiment pour nous….
Nous, c’est les narkeotrafikants. C’est intéressant le narkeotrafik, on creuse des trous un peu partout, on sort des amphores, des pièces en or et des os humains… ou pas. On écrit des articles dans des revues de rang …. International, et on fait des colloques all over the world. Mais là, la visite, c’tait pas pour nous, raté. La visite allait en dessous de chez nous dans le magasin qui s’appelle Envie. Besoin de rien, envie de ….. La le principe de ce magasin, c’est d’avoir un atelier juste derrière, de récupérer des machines à laver, des fours, des frigos qui ne marchent plus et de les réparer et de les revendre pour pas trop cher. L’autre principe c’est que les réparateurs sortent de prison ou de chez Emmaüs je crois et ont besoin de bosser pour se réinsérer. Alors tous les lundis matins, devant notre porte, on trouve des tas de frigos de vieilles cafetières, d’écrans d’ordi, que les gens viennent jeter plutôt que d’aller jusqu’à la déchèterie. Parce que les gens n’en ont rien à foutre que ce soit chez les narkéos, et qu’ils posent là où ça les arrange. Bref, Envie intéresse en haute sphère, démarche un peu écolo, un peu récup, un peu sociale… Alors kicéki est venue aujourd’hui ????? Ben, Jean-Marc(Ayrault) lui-même, avec Benoit(Hammon) lui-même, et aussi Michel(Sapin) lui-même, tous les trois. Evènement. Parking, notre parking condamné pour que les voitures des trois bonhommes se garent juste devant la porte du magasin. Mais pas que… Il fallait aussi que se garent les voitures de télévision, les voitures de photographes, et aussi les cars de flics, les voitures des invités, les voitures de la BAC, celle du maire, du préfet et de tout le gratin qui n’a rien à cirer de ce magasin-là et qui n’achètera jamais un lave-vaisselle recyclé. Mais en même temps, c’est bien que les ministres aillent les voir.
Moi, ce qui m’a plus c’est tous ces beaux males en lunettes de soleil et polos bleus marine qui ont déferlé sous nos fenêtres pour protéger nos ministres. Ils étaient la par dizaines, l’arme à la ceinture, le muscle saillant, l’œil partout…. Et quel bonheur de les avoir vus débarquer chez nous, dix minutes avant l’arrivée des stars. Chez nous dans nos locaux de narkeotrafikants. Un ou deux par fenêtre. Donc un dans MON bureau. Interdiction d’ouvrir la fenêtre, interdiction de sortir, et interdiction d’avoir la moindre idée de manifestation de mauvaise humeur dont les narkeotrafikants sont coutumiers. Même pas l’ombre d’une banderole au dessus de la porte du magasin Envie. On n’a pas pu en sortir une seule.  En même temps on n’allait pas foutre le bordel aux anciens taulards.
Alors on s’est contenté de discuter avec les beaux gars de la BAC, de leur montrer des crânes, des vieux bouts de verre ou de bois, et eux ils étaient tout contents. Ils ont trouvé ça plus sympa que d’être au rez-de-chaussée à surveiller Jean-Marc and co.



