dimanche 6 mars 2011

Faites entrer l'accusé qu'il est pas coupable....

Bon sang, je me demande vraiment ce que nous avons pu faire de si incroyable nous les parents d’aujourd’hui.


Soit, y’avait un complot de Blédina, Nestlé et Lactel, et ils ont mis quelque chose de pas net dans leurs aliments bébé,

Soit, c’est Dolto qui nous a menti, à l’insu de notre plein grè, pour se venger d’avoir fabriqué un barbu qui chante en pantalon à fleurs,

Soit c’est ça la génération Sarkonon,

Soit, ils ont tout simplement envie de nous faire tourner en bourrique…

J’ai d’abord pensé que tout ce qui se passait avec ma gazelle, venait de son abandon, de l’adoption, du divorce. Que cette famille recomposée avec une mère qui joue la bohème et un pére et une belle mère reconvertis en poupées Mattel, était responsable des lubies de la gazelle, palefrenière qui entame une formation de plaquiste pour la lâcher du jour au lendemain, et aller nettoyer des friteuses à Mac Do, et enfin, s’enfermer chez elle avec ses 7 chats, et une souris, son coeursonamour, et ne jamais trouver un boulot qui lui convienne. Je me suis sentie responsable de notre totale incompréhension, de nos dialogues impossibles, de notre incommunicabilité. J’en ai voulu à mon manque d’autorité, mon insouciance, je me suis blâmée pour n’avoir pas posé de cadre assez strict, avoir laissé faire les choses, je pourrais rajouter une multitude de tous les reproches que j’ai pu me faire.

Tout ça, ça s’appelle finalement, CULPABILISER.

Hier, Marie la Souris, est venue faire sa pause pipi chez moi, venant de Bretagne elle se rendait chez ses parents au pays basque, et nous ne nous étions pas vues depuis l’été dernier, même pas un coup de téléphone. Alors ça valait bien une pause pipi.

Petit apparté pour la remercier pour le Pure Ruby Color, que je vais faire cet après midi, enfin je vais cacher mes racines. Marie c’était très rigolo !!!! Et merci pour le chocolat aussi, et le caramel au beurre salé, et le reste. Juste la semaine où j’apprends que je dois freiner des deux pieds sur le sucre. Je ne le dirai pas au docteur Nadia.

Alors hier, la pause pipi s’est transformée en pause je te fais 6 mois de ma vie en deux heures. Monsieur Marie la souris est un ange de patience !!! Il regarde sa souris avec tant d’amour dans les yeux, il boit mon nescafé dégueu sans broncher, alors que je suis certaine qu’il a un Whatelse chez lui, et il prend même part à la conversation. Pour un peu je dirais qu’il ne s’ennuie pas avec nous… C’est comme le Coco, le colonel mari de la coco, même regard, même patience, sauf que lui il ose me dire que mon café est dégueu… Et aussi Edwarrior le mari de soeurette courage, qui a tant d’amour dans les yeux quand il la regarde, mais lui ne boit pas de café, et parle presque plus que soeurette.

Et justement. Je regarde ma vie et celle de ces trois couples « modèle », en tout cas non divorcés, avec une figure maternelle, et une figure paternelle bien définies, de l’autorité, du cadre, famille unie, avec les deux enfants, fille garçon, choix du roi, comme sur les photos de Mac Do. Une famille de 4, chez qui on a toujours bien fait faire les devoirs, surveillé les bulletins de notes, sanctionné quand il le fallait, en tout cas c’est ainsi que je les vois moi.

Mais le truc c’est que quand on parle de nos enfants, qui ont sensiblement le même âge entre 25-26 et 22 ans pour les aînés, on est tous logés à la même enseigne, ils nous en font voir de toutes les couleurs.

Je ne reviens pas sur la gazelle. Nous totalisons 9 enfants de 13 à 27-28 ans dans 4 familles différentes. Je prendrai la tranche 22-26. la gazelle élève ses sept chats et sa souris, en les appelant mon amour, et en regardant des dvd à longueur de journée.

