dimanche 29 mai 2011

Bonne fête maman !!!

Il paraîtrait que c'est aujoud'hui la fête des mères.
Il est presque midi.
La lutine s'est levée tôt...
Quand je me suis réveillée elle squattait la salle de bains et regardait un film depuis la baignaoire. Elle m'a parlé du téléphone portable qu'elle cherche et qu'elle a trouvé sur le bon coin.
Mais pas de bonne fête maman.
Le nounours a dormi chez un pote, il m'a envoyé deux textos, pour me demander si nous allions à Saint-Mich car il veut que je lui achète des écouteurs de portable.
Il est rentré m'a dit bonjour, est reparti à Saint Mich, d'où il m'a appelé pour me dire qu'il venait de trouver une console à 100 euros...
Maids pas de bonne fête maman...
La gazelle n'est peut-être pas encore réveillée. Ou elle travaile je ne sais pas.
Pas de bonne fête maman non plus.

J'essaie de me dire que ce n'est pas important, que la fête des mère est commerciale, création de Pétain, blablabli blablabla...
Mais j'ai très envie de plerer tout de même !

mercredi 25 mai 2011

Déjà la moitié...

Aujourd’hui j’ai eu 51 ans.


J’ai envie de me pincer pour y croire…

C’est comme dis Philzefil un truc de ouf !!!!

Comment j’ai fait pour que out ça passe aussi vite. Les parents, les enfants, les amis, le boulot.

J’ai du mal à imaginer que j’ai passé une bonne moitié de ma vie. Ca ne m’attriste pas, ça m’emmerde… J’ai l’impression d’avoir tant de temps devant moi. Je rêve encore comme quand j’avais 20 ans. Mes rêves sont différents, mais j’ai encore plein d’illusions, de désirs, d’amour, de voyages, de livres à lire, de chants, de mots à écrire encore et encore…. Je n’arrive toujours pas à mon âge à dire que je suis une femme, je dis toujours une fille.

J’ai l’impression d’avoir eu plusieurs vies…. L’enfance et l’adolescence étaient longues, très longues, j’étais pressée de vivre autre chose.

Je me suis jetée sur Ken, juste pour contrarier Pierrot de la Lune, et Mamamia. J’ai assumé mon erreur pendant 20 ans qui heureusement ne m’ont pas paru si longs que ça grâce à la venue de mes tdc, d’un autre homme passé un jour et qui occupa mon cœur seulement. Il me permit de vivre les 5 dernières années de mon mariage dans un rêve, une illusion, mais qui m’a donné force et courage.

Puis vinrent les dix dernières années. Autre vie, je suis née à ce moment là une deuxième fois. J’ai quitté mes peurs, fait tomber les barrières, écouté mes envies. Dix années pleines, d’amour, de joies, de larmes, de galère, mais de vie.

Je ne suis pas faite pour les fleuves tranquilles, Je préfère l’océan qui change de physionomie tous les jours, bleu azur, vert profond, gris, tourmenté, agité, mer d’huile, ou petits flots clapotant. Je suis née au bord de l’atlantique, j’y ai grandi, je crois que j’y reviendrai un jour, pour ne plus faire qu’un avec lui.

En attendant, je regarde la Garonne, changer avec les saisons, et je l’aime aussi, ce fleuve-mer qui vit au rythme des marées.

J’aimerais encore vivre 51 autres années, pour voir encore et encore mes tdc et ce qu’ils deviendront…Et pour voir aussi cette petite mamie distraite que je deviendrai.

dimanche 22 mai 2011

Vu d'ici....

Peut-être que là il va falloir regarder ailleurs que vers la braguette de DSK. Ce qui est fait ou pas fait est fait ou pas fait. Il ne sera pas candidat c’est bien la seule certitude que nous puissions avoir. 2012 ce sera sans lui.


Il faudrait dons maintenant un peu regarder ce qui se passe ailleurs qu’à New-York.

Parce qu’ici on crève de chaud.

Parce que le roi, lui, il fait celui qui est bien au-dessus de la mêlée, ou alors il n’en a rien à cirer. Il n’a plus qu’à se frotter les mains… Pile poil que ça va tomber, la Carlita elle va nous pondre un machin avec talonnettes intégrées, sa petite épaule qui tressaute toutes les trois secondes, et la première phrase qu’il prononcera sera « Cass’toi pauv’con !!! ». Et peut-être même que pour le prix d’un clone on en aura deux. C’est bon pour sondages ça coco !!!

Du coup, notre Nicoroi est parti faire un tour pendant que le petit peuple s’émeut et se déchire au bureau, au café, et s’arrache les derniers morceaux du boxer de DSK.

Et voilà que je vais jouer les héros en Côte d’Ivoire…. Que je me promène comme le sauveur du peuple Ivoirien…

Mais pendant ce temps-là, pas très loin de nous, en Espagne, on se réveille, comme on s’était réveillé au printemps de l’autre côté de la méditerranée au printemps.

Il m’a fallu aller sur un autre blog pour l’apprendre. Je n’en avais pas vu un traitre mot sur les infos du net. Rien aux infos radio non plus. Je viens juste de retrouver le câble d’alimentation de la télé. Ca fait donc des semaines que je n’avais pas vu nos amis des journaux télé. Et j’ai failli éteindre illico en entendant le journaliste de la deux poser une première question à Deneuve qui vient pour parler de son film, sur « l’affaire de la semaine », et lui demandant ce qu’elle en pense….

Bientôt, je le sais, je le sens, on va nous faire la morale sur le français qui juge, qui ne parle que de ça. On va nous faire culpabiliser, en nous forçant à faire notre autocritique : Rholala ! Les vilaines petites gens qui n’ont rien à se mettre sous la dent que la braguette de DSK, qui sont comme des rapaces sur un morceaux de viande. Rholala les vilains français qui donnent leur avis alors qu’ils ne savent rien. Et aux infos on nous sortira des reportages sur les foules qui jugent sur les ravages que peuvent faire sur une vie des emportements d’un peuple entier qui prend position. Et on nous sortira Dreyfus et on nous sortira des documents de l’INA avec la foule qui derrière des grilles demande la mort de tel ou tel homme accusé d’un meurtre d’enfant…



Mais comment par émulation, ne pas finalement se laisser piéger à ne rien penser, ne rien dire ? Si l’on ne nous parle que de ça ? Tout le monde n’a pas internet, tout le monde ne sait pas aller chercher l’info ailleurs plus loin…

Cette semaine nous aura révélé plus je crois sur notre pays sur nous même, sur notre propre fonctionnement, que sur la braguette de DSK….

jeudi 19 mai 2011

La part de l'autre...

