samedi 7 mai 2011

Plus légère est la vie...

Pendant que leur grande sœur fait la vaisselle, et oublie qu’elle avait choisi de vivre en s’occupant des chevaux qu’elle aimait plus que tout, la lutine et le nounours mènent encore leur vie de collégiens.


Je sais c’est le même début que la note précédente. J’ai fait trois parties à mes divagations du jour. Comme mes trois tdc. Chacun est différent. Immensément différent.

Tout semble plus facile avec la lutine.

Non parce que c’est ma fille biologique comme le croient son frère et sa sœur. Mais aussi parce que c’est ma fille biologique. Rien avoir avec l’amour que je leur porte. C’est ce qu’ils ne comprennent pas. Le peuvent-ils ?

Ma fille lutine, sait de quel homme et de quelle femme elle vient. Un point pour elle.

Ma fille lutine sait à qui elle doit se bouche rouge sang aux lèvres épaisses, ses longs cils recourbés, ou ses tâches de rousseur. Un point pour elle.

Ma fille lutine, sait que même si sa conception n’a pas été désirée, elle a été aimée dès son premier souffle. Un point pour elle.

Ma fille lutine est restée blottie contre sa maman dès sa première heure de vie ; elle s’est nourrie dans mes regards pendants ses trois premiers mois de nouveau-né. Elle a su aussitôt qu’elle était aimée. Un point pour elle.

Je reconnais dans ma fille lutine mes attitudes d’enfant, les peurs de mamamia, les tourments de Pierrot de la lune, la tachycardie de sœur fâchée, l’anxiété de sœurette courage, tous ces traits familiaux que je pratique depuis ma naissance. Un point pour elle.

Tout cela rend la vie plus facile pour elle, plus légère.

Il n’y a pas de fracture de naissance à réparer.

Alors la vie suit son cours plus facilement.

Il n’y aurait donc rien à dire ???

Elle m’aime elle aussi exclusivement. Eperdument. A l’excès. Parfois à l’étouffement. Elle me connaît comme si c’était elle qui m’avait faite. Elle lit à travers moi. Il me faut souvent lui rappeler qu’elle n’est pas ma mère, que je suis une adulte, que je vis à MA façon.

Mais avec toutes ces difficultés je n’ai pas de difficultés moi-même puisque ce sont les « tares » familiales et que je les pratique depuis 51 ans (presque). Je ne dirais pas qu’elle ne me surprend jamais, mais je reconnais les tourments de ma propre adolescence. C’est plus facile à gérer. Donc les conflits sont forcément moins fréquent en tout cas moins violents. Plus facilement désamorçables.

Exemple : Cette semaine, j’ai beaucoup, beaucoup travaillé. Mercredi, je l’ai récupérée au collège et nous sommes reparties au bureau. Elle a passé l’après midi sur mon ordi pendant que j’étais plongée dans mes narkeotraffiks. Puis nous sommes parties chercher le nounours au foot. Il fallait l’attendre une bonne heure devant son stade. Quand cela arrive, nous nous distrayons en chantant, en nous filmant dans des sketches délirants, et nous rions comme deux copines du même âge. Mais mercredi, devant le stade, j’avais encore un peu la tête au travail, préoccupée par une discussion avec une collègue-amie. Un thésaurus et des mots qui me trottaient dans l’esprit. Il fallait que je mette ça sur papier et vite. Donc au lieu de faire la folle, j’ai pris mon cahier et mon stylo et commencé à faire des tableaux dans tous les sens. Une petite voix de soprano aussi, m’a sonné à l’oreille : « Dis-moi maman, si dans un bus tu as ta famille et dans l’autre tes amis et que tu dois en éliminer un, lequel tu gardes ??? » (Petit sourire narquois…). Rho mais la lutine, tu crois que je ne te vois pas venir avec ta question à dix balles ? Le choix de Sophie, c’est ça que tu me demandes ??? Et juste pour me signifier que je PREFERE travailler que délirer avec ma lutine… Alors que je vous consacre tout mon temps sans le compter de la première à la dernière minute de la quinzaine et pendant l’autre quinzaine aussi. Et que je trouve cela tout à fait normal… Elle a de la malice, la lutine et du répondant.

Sa vie scolaire est pour l’instant une vraie catastrophe. Elle s’en fout totalement. Elle excelle à l’oral, un peu trop d’ailleurs. Elle est une vraie brêle en maths et n’a jamais dépassé les 5, elle est une habituée du 3 et du zéro. Le redoublement menace. Il lui fera peut-être du bien.

Son souci actuel est la couleur de ses chaussures, celle des ses tee-shirts, et ses trois boutons d’acné, et le lissage de ses boucles. Et sa tête est en ce moment ailleurs très loin.

La semaine dernière au théâtre elle a été repérée pour jouer un rôle dans un long-métrage avec Audrey Tautou. Juste elle, pas les autres. Un rôle pas une figuration. Elle attend le mail qui la convoquera aux essais. Juste aux essais. Je le lui rappelle. Je lui rappelle aussi que si elle est la seule de son théâtre il n’y a pas qu’un seul théâtre à Bordeaux et dans les environs. Le film se tourne ici, c’est un film de Claude Miller. Je ne cherche pas à lui casser son rêve et ses espoirs, et je sais que si ça ne marche pas je vais devoir essorer des tonnes de mouchoirs. J’essaie de lui en parler le moins possible pour que cela ne prenne pas une trop grosse importance dans sa vie. Finalement, je crois que j’y pense autant qu’elle sans le dire, car je me demande ce que ça aurait comme impact sur elle si ça arrivait. Mais je ne le lui dis pas…



Tu vois maman d’ados, j’ai repris ton flambeau.. Je souhaite que les tiens soient des adultes heureux et surtout épanouis. Si tu passes par ici, tu te reconnaîtras peut-être dans mes tourments et ceux de mes tdc. Je t’embrasse virtuellement. C’est bête sans toi, chaton et princesse.

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