jeudi 6 janvier 2011

spécial dédicace à manou la ménagère mais les autres peuvent lire...

Vieille note de chez méli-mélo, qui met du soleil dans la journée.

RICHARD

C’est le lendemain que nous sommes partis à la rencontre de Richard Traoré. J’en ai déjà parlé. Mais je ne résiste pas à l’envie  de donner mes sensation telles que je les ai vécues sur le moment.

Sur la route nous nous arrêtons pour acheter des produits de premières nécessité qui font sûrement défaut aux habitant d’un village perché perdu dans la brousse : des biscuits, du thé, de la quinine, du sel…
Le voyage vers son village dure encore 4 heures sur les pistes au milieu des champs de canne à sucre, des cases en terre rouge et des termitières. Enfin nous arrivons au village, haut perché au sommet d’une falaise. Il y a juste une chapelle, deux cases, mais des enfants partout, et une vieille femme édentée qui nous regarde avec curiosité. Nous faisons comprendre que nous venons voir Richard. Un enfant part en courant le chercher dans un champ. On nous propose de l’eau que nous devons refuser de boire. Je crois que les enfants se moquent de notre peau si blanche et de nos joues si rouges. Nous sommes un peu haletantes, trempées de sueur, pas très fraîches quoi.

Un homme vient vers nous. Immense. Habillé de guenilles. Jeune. Beau. Un regard empli de bonté, de générosité. Entre nous maintenant nous l’appelons le Christ. Impressionnant.
Nous lui donnons ce que nous avons apporté pour lui. Il est vraiment touché que nous ayons pensé à la quinine. Il nous parle, s’intéresse à nous, à nos vies. Sincèrement, il nous écoute. Puis il réfléchit un moment et nous propose de nous montrer le village dans lequel vivaient ses ancêtres et qui est abandonné au sommet des montagnes. Dans ce village Dogon on peut voir des greniers à céréales, construits en terre de termitières. Nous savons bien que ce n’est pas très prudent de nous aventurer là-haut à cette heure de la journée, si peu équipées, mais nous finissons par accepter sentant que le cadeau est à ne pas négliger.
Aucune d’entre nous ne le regrettera.
Je pense avoir vécu une des plus belles émotion de ma vie.

J’avais peur de faire cette ascension mais en même temps ce fut comme un défi. Je DEVAIS aller au bout. Je savais que ce serait dur. Il a sûrement senti le doute et la peur que je ne pouvais pas cacher et qu’on devait lire dans mes yeux. Alors il a tendu vers moi sa main. Alors il m’a guidée. Jamais je n’oublierai cet instant. Son regard m’a soutenue tout au long du chemin. J’avais confiance en lui. J’ai réussi. En haut le spectacle fut émouvant, lumineux, exceptionnel. Comme peau d’âne se débarrasse de sa pelisse, je crois avoir laissé une partie encombrante de moi-même là-haut. J’étais si émue de quitter ces lieux, cet homme… Les larmes ont coulé, en silence, longtemps, comme un flot libérateur. Ce jour-là j’ai changé. Venue apporter la « charité », c’est moi qui ai reçu. J’ai vu le Mali, la Côte d’Ivoire. Nous sommes le 29 août 2001. J’aimerais que le temps s’arrête là. Mais je sais que je vais maintenant vivre différente.

1 commentaire:

  1. Stupéfiant comme ce continent laisse en tous une trace indélébile !
    (et très joli texte, merci)

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