dimanche 15 avril 2012

Pour ne pas tomber


Cette note est juste pour moi, pour que j’arrête de garder toutes ces questions qui passent dans mon cerveau, sans cesse, sans ordre, sans logique…..
La première, pas la principale, mais récurrente, et finalement celle qui amènera cette note.
A quoi sert un blog si on se censure, si on y met pas tout justement qui passe dans le cerveau ?
Quand j’avais une psy, je m’interdisais de me censurer. Je payais donc je pouvais, je devais tout dire. Je n’ai plus de psy, d’abord parce qu’un jour, il y a quelques années je semblais avoir trouvé les clefs, et en plus maintenant je n’ai plus les moyens de ce luxe.
Alors le blog m’a fait du bien dans ce sens. Y mettre comme dans un journal intime, tout tout tout. Tout ce qui fait rire ou pleurer ou peur ou rien du tout pace que personne n’en a rien à cirer.
Depuis des semaines, je censure une chose. Une chose qui m’obsède. En tout cas une chose qui prend beaucoup de place, de plus en plus.  Je ne fais plus rire dans mes notes depuis assez longtemps. La dernière note dans laquelle j’ai pu avoir du recul sur ma situation doit être bien bien loin dans les archives. Je parle politique pace que c’est le moment, parce que c’est important, parce que j’ai envie de croire que les choses peuvent changer… Je m’épanche sur mes difficultés avec mes ados, sur la famille Mattel et sa connerie hallucinante, j’essaie de raconter parfois ce qu’on peut mettre dans une casserole quand il n’y a plus grand chose dans les placards et le frigo. Je raconte à quel point vivre sans vivre est épuisant, moralement, à quel point aujourd’hui dans notre pays, on peut sans le savoir avoir très près de soi des personnes qui sont au bord du gouffre, des personnes à la vie normale en apparence. On ne remarque pas le petit coin de vernis qui s’écaille, le vernis qui cache tout le reste et qui quand il aura disparu en totalité, si ça arrive un jour, laissera apparaître quelque chose qu’on n’aurait jamais pu imaginer.
Je tourne autour du pot, je tourne je tourne….
Sous le vernis c’est moi bien sûr.
Le vernis c’est moi qui travaille, qui souris, qui vais à des réunions, qui prends le bus, qui parle de tout et de rien, moi qui reste debout mais qui suis prête à m’écrouler.
La baisse de régime est là.
Je n’ai plus de psy mais ma psy me disait toujours « vous n’êtes pas une personne à tendance suicidaire ». Heureusement qu’elle me la dit. J’y crois. Ca me sauve certainement.
Là je vais dé-censurer. Tant pis je vais le dire.
De toute manière la plupart des personnes qui viennent ici, ne me connaissent pas. Donc je peux lâcher. Et celle qui me connaissent savent dèja quel champs de bataille est ma vie actuelle.
Je suis en ce moment proche du suicide. Mais je ne le ferai pas. Je le sais. Mais je comprends parfaitement en ce moment comment on peut en arriver au passage à l’acte. Je comprends que je n’aurai jamais le courage et c’est certainement tant mieux.
Mais ce que je comprends aussi qu’on ne doit pas juger ceux qui le font. C’est certainement que même un quart de seconde ils ont perdu de vu quelque chose de plus fort que tout. L’espoir, ou l’idée de la possibilité d’un espoir. Et à ce moment là, ça doit être comme un rideau noir qui tombe et empêche de voir tout ce qui peut raccrocher à la vie. Je l’écris comme ça vient. Parfois le désespoir peut être si total qu’on n’est plus en capacité de trouver le petit fil qui raccroche à ceux que l’on aime. 
Moi le fil, je ne peux le lâcher. Ce sont mes tdc. Eux, je le sais se perdraient si je disparaissais. Je ne peux pas leur faire ça. Je n’ai pas envie qu’ils se construisent avec cette douleur. Je me dis que même si en ce moment la vie est douloureuse, merdique, violente, même s’ils ne comprennent plus nos querelles, mes colères, ma tristesse, mon agressivité, malgrè tout ça, ils ont besoin de moi. Ils ne savent plus qu’on s’aime. Que je les aime. Je ne sais plus leur montrer. Je ne trouve plus les solutions à nos problèmes, mais je les cherche encore. Je sais que j’ai du mal à les nourrir mais je les nourris encore. Depuis des semaines je porte un jean complètement déchiré aux  fesses que je cache avec des pulls ou des chemises longues, mais eux peuvent changer de jean tous les jours. Je me dis que pour moi ce n’est pas grave.  