mercredi 7 août 2013

Perdue en chemin, mais va se retrouver, il le faut


Finalement les choses  se passent rarement comme  on l’envisage.
Et de mon côté c’est plutôt jamais.
Serai-je une bipolaire qui s’ignorait jusqu’à maintenant ?
Je ne sais plus trop.
Croire que la fin de la galère financière sonnerait la fin des jours difficiles était un leurre. Peut-être qu’on ne se remet pas aussi vite que ça de  dix ans de souffrance. J’y ai cru pourtant. Quelques semaines. Mais la trahison de mon fils, en novembre, m’a laissée comme assommée. Se faire voler par son enfant est comme recevoir un uppercut et rester sonné sur le ring. Je suis restée debout tout de même. Tenter de garder le lien avec ce fils que je ne comprends plus m’épuise. Voir la gazelle travailler sans relâche mais galérer elle aussi financièrement, être là quand elle appelle et qu’elle a besoin, me mine. Et voir la lutine, elle aussi avoir sabordé son année scolaire, et se retrouver elle aussi sur le carreau et avec une orientation qui ne se décidera que fin Août, me donne le tournis.
Depuis quelque temps mon corps me parle. Il montre que lui aussi il pâtit de tous ces soucis. Les envies me quittent. C’est comme si je ne me voyais plus d’avenir radieux. Mes nuits si longues et pleines de rêves fous, deviennent courtes et sans aucun souvenir de mes rêves. Le petit matin arrive pour moi à 5 heures, et jusqu’au lever les pensées s’entrechoquent en moi. Sur le dos, sur le ventre, sur le côté droit, sur le côté gauche, rien ne change, les soucis sont là quelle que soit la position. L’angoisse vient par énormes bouffées en moi, elle se diffuse. Violement. Sortir du lit et commencer la journée de travail me délivre. Même si dans la journée les bouffées reviennent, elles sont plus rares et le travail fait diversion. Parfois je vais m’enfermer dans les toilettes, respirer sophro pour évacuer les tensions. Ca fait un peu de bien.
Plus de rêves, plus de larmes, plus de désirs, d’envies. Même plus celle de manger. Juste avaler ce qui traîne dans le frigo. Vite. Vider sa tête devant un film idiot, jouer à des conneries sur l’ordi, puis s’endormir à nouveau. Sans difficulté là, à cause de la fatigue.
Parfois, se raccrocher à de petites joies, les envisager somme des bouées qui sauveront de la noyade.
Se dire que tout ça et normal, que revivre n’est pas si facile…
Puis un jour, accepter que c’est ça la déprime, la dépression, qu’elle est là.
Et que personne n’aurait l’idée de marcher sans plâtre ni béquille avec une jambe cassée. Alors pourquoi essayer vainement d’avancer encore et encore en puisant dans les forces de son corps, et refuser l’aide de l’autre béquille. Le médicament. Même si on n’en a pas envie du tout.
Ces quelques derniers jours, c’est un emmerde finalement pas si grave qui m’a donné le coup de grâce mais aussi décidée à faire quelque chose.
En allant chercher ma voiture en révision, j’ai appris qu’elle était quasiment foutue alors que je l’ai achetée il y a moins d’un an. Incapable de réfléchir, je ne voyais même plus d’idée de solution à trouver. Comme un coup de grâce, comme un souci supplémentaire, j’ai encaissé encore une fois la nouvelle. Mon corps aussi. Tendu à se rompre. Vrillée dans mon estomac, serrée dans mon sternum, étouffée dans ma gorge, j’entendais plus que je n’écoutais les conversations des amis venus me soutenir de tout leur amour. Parfois quelques secondes un répit venait et je pouvais rire ou sourire, mais même mon visage avait mal.
Alors j’ai accepté que je ne m’en sortirai pas seule et avec mes propres forces.
Je n’aime pas cette idée de n’avoir pas réussi seule. Il me faut toutefois l’accepter.
Depuis lundi, me voilà à nouveau avec les petites pillules sur ma table de nuit, que je prends par moitié, et sans plaisir. Mais mon corps se détend de nouveau. J’arrive à penser et ne me focalise plus sur les problèmes en boucle. Je ne me réveille plus à 5 heures mais à 7.
En vacances pour un mois, je vais essayer de retrouver un peu de repos de l’esprit et du corps aussi. La semaine prochaine j’irai respirer l’air de l’océan des pins du sable chaud.
Pour mieux revenir. Et voir la vie, écouter plutôt qu’entendre, et avoir des envies à nouveau.



