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vendredi 27 juillet 2012

Dr Nounours le retour


Voila, ce soir le nounours revient de son mois et demi d’immersion totale dans la vie active. C’était pas le bagne non plus. Juste histoire de casser le rythme dangereusement périlleux qui s’était installé depuis quelques mois. Histoire de réapprendre ce que c’est que de se lever le matin, de ne pas dormir ou se br.. devant un ordi, et sortir avec des petits loulous qui ont encore la morve au nez, mais déjà des tas d’idées pour trouver chemin de la carte « allez en prison sans passer par la case départ ». En fait là c’est moi qui ai tiré la carte chance et qui lui ai collée dans la main avant que ça tourne au vinaigre. Rien n’est gagné. Je sais que pendant un mois, loin des mauvaises influences, sous l’autorité de son oncle, et aussi de sa tante, il a filé droit. En même temps, il était juste un peu coincé dans un endroit qui ne ressemble en rien à son cadre de vie quotidien. Soeurette et son Warrior d’amoureux de mari vivent une vie pas tout à fait conventionnelle. Une maison faite maison à une trentaine de kilomètres de Montpellier, mais perdue au milieu de la garrigue, même pas dans un village. Un truc où le premier voisin n’est même pas à portée de vue. Un endroit où tu peux hurler des heures sans que personne ne s’en soucie. Sûr que quand t’as l’habitude d’aller chercher ton kebab au bout de la rue, regarder ton match de foot sur écran géant à deux minutes de chez toi, et claquer du doigt pour te retrouver dans un bus et aller où tu veux… là, tu te sens vraiment a poor lonesome cow boy ,…. a long long way from home….. lalalala…

Heureusement que la famille soeurette est du genre sociable et que pas mal de monde passe dans cette maison du bonheur, avec dix chats, dix chiens, un batteur fou, un sculpteur qui invente des histoires fantastiques comme il respire, une mère et une fille folles de cinéma et de Dexter, une amoureuse du batteur et un amoureux de la cinéphage….

J’ai déjà reçu x sms du nounours qui veut savoir à quelle heure ferme la FNAC. Trop heureux de pouvoir aller illico presto dépenser la quasi-totalité de son salaire dans l’achat DU casque dont il rêve depuis des mois. LE dr dre. LE à 250 euros pour le moins cher. Quand je pense que c’est pour écouter du rap… Allez on va dire que c’est le premier achat de sa vie avec un salaire. Et je dois dire que ça c’est un truc qu’on n’oublie pas. Finalement je me dis que s’il allait s’acheter trois fringues et se payait ses kebab avec le fruit d’un mois de travail, je  cois qu’il l’oublierait vite.

Je me souviens de mes premiers achats avec mes premiers salaires d’étudiante. J’étais dans le futile mais je sais que j’ai pris le bus pou Bayonne. Avec soeurette justement. Nous sommes allées au Galeries Lafayette appelées chez nous les « Dames de France », le paradis de Mamamia. Je savais ce que je voulais. La poudre libre « Plus qu’invisible de Dior », Le gros flacon de Chanel numéro 19, une palette deux couleurs de gris et un fond de teint de Lancôme. Puis j’ai traversé la rue. Je suis allée chez le bijoutier en face des Dames de France et j’ai acheté une paire de boucles d’oreille en or avec deux petits saphirs, qu’on m’a présenté dans un joli écrin en velours gris. Le soir même il ne restait pas un centime du salaire, alors que soeurette, elle avait dépensé trois sous. Je savais bien que tous les ans, les salaires de mes boulots d’été fondraient comme neige au soleil en quelques jours et j’aimais ça.

J’ai tout de même conseillé au nounours de prendre une assurance casse et vol parce qu’un casque sans fil ça s’arrache facile.

Dès ce soir je vais tenter de faire comprendre que la fête du n’importe quoi est terminée et que nous allons essayer de faire que ce mois de séparation n’aie pas été qu’un mois de séparation, mais une pause, une cassure qui nous permettra de reparti sur d’autres bases. Pas facile. Je doute que le père qui n’a donné aucune nouvelle, et n’en a pris aucune, ait réfléchi à tout ça.

