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jeudi 20 octobre 2011

Elisa, c'est moi qui te cherche les poux....


                        HAAAAAAAAAAA……….. Encore une héroïne des temps modernes comme les médias aiment nous les exhiber, histoire de nous coller notre petite vie dans la tronche et de nous faire méditer…
Perso, j’ai travaillé toute la journée, comme toi, toi et aussi toi. J’ai répondu aux sms de mon nounours, j’ai eu la lutine plusieurs fois dans la journée au téléphone. A midi vite fait mal fait hachis Parmentier pas bon acheté chez La dinette voisine, parce que ce matin j’étais tellement ric-rac, que je n’ai pas pris le temps de me faire mon petit Tupperware. Et puis trois jours de risotto, même s’il était bon, ça commence à faire. En ce moment je vois ma kiné, oui c’est une, le un étant sur liste noire, je la vois donc à 8 heures le matin. Alor je pars un peu à l’arrache, jute douchée, habillée, sans petit dej’, parce que j’ai bien compris que cette kiné ne plaisante pas avec l’heure. Ni avec les ratés, si on rate une séance sans prévenir, on peut aller se faire masser ailleurs. Alors, kiné, boulot, repas, boulot, embouteillage, créneau sur une sortie de garage pour course qui va prendre trois minutes, re-embouteillage, maison, ouf, journée terminée. La lutine dort chez une pote, le nounours finit à 20 heures et mange au lycée. Je peux me poser dans mon canapé pour reposer mon dos, explosé par la douleur. J’ai mal, j’ai envie de pleurer à force de ne plus pouvoir me baisser sans avoir la sensation que mon dos va se déchirer en deux. J’ai envie d’avoir quelqu’un qui m’attend chez moi pour me cocooner, pour me préparer un bon petit repas. J’ai envie qu’on me dise assieds toi tu ne t’occupes de rien. J’ai envie que tout soit rangé, que le lave-vaisselle soit vidé, que le sol soit propre, que mon lit soit fait. J’ai envie d’avoir une chambre pour pouvoir fermer la porte et dire je me repose dans mon coin, sans bruit, je reste allongée un moment au calme et ça ira mieux après. J’ai envie que les deux ados ne se disputent pas pour rien, ne me réponde pas c’est pas moi c’est l’autre quand je dis que je n’aime pas trouver la bouteille de coca sur la table du salon avec les verres, le pot de nutella avec le couteau planté au milieu, et le couvercle sur la table de la cuisine….
Alors quand on me présente une jeune femme qui s’appelle Elisa Tovati, et qu’on me dit qu’elle est vraiment extraordinaire, non pour ses talents de chanteuse que je ne connais pas, ni pour ses talents d’actrice que je ne connais pas plus, mais parce qu’elle est actrice, chanteuse, maman d’un petit garçon et enceinte. Mon dieu mais quel exploit incroyable. Je ne supporte pas cette question : Claire Keim, Sophie Marceau, Mathilde Seigner, et alter, star et maman, mais comment faites vous donc ???!!!!!
Et là, la star, elle fait sa fille toute simple, et modeste, elle répond, « Mais comme toutes les mamans de mon époque, j’aime être la pour aller chercher mes enfants à l’école, et pour leur tartiner leur nutella, et leur donner leur bain et puis leur lire leur histoire…. Voyez, naaaan moi, ma priorité c’est ma fille ou mon fils…. Même si je leur donne peu de temps, c’est un temps de qualité, car c’est bien ça l’important non ???? »
Et toi, tu lis ça ou tu regardes ça et tu te dis moi quand je lis l’histoire j’ai envie qu’elle soit brevissime, parce que je suis cannée et j’ai envie d’aller m’affaler au plus vite dans mon canapé pour regarder Desperate Housewife… tu lis ça, et tu te dis que toi tes moufflets ils vont à la cantine et à la garderie, et que quand tu les récupères l’heur du goûter est bien loin….
Alors quand je vois Elisa Tovati, qui donne trois interviews dans la journée dans un palace parisien devant un jus d’abricot, puis qui va se faire un petit essayage dans une boutique où la patronne en personne vient lui ajuster sa veste, puis sort de chez un fleuriste avec une gerbe de roses blanches pour l’anniv de son papa et héler un taxi, parce qu’elle est en retard et que le métro ça n’ira pas assez vite…. J’ai envie de lui donner trois claques et aussi au rédac chef de la rubrique. J’ai envie de dire mais allez y prenez nous pour des cons, des connes plutôt. Et quand je l’entends dire que les fringues elle les trouve dans une petite boutique, toute simple, où on les lui prête, parce qu’elle n’a pas le temps, ni la place dans les placards, et pas les moyens non plus… Et quand je la vois entrer dans son appart tout design, tout confort, tout blanc et beige, avec des murs laqués, et la future chambre du bébé où pour l’instant est installée l’architecte qui va la décorer… Je me dis que la vie de star c’est trop dur… Et que ça en fait un tas de problèmes à gérer, une telle vie !!!!


mercredi 12 octobre 2011

Un rêve rose...


