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mercredi 15 août 2012

Que dire ???


Je passe sur les détails. La maison de Pierrot de la lune et Mamamia est vendue. Une page se tourne. Ce n’est pas le sujet. Je veux être plus « légère »là.


En tout cas, le partage a fait que ce que je raconte sur ce blog de ma vie, si difficile ces dernières années, vient de prendre fin. Je l’espère. Je vais en tout cas tout faire pour.


La semaine dernière mon compte en banque a dû faire des triples sauts périlleux avant arrière et vrilles. 


J’avais deux comptes dans deux banques différentes. Sur le principal, salaire, charges, revolvings, en débit avant le 30 du mois, à moins 1500 le premier et bloqué dès moins 1800. Disons-le ouvertement maintenant. Inutile de décrire le stress, on en trouve des vrais morceaux entiers dans ce blog. Il en est truffé. Va pieds nus le blog avec des vrais morceaux de me…. ! 


Je pourrais maintenant expliquer comment jamais si une manne céleste ne vous tombe sur la tête, jamais on ne se sort de cette merde.


Explication pour les riches :


Tu as des emmerdes, voilà comment ton banquier va t’aider :


Par exemple, tu as reçu ta facture d’électricité, mais vu que tu es à moins 1800 tu ne peux pas payer, et vu que ça traîne depuis des mois, tu ne peux pas te chauffer alors que l’hiver arrive. Alors tu vas voir ton cofiescroc préféré, et d’un coup de souris magique, il te fait un chèque qui va régler ta facture. Ouf tu n’auras pas froid quand la bise sera venue !!!Enfin, si tu as pensé à faire virer le fric sur ton petit compte qui vivote dans une autre banque en attendant les allocs tous les mois avec juste 100 euros de découvert autorisé. Parce que si tu l’as fait virer sur l’autre, conne que tu es, ben le virement il a été bouffé tout cru illico presto par le compte à découvert, et quand la bise viendra, ben tu vas avoir froid aux fesses….


Donc le mois suivant, cofiescroc ton ami, celui qui aime tes projets et va t’aider à les réaliser, te ponctionne ta mensualité. Mais comme en plus du cofiescroc, t’as aussi le ridicule bonhomme avec du gazon vert partout, et puis un ou deux autres, qui t’aident pour ton projet de payer tes factures, la ponction est conséquente. Et comme tu es déjà dans la merde, alors, le banquier il dit « non non non, tu n’auras pas ta mensualité monsieur cofiescroc et les autres… ». Et paf dans les dents !!! Rejet de mensualité. Et paf dans les dents !!! Frais de rejet de mensualité. Et paf dans les dents !!! Frais de commission d’intervention. Et paf dans les dents !!! A la fin du mois, tu te retrouves avec tes 400 euros d’escroqueries impayées, plus les 200 à trois cents euros, oui tu lis bien, de frais de banque. Et tes yeux pour pleurer s’il te reste des larmes. 

C’était juste pour dire que si tu ne crois pas en Dieu ou une autre puissance là-haut, t’es mal, et ça tombe mal parce que je ne crois en rien de tout ça.



Autre scénario. Tu n’as pas d’emmerdes, voilà comment ton banquier va t’aider :


Cas perso donc.


Tout à coup comme dans vieille pub où un inconnu vous offre des fleurs, l’effet magique héritage, vient à toi. En premier, tu appelles les escrocs et tu leur dis que ça y est tu vas solder toutes leurs merdes. Et là c’est top bien comme ils t’aiment et t’appellent madame Méli-va-pieds-nus que j’aime, que vous êtes merveilleuse de tout régler d’un coup. Et toi tu prends un malin plaisir à juste pas tout donner d’un coup. Juste un petit 1000 euros pour commencer. Une mise en bouche… Et comme en plus tu as ton portable coupé, ton fixe coupé et que t’es pas joignable, le cofiescroc il peut même pas te joindre pour savoir pourquoi t’as pas tout donné d’un coup. Toi tu t’en tu donneras la semaine prochaine. Si t’as envie.
Mais tu sais que tu pourras donner. Et après tu leur feras un gros doigt. 

Puis après, t’écris un joli mot à ta banquière. Celle des frais. Et tu lui dis que ça y est tu es sauvée. Et elle te répond gentiment qu’elle est contente pour toi. Et comme par miracle dans la journée, tous tes frais du mois, sont annulés. Alors tu lui dis que bon en fait le fric tu vas pas le mettre chez elle. Que là tu vas juste mettre ton compte à zéro et après le fermer. Putain d’orgasme pour toi là !!! Depuis, silence radio. 

