Affichage des articles dont le libellé est civisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est civisme. Afficher tous les articles

mardi 3 juin 2014

Un matin de mai pas comme les autres

C’était un matin du mois de mai.
Deux jours après mon anniversaire. Deux jours après la fête des mères. Le dimanche soir en rentrant chez moi, j’ai trouvé un gros bouquet sur la table, avec un mot écrit sur une feuille déchirée. « Bonne fête Maman, Sam ». Il est sorti de sa chambre, intimidé, et les yeux brillants, heureux d’avoir posé ces fleurs et ce mot, pour me faire une surprise.
C’était un matin du mois de mai, deux jours plus tard.
Je m’étais levée tôt pour préparer une pissaladière et un crumble pour féter mon anniversaire avec mes collègues de travail. On allait passer un bon moment. 
Dans la cuisine, au milieu de la farine du beurre de la tomate, Sam est venue poser le café et je me suis agacée de devoir me pousser. Il a ronchonné. Il a râlé parce qu’il n’y avait plus de jus d’orange. Il a bu du lait et il est parti travailler.
Ca sentait bon et oihana s’est réveillée. Nous nous sommes préparées ensemble. Dans la salle de bains pleine de musique. Moshi moshi buvait l’eau du robinet. 
Ca a sonné à la porte vers 9 heures.
Ca ne pouvait être qu’un voisin, puisqu’il y a une entrée sécurisée. 
J’ai ouvert sans regarder le juda. 
Trois hommes une femme. 
Ils m’ont demandé si j’étais la mère de Samuel. Tout de suite j’ai pensé à l’accident. Mais ils m’ont demandé s’il était là, juste au moment où je voyais le brassard orange sur le bras de l’un d’entre eux. POLICE.
Ils ont voulu perquisitionner et on demandé la chambre. 
J’ai posé des questions mais il est majeur. On m’a répondu on ne peut rien dire. Ils fouillaient toutes les boîtes, tous les meubles, ils soulevaient les matelas le canapé, ils ont ri en voyant les photos dans l’Ipad. J’ai dit que je fouillais parfois moi aussi sous le lit et ailleurs. L’un d’eux m’a dit c’est pas bien d’être suspicieux… J’ai demandé s’ils cherchaient du shit. Ils m’ont demandé s’il en consommait. Comment dire le contraire, avec les mégots qui traînaient sur la table ? 
Ils ont parlé de violence aggravée avec vol. Je crois que j’aurais préféré le shit mais ce n’était plus vraiment le moment de préférer. Trop tard.
Oihana râlait qu’on fouille la chambre de son frère et moshi moshi sautait dans tous les sens pour attaquer les policiers.
Ils ont emporté l’Ipad et rien d’autre. Puis ils ont filé chercher Sam à son boulot. 
Je ne savais rien. Je n’étais pas encore consciente du drame. Je suis partie travailler. 
Puis j’ai voulu savoir où il était. Je suis allée à l’hôtel de police. Une femme flic m’a refoulée et dit que je ne saurais rien qu’il fallait que je parte. Dans la voiture le père de Sam m’avait dit que le flic avait parlé de violence homophobe. C’est là que j’ai compris que c’était grave. C’est là que j’ai cru devenir folle. 
Sur Facebook, dans les journaux, j’ai vu tant de photos d’homo tabassés, et chaque fois j’ai eu envie de vomir et de hurler, et aussi de dégommer les coupables.
Je voulais voir mon fils et qu’il me dise ce qu’il avait fait. Je voulais qu’on me dise  qu’il y avait erreur qu’il avait été dénoncé abusivement.
Je suis revenue chez moi, il fallait que j’attende pendant les 24 ou 48 heures de garde à vue.
Je pensais au petit garçon que j’avais élevé avec son sourire et ses fossettes, toujours collé à moi, le pouce dans la bouche, avec son doudou le lachien tout sale, qu’il traînait partout et auquel il donnait la dernière goutte de chocolat du biberon. A tout ce que je lui avais appris de tolérance, d’amour des autres et de leurs différences. Je pensais à toutes les fois où j’avais mis le souk pour le défendre contre les propos ou les actes racistes. Je le revoyais petit expliquant à son copain Antoine, ce que c’était homosexuel, que c’était pas grave, que c’était de l’amour tout simplement mais entre deux hommes ou deux femmes. Ils avaient 6 ans. Et je pensais à lui avec des menottes, interrogé et ré-interrogé. Je pensais à la victime mais pas trop parce que pour moi il était totalement impossible que ce soit arrivé.
Et puis le soir on m’a appelée. Je suis venue très vite, j’avais porté un sac. J’avais mis son gel douche, sa crème, des vêtements propres, des chips. Mais je savais qu’on ne les prendrait pas. J’ai signé un papier sans le lire. C’était pour la perquisition. Le flic m’a parlé d’une soirée en boîte très arrosée, d’une rencontre et d’un homme qui finit à terre roué de coups et d’un vol d’ordinateur. Il m’a montré le dossier, des photos, je n’avais pas mes lunettes, je ne voyais rien de précis. Il m’a dit que c’était très grave. Il m’a parlé des deux complices. Je savais de toutes manières qui ils pouvaient être. Il m’a dit que si je voulais je pouvais aller à la comparution immédiate mercredi à 14 heures. Il m’a parlé de la victime un jeune médecin et il m’a décrit les blessures.