Je ne me souviens plus si j’ai déjà raconté ou pas ce qui va suivre.
J’ai à vrai dire très peu envie de vérifier dans mes anciens posts, si je me répète, ou pas.
C’est un autre  rêve. D’il y a 14 ans.
Parfois ils ont du sens, parfois ils n’en ont pas, quoique… Parois il ne faut pas chercher. Et parfois sans avoir besoin de chercher tout prend un sens.
Ce  matin là, je me réveillais avec un rêve fort, comme imprimé dans mon cerveau.  Un vrai film avec des images d’une précision incroyable. J’avais la certitude qu’il avait un sens. Il me fallait le noter au plus vite.
Je notais la date. 17 mars. 1997.
Je me trouvais dans un hôtel. J’attendais un homme. Aucune impatience en moi. J’attendais tout simplement.  C’était un homme que je connaissais déjà, et c’était lui qui m’avait invitée. Ce qui est important et palpable dans ce rêve c’est que cette invitation ne me rend pas joyeuse, ni triste. Elle me laisse indifférente. L’homme arrive. C’est un bel homme brun. Nous sommes assis l’un face à l’autre. Il sourit, et je comprends qu’il est amoureux de moi. Pas moi. Devant moi il y a un verre ballon. Il me demande de regarder ce qu’il y  a dans le verre. Il dit que c’est un cadeau pour moi.  Le verre est empli de farine blanche. Il me dit qu’il y a quelque chose pour moi dans la farine. Je fouille et je trouve une petite boîte en velours gris entourée d’un nœud rose. J’ouvre. Je découvre une bague. Elle est en or. Elle représente un masque du carnaval de Venise. A la place des yeux il y a deux rubis qui me fixent. L’homme attend que je sois heureuse de recevoir cette bague, il sourit. Je déteste les masques de  Venise. J e les trouve sinistres. Je n’aime pas la bague. Je ne le dis pas. Mais je sais que l’accepter est accepter l’amour de cet homme qui m’est totalement indifférent. Mais il a l’air si heureux de m’offrir ce cadeau, que je n’ai pas le cœur de le refuser, malgré ce que cela implique… Le rêve continue,  je ne sais comment, je me revois à un moment assise en face de cet homme qui me raconte une blague que je trouve inintéressante. Je m’ennuie avec lui, mais je reste.
La semaine qui suit ce rêve j’ai vu ma psy, et je lui ai lu ce que j’avais noté. Elle voyait bien dans cet homme mon mari, et je n’avais pas eu besoin d’elle pour l’y voir aussi. Mais le mystère était dans ce verre rempli de farine. Il était difficile d’y trouver ou d’y donner un sens.
Le temps a passé. Quelques semaines.
A mois de mai, j’étais en vacances. Nous ne partions jamais nulle part avec Ken ou très rarement. Je m’ennuyais chez moi, dans mon canapé qui à l’époque n’était pas noir mais jaune. Je regardais tous les films les uns après les autres sur canal plus. Souvent je n‘en voyais pas la fin car ils m’endormaient. Je me réveillais pour boire du Perrier car pendant ces vacances là, je m’étais soudainement mise à acheter frénétiquement cette boisson par packs de 6. 
Cet après-midi là c’était « Neuf mois », le film. Philippine Leroy-Beaulieu se plaignait de son état de femme enceinte : envie de fraises, salive permanente dans la bouche, et envie de dormir. J’entendais sa plainte dans une somnolence. Et je me disais que moi aussi depuis quelques temps je salivais tout le temps… Et aussi que je dormais beaucoup…. Mais je n’vais pas envie de fraises. Quoique si je remplaçais les fraises par le Perrier. Heureusement, j’étais stérile, dossier rouge chez la gynéco-endocrino qui me suivait depuis dix ans. Sinon j’aurai pu croire que moi aussi… Cela me fit sourire. Et je le racontais à ma psy à la séance suivant. Elle sourit en me disant que ça lui rappelait le petit paquet dans la farine avec le nœud rose, et me demandais quand j’avais eu mes dernières règles. Comme c’était du grand n’importe quoi dans ce domaine, je ne pouvais pas lui répondre. Elle me dit de peut-être réfléchir à tout ça.
Il me fallut faire un tas de calculs pour retrouver la date de mes dernières règles. Vers la fin février début mars. Et puis j’essayais de me remémorer la dernière fois où Ken et moi avions eu une relation. Je les distribuais au compte-goutte. C’est avec ce bref calcul que je me rendis compte que la dernière fois remontait au 15 mars. Un peu, juste au moment d’une éventuelle ovulation. Heureusement j’étais un dossier rouge stérile…. Quoiqu’une petite vérif… Une heure plus tard j’étais devant mon test de grossesse. Et trois minutes plus tard, j’ étais paralysée dans mes toilettes, devant le petit plus du test.
Bref, voilà j’étais enceinte, la nidation avait eu lieu le 17 mars à peu près. Nuit du rêve.
Je n’avais pas envie de cette grossesse. J’avais me deux enfants adoptés. Ils me comblaient de bonheur. J’ai décidé de prendre rendez-vous pour avorter. Quand j’ai revu Ken qui était parti en vacances de son côté, je lui ai fait part de la situation. Je lui ai donné le week-end pour réfléchir à ce que lui voulait.
Lui voulait de cet enfant. Moi pas mais j’ai décidé de le garder tout de même.
La lutine est là. Elle est précieuse. Plus belle que ce masque dont je ne voulais pas et que j’ai gardé.