Et puis, sur ton petit compte, celui de la caf et de la pension alimentaire, celui à 200 euros par mois, tu attends que ça tombe. 

Et là tu vas au guichet. Et tout à fait innocemment tu dis à l’employé qui pendant des années t’as regardé sans te voir, "est ce que par hasard monsieur du guichet, j’aurais eu un virement ce mois-ci ?" Et la le mec qui te regarde mais te voit pas, clique avec sa souris crasseuse. Et dans ses yeux tu vois un « € » qui se dessine petit à petit. Enorrrrrrrrrrrrrme le «€ » !!!! Et là il te regarde et il te voit ! Il sait que tu es une dame puisqu’il t’appelle Madame et même il rajoute Madame Méli va pieds nus !!!!
Tu sens la  panique du :"je fais quoi là tout de suite. J’en tiens une et il faut que je fasse un truc vite fait !" Et hop ! il te propose de prendre un rendez vous avec un chargé de compte.
Ca fait des années qu’on te dit que tu peux pas parce que t’as pas ouvert ton compte dans ce bureau, qu’il faut appeler TON  bureau pour voir TON chargé de compte.
Et là, non seulement, on te propose un rendez-vous, ici même, mais aussi maintenant même !!! 

« Attendez un instant Madame Méli va-pieds-nus, je vais voir si un chargé de compte peut vous recevoir dans la journée. » Avec ta lutine vous jubilez …

Puis, dans les trois minutes chrono qui suivent, on vient te chercher. Si madame Méli va pieds nus, veut bien me suivre, et me permet de la précéder, je vais la précéder au bureau du Directeur de l’agence. LE THE DIRECTEUR THE BOSS, qui est déjà devant la porte de son bureau avec son sourire ultra brite, et ses yeux en « € » lui aussi. Et il s’excuse qu’il y ait du bordel su son bureau !!!
Ahahaha ! Là, tu prévois encore un nouvel orgasme, dans les minutes qui vont suivre. c’est alors un déferlement, que dis-je une diarrhée de guimauve et de flagornerie. Et tu te dis merde qu’est que ça ferait si j’avais juste placé le double ??? Le mec, il te dit qu’il a quatre filles, qu’il a acheté une maison de deux cents cinquante mètres carrés, et qu’il a  cinquante ans et qu’il eu un infarctus cette année.
Pour un peu tu te dirais qu’il te drague. Mais non il a une alliance. Et tu vois son bouton de sa chemise sur son petit bidon de banquier tout fier, et tu vois un centimètre carré de son bidon poilu de banquier tout fier, et t’as envie de lui gerber dessus. Tu lui dis que pas la peine de se branler sur ta jambe (bordel que je suis vulgaire), que tu es fichée à la banque de France, et que tu croules sous les revolvings… Et lui, même pas ça le décourage, il te dit que « on se défiche très facilement de la banque de France, ce n’est rien du tout à faire, sans frais ni pénalités, et que pour les revolving nous faisons des rachats de crédits….et il t'avoue même que les revolvings il a connu ça !!! ». 

Bon comme t’as un peu ton plan dans ta tête. Toi tu présente ton plan, qui est pas tout-à-fait ce qu’espérait le banquier tout fier… Mais de toutes manières là depuis quelques instants, tu es le client qui a du fric, et en plus t’as placé que t’as un salaire pas pourri, si ça ce trouve pas très loin du sien, vu que c’est la poste (je le dis, tant pis). Et aussi tu as dis que tu allais peut-être faire virer ton salaire chez eux, que tu réfléchis parce que tu veux aussi ouvrir un compte ailleurs dans une banque coopérative… Histoire de voir si ailleurs on est pourri de la même façon. Bon là c’est bon pour un autre vrai rendez-vous dans la journée si tu veux, tiens dans une heure si tu veux, pour tout poser sur la table et t’ouvrir tous les livrets de la terre.
Re-orgasme. 