P. s’est inscrit aux beaux-arts après son bac, mais c’était pas le bon enseignement alors il a arrêté, et est partie faire les arts appliquées dans le privé, mais s’est fait virer. C’était pas grave puisque son projet de sa vie, c’était d’aller vivre à London, de faire de la zique et de dessiner. Il a durement travaillé pendant plus d’un an pour son projet. Il est parti il y a quinze jours, pour une durée indéterminée, sans savoir où il dormirait, avec une valise en peau de vache, et un chapeau de mexicain. Et deux potes de son groupe de zique. La durée indéterminée s’est terminée une semaine plus tard pile poil. Avec plus beaucoup de fric, un retour en eurostar, pour cause de coloc un peu trop nombreuses. Il se son retrouvé à 27 colocataires, et cause que les autres potes avaient juste pas un sou et que P semblait avoir trimé pour trois. Direction arrêt Paris, où P pensait trouver un appart et du boulot. Quelques jours plus tard, direction Bayonne où P pense trouver un appart et du boulot. Finalament P. qui est mon neveu, est à Ozgor, et fait du baby-sitting dans la maison de notre famille.


Passons à L. maintenant. Bac en poche, elle intègre une école privée de gestion, deux ans après elle est diplômée, mais elle a toujours voulu être dans l’humanitaire alors elle prépare un diplôme dans la branche. Pendant ce temps elle s’amourache de tous les drédeux qui passent dans son champ de vision. Puis elle part au Burkina pour travailler avec une assos qui aide les myopathes. Retour chez papa-maman, puis départ pour paris, avec son drédeux et son rat. Départ du drédeux, perte du rat. Rencontre avec un militant de la cause de la terre qu’elle est sale et qu’il faut pas manger des animaux, juste des graines, parce que quand on les tues les graines elles ont pas mal. Déménagement à Lyon pour un autre boulot. Mais au bout d’un temps avec le bouffeur de graines ça capote et L est malheureuse. Séparation. L voudrait partir ailleurs où les valeurs sont différentes. Elle hésite entre l’Inde, le Népal, et autre pays de la zenitude où l’on s’habille en rose et orange. Là, gros pétage de plomb entre fifille et maman qui veut pas qu’elle parte s’habiller en rose et orange et revienne à poil. Au dernières nouvelles, L. lâchera bientôt son boulot et son appart pour aller quelques temps chez mamie, dans le cantal, avec son nouveau compagnon. Projet en voie de réalisation : achat de quelques ânes et d’une roulotte, pour aller au Viet-Nam et aussi en revenir. Maman Coco et Papa coco, sont sans voix.

C’est donc avec Marie la souris que nous complèteront le tableau. Sa fille M. Bac en poche commence une prépar si j’ai bonne mémoire, mais elle est une fan de théatre comme papa et maman. Alors elle laisse la prépa pour le conservatoire. Puis le conservatoire pour un fac des arts du spectacle je crois bien. Je connais moins M. que les deux autres. Elle est juste passée ici l’an dernier avec son namour un week-end, car ils allaient passer des auditions pour entrer au TNBA. Le namour est aussi un théatreux. M. a déjà monté des spectacles et croit en ce qu’elle fait. Même si ça ne lui rapporte rien. Va-t-elle encore à la fac ? Ses parents ont comme un doute. Mais elle a plusieurs projets. Partir à Paris, pour trouver appart en coloc avec sa cousine ou son autre cousine, pas encore décicé, qui ne sont pas au courant, et faire une formation de monteuse de cinéma. Sinon partir à Munich, avec son namour, et vivre. Sinon, partir chez des indiens d’Amérique et monter des pièces de théâtre engagé pour les défendre…

Voilà sinon TOUT VA BIEN. Et moi ce que je dis c’est que ces enfants ne manquent pas d’imagination.

Soeurette, Marie et Coco j’espère que vous ne serez pas en colère que je me moque ainsi de vos petits trésors, mais c’est en toute affection.

Je trouve si attendrissant et tellement rassurant de voir qu’avec nos vies si différentes on a tous réussi à faire les même chieurs. Et qu’en plus qu’on les aime et qu’on les défend, même s’ils croient le contraire.

J’ambrasse affectueusement tous les parents de cette génération Nestlé-dolto-Sarkonon.

5 commentaires:

  1. Très haut en couleurs ce billet !
    Au moins dans vos vies, vous ne vous ennuyez pas je vois !... parce que quand on a des enfants qui font prépa + école d'ingé. ou école de commerce ou alors pharmacie ou médecine , c'est quand même plus monotone et moins exotique !
    Une lectrice occasionnelle.

