lundi 27 décembre 2010

Le désespoir est assis sur un banc...est un beau poème

Comme raconté plus bas, la situation n’est pas nouvelle. Dans la pile des lettres recommandées, des avis et derniers avis, des injonctions à payer, des recouvrements, je peux tirer des enveloppes au hasard, et revivre des moments douloureux. Menacer, faire peur, faire vivre l’endetté dans une angoisse encore plus terrible que celle qu’il connaît déjà. Voilà le but. Chacun son métier. En parlant de métier, je voudrais aussi parler d’une nouvelle sorte de métier, c’est le harceleur professionnel. Recrutés par nos amis les revolvers, ils on à mon avis subi outre le lavage de cerveau un lavage de cœur et une ablation de conscience. Je les imagine, arrivant chaque matin, dans leur open space, une pile de dossier posée sur leur bureau. Et juste à coté une sorte de compteur, que j’appellerai un impitoyablomètre. Et aussi à côté, peut-être, on pourrait voir la copie d’une lettre de licenciement au nom de chaque employé, pour les encourager à « atteindre l’objectif quotidien », récupérer un maximum de tune, par quelque moyen que ce soit. Bon ça ressemble à huissier tout ça, mais un huissier je n’en ai vu un qu’une fois chez moi, et on s’est arrangés face à face. Là c’est l’huissier en fauteuil, qu’est ce qu’ils mettent les enfants de ces gens sur la petite fiche à profession des parents ? Moi j’ai des idées s’il faut les aider, mais je l’écrirai pas là ce serait trop grossier…


Comment on appelle des personnes qui peuvent faire ce que je vais raconter ?

Un milieu de mois d’Août. Ma banque a rejeté deux ou trois je ne sais plus mensualités à Cofi…. Ceux qui parrainent une équipe du tour de France, qui font de pubs avec un soleil qui brille, votre solution crédit en quelques clics. Pour les clac(ques) on verra après, mais on a les solutions aussi !

Ce soir d’Août, je suis dans le tgv avec mes tdc. Les deux petits. On rentre de 15 jours en Bretagne. De quelques jours de vacances offerts par une amie qui m’a prêté sa maison et sa voiture pendant son absence. C’était pluvieux mais reposant et j’ai un peu oublié mes soucis. Mon portable sonne vers presque 20 heures. D’emblée, elle se présente, madame Ag…(allez je donne pas son nom, elle est peut-être virée depuis belle lurette, mais je l’ai encore en tête), elle m’appelle pour savoir ce que je compte faire en ce qui concerne mes 300 euros de retard de paiement de mon revolving. Hein ??? Hein ??? Tu vas me le dire et vite ???! Mon estomac se serre illico, bon retour dans la vie, tes vacances sont terminées ma belle. Je tente de parler doucement pour que tout le compartiment ne soit pas au courant de mon retard de paiement. Elle me demande de parler plus fort d’un ton qui ne donne pas envie de désobéir. Je lui explique que je suis dans le train et que je ne peux pas vraiment parler, qu’elle pourrait peut-être me rappeler le mardi suivant. Je précise que nous sommes samedi soir (elle doit emmener des dossiers pour le week-end celle là), et que le lundi ma banque est fermée. Ca me laisse le temps d’appeler ma banquière le mardi à la première heure. Parce qu’en fait j’ai fait une demande de regroupement de crédits et j’attends la réponse. Bon elle accepte, c’est déjà ça de gagné. Ca y est, je n’ai pas posé le pied en gare de Bordeaux que déjà la machine à soucis m’a rattrapée.

Mardi matin suivant en me levant, j’appelle la banquière qui me dit qu’elle n’a pas encore de réponse pour le regroupement, oui que la situation est délicate mais de ne pas trop m’inquiéter.

C’est durant l’après-midi que vient le coup fatal. Ce n’est pas madame Ag… mais monsieur Alexandre X, un jeune con arrogant qui m’appelle, pour le demander ce que j’ai l’intention de faire pour les 300 euros….bla-bla-bla… Je lui explique que j’attends un appel de madame Ag… dans la journée à qui j’ai déjà commencé d’expliquer mon problème samedi. Oui mais aujourd’hui c’est à lui que j’ai affaire alors qu’est-ce que je compte faire pour ces 300 euros ??? Hein ? Hein ??? Je reste calme et explique que j’ai contacté ma banque ce matin et qu’on attend un réponse… Oui mais comment ça se fait là ce problème madame, hein ?? Vous pouvez m’expliquer ? Je peux oui, divorce, dettes, revolving, mais je dis que mes enfants sont juste à côté de mi et que je ne peux pas parler plus. Comment il n’en a rien à péter le jeune con. Et comment il est sourd et repose la question, alors qu’est ce que vous allez faire ??? Hein Hein ??!! La je perds un peu mon calme et dis que j’ai déjà expliqué ça samedi, et que madame Ag…est au courant. Il devient plus agressif et commence à me faire une leçon de comment on fait pour en arriver là, c’est la honte… Là mon sang ne fait qu’un tour et je perds mon calme. Et je finis entre autres par le traiter de petit con et je raccroche. Illico il rappelle et je lui raccroche au nez en disant que je ne traite qu’avec madame Ag… Alors là lecteur, sache que la règle quand tu es dans cette situation c’est de t’aplatir, de pleurnicher, mais sûrement pas de répondre et de te positionner d’égal à égal. Et ton intérêt n’est pas de la ramener… C’est mi qui rappelle Cof… et qui demande à parler à Madame Ag… Qui est occupée. C’est une autre personne qui s’y colle. Je tente de lui expliquer ce qui vient de se passer. Et la question revient « comment comptez vous faire pour nous payer nos 300 euros avant demain ?? » Je ré-explique mon rachat de crédit. J’ai du mal à rester calme. Elle finit par me demander pourquoi je n’ai pas dit ça à madame Ag samedi. Et là je lâche que j’étais dans le train et que je rentrais de vacances chez une amie. « Des vacances, ironise-t-elle… »Je comprends qu’on ne part pas en vacances quand on a 300 euros de rejet. Elle a sûrement raison et je ne vais pas lui expliquer que c’était tout cadeau, parce que ma copine est gentille…Le ton monte un peu, je suis moins calme, je parle du rachat de crédit et elle me dit tout de go, qu’elle va appeler ma banque pour que ça ne se fasse pas si je n’ai pas trouvé une solution avant demain. Je lui explique que les enfants sont près de moi que je ne peux pas trop parler. Ayant réponse à tout elle me conseille de les mettre devant un jeu vidéo ou la télé. Ca tourne mal encore une fois, car ce n’est pas parce que j’ai 300 euros de débit qu’on doit me dire ce que je dois faire avec mes enfants… Et à nouveau je raccroche. J’appelle ma banquière qui me rassure, la personne peut appeler elle ne pourra rien. Mais elle a eu la société de rachat et mon dossier est rejeté car Cof… m’a fait interdire de crédit. Point final. Retour à la case départ.