samedi 22 janvier 2011

Une autre histoire

Bon comme on le devine, l'histoire d'hier ne s'arrête pas à ces deux enfants-là, une surprise est venue quelques années plus tard avec l'arrivée de la lutine. Et quand elle a su qu'on avait écrit pour son frère et sa soeur, elle a réclamé son histoire a elle.
LA voilà donc aussi :

Ma maman sait lire. Et ma maman sait aussi écrire. Elle a 5 carnets dans son grand sac rouge. Elle a un feutre orange qu’elle perd tout le temps, alors dans ses carnets il y a des mots de toutes les couleurs. Parfois, je lui pique son carnet et je mets des petits dessins et des petits mots avec des « je t’aime » et des cœurs. Mon frère aussi met des mots. On fait ça quand on veut lui demander d’aller manger au fast-food ou à la pizzeria et qu’on ne sait pas comment lui dire. Mais ma maman elle n’écrit pas que dans ses carnets. Elle tapote sans arrêt des mots sur son ordinateur. Elle écrit, elle écrit, et parfois ça nous agace beaucoup, car pendant ce temps elle ne joue pas avec nous.



Ma maman avait écrit une fois une histoire pour mon frère et ma sœur. Mais je n’étais pas encore née. Ca racontait une famille avec un papa, un maman une petite fille et un petit garçon, un chat, un poisson et une maison verte. Moi, je suis venue après. Je ne me souviens pas de la maison, parce que j’étais un bébé, quand notre famille s’est un peu compliquée et qu’on est partis.



D’abord on a déménagé tous ensemble avec notre Labrador et notre chat mais le poisson était mort depuis longtemps. Mais dans cette nouvelle maison, papa et maman ne s’asseyaient jamais plus l’un contre l’autre dans le canapé. Souvent, papa rentrait très tard et on mangeait juste avec maman qui était très énervée.



Un jour, mon frère, ma sœur et moi, on est partis en vacances chez papi et mamie. Quand on est revenu le dimanche soir, on a mangé tous ensemble pour une fois. Je crois bien qu’on mangeait de l’omelette. Et tout d’un coup maman a dit : « Il faut qu’on vous parle ». J’espérais que ça irait vite parce que je n’aime pas l’omelette froide. Elle a d’abord dit qu’avec papa ils nous aimaient très fort. Et là, j’ai senti que l’omelette allait refroidir sérieusement. Papa a dit « Pas maintenant ! ». Lui non plus il n’aime pas l’omelette froide. Maman elle adore ça, elle la sort du frigo et elle la picore quand il en reste. Alors elle a fait comme si elle n’entendait pas et elle a continué de parler. Elle a dit que Papa et elle n’étaient plus des amoureux.