Je n’ai pas pu poser les affaires apportées. Je savais que quelque part mon fils attendait menotté dans une cellule, qu’il allait y dormir, et qu’il avait fait une chose immonde. Je n’avais plus qu’à rentrer chez moi avec tout ça.
Mercredi il  y a eu la comparution immédiate. Samuel était dans le box les yeux baissés. Son complice était à côté de lui. Le troisième trop jeune sera jugé autrement. La victime était là. Il est venu à la barre, jeune aussi, avec un air si gentil, si humain. 
La description des faits est longue, précise, jusqu’à la description de chaque blessure. Trois jeunes gens sortent de boîte en ayant trop bu. Un jeune homme sort d’une autre boîte en ayant lui aussi trop bu. Ils se croisent et parlent. Le jeune homme propose une after chez lui. Dans le tram il parle avec les garçons de leur couleur de peau et de leur différence, si elle est facile à vivre. Il leur dit qu’il est homosexuel et ils répondent que ce n’est pas un problème. C’est le jeune homme qui le dit lui-même. Chez lui, ils boivent encore et encore, et aussi consomme autre chose, je n’ai pas compris quoi. Puis des heures plus tard alors que tout le monde est plus que saoul, il demande aux trois garçons de partir. C’est là qu’il se retrouve parterre roué de coup et qu’il perd connaissance. Quand il se réveille il n’a plus de télé ni d’ordinateur, ni sa cigarette électronique. Il  se traîne chez la voisine qui appelle les secours.
La version des trois garçons est différente. Jusqu’au moment où il demande de partir. Il aurait éteint la lumière et eu un geste envers le plus jeune pour le draguer. Celui-ci lui colle sont poing dans la figure. Il tombe. Il est roué de coup. 
Qui saura jamais quelle est la version exacte ?
Cet homme a eu deux cotes cassées, le nez cassé et des plaies sur le corps car l’un des agresseurs a fait tomber un meuble plein de verres sur lui. C’est horrible et immonde.
D’ailleurs les retraités qui sont dans la salle d’audience pour passer un peu de temps en écoutant des histoires croustillantes qu’il commenteront au café du coin, sont outrés. Ils ponctuent les fait de «  c’est incroyable et d’insultes diverses ». 
Quand le procureur parle d’une peine de dix ans pour Sam et 20 ans pour son ami ils poussent des soupirs de satisfaction et rient de plaisir. La demande de l’avocat général de 18 mois pour l’un et trois ans pour l’autre les déçoit de toute évidence et ils l’expriment.
En attendant le verdict, je sors. La victime est un peu plus loin. J’avais en tête de lui parler depuis la veille. Il est seul et je m’avance vers lui pour lui demander tout le pardon qu’il est en capacité de me donner. Pardon c’est une expression car il n’a rien à pardonner, juste entendre ma compassion, ma honte, ma colère pour l’acte dont il a été la victime. Juste lui dire que jamais jamais une parole homophobe n’a été prononcée chez nous, jamais un acte violent n’a été toléré, que Samuel a été élevé dans la tolérance, l’écoute des différences, leur respect, et l’amour de la liberté. L’avocate de la victime aussi parle avec nous, je pourrais lui raconter toutes les petites histoires que je connais de la vie de mon fils. Mais ce garçon qui a frappé, qui a volé, je ne le connais pas. Depuis trois ans je le vois empêtré dans un personnage qu’il n’est pas tout au fond de lui.
 Depuis trois ans j’appelle au secours les services sociaux,  les associations, je demande un éducateur pour m’aider. Je suis seule à me battre avec cette adolescence rebelle et incontrôlable. Dans le vide et le désert.
Le verdict tombe finalement. 
Un an ferme pour Samuel, deux ans pour son ami. Des dommages et intérêts en plus dont le montant n’est pas encore définitif.
Samuel baisse la tête, sa sœur sort en pleurant, je n’entends plus le reste.
Je réponds comme un automate à la dame à côté de moi qui veut savoir lequel est mon fils… C’est le noir. Elle me toise et me dit bon courage en ricanant. 
Plus loin, une avocate d’une autre affaire me fait non de la tête, et articule des phrases que je ne comprends pas. 
Je sors.
La victime et son avocate me rejoignent et restent avec moi. Elle m’explique que Sam a un an ferme mais sans mandat de dépôt. Ca veut dire qu’il n’ira pas en prison. 
L’avocat commis d’office sort triomphant et attends mers félicitations. Il me demande si je suis contente. Je lui dis que non. Soulagée oui. Il est choqué, je m’en fous. Etre contente de quoi ? 
Je suis honteuse, en colère, assommée, ko debout, mais contente non.
Depuis hier Sud-Ouest se fait l’écho de cet acte homophobe qu’il met en parallèle avec le film l’appat. Le nom de Samuel est en toute lettre dans l’article. 
La peine judiciaire ne suffit pas le tribunal populaire va pouvoir se déchaîner. Les commentaires ont été fermés. Je préfère n’avoir rien vu et ne pas savoir ce qui s’est dit. 
Je vais continuer d’aimer mon fils. Je vais porter le poids d’une part de la responsabilité que j’ai de toute évidence. 
La victime va je le souhaite rester cet homme généreux qu’il semble être.