J’ai vite mis fin hier à un chat avec un « ami de FB » qui se targuer de me donner des conseils sur ce que je devrais faire avec mes enfants pour les recadrer. C’est génial comme il y a des personnes qui sont trop fortes pour voir les défauts des autres. En fait les conseils j’aime bien les accepter quand je les ai demandés. Mais je n’aime pas trop qu’on m’en donne sans être sollicité. Surtout quand on a un seul enfant de six ans, que l’on gâte tellement qu’on ne peut plus entrer dans sa chambre tellement il y a de jouets, qu’on ne peut pas sortir d’un magasin sans lui avoir acheté une merde,  et que oui, ils sont tous trop adorables à cet âge !!!! Et que bon on verra à l’adolescence, ce que ce bel enfant fera. Et on bien si le cadrage préconisé pour mes enfants est encore valable et surtout efficace pour ce chérubin…

Donc je vais recommencer à faire ce que je peux avec mes propres tdc, même si je ne fais pas très très bien…

Et je vais avoir une belle pensée pour une amie que j’aime beaucoup, avec une vie « normale » un mari, une belle maison, une éducation solide pour ses enfants dont tu te dis que là ça cadre « perfectly ». Je sais que son fils de tout juste 18 ans est sorti cette semaine de prison. Je le sais par mes tdc qui sont amis avec lui depuis la poussette, et maintenant sur FB. Je sais que c’était un enfant adorable et intelligent, doux et rêveur. On s’est perdus de vu trois quatre ans, et je le vois sur FB avec son mètre quatre vingt dix, et toujours son regard doux et rêveur. Les tdc me disent qu’il a envie de les revoir et de se faire un mac do avec eux, un truc d’ados quoi. Et puis plus rien. Normal, il était incarcéré depuis quelques mois.

C’est triste et dur. Pour lui. Pour ses parents. Où a eu lieu le bug, quand, comment.

Alors, j’ai envie de dire à ceux qui jugnet et sonnent des conseils « ON VOUS EMMERDE !!!! » et si vous faites mieux avec les votre, bravo, et surtout tant mieux pour vous.





dimanche 11 mars 2012

A peine un printemps...


Ce matin, le printemps est venu me chatouiller les narines.
Il arrivera peut-être à faire fuir l’humeur morose de ces dernières semaines.
Je suis vraiment et réellement fatiguée de cette vie qui n’en est plus une.
On a beau dire et me dire que « faut pas s’attacher à cette société de surconsommation », que le fric, tout ça ça vaut rien… Et autres balivernes, on a beau dire, en tout cas le jour où tu sais que tu ne pourras te servir de tons alaire que pour acheter un peu à bouffer et encore pas tout le mois, et aussi mettre un minimum d’essence dans ta bagnole juste pour pouvoir aller bosser, ce jour là, dis moi si le pognon c’est pas important et autre baliverne.
Le jour où tu sais que ton gosse en bave et qu’il aurait besoin d’un peu de fric et que toi-même t’as juste assez pour ta bouffe, ben tant pis, tu racles dans le fond de ton sac et tu lui files tes pièces quand même. Et tu te dis, je sais pas comment sera ma semaine, mais je me débrouillerai toujours.
Ne plus pouvoir s’offrir aucun plaisir, sans se demander si ce n’était pas une erreur. Regarder un magazine, une fleur, un cd, et se persuader qu’on en a pas besoin. Parce qu’il est vrai qu’on n’en a pas besoin pour vivre.
La semaine dernière j’étais devant un distributeur avec ma carte, pour retirer et aller faire mon marché. A côté une femme mendiait. J’ai fouillé dans mes poches et lui ai donné un euro. Puis j’ai voulu retirer vingt petits euros pour moi, et aller boire un café avec frérot. Mais, déjà, le loyer était passé et je n’avais plus le droit de jouer avec ma carte. Je suis allée acheter mes trois carottes, deux aubergines et je suis rentrée sans avoir bu le café, avec des larmes plein la tête. Et l’envie de hurler que j’en avais plein le cul.
Cette semaine la Caf m’a donné mes 60 euros mensuels. J’ai pu faire mon petit tour au marché, le cœur plus léger. Je me suis accordée un peu de beurre frais à la motte et même un morceau de Brie. Je savais que ce n’était pas raisonnable, parce que le beurre en plaque de lidl est dix fois moins cher et c’est du beurre aussi.
Et comme il faisait beau, et que la lutine était avec moi, et que c’était presque le printemps, on a bu un petit verre en terrasse au soleil. J’ai même accordé à la lutine qui le réclame depuis longtemps un magret frite.
Quand tu es dans la merde, ton cerveau se transforme en calculatrice et à chaque petit plaisir tu comptes combien il te restera ou combien il ne te restera pas.
Le moment de plaisir au soleil en terrasse, aura couté trente euros. Un putain de magret servi sans le sourire, pas super bon, 22 euros. Ca donne pas envie de revenir. Et ça fait réfléchir, aux petites patates nouvelles qu’on aurait pu acheter, et au magret qu’on aurait pu préparer pour dix euros.
Mais j’ai fait plaisir à la lutine, j’ai passé un bon moment avec frérot. Alors tant pis.
Je voudrais être libérée de cette chaîne là.
Pour mes enfants mais aussi pour moi parce que j’y ai droit, aussi.
On ne raconte pas ce genre de choses. On les cache. Parce qu’on a honte d’en être arrivé à cette situation. Parce qu’on sait très bien que les gens en face, pensent que forcément si on en est là c’est qu’on se débrouille mal. Mais s’ils savaient à quel point c’est usant. Et que même si on a déconné un jour, on le paie le prix fort, et pour très longtemps.