Elle a dit qu’ils n’avaient pas de peine.



Elle a dit que papa aimait une autre dame.



Elle a dit qu’on allait divorcer.



Elle a dit qu’on vivrait la moitié du temps avec elle et l’autre moitié avec papa et la dame.



Elle a dit qu’il ne fallait pas être triste, et que tout allait bien se passer.



Ma grande sœur a pleuré et dit qu’elle n’avait plus faim.



Mon frère a demandé si la dame était plus jeune que maman et s’il pouvait finir l’omelette de ma grande sœur.



Moi, je crois que j’étais trop petite et je ne sais plus si j’ai dit quelque chose.





Après, on est allés au lit et le labrador a mangé l’omelette froide.



Le lendemain, c’était comme avant.



Puis, un jour on a rencontré la dame dans un restaurant et papa nous a dit que bientôt on irait dans une nouvelle maison et qu’elle habiterait avec nous, mais sans maman bien sûr.



Au mois d’avril, on a commencé notre vie compliquée. Papa a pris la grande télé, un des deux canapés jaunes, des assiettes et le labrador, maman a gardé l’autre canapé jaune, le piano, et la grande armoire, et aussi le chat. A partir de ce jour, on avait deux maisons, deux chambres, un papa, une maman, une belle-mère, mais on gardait la même école et ça c’était quand même bien.



Bien sûr, tout ça, voulait aussi dire, deux Noël, deux anniversaires, deux petites souris.



On a noté sur un grand calendrier les jours avec maman et ceux avec papa. Parfois, on s’y perdait un peu. Le plus dur c’était le jour où on changeait. Il fallait quitter ou papa ou maman. On était contents de retrouver papa mais tristes de laisser maman. Puis le dimanche suivant, on était contents de retrouver maman, mais tristes de quitter papa. C’était un peu comme si notre cœur était déchiré en deux.



Il fallait bien qu’on s’habitue puisque ça ne changerait plus jamais.



Dans chaque maison tout était très différent. Dans chaque maison, il y avait des choses bien et des choses pas très bien.



Papa s’est marié, et il a fait un petit frère et une petite sœur, il a acheté une nouvelle grande maison et une très grande voiture, mais il est plus sévère qu’avant.



Maman ne veut plus de maris, elle a parfois des amoureux mais ne nous les montre pas. Elle a de tas d’amis qui viennent souvent avec leurs enfants. Souvent ce sont aussi des familles compliquées comme la notre. Alors on sait qu’on n’est pas les seuls.



Chez papa tout est rangé. Chez maman tout est en bazar.



Chez papa on a des pantoufles. Chez maman on marche toujours pieds nus.



Chez papa on est très sages. Chez maman on est un peu foufous.



Parfois, quand j’arrive de chez papa, je me trompe et j’appelle maman Clara, comme ma belle mère… Maman fait comme si elle n’entendait pas et elle ne répond pas, mais je vois sa bouche qui fait une drôle de grimace pas contente. Il faut dire que maman et Clara ne sont pas vraiment très copines. Parfois elles font semblant, elles parlent un peu de nous, de l’école, des bêtises, mais quelquefois elle n’arrivent pas à faire semblant, et là…. Je ne vous raconte pas, parce que ça barde et on voit vraiment qu’elles ne sont pas des copines.





Ce qui est sûr c’est que tous ensemble, on est une famille. Même si maman et Clara ne sont pas des copines, nous on les aime toutes les deux, et aussi notre papa, et mon petit frère et ma petite sœur. Et puis, nous on est heureux dans notre famille compliquée. A la télé on dit famille recomposée, et parfois aussi on parle de famille normale. Normale ? C’est idiot, une famille normale, ça ressemble à quoi ? L’important c’est l’amour de son papa et de sa maman, qui lui ne change jamais.