Tolérance. Respect. Liberté. Différence. Jugement….


On pourrait faire une liste très longue des mots qui ces jours ci prennent, perdent, ou changent de sens pour chacun de nous.

Petite leçon pour chacun d’entre nous qui se trouve face à ses propres limites. Aussi.

On peut relire pour mémoire la Déclaration Universelle des droits de l’homme et du citoyen…

Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi.

Et bien la loi, justement c’est que quand on est un simple quidam, payeur d’impôts, qui fait ses 35 heures, qui amène les petits à l’école le matin, regarde le film du soir à la télé, si on se fait choper un jour par une femme que l’on aurait violée, ce jour là, on est dans une sacré vraie merde. Et c’est plus que normal.

Là donc y’a deux mecs dans la merde. DSK et LVT.

Pour le premier, il « aurait » fait quelque chose d’intolérable, pour le second il a dit l’intolérable.

Perso, j’ai plutôt envie de croire cette femme. Et c’est elle que je plains si tout est vrai.

Our l’autre, je n’ai pas envie de croire à un dérapage maladroit. Il n’y en a pas pour moi de tolérable en la matière.

Parfois, il y a sûrement un chacun de nous une part du diable qui s’éveille. Parfois , il est peut-être impossible de la faire taire.

Je ne sais pas ; je ne sais plus.

lundi 16 mai 2011

La claque...

Le costard, la porshe, c’est déjà du passé et du pipi de chat. Hier matin, juste un œil ouvert sur ma fenêtre Orange, je vais vite voir ce qui c’est passé dans la nuit sur cette terre. Ben, pour de la nouvelle y’en a une sacré !!! DSK en garde à vue à New-York, c’est déjà pas ordinaire, mais l’histoire de la femme de chambre violée, la c’est une toute autre paire de manches. Ca fait bizarre d’apprendre des nouvelles comme celles-ci. Moi DSK c’est pas ma famille, pas un pote, pas mon voisin loin s’en faut. Mais quand on apprend un truc comme ça on sent vite que ça va puer grave…. La radio dit la même chose que le net. Personne à part cette punaise puante de fille de borgne n’ose moufeter et crier au loup ! Sur Europe 1 , Ségolène invitée du dimanche matin a le plus grand mal à se débarrasser des questions des journalistes qui veulent lui faire dire ce qu’elle ne veut pas dire. Ils la tirlipotent une heure, à toujours revenir sur le sujet, alors qu’elle a dit d’emblai qu’elle ne dirait rien. Je finis par éteindre, écœurée par la rapacité. Puis partout on cherche l’ami, le proche, l’opposant, qui voudra bien exprimer un sentiment, une opinion. Que nenni tout le monde vient pour dire qu’il ne dira rien, sauf la fille du borgne…. Sur le réseau FB c’est pareil, on évoque avec prudence, on s’indigne à pas feutrès. Finalement pas d’emballement, en tout cas dans mon réseau, on reste prudent dans les réactions.


Moi perso la méli, j’ai envie de dire Berk ! C’est dégueu, ça pue !!!

Parce que s’il n’a rien fait c’est un vrai piège dans lequel il est tombé, et c’est terrible !!!

Parce que s’il a fait, c’est impardonnable. Et c’est terrible aussi.

S’il n’a rien fait il doit se sentir comme une bête traquée. Il va devoir prouver. Il va devoir se battre. Puis il devra passer des années à retrouver sa dignité bafouée, s’il la retrouve un jour…

S’il a fait, c’est donc un pervers, malade, et on ne pleurera pas sur les 20 ou 30 ans dont il écopera.

Je ne l’aime pas. Je n’ai pas aimé il y a 4 ans qu’il soit le premier à tirer à boulets rouges sur Ségolène, juste deux minutes après les résultats. Depuis je lui en veux. Terriblement. Je n’ai pas confiance dans le socialisme de cet homme. Il n’est pas là, il est dans un autre pays, loin de ns réalités, depuis bien longtemps. Il doit être bien loin de connaître la vie des français de la précarité. Je ne l’ai jamais vu comme un humaniste, mais comme un vrai homme politique, dont le but est d’arrivée tout en haut…

Je crois que maintenant il peut pleurer sur ce but-là.

Grâce à lui, le nain risque de refaire un tour de manège, et nous avec.

Il reste moins d’un an pour nous, ici, trouver celui ou celle finalement qui nous représentera, sans que l’on se demande quelle casserole il traîne…

dimanche 15 mai 2011

Presque...

C’est presque l’été. Sans avoir vu de printemps, nous voilà déjà depuis des semaines les bras nus, les pieds nus. Sale temps pour les écharpes légères pour les petits gilets et les chaussures légères mais fermées. On est passés du chocolat chaud au Perrier glacé, de la pomme à la fraise française, du plat d’hiver au barbecue, sans trop chipoter car l’hiver a tout même été glacial. Le mien est loin, je me souviens pourtant de tous ces moments douloureux, où blottie et transie tout de même sous ma couette, je me demandais si je pourrais manger demain. Les semaines qui viennent de passer ont été plus douces, plus légères. J’arrive à peine à croire que ces 250 euros en plus me donnent tout cet air. J’ai peur de me tromper. J’ai que me tombe dessus un rappel à de mauvais souvenirs. J’espère pouvoir remonter encore et encore cette pente, et finir par quitter cette peur. Je persiste à avoir une peur bleu de me servir de ma carte bleue et qu’elle reste muette. Je préfère aller retirer dans les billetteries que de subir l’affront d’un paiement refusé devant un commerçant et des clients… J’essaie de ne pas me laisser aller aux envies de me faire plaisir. Je réfléchis au vrai sens de l’achat, à la vraie utilité des choses. Il faudrait que j’achète un four micro-onde, mais je n’y arrive pas. Je regarde les prix, ce n’est pas si onéreux, mais, je ne parviens pas à faire l’achat. Nous sommes le 15 du mois, et la carte me répond toujours, je n’ai pas touché à la pension qui ce mois ci était de 200,03 euros. Depuis longtemps Ken n’avait pas signé un si « gros » chèque. Ce mois ci, je n’ai reçu aucun appel des revolvers. Aucune lettre de menace, j’arrive même à répondre aux appels venant de numéros inconnus. Je recommence à répondre à mon téléphone fixe sans appréhension. La victoire n’est pas acquise, loin de là. Mais la respiration du moment fait du bien.


