Je
ne suis pas bien bavarde depuis quelques temps. Plus grand-chose à raconter. L’impression
que rien n’a plus grand intêret. Je sais ce que c’est. Je crois bien que ça s’appelle
une petite déprime. Il faut bien l’accepter et le dire un jour. Il est vrai que les petits cachets
blancs m’ont aidée pendant mes dix années de galère à rester de bout, à garder
l’espoir de jours meilleurs, même s’il y eu de grands moments de désespoir. Ils
m’ont aussi aidée à prendre vingt bons kilos.
L’an
dernier j’ai décidé qu’il y en avait assez de cette béquille et qu’il était
peut-être temps de poser la béquille. Petit à petit j’ai coupé les cachets en
deux, puis en quatre, puis j’ai espacé
les jours de prise. Puis j’ai rencontré les fleurs de Bach. Et j’ai remplacé
les petits cachets blancs par des gouttes de toutes sortes.
Août
a marqué la fin de cette descente aux enfers que furent mes années de galère financière. J’ai
rangé les gouttes dans un coin, j’avais
le sourire, je vivais comme une éclaircie. Je pouvais respirer un peu mieux. La
rhumatologue, m’a proposé de résoudre mon problème de dos avec encore une fois des
antidépresseurs. J’ai totalement refusé. J’allais gérer autrement. Puis il m’a
fallu affronter le choc de la trahison du nounours. Le conflit avec lui. J’ai
encore puisé jusqu’au fond de mes tripes pour rester debout. Sans béquille. Mes
tripes justement. Drôle de sensation, pour moi inconnue que cette pression qui
se faisait de plus en plus présente en moi. Inexplicable au début. Tout aurait
pu aller bien, même si les problèmes ne manquaient pas. Fatigue. Lassitude.
Angoisse. Envie. Puis plus envie.
Comme
je ne suis jamais à cours de psychotage, tout s’explique. En tout cas moi j’explique
tout. Il va falloir apprendre à gérer la vie sans béquille. Il va falloir
apprendre à ne pas avoir peur d’avoir fait une énorme bêtise, chaque fois que l’on
se fait un petit plaisir. Il va falloir apprendre à ne pas tomber dans des
attaques de panique chaque fois qu’on sort la carte bleue. Mais tant d’autres
choses. Comme si finalement j’avais tout à coup perdu la notion du plaisir sans
la culpabilité. Comme l’impression de n’avoir jamais tout géré, tout maîtrisé
et de plus me donner le droit de lâcher.
Je
crois que finalement cette année sera difficile moralement encore. Peut-être qu’on
ne se remet pas instantanément des années de privation et de galère. Peut-être
qu’il faut réapprendre les choses. Peut-être qu’il faut vivre cette période de
transition. J’essaie de m’en persuader.
Je le veux. Il le faut.
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