mardi 2 août 2011

Je croyais être en vacances ...

Aider sans imposer. Laisser dire sans trop diriger la conversation. Protéger sans enfermer. Savoir ce qui serait bon sans pouvoir faire plus que le dire.
Depuis samedi je m‘impose tout cela.
La gazelle veut rester chez elle, alors qu’à l’évidence elle devrait s’éloigner de J.
Elle veut rester avec ses chats, dans son canapé, fumer et regarder ses émissions préférées.
Je ne peux pas la laisser entre les mains de son père. Dimanche il est venu déposer les tdc. En trois secondes, j’ai compris Que je ne pourrais pas partir en vacances et le laisser gérer la crise. A sa façon. Il m’a fallu écouter un tas de conneries pour enfin pouvoir lui faire le récit des évènements vécus côté Gazelle et moi. Il avait la version de J. et le plan échafaudé avec sa Barbie de femme…. Onfray écrivait le manuel d’anti-philosophie. Eux, ont créé l’anti-psychologie. De quoi faire faire un triple salto à Dolto au fond de sa tombe.
Bref, j’ai réussi à éviter qu’il déboule chez la Gazelle lundi matin pour la kidnapper et l’amener chez son médecin pour la faire interner. J’ai réussi à le persuader de passer deux minutes chez la gazelle pour juste l’embrasser et lui montrer qu’elle était là. Sans polémiquer, sans vouloir régler le problème d’autorité. Et j’ai réussi à lui faire accepter de m’occuper moi-même des contacts avec les psys, en lui laissant prendre en main les relations avec J., l’éventuel préavis et le déménagement s’il y a déménagement.
Hier matin, la gazelle était d’accord pour essayer une entrevue avec un psy. J’ai pris des contacts et finalement trouvé une structure d’accueil d’urgence à l’hôpital psychiatrique de Bordeaux. J’ai ainsi pu l’accompagner là-bas hier. J’ai eu peur de la voir partir en courant quant nous sommes entrées dans le hall d’accueil, rempli de personnes entre le jeune fille en pleurs et la jeune femme affalée de tout son long endormie dans un fauteuil, et celle qui somnolait assise.
Elle a d’abord été reçue par un infirmier psy et est sortie en larmes dix minutes plus tard, se jetant sur ses cigarettes. Dehors, elle laissait couler ses larmes. J’ai attendu puis suis allée la voir. Parler de son abandon, de sa mère biologique, du divorce et des évènements de la semaine passée, à cet inconnu était douloureux mais nécessaire. Elle l’a reconnu, mais se demandait pourquoi cet inconnu lui posait de si bonnes questions, et parlait si bien alors que J. ne savait pas le faire. Je lui ai fait comprendre que c’était là le métier d’un psy, d’où l’importance d’accepter une thérapie. Nous avons attendu encore des heures avant qu’elle puisse être reçue par un psychiatre. La Gazelle a failli partir en courant en voyant cette jeune femme complètement assommée par des médicaments, le visage rempli de bleus, qui n’arrivait plus à se réveiller pour se lever, si maigre, si perdue. Maria est sortie en disant qu’elle allait avoir une crise d’angoisse. De loin je surveillais qu’elle ne s’échappait pas.
Finalement vers 19 heures elle a été appelée pour l’entretien avec la psychiatre. Je savais que la gazelle aurait préféré parler à un homme. Elle est restée en entretien encore une heure et est sortie aussi en pleurant. Puis j’ai été étonnée que l’on m’appelle pour me parler. J’ai rajouté quelques détails à l’histoire de la Gazelle. Nous étions d’accord avec la psy pour dire que le plus urgent de s’éloigner de J. pour prendre du recul et de commencer une thérapie. Puis la Gazelle nous a rejoints. J’ai bien vu que le langage de cette jeune psy lui était un peu étranger et qu’elle ne saisissait pas tout ce qu’elle lui disait. J’ai donc traduit en langage du quotidien, et elle a compris qu’on lui demandait de s’éloigner de chez elle. Alors les larmes sont revenues.
Nous avons quitté la consultation avec une prescription d’un antidépresseur, un somnifère, et deux adresses de consultations psy. J’ai appris que la gazelle avait avoué faire des insomnies mais aussi de l’anorexie. Vu sa silhouette je m’en serais un peu doutée…
Bien sûr à peine entrée dans la voiture, la gazelle m’a demandé de la ramener chez elle, et malgré mes protestations, j’ai senti que c’est ce dont elle avait besoin.
Ce n’est pas le cœur léger que je l’ai déposée chez elle. D’autant plus qu’en partant j’ai croisé J. juste à côté.
Ayant un peu « oublié » que j’avais deux autres enfants, je suis rentrée pour réaliser que le frigo étant vide ils n’avaient rien mangé. Nous sommes donc partis aussitôt manger une salade à la victoire. J’ai vite compris ce qu’était l’angoisse, quand dès la commande passée j’ai vu que la gazelle m’avait appelée deux fois sans laisser de message. Nous avons réussi à avaler notre salade en 4° vitesse, et nous sommes rentrés illico. Finalement c’était juste un message pour dire qu’elle aurait eu besoin de pain… Mieux vaut en rire…
J’avais presque oublié à quel point avoir la Gazelle dans sa vie était une succession incessante de rires et de larmes, de chaud et de froid, de grave et de léger….

2 commentaires:

  1. bonjour, je ne fais que passer de temps en temps par votre blog et avoue aimer y lire vos écrits et leurs commentaires, souvent bienveillants; si je me permets aujourd'hui cette intervention c'est justement à cause de leur absence alors que vous avez vraiment besoin de soutien; bien qu'il soit difficile de vous aider dans les difficultés que vous devez affronter, vous et la Gazelle, je vous souhaite de tenir bon et ose vous conseiller de recourir également à une aide psychologique afin de continuer à rester forte...en vous espérant entourée d'amicales présences, courage

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  2. P... que dire? Que si ça arrivait à ma Princesse, je serais capable de tuer..? Facile à dire, n'est ce pas? En tout cas, tu fais tout bien comme il faut je trouve. Ca va être long, la violence, ça laisse des cicatrices....Le fait qu'elle accepte d'en parler à des pros, c'est bon signe aussi. Et l'amour qui va vous aider toutes les 2....;

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