Bientôt très vite, mon portable sera coupé, une facture non payée et c’est fini. On ne rigole pas avec 78 euros de retard chez SFR. Bientôt, en mai en juin, surgira l’ATD qui amputera mon salaire de 800 euros pour n’avoir pas pu payer ma taxe d’habitation en novembre dernier. Ce serait bien si c’était en juillet le mois où les TDC seront normalement en vacances chez leur père, car ce moi là pour manger, je devrai jouer serré. Bientôt, je devrai répondre aux huissiers qui me harcèlent  pour une facture d’eau qu’on me réclame alors que je ne la dois pas puisqu’elle date des mois qui ont suivi mon déménagement l’an dernier, et que je ne sais comment prouver que j’avais fait passer la régie des eaux pour relever et couper le compteur.  Bientôt les autres huissiers toqueront à ma porte pour me faire régler une facture de chez Orange que je refuse de payer car on n’a pas pu m’expliquer comment elle pouvait être aussi élevée et que je suis certaine qu’il y a erreur. Mais que je ne peux pas le prouver. Alors comme ils sont plus fort que moi… En attendant, ma voiture, ma machine à laver, mon aspirateur ont rendu l’âme.  Tout ça n’est pas si grave sûrement. 
Ce qui est plus grave c’est le nounours qui va se faire virer de son lycée, pour qui je cherche une solution, et la difficulté pour moi de m’entendre dire que je dois demander l’aide d’un éducateur.  Echec total. Mais je ne dois pas le lâcher.
La lutine, se cherche elle aussi. Elle croit que la vie est légère et c’est tant mieux. Elle croit que la vie n’est que bavardages, histoire de l’art et surtout pas maths, français et anglais. Alors son bulletin est catastrophique. Il faut trouver la bonne orientation pour elle. Ses talents sont du côté de l’art, du théâtre, du dessin, de l’histoire des arts qu’elle adore. Mais aujourd’hui le talent doit être du côté des maths, du français. Je ne dois pas la lâcher non plus sinon ce sera aussi l’échec.
La gazelle fait sa vie, et je sais qu’elle n’est pas facile. Je ne peux plus l’aider qu’en lui disant que je suis là. 
Voilà finalement les trois raisons qui font que je n’ai pas le droit de prendre plus de deux comprimés de Lamaline à la fois.
Je regarde sur internet quelle est la dose à ne pas dépasser. La Lamaline contient de l’opium et de la caféine. Elle me fera dormir quelques heures. Elle me fera supporter le départ des deux tdc chez leur père, hier après midi. Alors que je n’en pouvais plus, que nous venions de nous disputer au lieu de nous dire que nous nous aimions alors que nous allions nous quitter pour une quinzaine de jours. Alors que je ne voulais pas aller chez ces amis qui m’avaient invitée, et qui voulaient que nous allions manger au restau, qui voulaient me le payer. Mais même ça c’est inacceptable. 
Alors la Lamaline m’a endormie quelques heures, pas plus. Je sais que la double dose m’endormirait plus longtemps, plus profondément, je sais que les antidépresseurs que j’ai arrêté petit à petit, que les antidouleurs qui restent au fond d’un tiroir, sont là. Mais je les laisse où ils sont. Je n’ai pas envie. Ils ne sont pas une solution. Je veux vivre encore même une vie de merde. 
Parce que je me dis qu’un jour peut-être ça ira mieux.
C’est tout. 
Parce que je veux voir Sarkozy se faire virer.
Je veux voir la gauche revenir.
Je veux voir mon fils cuisinier, ma fille artiste, et leur grande sœur heureuse.
Je veux me voir encore amoureuse peut-être un jour.
Je veux préparer des repas pour ceux que j’aime  et inventer pour eux des recettes comme je le faisais avant.
Je veux m’acheter des bouquins, des jeans, des sacs, des chaussures.
Je veux voir Florence, Madrid, Londres et Venise aussi.
Je veux m’allonger au soleil avec l’esprit léger.
Je veux être une mère superficielle et légère à nouveau.
Je veux rire avec mes amis. Prendre des cafés en terrasse au soleil.  
Je voudrais pas crever comme disait Boris, sans avoir vu ….























1 commentaire:

  1. Lire à rebours, parfois c'est rude.
    Des pensées... Si les ondes positives ont quelque utilité...

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