mercredi 25 avril 2012

Fragile bonheur


On se dit parfois que le bonheur est fragile.
Tous les jours, à tout instant, la vie nous tend des pièges…
Je lis souvent un blog, plein de bonheur, de vie, d’optimisme. Il parle d’une femme, de sa vie quotidienne, tourbillonnante, de son amour pour son homme, pour ses enfants pou son travail. Souvent il fait rire, relatant des situations cocasses.  Je n’y mets jamais de commentaires car il y en a des dizaines tous les jours, et je me dis que l’auteur n’a que faire de mes trois mots… Il y a quelques jours encore les visiteurs de ce blog partageaient les préparatifs des valises pour les vacances, on parlait de la joie de se retrouver dans un endroit qu’on aime, devant un verre de vin chaud, après une journée de ski. On sentait la chaleur de retrouvailles.
Une autre note le lendemain. Terrible. Quelques lignes. On comprend à demi mot qu’un enfant ou des enfants on ne sait pas sont morts. On comprend la douleur, le chagrin qui envahit la vie d’amis proches et la vie de cette femme qu’on connaît presque.
 J’ai tout de même osé mettre quelques mots de commentaires perdus au milieu de tant d’autres. Car la maladresse est mieux que l’indifférence… Elle est comme une main qui se pose sur une épaule et la serre un peu, pour dire qu’on est un peu là. Que la compassion n’est pas un gros mot…


Ca me ramène à la semaine dernière. Quand j’étais à Paris. J’étais joyeuse en prenant le métro ce soir là, et en pensant aux quelques minutes qui me rapprochaient de retrouvailles entre amis. Je pensais à tout ce que nous allions nous raconter devant un bon verre et un bon repas, et à ce havre de paix que serait cette soirée… Je pensais à toutes mes galères et me disais que quelques heures à les oublier ne seraient pas un luxe. La veille encore nous avions fixé l’heure du rendez-vous, parlé vite fait de choses et d’autres… Tout était léger encore…  Je n’ai même pas eu besoin de voir mon amie pour sentir que quelque chose clochait, sa voix seulement a suffi.
Depuis quelques heures, elle savait qu’elle était malade. Elle venait de le dire à celui qu’elle aime. Ils étaient abattus par cette nouvelle. Et je débarquais. Je me sentais comme une intrus dans cet instant. Je n’avais plus envie de parler de moi, mais juste d’essayer d’être la plus discrète possible dans cet instant. 
Il suffit d’une radio, d’une petite heure chez un médecin, pour faire basculer la vie dans une autre dimension. On pense à ses prochaines vacances, à la paire de chaussures dont on rêve, au verre de vin que l’on boira le soir, on pense à tous et à rien… Et puis soudain, on pense à ce truc qui s’est invité en nous, et qu’il va falloir combattre. Alors on oublie les vacances, les chaussures, et tout le reste et on devient l’ennemi juré de ce truc en nous. On pense aux forces à réunir, aux larmes qui vont forcément couler, à la peur de ceux que l’on aime, je dis ça mais je ne sais pas vraiment puisque je n’y suis pas. J’ai su tout de suite que même de loin, je serai celle qui garderait la main tendue, sans défaillir jamais. J’ai su que ma présence ce soir là, si elle n’était pas des plus opportune, devait être juste discrète et à l’écoute. Et c’est ce qu’elle devra rester. Car on ne peut parler ni se mettre à la place de celui qui souffre dans son corps. 
Ce soir là nous avons parlé longtemps de cette maladie qui rentrait dans leur vie, en buvant du champagne… Puis tout doucement nous avons parlé des élections, des enfants, des amis, du quotidien et de demain. Mais je me doute que dans sa tête à elle, il y avait, je vais voter et j’ai un cancer, j’ai des enfants et j’ai un cancer, un quotidien et un cancer désormais, et demain je devrais vivre pour virer ce cancer.  J’ai continué ma semaine en pensant à elle,forcée de faire avec cette nouvelle donne.
Que pourrai-je donner à part mon amitié profonde.
Quelques jours plus tard, nous avons parlé. Je ne sais pas trop comment on fait pour donner de la force, je me dis qu’on doit la puiser dans l’amour des autres. 
Je sais qu’elle va lire ces mots : « Je serai là chaque fois que tu en auras besoin. Je te l’ai dit, et je te l’écris. ».
Tu vas gagner. Je sais depuis toujours que u es une femme volontaire et qui ne renonce pas. Tu vas gagner.

2 commentaires:

  1. Très beau texte, émouvant et cruel. Votre amie a de la chance.
    Bon courage.

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  2. être là, c'est tellement important, présent , juste, sourire. Etre la vie.

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