mardi 11 janvier 2011

Le mois : acte 2

Le 11 janvier. Pas encore la moitié du mois. Encore 4 jours et ça basculera vers la fin du mois. Une évidence. Certes. Pour moi, le mois ce décompose en plusieurs périodes. Et je jongle entre ces périodes aussi longtemps que je le peux. Le salaire tombe le 26. Pendant quelque jours, je dois en profiter pour faire le plein d’essence, retirer un peu de liquide pour faire des courses. Acheter un ou deux bouquins. Aller deux trois fois à lidl et payer avec la carte. Ma carte est une carte Electron. Pour les non-initiés de la galère j’explique. C’est une carte bleue visa. Utilisable tant qu’il y a de l’argent sur le compte. Mais dès que débit, carte bloquée. Toutefois le banquier généreux peut autoriser un débit, en fonction du salaire, histoire de récupérer quelques agios. Mais dès que le débit maximum est atteint, blocage. Et la plus moyen d’avoir du liquide, ni de faire des courses, ni de rien payer.


Il y a la solution du chéquier, mais si le compte est débiteur, il y a risque d’interdiction bancaire. Donc agios encore, plus un timbre amende par chèque en fonction du montant du chèque. Donc moi, je ne demande de chéquier que très exceptionnellement. Il peut dépanner dans l’urgence quand la carte bloque, mais en même temps il ne sert qu’à creuser le découvert. Donc grande prudence. Alors je préfère ne pas en avoir. Le dernier que j’ai eu en mai, j’ai réussi à le faire durer jusqu’à août sans problème et avec une extrême parcimonie. Mais il a fini par un interdit bancaire, à cause des dépenses de rentrée. J’ai pu rattraper la chose assez vite, car le chèque en trop était destiné à un ami nous avons donc fait un arrangement entre nous, et j’ai pu être défichée rapidement.

Alors du 26 au… selon les mois, entre le 3 et le 10, les quelques jours son vécus dans la normalité. Je suis plus insouciante, plus légère, je me sens cigale, mais cigale prudente tout de même. En tout cas, je dors mieux, je suis moins tendue.

Puis vient le jour où le distributeur crache son verdict « provision insuffisante », « l’opération ne peut être effectuée, veuillez contacter votre agence bancaire »… Là, c’est comme une porte qui se referme. Le petit stress se réveille. Il reste encore relativement léger, car sur l’autre compte de l’autre banque il y a les 60 euros de secours de la CAF. Donc petit sursis. Bon, avec 60 euros est plus que bref. Si par car il venait l’envie de bifurquer de Lidl et de préférer un supermarché classique, on le regrette cruellement. Surtout quand les tdc sont là, et que le stock, coca, tartine, nutella est à renouveler tous les deux trois jours. L’autre sursis très fluctuant est celui de la pension alimentaire. Celle-ci tombe sur le papier le 1er de chaque mois, mais dans la réalité elle tombe quand je récupère les tdc chez leur père. Cependant si je les récupère un 30 ou 31, il n’est as encore temps. Je dois donc attendre la fin de la quinzaine pour avoir mon chèque, dont le montant est chaque mois comme une « divine » surprise. De la totalité de la pension, sont déduits exhaustivement divers « menus » frais, photo de classe, stylos, argent de poche pour les voyages scolaires, prix total des voyages scolaires. Donc selon les mois, je reçois entre 0 et 190 euros de pension. Donc selon les mois, le deuxième sursis, est plus ou moins long.

La période critique se situe entre le 15 et le 26 suivant. C’est là que le stress s’accentue, que l’angoisse s’installe et que le moral chute vertigineusement.

Parfois, je me pose la question suivant, ne suis-je pas devenue bipolaire ? Avec ces jours où j’ai envie de raconter des choses légères et ceux où je ne pense qu’à la manière dont je vais procéder pour faire manger les tdc, les conduire au collège, et aller moi-même travailler. Mais il me paraît évident surtout en écrivant ces mots, que ma bipolarité n’est pas une maladie. Mes humeurs, suivent seulement la courbe de mon compte en banque. Rien de plus.

Nous sommes le 11, ma carte ne répond plus depuis deux jours. C’est plutôt un bon mois puisque j’ai réussi à tenir jusqu’au 9 sans atteindre le plafond de découvert. Ce mois-ci la pension est tombée dimanche et elle atteignait la somme record de 180 euros. Un peu d’air pour moi, je pourrai même emmener les tdc faire un tout petit peu les soldes. Raisonnablement. Très raisonnablement. Juste un petit geste. Je pourrai même peut-être acheter un petit truc pour mes neveux et nièces auxquels je n’ai toujours pas fait de cadeau de Noël….

Tout cela n’a rien d’exceptionnel, ni de passionnant. C’est juste ce que vivent j’en suis certaine des milliers de personnes dans notre pays. Une réalité, un quotidien. Et j‘ai en plus la chance d’avoir des sursis, tous n’en bénéficient pas. Je pense à eux.

4 commentaires:

  1. C'est le quotidien de mes enfants, que je n'arrive plus à aider, j'arrive encore à les recevoir en payant tout mais pour combien de temps ? Je n'achète que des livres de poche, pratiquement jamais de vêtements et c'est lassant...

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  2. Merde c'est vraiment dur pour les plus jeunes de rentrer dans la vie et de galérer, je souhaite qu'avec les années celà s'arrange pour eux.

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  3. J' ai aussi connu ce genre de situation avec mon EX. huissier etc....celà à durer quelques années et je ne peux plus y penser . La roue a tourné pour moi et égoïstement je profite du présent sachant que tout peut arriver . Ici, tout me parle et quoi te dire ? je suis maladroite avec les mots .

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