vendredi 14 octobre 2011

Et toi, t’es là pour quoi toi ???



Une salle d’attente d’IRM, c’est comme qui dirait une petite réunion de famille. La famille de ceux qui ont mal quelque part. La famille de ceux, qui ont essayé les médicaments, les ostéos, les radios, les échos et que ça n’a toujours rien donné….
Mardi j’ai fait l’expérience de la salle d’attente d’IRM.
Depuis toujours j’ai cette manie d’être dedans et pas dedans. Petite, il y avait toujours un moment dans les réunions de familles ou d’amis, ou je me sentais non pas au-dessus, mais hors du groupe. J’étais au milieu du groupe mais je ne n’en faisais pas partie,  je réfléchissais, j’observais chacun comme un étranger, un inconnu, de qui j’avais tout à découvrir. Je prenais conscience du moment, en essayant de le graver dan ma mémoire pour le futur. Je regardais les adultes en pensant que moi aussi un jour, je serai dans ce groupe, de ceux qui ont des soucis, de ce qui ont tous les droits (hahaha !!! une idée d’enfant…). Bon je ne vais pas en faire un roman, ni un fromage, ni un fromage-roman, mais je n’ai pas perdu cette habitude.
Quand je suis entrée dans la salle d’attente de l’IRM, il y avait déjà huit ou neuf personnes. Il restait juste une petite table suédoise avec un Gala, un Femme actuelle, et une page volante qui dataient tous de la guerre de 14, les sièges étaient tous occupés. Je me suis donc calée sur la table au coin de la pièce, accueillie par le « Bienvenue au club ! » d’une des patientes. En fait non, ce n’était pas une patience mais une accompagnante de patiente. La petite dame accompagnante, caleçon rentré dans les chaussettes de tennis, baskets de marche, sacoche en bandoulière, était en fait la GO du groupe de ceux qui viennent pour l’IRM. C’est comme si le fait d’avoir mal quelque part, nous soudaient comme les doigts de la main, comme si on était des vieux potes de souffrance… On se regarde tous, complices, avec une sorte de « vous aussi » dans l’œil… Alors ça donne le droit de se poser des tas de questions même les plus indiscrètes. Ce genre de situation me rend un peu autiste. Je veux bien faire un petit sourire à droite un petit sourire à gauche, mais bon de là à raconter ma vie, j’ai beaucoup plus de mal. En trois minutes, j’avais compris que la GO, était la chauffeuse de salle d’attente. Ceci me permit de comprendre que sur les dix personnes, il n’y avait que 5 souffrants. Une jeune femme venue avec sa grand-mère, un couple de moncoeurmonamour frais, un couple de mon vieuxcoeurmonvieilamour, la GO et sa patiente, et un homme seul. Et moi. J’ai aussi compris que la complicité qui régnait datait de plus de deux heures pour certains !!! Le vieux couple, était arrivé à 16 heures en même temps que le jeune couple, et il était plus de 18 heures. Venait ensuite la GO dont la patiente était à ce moment là sur le grill, enfin dans le maxi rouleau de PQ. Elle souffrait de migraines, et elle avait tout essayé, l’allo, l’homéo, m’ostéo, les plantes, l’argile, enfin tout tout tout, et aucun médecin ne pouvait la soigner. Si bien que quand elle est sortie du rouleau, nous savions qu’elle était prof