dimanche 20 février 2011

La sortie, c'est par là ...

Le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Vendredi matin, j’avais d’un clic spontané et irréfléchi mis mon nom sur la liste des convives pour une sortie restau organisée par une jeune femme que je fréquente lors des soirées bouquin d’On Va Sortir. J’aime bien cette fille, prof de français, qui nous présente toujours des bouquins que j’adore et que j’ai envie de courir acheter. Elle m’a fait découvrir et aimer Agnès Desarthe. Elle présente toujours ses bouquins comme elle doit faire ses cours, avec fraîcheur, enthousiasme, elle parle joliment des styles d’écriture, on la sent cultivée, un peu timide, un peu malheureuse en amour. Au fil des soirées, au fil des lectures et des présentations, on dessine des personnalités, on imagine des histoires, des modes de vie. En tout cas moi, je fais ça. Ce qui est drôle, c’est que nous ne parlons pas franchement de nos vies, nous en saupoudrons juste un peu nos soirées. Drôle et pas drôle à la fois, ça donne la sensation d’un cloisonnement, d’une figure imposée que j’ai du mal à respecter. Chacun vient avec ses bouquins aux soirées bouquins, parle de ses bouquins, s’excuse quand il explique avoir aimé un auteur parce qu’en le lisant sa vie était ainsi ou autrement. Alors on dit : « Je ne veux pas raconter ma vie, mais… ». Si on fait des soirées jeux de société, on joue au jeu de société, on se montre un brillant stratège, ou un fin tricheur, un monstre de culture et on repart. C’est une chose vraiment curieuse. Au mois de décembre, malgré tous mes emmerdes, malgré mon gaz coupé, mon frigo vide, j’ai organisé ma deuxième soirée bouquins. Une petite dizaine de personnes, dont deux habitués, j’avais caché la misère en faisant une soirée bougie. C’était Noël, ça passait bien, des bougies partout partout, un chauffage d’appoint et du vin chaud pour réchauffer les corps. Mon moral n’était pas des meilleurs, et j’eus du mal à retenir mes larmes quand je dus expliquer pourquoi on avait si froid. J’eu encore du mal quand je présentais mon livre puisque c’était celui de mon père, Pierrot de la lune, le jour même sorti. Je dus pour le présenter parler un peu de mon histoire avec lui et je sentis une sorte de silence gêné…Tout le monde fut ravi de cette soirée chaleureuse et m’en remercia le lendemain en me disant que ma présentation avait été très émouvante... Mais personne, personne, ne se soucia de savoir si j’avais besoin de quoi que ce soit, j’avais certainement bien joué ma comédie, aidée de ma lutine virevoltante. L’été dernier lors d’une sortie pique nique que j’avais reprise, je me retrouvais avec une seule convive, chez moi pour la soirée. La conversation ne prenant pas trop, je demandais à mon invitée ce qu’elle faisait comme boulot et elle me répondit « Je n’aime pas parler de mon boulot dans les sorties … Je ne lui avais pas demandé son emploi du temps ni le nom de ses collègues, c’était une innocente question que j’avais posée là… J’ai moi-même des amis, des vrais, dans la vraie vie, au boulot, et j’ai bien compris que sur ce site je ne ferai que des rencontres, mais que mon cercle d’amis ne s’élargirait pas. Il y a sur ce site beaucoup de célibataires et beaucoup sans enfants. Tous ont un petit sigle argenté ou doré à coté de leur pseudo, parce qu’ils participent à plus de trois sorties par semaine. Moi je n’ai pas de petit sigle. En un an j’ai du faire 6 ou 7 sorties…


