samedi 12 mai 2012

Pandora Box


Ai-je baissé les bras ? Je ne le crois pas. Pas encore. Je me demande comment font ceux qui  n’ont pas les ressources « intellectuelles » pour ne pas lâcher la barre. En fait non, je ne me le demande pas,  je pense qu’ils la lâchent, c’est tout. La déroute d’un ado, sa perte de repaires, sa rupture, ça arrive finalement dans tous les milieux. J’avais cru que l’amour, l’écoute, la compréhension, protégeaient de ça. Mais non, je me suis trompée, encore. Depuis des mois, comme si mon combat pour ne pas tomber au plus profond de la précarité ne suffisait pas, je dois faire face à cette crise d’adolescence hyper-violente de mon fils. SOS nounous chamallow en déroute. Bon en fait, y’en a qui reçoivent des smartbox, « week-end en relais château », d’autres qui reçoivent le « pack détente spa massage au coulis de chocolat et caramel beure salé », moi je l’ai aussi ma « smart-box ». C’est la smartbox « emmerdes et prises de tête ». Je ris mais c’est pour oublier que je pleure trop souvent. Moi qui avais petit à petit arrêté les antidépresseurs, je me demande si le moment était vraiment bien le bon. Il me restait une boîte, alors depuis une semaine, je pioche une petit moitié de comprimé tous les deux jours, histoire de retrouver un peu de recul par rapport, à cette smartbox « boîte de Pandore ». 
Histoire de mettre un peu le couvercle sur cette boîte, pour que ça se calme un peu. 
Ma voiture qui ne roule plus depuis des semaines, parce qu’elle n’a plus de freins, Merci Pandore. Tant pis je vais bosser en bus et en tram et basta.
Ma machine à lave qui a fondu les plombs depuis des semaines, Merci Pandore. Tant pis je vais avec mes 16 kilos de linge tous les dimanches à la laverie du coin et je regarde tourner mes culottes et mon jean pendant 45 minutes, ça occupe mes week-ends.
Ma boîte à lettre qui ne reçoit plus que des lettres de rappel et d’huissiers, merci Pandore. Tant pis je les déchire et direct dans la poubelle verte.
Mon ex-ken qui a décidé que sa fille ne viendrait plus chez lui parce que sa femme « va se suicider sinon », et puis qui a changé d’avis quand j’ai dit qu’on allait voir tout ça avec le juge de la famille et surtout un peu réviser la pension alimentaire, alors qui a dit à sa fille qu’il allait finalement la reprendre car «sa mère avait besoin d’avoir une vie personnelle… ». Merci Pandore. Mais là pas tant pis parce qu’un enfant c’est plus important qu’une voiture ou une machine à laver qui cassent. 
Et puis la lutine, qui ne fait rien de rien en classe, qui ne fait qu’exceller en histoire des arts, mais c’est pas avec cette matière qu’on passe en seconde quand on a 4 de moyenne en maths… Et finalement on lui propose tapisserie ou couture flou en orientation.  Je vais devoir bien me tourner les neurones pour trouver une solution. Lundi soir, je vois la conseillère d’orientation, pour lui explique que la lutine, va se faire chier grave en couture flou. Comment faire comprendre à cette enfant qu’un peu de travail sérieux, suffirait à la remettre en selle… Elle vient de me faire son exposé sur le Pop Art et je le trouve brillant. Mais c’est la seule matière dans laquelle elle est brillante. Je sais qu’elle s’en sortira. Mais il faudra trouver la bonne solution.


Mais là ou je ne remercie vraiment pas Pandore, c’est pour le cas du nounours. Le nounours qui à force de préférer aller passer ses après-midi à l’Apple store qu’en cours de cuisine, d’être au mauvais endroit au mauvais moment, a fini par indisposer les profs et les élèves du lycée, jusqu’à ce qu’on ne veuille plus de lui. 
La dernière réunion, avec proviseur, CPE, père, et mère, déjà racontée il y a quelques jours, n’avait pas donné plus de solutions que le projet d’un recours à un psy, puis un éducateur, et une fin d’année qui je le savais par avance allait être chaotique. Je le dis dans mon autre note, j’étais la seule à avoir trouvé une solution. On me l’a refusée. 
Si bien que la semaine dernière, sur quatre jours de cours, le nounours en a séché deux. Et le vendredi quand la CPE m’a appelée, elle ne m’a rien appris. Mais sur les deux jours non séchés, en fait il n’est pas allé en classe, il a juste traîné dans la cour et les couloirs. Et voilà que la CPE elle-même me fait cette curieuse demande : « Dites à Samuel, de ne plus venir au lycée, on ne veut plus le voir ».  Ce à quoi je réponds excluez le, car je ne peux pas demander à mon fils de ne plus se rendre au lycée. 
Le lycée ne veut donc pas l’exclure, mais il ne veut plus de lui. A ces mots, je dis que je suis complètement perdue moi-même, que je ne sais plus que faire. Et la CPE me conseille de voir un juge pour enfants, et aussi de téléphoner au plus vite à l’assistante sociale du lycée, qui elle pourra m’écouter et me conseiller.
J’ai finalement pu avoir au téléphone cette assistante sociale, après x coup de fils, car elle n’est pas là tous les jours, ca le standard du lycée est tenu par un abruti qui m’a donné trois fois un numéro direct qui me faisait atterrir dans un garage.  Puis, finalement, il a réussi  me passer quelqu’un qui était la conseillère d’orientation… Bon enfin, mercredi enfin, je peux parler à l’assistante sociale. Elle semble ne pas connaître le cas du nounours. Personne ne lui a parlé de cet élève. Elle me demande où j’habite, quel secteur de Bordeaux. Et elle me file le numéro de téléphone de ma MDSI (Maisons Départementales de la Solidarité et de l’Insertion ).  Voilà madame, et bon courage. Je lui demande si elle n’a pas d’autre piste à me proposer ou si elle ne veut pas m’écouter un peu plus. Parce qu’attendre qu’elle soit revenue de vacances de Pâques, pour avoir ce genre de conseil… Bref elle m’écoute un peu, par politesse et me re-souhaite bonne chance.
Voilà, lundi prochain, j’ai rendez-vous le matin avec une éducatrice de la MDSI.
 J’espère que je sortirai de ce bureau avec des pistes pour mon nounours.
 Je voudrais que quelqu’un m’aide à lui faire comprendre qu’il est au bord de rupture.
 Je voudrais que ce soit comme une baguette magique, qui me rende le jeune garçon affectueux et facile d’il y a quelques mois.
 Je voudrais que très vite il se lève le matin pour aller travailler et apprendre la cuisine, comme il le voulait tant il y a quelques mois. 
Je voudrais que mes enfants trouvent leur voie professionnelle et s’y épanouissent.
Je voudrais que la smartbox « enfants heureux » soient leur cadeau.
Et je me fous que ma voiture soit en panne et ma machine à laver aussi.





