jeudi 30 décembre 2010

Cette impudeur ici dite ...

Question d’un anonyme sur les commentaires de mon blog :


« C'est une histoire vraie ce que vous nous racontez là ??? »



La question ne me choque pas vraiment…. Elle m’amuserait presque. C’est vraiment un anonyme que ne me connait vraiment pas. Je n’invente rien sur mes blogs. Si je savais inventer j’écrirais des romans. Je l’ai d’ailleurs fait quand j’ai écrit des histoires pour mes enfants quand ils étaient petits… Elles sont bien rangées dans ma bibliothèque et attendent mes futurs petits-enfants.

Mais là, non anonyme, pas besoin de me mettre dans la peau d’une autre, pas besoin d’inventer des anecdotes ou des problèmes….



La réponse d’une autre blogueuse me donne envie de reparler à anonyme qui ne repassera peut-être plus ici d’ailleurs.

Et de lui dire Anonyme, la blogueuse qui a commenté te demande si tu n’écoutes pas la radio. Je suis certaine que oui, tu écoutes la radio, que oui tu croises parfois le regard d’un sdf imbibé de vinasse sur un trottoir de ta ville. Et oui le vin, ça tient chaud, ça fait oublier la réalité, ça nourrit…Et c’est pas cher. Ca tue aussi, mais ils ont certainement déjà à moitié mort dans leurs têtes.

Mais celle qui écrit ici, n’est pas sur un trottoir. Elle travaille. Elle part tous les matins et accompagne ses enfants au collège. Elle arrive au bureau, parle avec ses collègues, rit avec eux, va en réunion. Personne ne semble remarquer que parfois à midi elle dit qu’elle n’a pas faim, qu’elle a trop de boulot, ou qu’elle a mal à l’estomac et elle boit juste un thé chaud. Personne ne semble remarquer que quand à la pause de 10 heures sur les chantiers, elle pioche dans les paquets de chocos des autres, un peu à gauche un peu à droite, ni vu ni connu. Personne ne semble remarquer que dans les colloques elle est tout près de la table avec les petits fours. Personne ne remarque qu’elle porte rarement des vêtements neufs. Personne ne remarque que ses racines commencent à dépasser les deux centimètres et que la couleur « pure ruby » n’a pas été faite depuis des semaines.



Le soir je rentre chez moi, je gare ma voiture devant ma porte, parfois je croise un voisin, nous nous disons bonjour en souriant.

Personne ne sait que derrière cette porte bleu et ces volets fermés, on a froid depuis des mois, on se lave à l’eau froide. Personne ne remarque que depuis des mois, on ne fait plus de charriot de courses que l’on décharge en plusieurs fois dans des grands sacs. Personne ne remarque que l’on ne ramène presque jamais de baguette dans cette maison. Personne ne remarque que la vie a changé derrière cette porte. Et sur la place qui remarque que je passe devant le marchand de si bon fruits et légumes en lui disant juste bonjour. Qui remarque qu’à l épicerie, je n’achète plus que des produits premiers prix. Qui remarque qu’à la poste je suis abonnée à la file recommandé avec AR…



Voilà juste pour toi anonyme, une réponse, et aussi pour la blogueuse qui a répondu. Parce que comment en vouloir aux autres de ne pas savoir, de ne pas voir, de ne pas avoir remarqué ? L’aurions nous fait nous ? Et merci de me donner l’occasion de dire que ce que j’écris peut servir peut-être à quelque chose.



N.B. : A propos de petits fours, et de pauvreté. Lors du colloque de la semaine dernière à Marseille, j’ai remarqué la présence l’après-midi, d’un petit homme mal fagoté et qui sentait très mauvais. Je trouvais cela un peu bizarre car il semblait ne connaître personne, il ne prenait aucune note, et le thème du colloque étant « Le cadavre dans tous ses états », je doutais qu’il vienne là pour se distraire. Et comme parfois je m’attache à des détails, j’ai compris que cette salle de l’Alcazar, genre salle de cinéma, chauffée, ouverte de 8 heures à 20 heures, ou l’on faisait des pauses café toutes les deux heures, avec croissants, biscuits, jus de fruits, thé, cette salle était une aubaine pour une personne qui vit dehors. Le lendemain, ils étaient 4 ou 5, à venir à l’heure de la pause. Seuls deux ont aussi assisté aux conférences. Tout le monde a fermé les yeux et a laissé ces hommes boire leur café chaud.

2 commentaires:

  1. il se trouve que j'ai plusieurs repensé à la réponse que j'avais faite, je me disais qu'il aurait fallu lui expliquer qu'entre le sdf et le cadre, il y a une échelle qui comporte divers échelons, dont ceux du bas, qui sont proches du sol et qui sont près de tomber… si la société ne les aide pas… hors ce que fait la société c'est de tout faire pour qu'ils tombent…

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  2. Ton anonyme que je n'ai pas lu, je n'ai pas eu beaucoup de temps, ne doit pas sortir souvent, j'en connais trop des avec ta situation !!! Je t'embrasse, tu as des racines mais tu le vaux bien...

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