7 commentaires:

  1. Je ne sais que dire mais je suis passée et je suis émue. J'espère que ce mois d'août te fera du bien.

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    1. J'aurais bien voulu visiter ton blog mais je ne peux pas il faut un mot de passe.

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  2. Moi non plus je ne sais pas trop quoi dire mais je vais essayer quand même.
    Ne soyez pas trop dure ni exigeante avec vous ; si vous ne pouvez pas, plus, pour le moment, si votre corps vous le dit, acceptez ce qu'il en est et faites-vous aider de toutes les manières possibles : petite pilule, sophrologue, psychiatre...
    Et sûrement comme vous le dites, on ne se remet pas comme ça de dix ans de galère financière, peut-être même que lorsque ça va mieux, on s'autorise, s'accorde le droit de décompresser enfin.
    Je vous souhaite de très bonnes vacances, réparatrices.
    J'ai découvert votre blog hier, je suis épatée de votre force, de votre courage et de la vérité qui s'en dégage.

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  3. Comme je connais la dépression la vraie, je te conseille vivement à la rentrée d'aller voir un pro, un psy, un vrai, un médecin, un qui écoute et qui parle...heure-bleue....

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  4. On n'est jamais plus fort que tout et tout le monde.
    Faut faire avec (enfin, plutôt faire sans...)
    Et se rendre compte qu'on ne peut pas tout faire seul(e), qu'on a besoin d'aide.
    Va voir un psy, un vrai, un médecin dont c'est le vrai métier.
    Tu devras probablement en voir plusieurs parce que tu devras trouver le bon, celui qui s'accorde avec ce que tu ressens.
    Mais il te faudra y aller.
    Sinon, les déprimes, c'est comme les jambes cassées, ça guérit tout seul, mais de traviole...

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  5. Je suis très émue par ce post.
    Pour être passée par là, je peux juste te dire : oui, c'est dur, mais ce ne sera pas toujours aussi difficile.
    Le chagrin ne dure pas, parce que rien n'est éternel.
    Il faut tenir bon, avec tes enfants aussi.
    Tu as raison de ne rien lâcher, et tu as raison de tenter de maintenir la communication.
    Ce qui m'a aidée, c'est de penser aux bons moments passés ensemble quand ils étaient petits, que ce qui est bon en eux n'a pas disparu, et aussi d'éloigner le grand qui devenait vraiment toxique.
    Mais c'est épuisant, ça pompe une énergie folle, et on n'en voit pas le bout, surtout si on les gère seule.


    Les prochains jours, pendant mes séances de méditation, je penserai à toi. D'expérience, je sais que les bonnes ondes, ça fait, et que ça aide de savoir que quelqu'un pense à nous, même quelqu'un qu'on ne connaît pas.
    Ne te sens pas coupable ou faible à cause des médicaments : parfois on en a besoin.
    Personnellement, j'en ai fini de tout ça, et j'ai décidé de ne plus jamais aller voir de psy quand je me suis rendue compte que cela faisait des années que je m'interrogeais sur le pourquoi, que j'avais décodé tous mes symboles, et que ça ne changeait rien à mon mal-être.
    C'est un long chemin et tu as le droit de t'asseoir au bord pour te reposer de temps en temps.
    Sois brave et bonne.
    Et surtout, sois bonne pour toi, tu le mérites.

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  6. Merci à tous ceux que je connais et ceux que je ne connais pas, vos mots me touchent et me font du bien. J'ai pris du repos, du recul, je suis prête à aller voir un psy, les anti dep m'ont permis de lâcher un peu. quant aux anxiolytiques je les ai arrêtés au bout de quatre jours, je ne les supporte pas en général. Lundi je reprends le boulot et j'en suis heureuse, j'en ai besoin aussi. merci merci merci !!!

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