Nous allons tout faire pour que de cette horreur commise sorte une leçon pour Samuel. Et qu’il devienne un homme respectable et plein d’humanité.

vendredi 30 septembre 2011

Radotage, mais ça m'agace !!!!


Mettre le pied gauche dans une merde c’est paraît il bon signe pour le compte en banque. A Bordeaux on devrait tous être milliardaires…. 
Je crois que c’est la ville qui détient le plus de crottes de chiens au mètre carré dans toute la France. Ca me rappelle un rêve que j’ai fait il y a quelques années. Le quartier de la Victoire était infesté de merdes de chiens en forme de sexes d’hommes en érection… mon quartier ne déroge pas à la règle. Sausf que les merdes n'ont rien d'itiphallique....D’ailleurs au bout de ma rue, il y a un endroit où il faut se mettre en apnée, pour ne pas s’asphyxier avec les relents de pisse humaine.
En ce qui concerne le feuilleton de mon pas de porte, il continue.
Si marcher sur des os de poulet, des crachats frais, ou des peaux de bananes porte bonheur et fortune, je ne vais pas tarder à être richissime et heureusissime.
Lundi, j’ai téléphoné au proviseur du lycée et parlé à la secrétaire. 
Il devait me rappeler. Il ne l’a pas fait. 
Hier, j’ai rappelé, bien décidée à parler à ce proviseur qui n’a même pas la correction de prendre son téléphone pour me parler…. 
Alors mercredi quand je suis sortie de chez moi et que j’ai failli mettre le pied dans un mélange de tabac de salive et d’autres choses, j’ai pris mon téléphone et encore une fois : « appelez-moi le directeur… », en précisant bien que s’il n’avait même pas la correction de me rappeler, je comprenais pourquoi il n’avait pas de leçon de savoir-vivre à donner à ses élèves.
Dès la première phrase, j’ai eu l’impression de l’avoir en face de moi… la soixantaine, le costard, la chemise blanche, le nœud papillon, ça je le parierai presque. Un petit ton condescendant et mielleux, du mec qui va pas trop s’avancer et qui va comprendre tout ce que tu lui dis MAIS. 
Et paf dans le mille.
 Oui ! Il y a 4000 élèves.
 Oui ! Il ne peut-pas être derrière chacun d’eux. 
Oui ! il comprend ma colère.
 Oui ! Il va demander aux personnels de surveillance d’être vigilants…
Non ! Surtout que je ne mette as ma menace à exécution : aller tous les soirs
vider ma poubelle devant l’entrée du lycée.  
Mais : si je veux appeler la police je peux… Ben voyons, ils n’ont rien d’autre à faire…
Mais : il y a des jeunes en apprentissage et c’est une population très particulière… Là, je sens l’allusion qui va me fâcher. Il me semble qu’un jeune apprenti n’est pas plus bête qu’un autre, et qu’il est bien capable d’aller avec ses petites jambes vers une poubelle pour jeter ses déchets… 
Oh mais madame je n’ai pas dit qu’ils étaient plus bêtes mais c’est une population particulière vous savez. Il n’a jamais eu le courage de me dire ce qu’était cette population particulière. Il m’a parlé de la responsabilité des parents de cette population particulière…. Vous comprenez … Je lui ai dit que pas très bien mais il a fait le sourd. Quand par ailleurs, je lui ai parlé des œufs et des traînées de bombe fluo qui ont été projetés sur les façades (dont certaines juste finies de rénover), il y a quinze jour lors des bizutages… là il a vite répondu que là c’était différent c’était les prépas. Mais il ne m’a pas parlé de population particulière, ni de responsabilité des parents…. Je le lui ai fait remarquer, mais là non plus il n’a pas relevé.
En fait sa réponse infaillible, celle là il me l’a répété deux, trois fois, la rue va être réaménagée avant la fin de l’année. 
Yes !!!! des travaux dans ma rue !!!! Devant le lycée vont être installés des bancs et des arbres. 
Yes !!! une vingtaine de places de parking qui vont sauter !!!!! Pauvres arbres, pauvres bancs…. Dix tout au plus, pour 4000 élèves… Trop bien !!! J’ai juste espoir que soit planté du gazon, parce comme en général il est interdit d’aller sur les pelouses, ils auront tous envie d’aller s’affaler dessus juste pour faire chier et laisser traîner leurs papiers gras et se rouler des patins en toute liberté.
Pour l’instant quand je sors et que je trouve une canette, je la ramasse et la jette sur le trottoir d’en face. Je pense que je ne vais pas tarder à passer pour une barjot..