Toi tu fais ta diva,"non finalement tu n’as pas trop le temps cette semaine, tu viendras disons vendredi, on n’est pas si pressé que ça, non ? "

Le banquier tout fier doit te quitter à regret. Il va te raccompagner à la porte de l’agence. Bon il s’excuse de passer devant toi dans l’escalier qui est « mauvais » parait-il… Limite, il fait pas une barrière de son corps de rêve, pour que je ne me frotte pas à tous les turcs, les togolais, les indiens qui viennent faire leurs mandats non stop dans son agence. Il me serre encore une fois la main, une fois en haut de l’escalier, une fois en bas, normal on est pote maintenant !!! La prochaine fois, il me claque la bise…

La lutine et moi, avons poliment attendu d’avoir passé la porte pour éclater de rire. C’est nerveux, parce qu’en fait c’est dégueulasse. C’est vraiment de la merde. Je pense à soeurette qui un jour à craché, vraiment craché, mollardé pour parler chic, sur le bureau de sa banquière, et je me dis que c’est tout ce qu’elle méritait.






dimanche 11 mars 2012

A peine un printemps...


Ce matin, le printemps est venu me chatouiller les narines.
Il arrivera peut-être à faire fuir l’humeur morose de ces dernières semaines.
Je suis vraiment et réellement fatiguée de cette vie qui n’en est plus une.
On a beau dire et me dire que « faut pas s’attacher à cette société de surconsommation », que le fric, tout ça ça vaut rien… Et autres balivernes, on a beau dire, en tout cas le jour où tu sais que tu ne pourras te servir de tons alaire que pour acheter un peu à bouffer et encore pas tout le mois, et aussi mettre un minimum d’essence dans ta bagnole juste pour pouvoir aller bosser, ce jour là, dis moi si le pognon c’est pas important et autre baliverne.
Le jour où tu sais que ton gosse en bave et qu’il aurait besoin d’un peu de fric et que toi-même t’as juste assez pour ta bouffe, ben tant pis, tu racles dans le fond de ton sac et tu lui files tes pièces quand même. Et tu te dis, je sais pas comment sera ma semaine, mais je me débrouillerai toujours.
Ne plus pouvoir s’offrir aucun plaisir, sans se demander si ce n’était pas une erreur. Regarder un magazine, une fleur, un cd, et se persuader qu’on en a pas besoin. Parce qu’il est vrai qu’on n’en a pas besoin pour vivre.
La semaine dernière j’étais devant un distributeur avec ma carte, pour retirer et aller faire mon marché. A côté une femme mendiait. J’ai fouillé dans mes poches et lui ai donné un euro. Puis j’ai voulu retirer vingt petits euros pour moi, et aller boire un café avec frérot. Mais, déjà, le loyer était passé et je n’avais plus le droit de jouer avec ma carte. Je suis allée acheter mes trois carottes, deux aubergines et je suis rentrée sans avoir bu le café, avec des larmes plein la tête. Et l’envie de hurler que j’en avais plein le cul.
Cette semaine la Caf m’a donné mes 60 euros mensuels. J’ai pu faire mon petit tour au marché, le cœur plus léger. Je me suis accordée un peu de beurre frais à la motte et même un morceau de Brie. Je savais que ce n’était pas raisonnable, parce que le beurre en plaque de lidl est dix fois moins cher et c’est du beurre aussi.
Et comme il faisait beau, et que la lutine était avec moi, et que c’était presque le printemps, on a bu un petit verre en terrasse au soleil. J’ai même accordé à la lutine qui le réclame depuis longtemps un magret frite.
Quand tu es dans la merde, ton cerveau se transforme en calculatrice et à chaque petit plaisir tu comptes combien il te restera ou combien il ne te restera pas.
Le moment de plaisir au soleil en terrasse, aura couté trente euros. Un putain de magret servi sans le sourire, pas super bon, 22 euros. Ca donne pas envie de revenir. Et ça fait réfléchir, aux petites patates nouvelles qu’on aurait pu acheter, et au magret qu’on aurait pu préparer pour dix euros.
Mais j’ai fait plaisir à la lutine, j’ai passé un bon moment avec frérot. Alors tant pis.
Je voudrais être libérée de cette chaîne là.
Pour mes enfants mais aussi pour moi parce que j’y ai droit, aussi.
On ne raconte pas ce genre de choses. On les cache. Parce qu’on a honte d’en être arrivé à cette situation. Parce qu’on sait très bien que les gens en face, pensent que forcément si on en est là c’est qu’on se débrouille mal. Mais s’ils savaient à quel point c’est usant. Et que même si on a déconné un jour, on le paie le prix fort, et pour très longtemps.