dimanche 22 septembre 2013

TOUS ENSEMBLE AVEC MOI


Rue de la belle rose, la méli-mélo va-pieds-nus vient de lancer le top départ de la révolution. Le mot est peut-être un peu fort, mais y’en a ras-le-bol d’être un locataire auquel on peut faire avaler n’importe quelle couleuvre.
Perso, après avoir été mariée et proprio pendant presque 15 ans, voilà 12 ans que je suis passée de l’autre côté du miroir.
J’ai commencé ma vie de locataire par le vieil érotomane (voir vieille note dans vieux blog....),  un vrai qui m’a rendu la vie tout à fait impossible durant deux ans. Puis, je me suis trouvée aux prises avec une famille de viticulteurs bordelais, vivant dans leur chartreuse meublée comme dans « Arts et Décoration », mais qui écrivaient leurs quittances sur du papier cul et venaient eux-mêmes réparer les prises et les robinets qui fuyaient. Je suis ensuite restée 4 ans dans mon échoppe-loft où le moindre petit coup de peinture était un rêve irréalisable, et que j’ai quitté sur un gros clash avec  le propriétaire, qui a gardé les 800 euros de caution sous prétexte qu’il avait été « très » gentil avec  moi. Très gentil.... car j’avais parfois du mal à payer les  loyers avant le 8 du mois. Mais je ne lui en devais aucun. Enfin, le propriétaire de mon dernier logement après m’avoir dit qu’il s’engageait à prendre en charge la réfaction des parquets flottants des chambres des tdc, m’envoie des menaces par le biais de Groupama pour que je lui lâche 1200 euros. Dans chaque chambre une latte de parquet avait gonflé sur 8 cm carrés. Quand j’ai quitté l’appart, l’agence qui a fait l’état des lieux a noté parquet en bon état, et nous avons signé tous les deux. Malgré les menaces de recours à un huissier, je vais tenir bon et ne compte pas donner un euro pour ce parquet.
Alors quand après un peu plus de 6 mois, je fais un petit point proprio, je me dis qu’on va très vite mettre le holà.
Depuis mon arrivée dans cet appart tout neuf tout blanc tout moderne, si je me pose pour faire le bilan, je peux faire une liste longue comme le bras des prestations promises et non tenues. Ascenseur en panne au moins deux fois par mois, ascenseur du parking privé en panne…..ou servant de pissotière régulièrement. Espaces verts tondus une fois dans l’été, et cette fois-là, l’herbe a été mise dans des sacs poubelles dans lesquels elle a pourri plusieurs semaines. Depuis mon arrivée ménage fait au maximum 5 fois. Je ne pourrais pas faire la liste exhaustive de ce qui pêche dans les communs. Lors de la visite la gérante de l’agence avait affirmé que l’ampoule venait de griller, que la société de ménage était en vacances…. Blablabli-blablabla !
Dans l’appart, aux normes BBC s’il vous plait, la clim n’a jamais jamais fonctionné, il a fait plus de 30 dans l’appart tout l’été. Une prise internet sur deux ne marche pas. Pas de connexion dans le séjour, il faut donc brancher les appareils dans une chambre, pas très écolo. Je précise que je vis dans la ville dont le maire, ancien journaliste de la deux, a été à la tête d’un parti écolo pendant des années, se vente d’être à la tête d’une ville verte. Le plus gros problème est l’eau. Deux choix pour la douche quotidienne : mitigeur à droite un petit pipi d’eau froide te coule sur le nez ; mitigeur un centimètre plus loin toujours pas de pression mais là tu peur faire cuire des coquillettes sous ta douche ! L’eau tiède, ben connais pas. Le même filet d’eau froide passe par les tuyaux des machines à laver le linge et la vaisselle, et dans les toilettes.
Point loggia, « vendu comme une véranda de 12 mètres carrés climatisée », avec volets inclinables pour adapter la température intérieure aux conditions climatiques. Quand j’avais visité je m’étais un peu inquiétée des baies de la loggia qui étaient légèrement dégue à l’extérieur. Etant au troisième étage, je me vois mal enjamber le balcon pour jouer les nettoyeurs de carreaux. La gérante me répondit que dès que les travaux du tram qui passe en bas seraient terminés les vitres seraient nettoyées. Fin des travaux 2015 !!! Il va falloir être patient. Bientôt on ne verra plus l’autre côté de la rue depuis la « véranda » !
Lundi dernier, lassée de me doucher sous un filet d’eau, j’ai décidé de prendre contact avec les autres locataires. Par chance nous avons tous le même propriétaire. J’ai fait ma petite bafouille de ras-le-bol et suis allée la déposer dans les trente boîtes à lettres de la résidence.
Il semble que tout le monde soit content que quelqu’un ait pris cette initiative. Je reçois des lettres de remerciements, et aussi de manifestation du mécontentement de tous. Tous les apparts connaissent les mêmes problèmes.
Tous ensemble tous ensemble, nous allons pouvoir faire bouger les choses enfin.
Tous ensemble tous ensemble samedi prochain, chez moi, nous allons préparer la contestation. Bon ok ça va être un joyeux bordel dans mon appart si les 30 locataires répondent.
Mais ce qui va être un joyeux bordel, c’est celui qu’on va mettre à l’agence.
On va te leur faire une lettre carabinée, on va tous payer nos charges à la caisse des dépôts, et tous ensemble tous ensemble on va se battre. Et si ça ne marche pas on fera la même chose avec les loyers. Peut-être que si on les prend par les « sentiments », les proprios ou plutôt le proprio va comprendre sa douleur.
Parce qye moi, on me priverait de 23000 euros par mois jusqu’à nouvel ordre, je crois que je le prendrais assez mal….