lundi 26 septembre 2011

Les cr'ados


Parlons d’écologie, de sens civique, de respect de l’autre…
J’ai râlé il y a deux notes contre mes narkeos obsédés de graines et de respect de la nature… Conte le tout écolo- ridicule. Aujurd4hui je vais ressortir la machine à râler… Mais, en fait c’est plutôt une grosse inquiétude qui me taraude.
A grand coup de spot de pub, des campagnes tapageuses, on nous fait prendre conscience qu’il faut éduquer nos enfants, leur donner conscience de la valeur de leur planète… Et j’avais l’espoir que nos enfants nés avec un sens quasiment inné de l’utilisation de la télécommande, de la souris, et de tout ce qui se passe sur google, seraient aussi nés avec le sens inné du respect de la planète et du respect de l’autre…
Que nenni. J’ai pris avec beaucoup d’amusement, dès mon arrivée dans mon nouveau chez moi, de voir mon pas de porte envahi d’ados sac’o dos. Leur brouhaha m’amuse. Leur va-et-vient incessant entre le lycée face à mon entrée, et l’annexe du lycée mettait de l’animation dans le quartier. Je trouvais ça sympathique.  
Ce dont je me suis plus rapidement lassée, c’est de voir les mégots de leurs cigarettes s’accumuler devant chez moi. J’avais oublié l’histoire pendant les deux mois de vacances.
Depuis septembre, ma vie ressemble à « les gros dégueus, le retour ». Chaque fois que je veux sortir, je dois slalomer entre les canettes, les bouteilles vides, les crachats, ce soir un pot de compote renversé et piétiné. La semaine dernière, le bizutage des prépa à donné prétexte à une bataille d’œufs, dont une partie a atterri sur ma porte et mes volets.
Pour l’instant j’hésite sur l’attitude à adopter.
Il semble comme me l’a confié ma voisine que le combat soit perdu d’avance.
J’hésite entre la méthode je me démerde seule et j’essaie de faire comprendre gentiment à ces « petits cons » que j’aimerais bien qu’ ils ne souillent pas mon entrée quotidiennement.
Depuis quelques jours j’ai opté pour la petite colère chaque fois que je sors de chez moi. Peu efficace, puisque je m’adresse à des groupes de « décérébrés » qui me regardent l’oeil vide, et me répondent immanquablement «  C’est pas nous madame, mais c’est vrai c’est dégoutant… ».
Ce soir, je viens de donner un grand coup de pied rageur dans la bouteille d’Ice tea qui a atterri au milieu de la rue. Heureusement que la lutine était là pour me demander d’arrêter sinon j’aurai tout balancé sur la rue.
J’hésite mais suis très tentée par aller vider ma poubelle verte et ma poubelle grise devant l’entrèe du lycée.
Je viens de téléphoner au proviseur, qui bien sûr ne répond plus dès 5 heures sonnées. J’ai donc averti la secrétaire que si je n’obtenais pas de parler avec lui, je viendrai déposer mes ordure devant la porte de son bureau voire sur son bureau.
Je sais qu’il arguera que cela ne se passe pas dans l’enceinte du lycée et qu’il n’est donc pas responsable de la conduite des élèves. Je vais peut-etre aussi appeler la mairie de l’ami Alain Juppé, fervent défenseur d’écologie, pour demander le nettoyage de cette zone qui après tout est publique.
Je trouve inquiétant tout des ados n’aient même pas conscience que l’esprit civique commence par le respect de l’autre. Je trouve inquiétant que ces enfants nés avec la vague de l’écologie aient un tel comportement…
Pauvre planète qui ne vaut même pas la peine que l’on se baisse pour ramasser un mégot, que l’on fasse trois pas pour aller vers une poubelle…