Jamais je n’oublierai, la faim, le froid, la peur, l’angoisse. Je ne le veux pas.

Il me faudra du temps certainement pour ne plus avoir peur de les voir ressurgir.

J’ai envie d’un bel été et de beaux jours avec mes tdc. Ils ont eu ces derniers mois eux aussi leur part de rigueur. Je veux qu’ils vivent maintenant plus légers.

vendredi 13 mai 2011

Tour du monde inter-régional...

Journée tranquille ici aujourd’hui. Ici c’est chez les narkeotrafikants….


Je suis seule et archiseule dans les locaux. Personne avec quime distraire, personne avec qui me disputer, discuter, manger, boire le café, travailler.

Ils sont tous partis comme des petits soldats. Tous. Bon , j’exagère. Il y avait les soldats qui obéissent et les soldats qui vont au combat. Moi, j’ai joué le rôle du déserteur.

C’est compliqué tout ça.

Depuis quelques semaine nous le savons. Le 13 mai tous les narkeotrafikants du bas des Pyrénées au haut des Deux-Sèvres, du fond du Limousin, au pays toulousain, sont convoqués pour une grand’ messe organisée par la présidence, la direction, le tout Paris du narkeotrafik.

Le thème des réjouissances porte sur la reconquête des aménageurs…. Faut qu’on apprenne à être des gentils narkeo, à courber l’échine, à donner une bonne image du narkeotrafic. On a déjà eu le discours sur le net, puis on l’a reçu dans nos boîtes à lettres à la maison, là donc c’est pour nous le lire nous l’expliquer et en discuter.

Pipo, flûte indienne, jouez violons sonnez crécelles…. Est t il vfaiment nécessaire de faire déplacer 300 personnes au bas mot, juste pour faire une explication de texte ????

Le narkeo n’est pas facilement dupe, il est souvent dans le je fais ce que je veux, quand je veux. Il se bat, il discute, il tape du pied. Etre chef de tout ces anarco-gaucho-révolutionnaires, doit être une belle prise de tête je l’avoue.

Alors à l’annonce de la réunion, les discutions sont allées bon train.

Plusieurs sons de cloches.

Les, « il faut y aller car on va apprendre des choses » et en plus, on nous a promis un buffet ….

Les « Brock et snock, on va pas les laisser parler, on va lire un communiqué avant qu’il disent quoi que ce soit, et on va leur demander de répondre à NOS questions !!!

Les « On va boycotter »

Les « On va les écouter et après on va dire ce que NOUS on a sur le cœur »

Les « j’ai trop de boulot bordel, je ne vais pas aller perdre une journée de boulot pour entendre leur discours…



Oui parce que la convocation n’était ni pur aller à Bordeaux, Toulouse, Poitiers ou même Paris…. Non, on nous « invitait » à nous rendre aux Eyzies. Tu pars de Bordeaux ( et je ne parle pas de ceux qui viennenet de Niort ou de Montauban) à 7 heures parce que la réunion est à 10 heures et tu te tapes les petites routes de la Dordogne, pour attéritr dans un village avec la statue de Cro-Magon qui te mate du haut du Musée de la Préhistoire… Belle promenade… mais pour des vacances.

Imaginez. Personne n’habite à moins de 50 bornes de ce bled parmi les narkeo… Quoique quelques marginaux vivant dans des yourtes y ont établi leur domicile…

La lettre que nous avons tous reçue comme une invitation, avait en bas de page la mention cette invitation tient lieu de convocation.

Comme le président fait un petit tour de France des « inter-régions », il a déjà fait la même chose en CIF, Grand Est, Paca, Grand ouest. Et ceux qui n’y sont pas allés ou sont partis avant la fin, ont été menacés e sanctions disciplinaires…



Moi depuis le début, j’ai décidé que non je ne bougerai pas.

Pour des tas de raisons.

Alors aujourd’hui je suis seule dans mon bureau, mais aussi dans toute l’aile des narkeos.

Et j’ai bossé comme si rien ne se passait aux Eyzies…



Et moi ,j’ai mes arguments.



Dans les problèmes que rencontre notre institut on parle de finances catastrophiques, de serrage de ceinture pour tous. On refuse de m’acheter une armoire étanche pour mettre les produits chimiques toxiques parce que c’est trop cher. On refuse de m’installer un labo avec des bacs de lavage ergonomiques, alors qu’ils dorment dans un entrepôt au fond du bâtiment, parce que l’installation coûte cher et qu’on va déménager d’ici quelques années.



300 personnes venant des quatre coins du grand sud ouest en voiture,

300 tickets de péages aller,

300 tickets de péage retour,

300 personnes qui vont se faire rembourser des frais de transport, des frais de repas (15,25 euros)car le buffet est pour la pause,

Une centaine qui est partie hier soir et a donc dormi sur place, avec 47 euros de remboursement de nuitée,

Une centaine qui va rentrer ce soir après 20 herues donc encore 15,25 euros de repas,

Plus les trois quatre porte-serviette du président qui ont dû venir en avion jsuq »à Brive peut-etre et prendre une voiture de location pour aller aux Eyzies…. Et dormir dans un relais château parce que le formule1 c’est pour les narkeos de terrain et y’en a pas aux Eyzies,

Plus trois cent journées de travail gaspillées, les chantiers fermés depuis hier à 13 heures le temps que tout le monde puisse venir à la convoc…



J’arrête la liste des arguments basiques et éconmiques.



Sachant que si les syndicats dont je fais partie mais avec qui pour le coup je ne suis pas d’accord, et empêchent le chef de parler, mettent le bordel, ça va finir en caca de chez cacophonie…

Que quand il y a des réunion et que je me fais chier je fais pleins de petits dessins à la Miro dans mon carnet…



Ben sachant tout ça moi je suis restée ici.



On va pas me virer parce que j’ai bossé non ?

mardi 10 mai 2011

UN AUTRE 10 MAI D'IL Y A 30 ANS...