vendredi 20 septembre 2013

EMOTIONS


Je ne sais plus tellement par quel cheminement j’ai abouti sur ce blog. Je fais rarement de la pub pour un blog. Mais là, j’ai envie. Parce cette histoire est émouvante, qu’elle pourrait tellement faire pleurer et qu’on se retrouve à sourire ou à rire en la lisant.
Elle est pleine de vie, de la vie, alors qu’elle raconte la mort, la maladie et le handicap et des souffrances certaines.
J’ai lu le post le plus récent et à la fin je voulais tout lire. J’ai cliqué sur la première note la plus ancienne et je suis remontée jusqu’à aujourd’hui.
Si vous avez envie de pleurnicher sur votre vie avec vos ados qui vous cassent les pieds, allez y faire un tour.

dimanche 8 septembre 2013

Chagrin d'écoles


Je n’ai jamais été aussi heureuse d’acheter des fournitures scolaires que cette année. Jamais agenda, crayon, équerre ne me parut source d’autant de joie. Jamais je n’ai autant souhaité voir venir une rentrée des classes.
Ma gazelle a quitté les bancs de l’école avec un diplôme de palefrenier dont elle ne s’est jamais servie. Pour elle les cours sont un souvenir lointain. Elle aura connu l’école de la vie dans laquelle elle avance avec toute la volonté dont elle a toujours fait preuve. Je me souviens de cette petite pile électrique montée sur ressorts qui promenait sa couette de cheveux en tire-bouchons dans la cour de la petite école de notre village. Cette petite fille à la peau caramel au regard noir qui mettait une jupe qui tourne sur un pantalon de jogging, se chaussait de bottes de pluie fleuries, et voulait devenir Mary Poppins ou vivre dans le Fort Boyard. J’ai toujours eu confiance en ses capacités de vivre et de mener sa vie. A sa manière. Aujourd’hui, elle travaille dans une cuisine de brasserie d’une place bobo bordelaise, et ses patrons l’ont vite sortie de la plonge de peur qu’elle n’use les assiettes et les couverts tant elle met de force et d’ardeur dans tout ce qu’elle fait. Elle est maintenant commis en cuisine et on lui a proposé de diriger l’équipe, chose qu’elle a refusée car elle veut apprendre un peu plus. Elle s’en sortira je le sais.
Son frère le nounours qui se prend pour un ours féroce n’a pas fait son entrée à l’école avec autant de plaisir. Tous les jours il pleurait et s’accrochait à moi, ce qu’il faisait déjà quand je le laissais à la crèche. Heureusement dans la petite école qui avait vu passer sa sœur tout le monde le connaissait déjà, tout le monde savait son histoire et les maitresses avaient vécu avec nous l’attente de son arrivée, sa santé si fragile les premiers mois, elles s’étaient réjouies avec émotion de voir le visage au regard perdu, se parer d’un sourire à fossettes et d’un regard plein de joie, de tendresse et de gourmandise. Elles lui ont permis de devenir ce petit garçon aimé de tous, invité chez tous. Dans notre campagne bordelaise bon chic bon genre, pas toujours des plus ouvertes à tous, il avait su charmer les mamans de ses copains, et j’ai du souvent emprunter des allées de maisons bourgeoises ou de châteaux, pour le conduire à des anniversaires ou des soirées pyjama. Ce temps est loin. Le passage dans une classe dont je dus le sortir en catastrophe pour le libérer des griffes d’une enseignante cruelle et raciste, à la fin du premier trimestre, a rapidement fait de ce petite enfant souriant un petit