Je descends dans ma chambre pour pouvoir parler plus tranquille. Je rappelle Cof.. Et je parle à encore une nouvelle personne. Je ré-ré-explique tout encore une fois et je ré-réentends les mêmes réponses, mais là en plus il y a l’élément refus de rachat de crédits et ça n’arrange pas mon affaire… On dirait qu’il n’y a as de solutions et la question revient immuable « Qu’est ce que vous allez faire DONC pour les 300 euros ! ». Je craque. Je pleure et je dis que c’est « à se flinguer »… C’est ce moment que là que choisit ma lutine pour entrer dans ma chambre et entendre mes dernier mots.. Elle hurle à son frère « Sam maman veut se flinguer, maman veut se flinguer… » Je pose le téléphone et rattrape la lutine pour la calmer. Impossible le mal est fait. A l’autre bout du fil, la « recouvreuse » commence à s’énerver. Je lui dis que je dois rassurer ma fille et que je rappellerai. Je raccroche. La lutine pleure à chaude larmes et en plus de tout je dois me transformer en maman Doltoïenne, pour expliquer que non c’était une expression et que je ne ferai jamais ça, que je les aime trop et qu’elle n’ait pas peur. Je précise que depuis ce jour, chaque fois que la lutine me voit pleurer pour le fric, ou quand elle me quitte elle demande si je ne veux pas me suicider ?? On appelle ça des dommages collatéraux.

Ce jour-là, j’ai fini enfin par pouvoir parler à madame Ag… et je pense que l’épisode de la lutine y est pour quelque chose. J’étais moi-même en pleurs en rappelant et je pense que c’est ce qui est recherché. La personne doit se sentir une merde, en situation de demandeur, incapable de réagir en tant que personne égal, mais de celui qui demande une faveur. Alors on a fini par me donner un délai de quelques jours, attendre que j’aie mon salaire d’Août, et que je puisse virer 300 euros d’une seule traite. Le problème n’étant pas pour eux de savoir ca que je ferai avec 300 euros en moins sur mon salaire dés le début du mois. Puis on me proposa « gentiment », de renégocier le revolving, de réduire mes mensualités, et que bien évidement je mettrai plus de temps à tout rembourser… On appelle ça « rouler dans la farine », mine de rien, mais je dis oui.

J’ai compris ce jour-là que je devrai m’accrocher très fort pour ne pas sombrer, et que la spirale infernale était bel et bien enclenchée. J’ai aussi compris qu’il était facile de craquer et de laisser sa vie dans ce genre d’histoire. Parfois, les infos nous assènent l’histoire d’un père ou d’une mère qui a supprimé ses enfants avant de se donner la mort, en nous amenant à penser « Oh la mère indigne, comment on peut faire ça !!! C’est dégueulasse !!! Oh la vilaine femme…. ». Je pense toujours à cet épisode et je me dis que cette personne a pu ne plus voir d’autre solution et que ça s’appelle le désespoir.

4 commentaires:

  1. C'est une histoire vraie ce que vous nous racontez là ???

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  2. Evidemnt c'est mon histoire. Rien n'est inventé ici. Je sais que pour quelqu'un qui ne l'a pas vécu ça peut paraître inimaginable. Mais à vivre dans la vrai vie ça vous retourne les tripes.

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  3. eh anonyme t'écoutes jamais les infos ? tu sais pas qu'il y a de pauvres en France ? ou tu n'en connais pas la signification ?

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  4. Non je ne pense pas qu'anonyme n'écoute pas les info, mais il y a tellement de personnes qui font de la littérature sur les blogs qu'il a peut-ête cru que je préparais un roman...
    Ca montre bien comment le dire et l'écrire est nécessaire pour ouvrir les yeux.
    Tu sais anonyme c'est peut-être l'histoire de ton voisin ou de ton collègue de bureau...

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