Un autre 10 mai. J’avais 21 ans. Un autre 10 mai. Ce jour là on votait. Un autre 10 mai. C’était un dimanche 10 mai.


Ce 10 mai là, il y a eu deux événements dans ma vie.

L’un a bouleversé notre vie.
L’autre a bouleversé ma vie.


Ce 10 mai là, cette Gauche dont j’entendais si souvent parler par mon père, cette Gauche dont je me disais qu’elle rimait avec justice, cette Gauche a gagné.

L’HOMME est arrivé enfin au pouvoir.

Ce dix mai là, dans le train qui ramenait les étudiants landais, les étudiants basques à Bordeaux, tout le monde chantait. On s’embrassait, on riait tous, on gueulait qu’on avait gagné.

Ce dix mai là c’était l’euphorie.

J’admirais l’HOMME. Adolescente, un professeur avait donné comme sujet de rédac : « qui rêvez vous d’être ». Et moi à 13 ans je rêvais d’être l’HOMME. Parce que l’HOMME pour moi représentait la justice, la loyauté, l’égalité, l’honnêteté, il allait nous sauver. Je n’aime toujours pas même aujourd’hui que l’on critique l’HOMME, même si je sais qu’il y a sûrement cents motifs de le critiquer.
Ce 10 mai là il faisait chaud, je me souviens exactement de ce que je portais. Un peu fashion victim, un pantalon écossais, des santiags blanches, et un caraco de ma grand mère blanc. Je me souviens que quand j’ai ouvert l’œil , j’ai pensé c’est aujourd’hui. Ma mère était un peu triste, mon père un peu sombre. Ils n’aimaient pas ce qui allait m’arriver. Ce n’était pas ce qu’ils voulaient pour moi. Mais c’était ce que moi je voulais pour moi. A 11 heures une voiture est venue me chercher, conduite par le JEUNE HOMME.

Le JEUNE HOMME avait le sourire. Le JEUNE HOMME était Heureux. Le JEUNE HOMME semblait nerveux. Le JEUNE HOMME était mal habillé, comme d’habitude.


Le JEUNE HOMME était amoureux. Pas moi. Mas je ne le savais pas vraiment.
En arrivant devant la maison blanche, j’ai vu tout ce que je n’aimais pas. Des petits chiens grisâtres, tout poilus, qui sautaient sur mon joli pantalon en aboyant à me crever les tympans. Des géraniums alignés devant la porte fenêtre, un massif avec des roses, des arums et des dahlias. Des rideaux tirés des volets fermés pour ne pas être vus par les voisins. Et des tas d’autres petits détails qui n’étaient finalement pas des détails.

Le JEUNE HOMME, m’a présentée officiellement à sa famille : un père, une mère, trois sœurs, une beau-frère, une nièce, des grands-parents. J’ai senti comme un piège qui se refermait sur moi. Mais j’ai pensé qu’il était déjà trop tard. 9 paires d’yeux me scrutaient curieusement, sans discrétion. On avait pour moi, ouvert la salle à manger, on avait pour moi sorti le service : les assiettes avec le chien qui ramène un faisan dans la gueule, les couverts tout tarabiscotés en métal argenté même que c’est dégueulasse quand on les met dans la bouche. La mère du JEUNE HOMME qu’à partir de ce jour là je n’ai jamais entendu parler mais vociférer, avait du croire que je resterai 15 jours car elle avait préparé un repas TYPIQUEMENT landais : lourd, gras, copieux, avec trois viandes et quelques fantaisies culinaires dont elle a le secret, genre le foie gras et ses pruneaux farcis au beurre. Je suis sûre que vous en mangeriez…Je n’ai osé refuser aucun plat. Je crois qu’on m’a prise pour une oie à gaver.


Toute la journée j’ai vu défiler des cousins, cousines, oncles et autres parenté, qui comme par hasard passaient devant la maison.

Je me disais que j’avais jamais connu des personnes comme ça.


Je me disais que j’avis hâte de rentrer à Bordeaux.

Je me disais que ça allait être dur de venir souvent ici.

Je me disais que je me trompais peut être.


Mais le JEUNE HOMME semblait, fier, radieux, heureux.

Alors je me suis dit que c’était ainsi, et que je n’avais pas le droit de décevoir, ni de rendre malheureux.

Le soir, après une petite pause d’une heure, nous nous sommes remis à table. La télévision était allumée, le son a fond les manettes. Je crois que nous en étions aux fraises macérées 28 heures dans du sucre de l’eau et du castelvin puis recouvertes de crème chantilly maison, quand le visage de l’HOMME s’est dessiné sur l’écran.
Eux aussi ils étaient heureux.
Ils avaient un président.
Ils avaient une belle-fille.

Peut-être qu’on s’est trompés en mettant l’HOMME président.
Peut-être que je me suis trompée en gardant le JEUNE HOMME.

C’est du passé.

L’HOMME est mort.


Le JEUNE HOMME a quitté ma vie.
Les trois enfants caramels sont les nôtres.

Ne pas regretter.

Il ne manque plus que le trône pour la reine...

Dimanche entre amis, devant une limonade en terrasse au soleil, nous parlions tatouage. Je n’en ai pas. Si j’en avais un j’en mettrais un juste en haut de la cuisse, tout près du pubis, un petit gekko, que presque personne ne pourrait voir… Mais depuis ce matin j’ai changé d’avis. Le tatouage qu’il me faut est un diadème sur le front, avec en sous-titre, « reine des connes ». J’hésite entre conne, nouille, naze, bécasse. Tous m’iraient je crois… Le petit dej’ uro du premier janvier avait déjà annoncé la couleur de l’année. Voici une pierre supplémentaire à l’édifice…


Hier soir, je finissais ma note du jour, quand on frérot m’appelle. Depuis ses toilettes puisque la folle mégère qui lui sert de copine ne tolère pas qu’il m’appelle le soir quand elle est là et qu’elle doit être son seul point de mire. Nous avons passé un grand moment à faire les imbéciles, à parler de choses et d’autres. Puis nous en sommes venus à parler de ce jour mémorable, le 10 mai 81 qui reste dans nos mémoires à jamais. Nous avons surtout parlé de la joie de Pierrot de la Lune et de Mamamia ce soir là. Lui, humaniste engagé, conseiller municipal, syndicaliste, elle, née dans une famille où être de gauche était plus qu’une évidence, une obligation. J’ai avoué à mon frère que l’un de mes premiers votes pour des européennes, fut un vote à droite (bon juste Simone Weil), juste pour le plaisir une fois dans l’isoloir de me dire que je faisais différemment de mes parents. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Il y eut aussi le vote « Chirac » anti borgne. Frérot aussi porte la gauche en lui. Il la vit aussi, avec force. Nous étions émus en parlant de tout ça. En nous quittant, frérot m’a fait promettre en souvenir de nos parents, de ce 10 mai là, de chanter en me réveillant le Chiffon rouge et il le ferait aussi. Promesse d’ados….