garçon blessé et assailli de doutes. Son arrivée en primaire a du être aussi douloureuse. Il était le seul enfant noir de l’école et il a dû faire face à des incompréhensions et des moqueries. Il a fini armé de son sourire et de sa joie de vivre, par s’entourer d’un groupe d’amis qu’il gardés très longtemps. Mais sa scolarité fut un long et difficile chemin. Il n’était pas doué pour lire, pas doué pour compter, pas doué pour étudier. Il fallait lui trouver un autre chemin. Fâché avec l’école, les profs, il a vite trouvé dans les classes qu’il a fréquentées par la suite, les amis qui n’en sont pas, les sécheurs de cours, les perturbateurs, les insupportables, ceux que les profs ont envie de voir ailleurs que dans leur classe. Fin de la scolarité. Plus d’un an déjà. La semaine dernière, son père qui lui avait offert une chance, l’a viré sans autre forme de procès. Le voilà donc sur la route du pôle emploi. Il me berce souvent de paroles évoquant des projets(il dit des plans) qu’il ne met pas en place, d’emplois qu’on lui aurait promis, de départs à New York, au Maroc, tout à l’heure à Biarritz. Dois-je le laisser aller au bout de ses « conneries » pour lui permettre de grandir ?
Et la lutine dans tout ce magma ? Ben voilà…. elle aussi réussit parfaitement dans sa mission d’enfant terrible. D’une autre manière, mais avec une efficacité indéniable. L’an dernier après une troisième vécue en touriste elle me fit la surprise d’avoir son brevet des collèges mais aussi de redoubler sa troisième. La connerie du siècle que j’ai validée avec enthousiasme quand la principale nous l’a proposé. Cette année fut une année pleine de joie, de copines, d’invitations, mais aussi de mauvaises notes, d’observations dans le carnet, d’absences injustifiées… Et surtout d’une orientation catastrophique. Refusées dans tous ses vœux de création visuelle de photo et d’arts du spectacle, on lui proposa le pressing, l’usinage, et la gestion. La aussi elle fut refusée partout. Au soir du 9 juillet il ne restait plus rien qu’à attendre la dernière semaine d’août pour trouver une solution. Nous avons cherché un apprentissage de joaillier, un apprentissage de photographe, en vain, aucun patron n’accepte de former une jeune fille de 15 ans. Un énorme point d’interrogation est resté suspendu au-dessus de nos têtes tout l’été. Le 26, à 15 heures, dans le bureau de la directrice d’une école privée bordelaise, le souffle court, les mains moites nous avons concentré tout notre espoir, toute notre pouvoir de conviction pour faire accepter à la proviseure une 31 ème élève en seconde SPVL (Pour faire bref c’est du social branché humanitaire). Et on a gagné.
Entre larmes et cris de joie, en sortant du bureau, délestée des frais d’inscription, j’ai serré la main de la lutine espérant que cette épreuve lui servirait de leçon.
Allez chez Carrouf chercher un agenda, une trousse, et des copies double m’a semblé être un privilège. Nous avions frisé la cata. Elle a frisé la cata. Elle a une chance entre les mains. Je ne la laisserai pas la gâter. Malgré tout comme pour sa sœur j’ai confiance dans ses capacités à trouver sa voie et à faire de sa vie une belle vie.
Pour le nousnours, les doutes restent présents, je voudrais croire que son chemin est nécessaire et qu’il le mène quelquepart où il sera heureux. C’est tout ce que je demande.