de gym, qu’elle avait la migraine, qu’elle habitait Pessac, et qu’elle avait un ménisque en moins de une semelle dans une chaussure. Mais elle, elle ne savait pas qu’on savait. La GO, après avoir demandé à patient tout seul ce qu’il avait, lui a dit que comme patiente du rouleau était prof de gym elle allait lui expliquer comment fonctionnait un genou. Et nous voila repartis, version la patiente elle-même, qui explique qu’elle n’a plus son ménisque, qui se déchausse pour montrer sa semelle, qui dit à patient tout seul que le mieux serait qu’il voit d’abord un ostéo, puis un podologue. Mais patient tout seul a l’air vraiment très con. Il ne sait pas ce qu’est un podologue et il dit qu’il va aller à Auchan pour s’acheter lui aussi une semelle. Et puis il se demande comment il va faire quand il va changer de chaussures. Je crois que mon ex-Ken a du souci à se faire pour son titre olympique de crétin…  Fort de tous ces conseils, patient tout seul, pourrait presque rentrer chez lui sans passer par la case IRM…Mais c’est son tour, il ne peut plu fuir. Il est d’ailleurs remplacé par un athlétique jeune homme venu avec sa môman. La c’est GO et sa pote qui se colle au diagnostic. La GO pense qu’il a les ligaments croisés : « Ca c’est sûr, vous avez les ligaments croisés, vous faites du foot je parie ? » Yes !! Elle en était sûre…. La prof de gym devrait de temps en temps donner un petit cours de biologie à la GO, et lui dire que les ligaments sont toujours croisés et que le problème s’appelle la rupture des ligaments croisés. Mais elle rompt l’interrogatoire quand elle apprend qu’il n’est même pas footballeur professionnel avec un petit « ah… » de déception. Il est militaire. Ca, ça plait à la copine qui prend le relais. Petite prescription, d’ostéo, de kiné…Il a son diagnostic avant le passage par le tube lui aussi.
Entre temps tout le monde a fait une petite hola d’adieu à vieux couple et à jeune couple qui sont partis en même temps. Bon courage, bon retour, pensez à nous quand vous aurez les pieds sous la table parce que nous on va dormir ci.
GO appelle toute sa famille pour prévenir que c’est long long long. Elle demande à Maman de fermer les volets, à Emeline de se faire chauffer un truc et de manger sans elle.  Elle, elle rêve d’une pizza. Puis elle appelle fiston, qui vit avec sa copine à Mérignac, pour lui dire qu’elle attend et qu’elle a envie d’une pizza. J’ai peur qu’elle n’aie plus rien à dire et qu’elle finisse par me demander pourquoi je suis là. Heureusement, bonheur bonheur, on m’appelle.
Quand je reviens, la GO est toujours là. Elle a envie de faire pipi. Cooooool. Je lui indique les toilettes. Mais elle me dit que c’est bon qu’elle peut tenir que quand même comme les gamins… Et d’ailleurs, sa fille………………. Heureusement re-bonheur, re-bonheur, le médecin vient de donner le compte-rendu à sa copine et je ne saurai jamais ce que sa fille……
Je suis moi-même sortie vers 21 heures. 3 heures pour un diagnostic, du médecin-radiologue et non pas de la prof de gym. Je n’ai rien. J’ai mal mais je n’ai rien. J’ai juste de gros seins et des soucis qui me donnent des contractures.