Ados qui ont bientôt 51 et 47 ans…

Je devais partir à Paris ce matin pour une réunion syndicat-DRH et rentrer ce soir. Lever 4 heures 30 pour train à 5 heures 20. Retour 15h15. Du rapide. Juste le temps de prendre un petit repas à Montparnasse avec Ma coco-lonelle.

Je ne devais pas oublier ce petit pacte. Il fallait que je trouve cette chanson sur you tube. Vite fait, version pas terrible terrible que j’enregistre sur mon blackberry. Une idée me vint… Pour ne pas oublier ma promesse, j’allais la mettre en mélodie de réveil… Trop classe non. Quelques essais, quelques cafouillages, mais tout se passe bien. Je n’ai plus qu’à me coucher…

Je streame « Black swan », puis je streame « Les émotifs anonymes » en m’endormant…

C’est au beau milieu d’un rêve, qu’il me semble entendre une petite musique toute douce… Elle vient de mon ordi, j’ai du lancer le chiffon rouge en dormant… Improbable mais pourquoi pas. J’éteins mon portable quand je réalise que la musique est toujours dans mon oreille… Serait-ce mon réveil ???? Déjà, j’ai l’impression d’avoir fermé les yeux il y a une heure… He oui c’est bien mon réveil de Blackberry, qui a glissé entre le mur et le lit !!! Il faut donc se lever… Petit coup d’œil à l’heure. 5 heures 17. La chanson tourne depuis 40 minutes. Je n’ai plus que 3 minutes pour me lever, m’habiller, aller à la gare à pied, retirer mon billet, courir sur le quai… inutile de dire que c’est rapé.

Je n’ai plus qu’à me rendormir un peu et aller travailler dans quelques heures.

Bravo la reine des connes nazes nouilles bécasse. T’as gagné ton diadème.

lundi 9 mai 2011

Nous aussi on a une vie exceptionnelle...



Je me fous de la grossesse de Carla Sarko…
Moi ma copine Marie va se marier en j’en fais pas un plat !

Je me fous de la mort de Gunther Sachs…
Le père de Yaya le copain de Sam est mort samedi dans le plus strict anonymat !

Je me fous que BB soit en colère contre le maire de Montréal…
Je connais un maire qui donne des permis de construire en zone narkeo sensible et la pauvre femme qui a acheté le terrain et commence à rembourser le crédit va devoir attendre qu’on fouille son terrain de fond en comble et personne ne crie au scandale alors que c’en est un!!!

Je me fous que Zuckerberg s’achète une maison à 7 millions d’euros…
Moi j’ai une maison à vendre depuis 4 ans elle est moins chère et personne n’en veut !!!

Je me fous que la reine d’Angleterre produise son champagne…
Moi j’étais à l’école avec un garçon qui fait un vin de sable dans les Landes et il passe pas dans les infos d’Orange…

Je me fous que Ribery soit papa pour la troisième fois.
Moi j’ai un frère qui va bientôt déménager et on s’est fait une promesse pour demain matin et on l’a pas dit sur Orange info non plus.

samedi 7 mai 2011

Plus légère est la vie...

Pendant que leur grande sœur fait la vaisselle, et oublie qu’elle avait choisi de vivre en s’occupant des chevaux qu’elle aimait plus que tout, la lutine et le nounours mènent encore leur vie de collégiens.


Je sais c’est le même début que la note précédente. J’ai fait trois parties à mes divagations du jour. Comme mes trois tdc. Chacun est différent. Immensément différent.

Tout semble plus facile avec la lutine.

Non parce que c’est ma fille biologique comme le croient son frère et sa sœur. Mais aussi parce que c’est ma fille biologique. Rien avoir avec l’amour que je leur porte. C’est ce qu’ils ne comprennent pas. Le peuvent-ils ?

Ma fille lutine, sait de quel homme et de quelle femme elle vient. Un point pour elle.

Ma fille lutine sait à qui elle doit se bouche rouge sang aux lèvres épaisses, ses longs cils recourbés, ou ses tâches de rousseur. Un point pour elle.

Ma fille lutine, sait que même si sa conception n’a pas été désirée, elle a été aimée dès son premier souffle. Un point pour elle.

Ma fille lutine est restée blottie contre sa maman dès sa première heure de vie ; elle s’est nourrie dans mes regards pendants ses trois premiers mois de nouveau-né. Elle a su aussitôt qu’elle était aimée. Un point pour elle.

Je reconnais dans ma fille lutine mes attitudes d’enfant, les peurs de mamamia, les tourments de Pierrot de la lune, la tachycardie de sœur fâchée, l’anxiété de sœurette courage, tous ces traits familiaux que je pratique depuis ma naissance. Un point pour elle.

Tout cela rend la vie plus facile pour elle, plus légère.

Il n’y a pas de fracture de naissance à réparer.

Alors la vie suit son cours plus facilement.

Il n’y aurait donc rien à dire ???

Elle m’aime elle aussi exclusivement. Eperdument. A l’excès. Parfois à l’étouffement. Elle me connaît comme si c’était elle qui m’avait faite. Elle lit à travers moi. Il me faut souvent lui rappeler qu’elle n’est pas ma mère, que je suis une adulte, que je vis à MA façon.

Mais avec toutes ces difficultés je n’ai pas de difficultés moi-même puisque ce sont les « tares » familiales et que je les pratique depuis 51 ans (presque). Je ne dirais pas qu’elle ne me surprend jamais, mais je reconnais les tourments de ma propre adolescence. C’est plus facile à gérer. Donc les conflits sont forcément moins fréquent en tout cas moins violents. Plus facilement désamorçables.

