samedi 12 mai 2012

Ami entends tu le cri sourd ?


Voila c’est fait. Trente et un ans après. Pour la seconde fois, la droite est salement virée. Pour la seconde fois le peuple a gagné. Pour la seconde fois le peuple rêve de ne pas s’être trompé et qu’on va s’occuper de lui.
Tremblez les bling bling les gauchos sont de retour pour au moins cinq ans. Tremblez pour vos privilèges, pour vos portefeuilles en croco bien remplis de billets de 500, pour vos cartes visa supergold,  c’est à vous de pleurer maintenant.    Et ce n’est pas vengeance mais justice.
  Dimanche soir nous ne nous sommes pas croisés dans les rues de Bordeaux. Vous étiez à l’hôtel de ville, dans un salon privé prêté par Alain votre ami, avec petits four à gogo. Nous étions dans la rue, place de la Victoire la bien nommée, tous ensemble, devant un ércan géant, avec nos bières que nous avions payées dans les bars de la place.
Nous avons attendu debout tous ensemble, serrés les uns contre les autres, de l’espoir plein nos yeux.  On se regardait entre inconnus, on se souriait, on échangeait deux trois mots, parfois sur l’autre mois de mai, trente ans en arrière. Certains avaient été au même endroit, d’autres n’étaient même pas nés. 
La lutine était venue avec moi. Heureuse d’être là, anxieuse un peu, mais elle s’impatientait d’être debout à attende devant un écran alors qu’elle aurait pu le faire assise dans le canapé du salon. J’ai juste répondu que dans quelques minutes elle allait vraiment tout comprendre. A côté de moi une dame lui a souri et a confirmé.
Plus l’ambiance montait, plus les minutes s’égrenaient, plus la lutine semblait entrer dans l’ambiance. Pendant ce tems je sentais cette boule qui prenait de plus en plus de place au fond de mon estomac. Mes mains se mettaient à trembler, et les larmes de joie ne demandaient qu’à se libérer. Quand le décompte a commencé, comme tout le monde je tenais le smartphone à bout de bras pour garder cette ambiance en mémoire pour toujours…. Et puis quand le compteur a affiché le 00.00 et que le nouveau président est apparu sur l’écran, j’ai tant sauté, hurlé, pleuré que je n’ai même pas réalisé que j’avais tout éteint. Mais ce n’était pas très grave, c’est dans ma mémoire à moi, que le moment s’est inscrit à jamais. 
J’ai serré la lutine dans mes bras, et j’ai su qu’elle avait tout à fait compris pourquoi il était si important d’être là, elle m’a dit je me sens une gauchiste. Et j’ai pensé que la relève familiale était assurée.
Puis j’ai appelé mes sœurs, mes deux autres enfants et ceux que j’aime fort et qui me sont précieux.  J’ai pensé à mes parents socialistes. Puis frérot est arrivé brandissant et faisant tourner au-dessus de nos têtes le drapeau rouge et noir de l’anarchiste qu’il est. Lui il chantait le chant des partisans, les larmes de joie dans les yeux, et je savais à qui il pensait. A Pierrot de la lune, celui qui nous a donné cette conscience politique, il pensait à Mamamia qui pensait que le socialisme était comme son catholicisme, une religion dont on héritait à la naissance. Ne pas y être fidèle était pêché. 
Personnellement je préférais faire mon choix, et ne pas adhérer comme une huître. Entre l’un et l’autre je me suis construite. Je veux qu’il en soit aussi ainsi pour mes enfants.
 La Gazelle n’a pas voté.  Le nounours n’est pas encore majeur, mais il s’est intéressé aux débats, attendait les résultats avec grande anxiété, car lui le Front lui fait peur, et était à la Victoire pur attendre les résultats dimanche avec ses potes.
Mon grand neveu et sa sœur ont eux aussi le cœur à gauche, des grands-parents paternels Bleu Marine, ex cathos devenus orthodoxes intégristes, qui parfois tentent de leur faire entendre leurs raisons. Elles sont hallucinantes….
Quant à mes deux neveux les plus jeunes qui ont 5 et 10 ans, j’ai fondu en voyant la vidéo faite par la lutine pendant les vacances. On y voit les deux petits en voiture, dans leur siège auto, et surtout on les y entend. Ils chantent à tue-tête le chant des Partisans. C’est à la fois, un moment d’amusement pour eux, qui chantent ça comme s’ils chantaient pirouette cacahuète pour passer le temps en voiture, mais aussi plein d’une grande émotion.
Quand j’avais l’âge de mon neveu, j’étais dans la classe de mon père, et à cette époque pour les cérémonies officielles de commémorations les instituteurs emmenaient leur petits élèves au monument aux morts et leurs faisaient chante la Marseillaise. Pierrot de la lune lui, nous avait fait appendre le Chant des Partisans. A la sortie de la messe, dans un village de station balnéaire qui fait encore aujourd’hui 75 % pour un nain, dans les années 70, ça avait fait son petit effet scandale. On voyait les bouches des vieilles bigotes se crisper comme des culs de poules en entendant appeler les « partisans ouvriers et paysans »…
Je n’ai pas appris la religion à mes tdc, elle n’a aucune place dans ma vie. Les valeurs humanistes me paraissent une « religion » bien plus importante à leur insuffler.



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