Publié par la méli-mélo à l'adresse 01:48

vendredi 21 janvier 2011

MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR... C'EST EUX

Un jour j'ai appris par une maman d'un petit garçon qui était  l'école avec ma gazelle, que la gentille enseignante de CP, l'avait traitée de menteuse. Elle s'était bien gardée de me le raconter. Il fallait dire où l'on était né. La gazelle dit Bordeaux. Et la maîtresse lui affirma que non. Mais la gazelle qui ne lâche jamais le morceau, s'entêta. Alors la maîtresse la traita de menteuse ce qui fit rire tous ses camarades. Alors j'ai écrit cette histoire de ma gazelle et de son frère. Depuis longtemps j'avais commencé de la mettre sur le papier et je la racontais quand la gazelle la réclamait. Alors je suis allée voir la maîtresse, je lui ai expliqué que ma fille ne mentait pas et que plutôt que de parler sans savoir, elle allait en guise d'excuse lire cette histoire à toute la classe. Ce fut fait.
 Par la suite, on m'a dit envoie à un éditeur. Et la ce fut mon aventure Flammarion, on prenait mon histoire et d'autres. Une bonne année d'échanges, comités de lecture et blablabla. Et puis je me suis fâchée car on voulais que de mon texte je fasse un résumé. J'ai donc dit merde à Flammarion.
Depuis, je le ressors de temps en temps.... Mais juste pour les amis.


Dans ma famille, nous sommes quatre. Mon père, ma mère, mon frère et moi. Ah oui, j’oubliais, il y a le chat et le poisson, ça fait donc six. Jusque là, rien de très original.



Mais dans notre famille, il y a quelque chose de différent. Personne ne ressemble à personne. Le chat ne ressemble pas au poisson, le poisson ne ressemble pas à mon frère, mon frère ne me ressemble pas, je ne ressemble pas à ma mère, et ma mère ne ressemble pas à mon père.



Le chat est noir comme du charbon et ses yeux sont verts. Le poisson est rouge comme un coquelicot et ses yeux sont noirs. Mon frère est plutôt de la couleur d’un grain de café grillé. Moi, j’ai la couleur d’un bâton de cannelle. Ma mère est le plus souvent blanche, sauf quand je dis des bêtises et qu’il y a du monde, alors là, elle devient aussi rouge que le poisson. Mon père est plutôt blanc l’hiver, et l’été il a presque la même couleur que moi.



Comment on a fait ça ? Je vous explique. On s’est adopté. Adopter, ça veut dire qu’on a d’abord vécu les uns sans les autres, et que dès qu’on s’est rencontré, on était tellement bien ensemble, qu’on ne s’est plus quitté. Adopter, ça veut dire que même si on est tous très différents les uns des autres, on peut s’aimer très fort.





Ca a commencé par mon papa et ma maman. Lorsqu’ils se sont rencontrés, papa a aimé que maman soit petite, bavarde et qu’elle ne lui obéisse pas toujours. Maman a aimé que papa aie de grands yeux marrons avec de longs cils, qu’il bouge et ronchonne sans arrêt, et qu’il soit si tendre. Alors, ils ont décidé de rester ensemble. Puis, ils ont pensé que ce serait bien d’avoir des enfants.



Mais il y avait un problème avec maman. Elle n’avait pas d’ovules, ces petits trucs qui lorsqu’ils rencontrent les spermatozoïdes du papa donnent un bébé au bout de neuf mois. Maman était très triste, papa la consolait, il voulait avoir l’air fort, mais il était très triste aussi. Il fallait trouver une solution à ce problème. Ce bébé qui ne voulait pas venir dans le ventre de maman, il ne fallait plus y penser.



Ce qui manquait à papa et maman c’était un enfant à aimer, et après tout, on peut aimer d’autres enfants que ceux que l’on a fabriqués. Et dans le monde, il y a des milliers d’enfants malheureux parce qu’ils n’ont plus de parents. La plupart du temps, ils vivent dans des sortes de pensions où ils ont été accueillis. On s’occupe d’eux, on les fait manger, jouer et on leur fait quelques câlins de temps en temps. Et ils grandissent ainsi sans parents. Mais ce qu’on sait, c’est qu’un enfant, ça a besoin d’un papa et d’une maman rien que pour lui, d’une maison avec ses jouets à lui. Un enfant a besoin d’une famille.





C’est vers ces enfants déjà fabriqués et qui ne demandent qu’à être aimés que papa et maman allaient se tourner. Alors ils ont écrit aux personnes qui leur trouvent des familles pour demander qu’on leur confie un bébé. Mais ce n’est pas si simple. Il a d’abord fallu qu’ils disent pourquoi ils voulaient accueillir un enfant, comment ils allaient l’élever, l’aider à grandir. Ca a duré longtemps, très longtemps…Ils ont du raconter leur histoire à des tas de personnes très différentes. Des personnes dont le métier comme par psy…puis une assistante sociale, comme ma tatie Lolo, est venue les voir, elle leur a posé des tas de questions. Papa, qui n’aimait pas beaucoup l’école quand il était petit, se sentait redevenir un élève et avait souvent peur de mal répondre. Maman, qui elle adorait l’école, voulait toujours répondre le mieux possible et elle parlait beaucoup, car elle voulait qu’on comprenne combien elle voulait cet enfant.