Exemple : Cette semaine, j’ai beaucoup, beaucoup travaillé. Mercredi, je l’ai récupérée au collège et nous sommes reparties au bureau. Elle a passé l’après midi sur mon ordi pendant que j’étais plongée dans mes narkeotraffiks. Puis nous sommes parties chercher le nounours au foot. Il fallait l’attendre une bonne heure devant son stade. Quand cela arrive, nous nous distrayons en chantant, en nous filmant dans des sketches délirants, et nous rions comme deux copines du même âge. Mais mercredi, devant le stade, j’avais encore un peu la tête au travail, préoccupée par une discussion avec une collègue-amie. Un thésaurus et des mots qui me trottaient dans l’esprit. Il fallait que je mette ça sur papier et vite. Donc au lieu de faire la folle, j’ai pris mon cahier et mon stylo et commencé à faire des tableaux dans tous les sens. Une petite voix de soprano aussi, m’a sonné à l’oreille : « Dis-moi maman, si dans un bus tu as ta famille et dans l’autre tes amis et que tu dois en éliminer un, lequel tu gardes ??? » (Petit sourire narquois…). Rho mais la lutine, tu crois que je ne te vois pas venir avec ta question à dix balles ? Le choix de Sophie, c’est ça que tu me demandes ??? Et juste pour me signifier que je PREFERE travailler que délirer avec ma lutine… Alors que je vous consacre tout mon temps sans le compter de la première à la dernière minute de la quinzaine et pendant l’autre quinzaine aussi. Et que je trouve cela tout à fait normal… Elle a de la malice, la lutine et du répondant.

Sa vie scolaire est pour l’instant une vraie catastrophe. Elle s’en fout totalement. Elle excelle à l’oral, un peu trop d’ailleurs. Elle est une vraie brêle en maths et n’a jamais dépassé les 5, elle est une habituée du 3 et du zéro. Le redoublement menace. Il lui fera peut-être du bien.

Son souci actuel est la couleur de ses chaussures, celle des ses tee-shirts, et ses trois boutons d’acné, et le lissage de ses boucles. Et sa tête est en ce moment ailleurs très loin.

La semaine dernière au théâtre elle a été repérée pour jouer un rôle dans un long-métrage avec Audrey Tautou. Juste elle, pas les autres. Un rôle pas une figuration. Elle attend le mail qui la convoquera aux essais. Juste aux essais. Je le lui rappelle. Je lui rappelle aussi que si elle est la seule de son théâtre il n’y a pas qu’un seul théâtre à Bordeaux et dans les environs. Le film se tourne ici, c’est un film de Claude Miller. Je ne cherche pas à lui casser son rêve et ses espoirs, et je sais que si ça ne marche pas je vais devoir essorer des tonnes de mouchoirs. J’essaie de lui en parler le moins possible pour que cela ne prenne pas une trop grosse importance dans sa vie. Finalement, je crois que j’y pense autant qu’elle sans le dire, car je me demande ce que ça aurait comme impact sur elle si ça arrivait. Mais je ne le lui dis pas…



Tu vois maman d’ados, j’ai repris ton flambeau.. Je souhaite que les tiens soient des adultes heureux et surtout épanouis. Si tu passes par ici, tu te reconnaîtras peut-être dans mes tourments et ceux de mes tdc. Je t’embrasse virtuellement. C’est bête sans toi, chaton et princesse.

Bamako-Bordeaux, 16 ans.

Pendant que leur grande sœur fait la vaisselle, et oublie qu’elle avait choisi de vivre en s’occupant des chevaux qu’elle aimait plus que tout, la lutine et le nounours mènent encore leur vie de collégiens.


Les relations sont plus que tendues en ce moment avec le nounours. Il a grandi sans que je m’en aperçoive. Il me dépasse de 20 bons centimètres je crois. Son envie d’être homme lui crève la peau.

16 ans, déjà et seulement.

16 ans et l’envie des filles, toutes. 16 ans et l’envie de continuer d’aller en cours et pas d’aller en apprentissage, ce qui l’obligerait à entrer dans les règles de la vie professionnelle. 16 ans et la soif de coca, la faim de Nutella et de hamburgers. 16 ans et des passages en courant d’air et pour dormir et manger à la maison, entre les cours, les copains et le foot.

16 ans et maman qui prête son portable quand il n’ya plus de forfait, qui rajouter des euros et des euros à l’argent du mois, qui fournit des préservatifs, qui va chercher au foot, amener au collège quand le bus est raté, ou qui téléphone au collège pour dire que le bus est raté.

16 ans mais le désir d’être adulte libre. 16 ans et la certitude qu’étant le seul mâle de la maison on en est le chef. Que dépasser la taille de sa mère permet de n’obéir à rien. Qu’une grosse voix basse qui hurle sur une petite voix de soprano a forcément raison. 16 ans et l’envie d’en avoir 18 pour partir et ne jamais revenir et le dire.

Chaque soir, nous nous croisons quelques minutes et chaque soir nous finissons par nous disputer comme si nous nous détestions alors que nous savons parfaitement que nous nous aimons. La violence qu’il faut sortir de soi ou parfois ne pas laisser sortir dans ces moments là m’épuise et me désole. Je suis l’adulte et je le sais, je dois donc faire attention à tout ce que je dis. Il ne faut pas dire l’irréparable. Il faut résister pour ne pas se laisser aller à frapper. Car parfois l’envie est là, ou plutôt on ne sait tellement plus quel mot fera mouche. Le nounours lui n’est pas un adulte, il laisse donc sortir de lui tous les mots qui lui passent dans la tête. Toute le mal être et l’injustice d’avoir 16 ans… Mais je sais qu’il est assez peureux et que son amour pour moi ne le conduira pas plus loin. Je suis celle qui le connais le mieux. Je sais qu’il se sent fort parce que grand. Alors, cette semaine, je l’ai forcé à s’asseoir, à me regarder dans les yeux, droit dans les yeux, et à répéter tout ce qu’il venait de m’envoyer à la figure sans me regarder et debout. Assis et en face c’est nettement moins aisé. On redevient un petit garçon. Je ne sais ce que m’aurait dit la grande Françoise, elle m’aurait peut-être trouvée castratrice, ou humiliante.