Celle d’hier soir consistait en un repas pris dans un restau de Bordeaux au nom Indianisant… J’ai fantasmé sur les nan toute la journée. J’ai commencé par me planter d’heure et arriver entre le retard et l’avance. Le rendez-vous premier était à 20 heures. Puis dans l’aprèm je consultais mes messages et lus « je remets le repas à 7… » Je compris donc qu’il fallait venir à 19 heures. C’est donc à 19 heures 30 que je pressais le pas sous la pluie, pour ne pas aggraver mon retard… Sauf que quand j’entrais dans le restau il n’y avait personne… Gros doute sur la date, le lieu, l’heure, et sur ma soirée entière. Finalement je compris que le 7 n’était pas l’heure mais le nombre de convives… La méli-mélo et son esprit tordu… Je m’offris donc un petit verre dans un bar proche pour attendre la bonne heure. Et me re-pointais à 20 heures, la bonne heure… Je ne regrette pas ma soirée, car j’ai rarement des regrets, mais je me suis un peu ennuyée. Je me suis sentie un peu « enfermée dehors », en observation, ailleurs parfois. Pour commencer, hormis un chômeur, dont c’est paraît-il un choix, car il n’a pas envie de passer sa vie à bosser, tous les autres étaient des profs, deux lycée, trois universitaires. En plus tout ce que j’aime, commerce international, et bio je sais pas quoi… Sur les 7 tous faisaient du yoga, mais pas tous le même, ata machin, kundalitruc, et quand j’eux le malheur de m’étonner qu’ils appellent ça un sport, j’eus la sensation d’avoir fait un gros crachat sur la table, au vu du regard outré de chacun. Sur les 7 4 étaient allés en chine, trois au Costa Rica, et tous connaissaient Séville Salamanque et le desert de Bardenas reales, dont j’entendais parler pour la première fois de ma vie !! J’ai donc beaucoup écouté. J’ai posé des questions. Mais je me fous parfaitement du yoga, je n’ai pas de projet de voyage pour tout de suite et surtout pas pour le trekking. Je ne peux pas dire que je me suis fait franchement chier… J’ai comme toujours fait mon petit effet en disant que j’étais narkeotrafikante, lors du tour de table des métiers. J’ai un peu discuté avec le prof qui prépare une thèse sur les conditions climatiques de chapaquoi de la culture du thé(commencée à l’autre siècle… et pas encore finie…), discuté forfait sfr avec le chômeur partiel qui avait bossé sur une plateforme, j’ai du dire trois mots à la prof de commerce international et à son chéri juste à côté de moi. Les deux autres convives que je connaissais grâce aux soirées bouquins, et que j’ai bien, étaient fascinées par le yoga et l’Espagne…

Je ne ferai pas de pub au restau, et ne dirai pas où il est. Ca n’en vaut pas la peine, il porte un nom indien, une déco de bouddhas et statues, de rideaux et bougies, de pénombre et narguilés. Mais la carte me laisse perplexe. Mais la carte me laisse perplexe. Menu à 20 euros : Lassi (tous parfums), ou cocktail champagne tous parfum même la menthe !! Assiette végétaienne, indienne, vietnamienne, …et desserts : tarte au citron, tarte au chocolat, tarte tatin. Pas de nan.

Je commandais un thé bergamote-bleuet qui avait gout de menthe et de sucre, et il fut impossible d’obtenir un café, sous prétexte qu’en Inde on n’en boit pas…. Parce que bien sûr on boit du champagne et on mange de la tarte tatin !!!

C’était un Samedi soir sur la terre…

3 commentaires:

  1. j'arrive chez vous en passant par "rêver de nouveau". J'ai lu votre "épopée" d'une traite. Je reviendrai vous lire...

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  2. J'avais mis un com qui a disparu, pour vous remercier de votre passage et de votre commentaire aussi. CA fait toujours plaisir. Si vous aimez vous pouvez aussi lire le blog d'avant qui retrace 2005-2009, le lien est en haut à gauche ici.
    Je vous mets en lien, car je suis alleé chez vous et ce que j'ai lu me plait aussi...

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  3. Eh bien moi aussi je vous ai mis en lien. A demain.

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