mardi 29 mai 2012

Pour une fois...




Chez la va pieds nus, la méli-mélo pour les intimes, la tendance est souvent à la jérémiade, au pleurnichage et autre plainte… Et il arrive en ce moment souvent que mes cibles soient les profs. Petit mea culpa, j’en ai pléthore dans mon « cercle d’amis », plus ceux de la famille, plus bien sûr  et je ne l’oublie jamais Pierrot de la lune, l’instit qui  m’a donné envie d’apprendre. C’est peut-être à cause de lui que je suis exigeante et parfois déçue par les enseignants que je rencontre sur le chemin de mes enfants. Pierrot de la Lune était un bel enseignant. Il voulait faire aimer les maths, et aussi le français et aussi la biologie et l’histoire aux enfants qui passaient dans sa classe. Elle était remplie d’aquariums, de vivariums, de magnétophones, de livres bien sûr, c’était mon terrain de jeu favori. Même quand j’étais étudiante, puis à l’âge adulte et que je revenais chez mes parents, l’une de mes premières occupations était d’aller passer un moment dans la classe de mon père. Je me promenais dans la classe, explorant les armoires, les tableaux, les journaux de classe, juste pour voir où il emmenait ses élèves cette année-là. Chaque année avait son thème, souvent farfelu, et toujours hors des sentiers battus. La seule année où j’ai un peu zappé, c’était l’année élevage d’araignées. A la fin de sa carrière Pierrot de la lune disait que les enfants devenaient trop difficile et qu’il était trop vieux. Je ne le crois pas c’est surtout que sa passion des mots l’avait amené à l’écriture et qu’il n’aimait plus qu’écrire… Je pourrais écrire des pages et des pages sur le sujet « enfant d’instit », mais Pagnol l’a si bien fait….
Je reviens donc à ce que dont je voulais parle à l’origine. Je voulais dire du bien des profs… Enfin de certains… N’exagérons rien…
Si je veux, je peux casser la prof d’anglais de la lutine qui doit à mon avis avoir sa chambre en HP et y rentrer tous les soirs… Parce que quand on est capable de raconter à ses élèves que le soir quand on rentre chez soi, on tâte le trousseau de clefs qui est accroché à sa ceinture, si on attrape la clef de l’appart en premier, c’est un bon présage, c’est qu’on peut entrer. A l’identique, quand on arrive au collège, si la première clef attrapée est celle du casier, c’est encore un bon présage pour la journée… Ben voyons… Et aussi, quand on est capable de die à la lutine, à partir d’aujourd’hui tu t’installe à ma place, à mon bureau et tu seras ma secrétaire, juste pour la raison suivante : un nouveau est arrivé le matin e il manque un bureau et donc une place… Depuis je pense deux mois, la lutine est au bureau à la place de la prof…
Je peux aussi casser le prof de maths, qui s’oppose avec rage au choix d’orientation de la lutine et aussi à son redoublement, et qui quand je lui parle des prédispositions et des notes en Arts plastiques éclates de rire, et ne se prive pas de dire que l’AP n’a aucune importance….

Alors c’est là que je vais dire du bien. Comme par hasard de la prof d’arts plastiques. C’est celle dont la lutine m’avait dit à la première réunion parents profs, tu devais aller la voir elle pourrait devenir ta copine… J’avoue qu’on a fait la fermeture du collège ce soir là tant on avait de choses à se dire ! Déjà, elle était persuadée de tenir une « artiste » entre ses mains. Et elle me le disait. Bon en même temps quelqu’un qui fait du théâtre depuis l’âge de six ans, qui au même âge sculpte des bougies et des serviettes en papier mouillé et dit « je fais des arts », chante, joue du piano, surprendrait vraiment son entourage en visant une carrière d’expert-comptable…
Bref la prof, a bien senti tout ça, et elle n’a pas lâché de l’année. Elle a même intégré la lutine au groupe de la section spéciale Arts Plastiques, lors du voyage à Paris de la semaine dernière, spécial 2500 musées en cinq jours, juste pour la récompenser de sa motivation et de son investissement. Et quand elle a vu la fiche avec les orientations préconisées par le prof principal (de maths), elle a eu elle aussi une syncope… C’est assez rare de rencontrer un prof qui téléphone un dimanche matin pour discuter de cette orientation casse-gueule-de-la-loose-de-la-démotivation. Pendant une heure cette dame m’a expliqué à quel point ma fille et moi par conséquent, devait ne pas céder à la pression, et devait trouver une filière en apport avec ses goûts et compétences. Même moi, je n’aurais pas pu trouver autant de mots pour encenser ma propre fille. Ce serait presque moi qui la freinerais pour un peu…. Et lundi matin, elle m’a remis en main propre une lettre de recommandation, que je me suis empressée de lire, pour ajouter à nos demandes motivées pou que la lutine entre en seconde générale « option » arts du spectacle, avec 4 heures de théâtre par semaine.
Il est important dans une scolarité de croiser de telles personnes. C’est une chance énorme et rare. Ce sont les profs que vous n’oubliez jamais, ceux dont la passion et l’attention pour les élèves sont la principale motivation.
La gazelle avait rencontré une instit en CM2 qui l’avait remise à l’époque sur les rails, et lui avait redonné le goût de l’école.
Le nounours lui aussi a été sauvé du désespoir d’être perdu dans une classe dans laquelle on ne comprend plus rien, par une prof d’anglais, avec laquelle nous avons travaillé d’arrache-pied pour trouver des solutions.  
Moi, mère d’élèves pas faciles, je suis reconnaissante à ces enseignants qui ont su regarder différemment mes enfants.



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