Ces moments là m’épuisent, souvent ils me laissent en larmes. C’est mon échec, qui me saute à la gorge. L’incapacité à m’imposer comme l’adulte. Ou plutôt la difficulté. Car à la fin, le nounours obéit. Il revient vers moi pour faire son mea culpa, il promet de ne plus recommencer, de faire attention. Le lendemain tout recommence. Je sais parfaitement que la voix ou la présence d’un homme aurait évité tout cela. Ce n’est pas le cas. Je dois me débrouiller seule. Parfois j’appelle frérot au secours, il gronde, calmement. Le nounours écoute, bredouille, et promet d’être sage. Il m’en veut d’avoir recours à cette solution-là.

Il y a sûrement des femmes à poigne, plus fortes, plus autoritaires qui n’auraient besoin ni de crier, ni de se battre, ni de menacer d’internat. Je n’en suis pas c’est évident.

En ce moment, le nounours parle de cette France qu’il trouve merdique, de cette Afrique où il aurait été mieux, il regarde la photo de cette femme qui le tient dans ses bras dans un rue sale de Bamako et il dit à ses amis « c’est ma grand-mère » et à côté « c’est ma mère ». Alors qu’il sait parfaitement que c’est faux. Cette femme est peut-être sa grand-mère mais l’autre n’est pas sa mère. Mon ex dit qu’une autre jeune fille pleurait dans un coin, quand il est allé dans cette rue, et il pense que c’était elle la mère. L’orphelinat l’avait confié à ces femmes en attendant que nous venions le chercher. Ca fait de la place dans les lits, et en plus ces familles réclament de l’argent quand les parents adoptifs viennent chercher les bébés chez eux. Bref, je ne sais pas à quoi joue le nounours en disant tout ça.

Il va falloir que je prenne rendez-vous chez un psy. Pour lui, pour moi, pour la lutine. Histoire de faire parler les cœurs et les rancœurs. Chacun des tdc me voudrait uniquement pour lui. Là me semble être le nœud du problème. La gazelle, le nounours et la lutine, aimeraient avoir l’exclusivité de leur mère. Chacun de mes mots, de mes regards de mes actes, est jaugé et jugé, comme une mesure de l’amour que je leur porte. Et il l’est en effet. Mais chaque mot, chaque regard, chaque acte est différent pour chacun de mes enfants. Il ne le voient pas ainsi. Qui le leur fera comprendre ?

D'un ado l'autre...

Il y a quelques années déjà, j’avais parmi mes visites favorites, depuis mon ancien blog , « Pauv’maman d’ados ». J’y allais tous les jours ou presque car elle avait beaucoup à dire sur la vie de ses deux enfants. Je compatissais et comprenais ses tourments, et riais beaucoup car elle racontait toujours leurs aventure avec beaucoup d’humour et aussi beaucoup d’amour. J’avais moi aussi mes propres tourments et soucis avec ma gazelle et je les racontais aussi. Comme dirait un con, « un ça va c’est quand il y en a plusieurs que ça se gâte…. ». J’avais donc pas mal de fil a retordre avec une seule ado et deux petits trous du cul. « Pauv’maman d’ados » avait elle doublement du fil à retordre. Aujourd’hui, elle ne raconte plus car ils sont certainement des post-ados, qui font leur vie. Sont-ils devenus des Tanguys des hommes et des femmes rangés, des adultes révoltés ??? Elle a fermé le roman, à nous d’imaginer….


Le mien est encore ouvert. La gazelle court des ses longues pattes dans sa propre vie. Elle ne donne pas beaucoup de signe de vie. Je maintiens le lien, tant bien que mal, après de longs mois de silence. Après son CAP de palefrenier, son abandon du CAP de plaquiste, ses divers emplois dans la vente, la voilà maintenant dans la plonge dans un grand hôtel chic de Bordeaux. Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas de lave-vaisselles d’ailleurs…. Elle coule des jours dont je ne sais s’ils sont vraiment heureux au milieu des ses sept ou huit chats, et de soncoeursonamour. Je me suis arrêtée chez elle l’autre jour sans prévenir, juste pour l’embrasser et lui dire je t’aime. Je suis restée sur le pas de la porte pour ne pas jouer les mères intrusives. Nous avons échangé quelques mots. Elle était souriante et très étonnée de voir que son frère avait deux têtes de plus qu’elle… Elle a refusé d’embrasser la lutine, mais lui a parlé un peu tout de même. Ca a duré un peu plus de 5 minutes, ce n’est rien, mais c’est beaucoup pour que le petit lien qui reste ne se rompe pas. Il n’y a plus de conflit donc avec la gazelle si je me contente de lui faire un petit signe de temps en temps. Je l’accepte.

Aujourd’hui je me sens dans la peau de la « pauv’maman d’ados » avec ses deux lascars pour la faire tourner en bourrique. Mes deux tdc ont juste deux ans et demi de différence. Et chacun vit son adolescence à sa façon.

Chacun sa route chacun son chemin disait le chanteur oublié. J’ai fort à faire en ce moment. Mes soucis d’argents, me laissent un peu de répit mais je reste vigilante et n’oublie pas qu’ils peuvent ressurgir à tout moment. Je suis dans ma quinzaine tdc, donc d’où mon silence ces jours-ci. La sensation de ne pas poser le pied par terre, de vivre un tourbillon du lever au coucher.

Le réveil sonne à 6 heures 45 et je ne paviens à me lever qu’un quart d’heure plus tard au mieux, tant la nuit m’a semblé courte … Je sais que dès le premier orteil posé parterre, il faudra démarrer au quart de tour pour ne plus arrêter la machine durant 14 heures au moins.

