mardi 21 décembre 2010

Le crédit flingue en main, tu connais ?

Me voilà donc rentrée dans l’engrenage. Quand je parle de revolving, il m’arrive souvent d’entendre : Qu’est ce que c’est. Je pense alors quelle chance de ne pas le savoir…


Moi qui suis dans la merde jusqu’au cou et plus haut peut-être, c’est tout naturellement et comme une évidence que lorsque mes « camarades syndicalistes » m’ont proposé de siéger dans une commission pour représenter Sud, j’ai choisi la commission de secours plus une autre sur la souffrance au travail. C’est quoi aussi ça. Dans notre boîte de narkeos dont beaucoup se plaignent, il existe donc une commission qui vient en aide aux personnes plongées dans les difficultés financières. Réunions avec assistante sociale, DRH, représentants syndicaux, pour étudier les dossiers et évaluer les besoins. Nous donnons je dis bien donnons et pas prêtons au maximum 1000 euros par demande. Depuis trois ans les demandes sont passées de 7 ou 8 par mois à une bonne quinzaine. Divorces, longues maladies, et bien sûr ces maudits revolvings, conduisent donc ces travailleurs à appeler à l’aide. J’ai longtemps refusé de faire moi-même une demande. Je sais tout d’abord que 1000 euros ne serons que comme un pansement sur une jambe de bois, comme pour la plupart des demandes qui passent. Mais en plus je me dis toujours que ma situation est « moins grave » que celle des autres. Et puis aujourd’hui je me décide. Oui je vais demander ces 1000 euros pour payer cette maudite facture de gaz et avoir enfin la possibilité de me laver tous les jours avec de l’eau chaude.

J’ai d’ailleurs justement réalisé en réunion dans ces commissions que certains de mes collègues étaient loin de la réalité du quotidien d’une personne entrée dans la précarité ou prêt à y entrer. Parfois des phrases comme « Mais comment peut-on s’endetter à ce point ?, Moi tous ces crédits, jamais ! Ils n’ont qu’à ci, ils devraient plutôt ça !!! Ils ont un téléphone portable avec toutes les dettes qu’ils ont !!!! »

J’ai parfois envie de hurler viens dans ma vie, va dans leur vie, retrouve toi avec un seul salaire et des gosses… Vas-y viens dans la place petit connard !!! Parce que quand tu es en couple si tu dérapes un peu, quand les deux bossent, l’un sauve l’autre. Mais quand t’es seul ben si tu dérapes tu te casses la gueule, et pour te relever, il te faut des années. Si un jour tu te relèves, bien sûr !!! Et c’est là que tu te tournes vers le « remède miracle » du docteur Revolving. Drôle de nom, non ??? Parce que le cadeau de bienvenue ça pourrait bien être le revolver pour te flinguer, pour flinguer ta vie d’abord, puis te flinguer toi à la fin.

J’ai aussi parfois tout simplement expliqué à mes collègues camarades syndiqués ce que c’était qu’un revolving. La somme qu’on t’attribue pour acheter un truc à 300 euros et on te met 2000 sous le nez. Et comme il est facile d’obtenir ce genre de crédit à des taux honteusement élevés mais que tu ne vois pas ou ne veux pas voir…. Comme on ne te demande que ta bonne foi, qu’on te parle de tes petites envies, tes besoins, tes petits ennuis, pour te convaincre que c’est rien, qu’il te faudra trois jours avoir ton petit chèque… Et être endetté pour des années et des années entières. Et comme quand tu as souscrit à deux ou trois de ces revolvings, à la moindre facture trop élevée, panne de voiture, tu puises dans le nourrain de Cofitruc, Sofinmachin, Cetechose…. Et jamais, jamais tu ne soldes ton crédit.

Alors j’explique à mes gentils collègues non revolvés qu’on devrait avec les 1000 euros demandés, solde un des revolvings, pour que la personne ait au moins tous les mois cette mensualité en moins.

Et la hiérarchie me répond qu’administrativement c’est trop compliqué.

Alors j’ai envie de claquer la porte pace que c’est pas ça qui est compliqué. Oh non c’est pas ça ! Et en plus je suis certaine que ce n’est pas si compliqué.

2 commentaires:

  1. Mes gamins ont donné, ils ont soldé mais ils sont toujours dans la panade, chômage, c'est un mot courant aujourd'hui...

    RépondreSupprimer
  2. Tu sais aussi ce que c'est, ça vous refait la vie ce genre de merde...

    RépondreSupprimer