Un jour, papa et maman avaient enfin donné toutes les réponses et il ne restait plus qu’à attendre.





Ce fut long, très long…Mais ils gardaient l’espoir car ils étaient sûrs dans leur tête et dans leur cœur que cet enfant viendrait. Alors ils préparaient des tonnes et des tonnes d’amour pour quand il serait là.





Pendant ce temps, ailleurs, pas très loin, je suis née. Ma maman, celle qui m’avait eu dans son ventre, mon papa, celui avec qui elle m’avait fabriquée, ne pouvaient pas me garder. Mais ils m’aimaient très fort, puisque je suis née. Alors ils ont préféré que l’on me trouve un autre papa et une autre maman. Il paraît que comme ma maman adoptive, ma maman biologique était blanche. Mon papa, lui, était africain et noir. C’est pour ça que je suis métis.



En attendant d’être adoptée, je suis restée dans une pouponnière. Là, il y avait d’autres bébés comme moi. On dormait tous ensemble, on mangeait tous ensemble, et souvent on pleurait tous ensemble. Et puis, un jour, on m’a mise dans une chambre pour moi toute seule et on m’a dit au creux de l’oreille : « Tu as un papa et une maman. Ils vont bientôt venir te chercher ».





Le jour de notre rencontre, on m’avait bien habillée. J’étais installée sur mon transat lorsqu’ils sont entrés. Ils avaient des sourires immenses et de l’amour et des larmes plein les yeux. J’ai tout de suite compris qu’ils venaient pour moi, alors je me suis agitée tant que j’ai pu pour le leur montrer et j’ai souri moi aussi. C’est aussi ce jour-là que j’ai connu Misou mon nounours. C’est mon papa qui me l’a posé sur le cœur. C’était ça le bonheur pour eux et pour moi.





Aujourd’hui, j’ai six ans et demi. Je suis une grande fille toute fine, je n’arrête pas de bouger, de courir, je grimpe partout et j’ai, paraît-il, un sacré caractère.





Pendant six ans, j’ai eu mon papa et ma maman pour moi toute seule. Mais je rêvais d’avoir un petit frère ou une petite sœur comme mes copines de l’école. Papa et maman aussi le voulaient très fort. Cette fois-ci, on était trois à attendre. C’était long, très long… Et puis, un jour, on nous a téléphoné pour nous dire qu’un petit garçon nous attendait loin, très loin : au Mali. Maman et moi, nous avons pris un globe et elle m’a montré où était mon petit frère. Elle m’a expliqué que c’était un pays très pauvre, que là-bas les enfants ne mangeaient pas tous à leur faim et qu’ils n’étaient pas gâtés comme ici, même si leurs parents les aimaient très fort. Un de ces enfants allait devenir mon petit frère.





Le lendemain, je l’ai dit à tout le monde à mon école. Papa est parti tout seul chercher le petit frère. C’était long d’attendre…



Puis, un matin, mes mamies, mes papis et plein d’amis et ma copine Anouk sont venus et on est tous allé à l’aéroport. Et on a encore attendu…Maman était toute rouge et elle semblait très impatiente. Moi aussi j’étais impatiente, mais je n’étais pas rouge.





Quand papa est apparu avec le bébé dans les bras, encore une fois, tous avaient des sourires immenses et de l’amour et des larmes plein les yeux, sauf ma copine Anouk et moi. Le bébé, lui, avait de grands yeux tristes et fatigués, et il s’est aussitôt blotti contre maman. Il n’arrêtait pas de me regarder, et son premier sourire a été pour moi. J’ai tout de suite su que mon frère et moi on allait bien rigoler tous les deux.





Bien sûr, j’ai du apprendre à partager, à faire moins de bruit, à être un peu plus raisonnable qu’avant. C’est parfois dur d’être une grande sœur. Heureusement, l’amour d’un papa et d’une maman ne se divise pas par le nombre d’enfants, il se multiplie. Et ça, c’est très important.





En tout cas, dans notre faille différente où personne ne ressemble à personne, il y a encore de la place pour d’autres enfants. La seule chose pour laquelle maman ne se décide pas à faire de la place, c’est un chien. Et ça, c’est quand même très énervant…