Je file à la douche dès qu’une place se dégage, je zappe le thé-tartines-yaourt-jusde fruits de mes rêves, je zappe la séance de maquillage, et le choix des vêtements et pioche dans un amas de fringues froissées mais propres… Ordi, sac, repas du midi, piqué dans le frigo si il y a, chaussures, trousseau de clefs, peignage au doigt et pince ou crayon pour attacher les cheveux et hop c’est parti. A 7 heures 30 tapantes nous sommes sur le trottoir la lutine et moi et courons vers la voiture. Une demi-heure de trajet avec arrêt viennoiseries jus de fruit sur le chemin et à huit heures tapantes, nous voilà devant le collège. La lutine attend que sa première copine arrive pour descendre. Pas avant huit heures dix, car sinon elle reste devant le collège, et à cette heures là il n’y a que ceux qui sont pressés d’être à l’âge d’homme et de femmes, talons hauts, tenues de bimbos, cigarettes, scooters ou motos… Quand la lutine me quitte en me recommandant de faire attention à tout, je n’ai plus qu’à filer au plus vite vers mes tessons, mes clous et mes os. Il faut chaque jour adapter le trajet à la taille des bouchons. Ne pas prendre la rocade si vu du pont on sent que ça bloque, éviter les travaux, trouver les petites rues calmes qui font gagner du temps. Entre huit heures trente et neuf heures, je pose mon sac, mon portable et tout le tintouin, sur mon bureau. Petit tour des e-mail car la maison est souvent encore vide. Puis vient le café qui me donnera l’énergie de me plonger dans mes vieilleries. Tout le monde s’autorise en petits groupes, ce moment où chacun raconte ses bonheurs ses malheurs, les bruits de chiottes de la boîte ses enfants, son mec. Puis chacun file dans son coin, pour s’y mettre. Il est mieux pour moi que je sois seule dans mon bureau. Je plonge tête baissée, dans mes activités et si personne ne vient me distraire je travaille sans relâche. A 17 heures et des brouettes plus ou moins lourdes je plie bagage pour aller rechercher la lutine, faire des courses, et rentrer chez moi. J’ai gagné quelques précieuses minutes sur le temps de trajet, car je n’ai plus besoin pour entrer chez moi de passer la barrière des boulevards. One positive point for me. Sauf que cette semaine je n’ai pu vérifier l’effet de ce gain de temps car tous les soirs j’avais des choses à faire avant de rentrer.

Avec un record mercredi, où j’ai du aller chercher le nounours au foot, et où nous sommes rentrés à 22 heures. Avec un départ de la maison à 7 heures 30. Je compte donc une journée de 13 heures non stop. Il ne manquait plus qu’à préparer le repas, le manger, et nous atteignions les 23 heures. « Un peu » fatiguée, je ne me sentais plus le courage de rien faire… Alors je me suis couchée dans demander mon reste. Je me demande bien où je pourrais caser une vie sentimentale dans tout ça…

Ce rythme là, est je pense celui de toutes les femmes qui bossent et ont des enfants. Juste un peu plus harassant pour celle qui sont seules, car personne ne prend jamais la relève. Et encore, j’ai pour moi les 15 jours sans les tdc, pour souffler.

J’aimerais parfois rentrer chez moi, et trouver le repas prêt. J’aimerais que quelqu’un ait rangé tout le linge lavé dans les placards. J’aimerais pouvoir me poser une petite demi-heure dans mon canapé jaune et souffler pour mieux repartir, sans que l’on vienne me demander « qu’est ce qu’on mange ». Je me souviens d’un temps lointain, où quand je rentrais, deux fois par semaine, la femme de ménage était passée, tout était propre rangé ordonné, la salle de bain étincelait, le linge était repassé et rangé. Une autre époque. Sans regrets de l’époque. Le passé est bien dans sa place de passé.

Je ne sais pas si un jour sera si plate qu’elle sera ennuyeuse. Quand tous les tdc m’auront quittée pour d’autres horizons. Je ne sais pas si je regretterai ce rythme effréné, si j’aurais envie de revenir en arrière. C’est une chose qui ne m’a jamais trop tentée. Les nostalgies et les envies de faire différemment, me tentent peu et même pas du tout. Elles ne servent à rien puisqu’elles sont impossibles. J’aime penser à l’enfance de mes tdc, à la mienne, à mes parents quand ils étaient là, à mes choix, j’aime éprouver de la joie ou de la tristesse à ces pensées. C’est comme une petite fenêtre de ma vie que j’ouvre pour regarder en arrière, et que je referme sans avoir envie d’y rester, ni de changer ce que je vois.

Quelle mouche m’a piquée, je voulais raconter tout à fait autre chose…

lundi 2 mai 2011

Une pépite de la vie...

Parfois il faut s’accorder la paresse. Il faut s’accorder des moments de vie que l’on pourrait regretter de ne pas avoir saisi au vol. Il faut regarder vers le soleil, se dire que la journée est belle, qu’on respire bien et qu’on s’est réveillé avec juste l’esquisse d’un sourire sur les lèvres et que ça pourrait durer encore.


Mercredi en fin d’après-midi, soeurette courage et ses grands tdc ont débarqué avec valises, guitare, ordi, I-phones dans notre nouveau home sweet bordel. C’était bon de se retrouver. On ne s’était pas posées ensemble depuis presque un an. Presque tous ensemble avec nos enfants. Il manquait bien sûr la gazelle, qui persiste dans son retranchement familial. Elle s’inflige son propre exil, ne veut pas en sortir, tant pis pour elle. Un jour peut-être…

J’avais prévu de prendre une petite journée de rtt vendredi, pour profiter d’un moment familial partagé.

Jeudi matin, quand le réveil a sonné, j’ai eu envie de partager le moment du petit dej’ avec ma sœur. Alors j’ai traîné un peu en attendant son réveil. Le grand TDC était déjà parti en train pour Paris, vivre sa vie. Mon nounours tdc était lui parti au collège. Il ne restait que des filles dans la maison. La lutine devait partir au collège. Sa cousine, hypokhâgneuse devait se plonger dans les bouquins.

J’ai pesé quelques minutes le pour et le pour, j’ai envoyé le contre loin de mes pensées. Et j’ai décidé que cette journée était à nous les 4 filles. Traîner un peu, se raconter plein d’histoires, s’épiler, se maquiller, se passer des fringues, raconter à nos filles nos histoires de nous à leur âge. Petit coup de fil au bureau pour dire que la journée était trop belle pour venir compter des tessons. Autre coup de fil au collège pour excuser la lutine… Séchage accordé exceptionnellement. Vers 11 heures un long petit dej’ en terrasse à Saint Mich avec frérot, lui aussi en congé. Un moment de rires, de retour à nos moments complices de l’adolescence, de plaisanteries que nous sommes seuls à comprendre. Des amis de frérot défilent devant nos cafés, rient de nos bêtises, et de la tendresse de ces vieux adulescents et de leurs adolescentes si jolies.

Deux jours ainsi passés, du soleil plein les rues, mais aussi du soleil en nous. Un sourire comme quand on avait ces 20 ans, nos parents, pas d’enfants, si loin.



Même pas en moi l’idée que j’ai mal fait de ne pas aller travailler, et d’avoir fait sécher la lutine.

Parce que ça le valait bien.