7 commentaires:

  1. Je comprends un peu mieux l'article sur la mort de Merah... J'ai un frère qui a été un peu comme ça, pas dans le scolaire, merci tout allait bien, mais dans le genre "on ne sait pas quoi faire, il est en train de fiche sa vie en l'air, pourquoi il le comprend pas ?"

    Alors je regarde les grands se débattre et je pense à mon petit de deux ans qui quand il fera son adolescence sera peut être pareil. Y a pas une super nanie dans le coin ? Je me garderais bien de donner des conseils d'éducation, mais je te souhaite bon courage à toi et à ton nounours (et purée, ils servent à rien ces conseillés d'orientation, assistantes sociales et compagnie, pardon pour la corporation... :( )

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  2. Je comprends votre détresse, car l'impuissance face à ses enfants est vécue de façon très douloureuse. Pour vous lire depuis quelque temps je vois que vous avez retourné le problème dans tous les sens possibles et imaginables et que ce nounours-là a décidé de tourner le dos aux propositions qui lui sont faites. N'y a-t-il pas un adulte - autre que son père, sa mère et ses profs ou CPE - en qui il aurait confiance et qui pourrait lui parler et surtout l'écouter ?
    Quant à votre fille, ne peut-elle pas redoubler, tout simplement ?
    Gardez le cap, surtout, avec ou sans antidépresseurs, l'important est de ne pas flancher.

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  3. Il y a en effet des tas d'adultes avec des tas de bons conseils ou de bonnes intentions mais qui ne restent que des conseils ou des intentions... Justement la solution que j'avais trouvée était qu"'il se rapproche de ma soeur et mon beau-frère pendant quelques temps. Ils étaient d'accord et je suis certaine que ça aurait été bénéfique mais ça m'a été refusé par le corps enseignant. J'étais certaine de tenir là la solution et j'ai été très déçue de ne pas être suivie.
    Pour ma fille, je ne suis pas certaine que le redoublement seve à grand chse et là aussi les profs ne m'encouragent pas dans ce sens.
    Merci de votre soutien, Elle et anonyme, quelques mots font toujours du bien.
    Je ne flanche pas, je n'ai pas le choix, sinon ils sont vraiment perdus.

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  4. Que te dire, si ce n'est d'avoir du courage et de tenir bon. Ils finiront bien par trouver leur voie, c'est sûr. Je le sais, j'ai un phénomène identique aux tiens à la maison. Que l'on tienne bon, même contre eux parfois s'il le faut, c'est leur seule chance, mais c'est dur. Bon courage !

    Merci pour le lien de Philippe Torreton, cela m'a beaucoup ému.

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  5. J'imagine que beaucoup de monde va vous donner des conseils, faire ceci, faire cela. Il n'y a pas de remède miracle, il faut tout essayer, tout tenter, ne jamais rien lâcher. Avez vous penser à l'apprentissage pour votre garçon? Un patron qui le paierait de son travail et un CFA en internat. Les employés de CFA sont en général très motivés et sont habitués aux jeunes mal à l'aise dans le milieu scolaire. Il faut bien sûr mouiller sa chemise et frapper à toutes les portes pour trouver un patron avec qui ça accroche bien et surtout que votre garçon soit partant.
    Beaucoup de courage et surtout ne lâchez rien!!!!!

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  6. Justement depuis le début je dis que ce qui est bien pour mon enfant est l'apprentissage. Le collège et mon ex n'étaient pas d'accord. Cette année a prouvé que j'avais raison. EN septembre il rentrera en apprentissage, mais en attendant il reste 4 mois. Et durant ces quatre mois je dois le protéger des dérives. Un éloignement géographique auait été bien. La encore le lycée m'a mal aiguillée.
    Nous nous dirigeons vers une aide éducative et je ne lacherai tien.

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  7. A ce jeu là j'ai souvent eu la même smart box que toi ... Je ne sais que te dire, c'est dur, très dur et personne ne t'aidera. Mon fils a galéré 10 ans et à 27 ans commence seulement à en sortir. Le vrai désir de s'en sortir doit venir de lui, il faut que tu parviennes à ce qu'il t'entende, et te comprenne...
    Pour ta fille, le salut n'est peut être pas en seconde générale, mais surtout pas en couture ou tapisserie, je suis conseillère d'insertion et je sais que ce sont des secteurs fermés ! Il y a tout plein de métiers d'arts, renseignez vous bien ! Elle peut trouver quelque chose qui la passionne. C'est tellement bien quand on peut vivre de sa passion !
    Bon courage

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