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  2. Je fais partie de cette tranche d'âge, génération 2000, trop jeune pour avoir jamais cru aux lendemains qui chantent.
    Depuis toujours nous voyons nos parents, nos oncles et tantes, les parents de nos amis qui se cassent la gueule, divorce, chômage, dépression. La quête du CDI, la peur du licenciement, et dans les meilleurs cas des boulots bien éloignés de ce qu'avaient pu être leurs rêves d'adolescent.
    Depuis toujours les CPE et conseillers d'orientation nous parlent de filière bouchée, de marché de l'emploi en crise, d'instabilité ...
    On nous a jamais promis du kiff, du bonheur, du désir, du plaisir, de la vie quoi !
    Dur dur dans ces conditions de se lancer, d'oser, de rêver à un avenir en couleurs, d'un avenir un peu différent. Nos expériences ne font que confirmer les prédictions parentales.
    J'aime à croire que parmi les profils que tu décris plus haut certains se (re)dresseront et que tous continueront d'y croire, bourlingués que nous seront entre des expériences foireuses et des contrats au fast food.
    Comme le dit l'anonyme dans le commentaire précédent, la majorité se range déjà dans des cursus confortables ; c'est pas comme ça que je veux vivre, c'est pas comme ça que je veux grandir, c'est pas comme ça que j'imagine ma société.
    Vivent les casses cous et les chieurs, les excessifs vivront !

    Alice, 22 ans lectrice fidèle pleine de sympathie pour ton blog :)

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  3. lectrice occasionnelle, je me demande bien à quoi ressemble une vie avec des enfants sages et bien rangés, on doit parfois s'ennuyer...
    Et toi, Alice, ça me touche qu'une jeune fille vienne ici et soit fidèle lectrice. Ca me donne les larmes aux yeux ton petit mot. Moi tu sais j'avais toujours dit que je ne voulais pas d'enfants sages, je suis servie !
    C'est pas facile de marcher à côté des clous, mais c'est quand même si bn .

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  4. Bon je culpabilise assez de ne pas te téléphoner.....A part cela, nous avons virerait de reprendre le cours de nosvieslorsque nous nous rencontrons. lorsque nous parlons de nos enfants je sens physiquement ce que veut dire" avoir les yeux écarquillés" ! Ce qu'ils font de leur vie, leur façon d' 'envisager le quotidien ne cesse de m 'étonner. Merci Alice de ton com, et je suis complètement d'accord avec ce que tu dis. Enseignante cinquantenaire, je vis depuis l'enfance dans "la crise". Qu'ai je donc entendu d'autre que des mots d'angoisse quant à l'avenir? Dans les années70 ,la jeunesse avait renoncé à la réussite à tout crin( craint?) pour un désir d'épanouissement. Cette jeunesse là refusait le capitalisme et le profit. Puis le temps a passé et l 'on a vu pousser les ventres et fumer les cigares. Pendant ce temps nous avions grandi et nous avons servi la soupe à cette génération qui avait finalement trouvé sa place dans la société de consommation. Lorsque nous avons voulu nous aussi manifester, nous révolter, nos révolutions se sont achevée au bout de trois jours, éteinte par des syndicats qui nous traitaient de social -traitres car nouent devions pas trahir le régime socialiste tant attendu. Et puis la belle droite de papa est revenue, tout le monde avait oublié la puissance qu' un syndicat pouvait avoir. Cet hiver encore c'est elle qui nous a culpabilisé et nous a traité d'inconscients lorsque nous nous sommes retrouvés dans la rue pour dire notre colère. Alors oui, je commence à comprendre les " non-choix " enfants. notre parole de citoyen non prise en compte, l'irrespect dans lequel on nous tient, les mensonges voulus ou non que l'on raconte sur la réussite due au travail, la perte des acquis sociaux, l'égoïsme de chacun......franchement tout cela ne donnepas envie de se couler dans un moule qui finalement n'apportera aucune satisfaction. je suis mère d'une adulescente de 22ans, et j'ai peur pour elle, pour cet avenir qui me parait bien sombre ...

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  5. Et je peux te dire que ça continue même lorsqu'ils ont plus de 30 ans, peut être, qu'on leur a donné envie de rêver avec nos 30 glorieuses, eux qui connaissent le chômage et la précarité...

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