dimanche 2 mai 2010

A mes dix dernières années....

Tout est fini entre nous. La rupture est consommée irrémédiablement. Après 10 ans de vie commune. La rencontre avait eu lieu un jour de grand vent. Grand vent dans mon couple de presque 20 ans cette année là. A la fin de l’année 2000. Les tdc étaient à l’école. C’était un vendredi jour de rtt pour moi. Ma maison verte et blanche était vendue depuis quelques mois. Nous nous retrouvions dans cette maison de transition. En tout cas moi j’en étais certaine. Ken lui était toujours dans la fuite, dans le refus de nos différends et de nos différences. Jusqu’à ce matin là. Il entra dans la pièce et me tendit une photocopie, en me demandant ce que c’était. La feuille sous mes yeux était remplie de mon écriture, de mes mots. Je la posais sur la table, et en trois quarts de secondes je savais ce que c’était. Oui j’avais écrit ce que je voyais. Quelques mois plus tôt. Au fond du fond de l’abîme, j’avais éprouvé le besoin d’écrire noir sur blanc, toute l’histoire de mon histoire avec Ken. Juste pour la raconter au psychiatre auquel m’envoyait ma psy. Juste pour ne rien oublier. Et je n’oubliai rien, aucun détail, aucun sentiment, aucun de mes doutes, aucun détail, aucune des raisons qui m’avaient conduites à ce mariage et à ces années si longues à attendre que le courage me vienne de parler, puis de partir. J’y parlais aussi de cet amour qui était venu un jour, des ces années ponctuées de coups de cœurs pour des hommes croisés, pour une femme aussi. Tout. Même les initiales de l’homme qui m’avait donné le courage de dire.
Mais je ne lisais pas, car je savais par cœur ce que j’avais écrit. Il me regardait. Il attendait. Moi, je me demandais une seule chose, lui tournant le dos, appuyée sur la table. Comment avait-il pu se procurer mes confidences rangées au fond de mon agenda, sous la couverture ?
Je revenais d’Afrique, de trois semaines avec l’asso, j’avais fait le plein de bonheur, de courage, de forces. J’étais rentrée trois jours plus tôt. Je savais que ma vie allait changer bientôt. A cet instant là, peut-être.
J’ étais partie au Burkina en laissant dans un tiroir mon agenda, avec mes rouges à lèvres, mes gadgets, des petites choses pas forcément nécessaires pour aller sac au dos aider des petits orphelins. Et c’est justement un soir où je lui demandai de chercher une adresse dans mon agenda que l’idée lui était venue de fouiller. Et bien sûr de lire tous les petits papiers que je sème dans mes sacs pour raconter mes rêves de la nuit et autres pensées.
Voila comment je me trouvai là, au banc de l’accusée soumise à la question.
De réponse il n’y avait pas. Il découvrait ce que je lui disais depuis des années. Je ne l’aimais pas. Je voulais ma liberté.
Alors il me posa cette question capitale s’il en est : « Il faut qu’on achète une nouvelle voiture, mais est-ce que c’est la peine d’investir là-dedans, avec ce que tu as dans la tête ???? »
Inutile de dire que cette question-là, sous cette forme, confirmait nos incompréhensions, nos différences de préoccupations et tous nos différends.
Et malgrè ma réponse nous partîmes l’acheter cette voiture.
Et c’est donc ce jour-là que je la rencontrai. Belle. Enorme. Elle me plût.
Quand plusieurs mois plus tard, notre divorce prit enfin forme, Ken me proposa que nous la mettions elle aussi en garde alternée avec les tdc.
Depuis plusieurs moi, elle aussi était le témoin des ébats amoureux de Ken et de sa toute fraîche Barbie. Cheveux blonds sur les sièges, trace de pieds sur le pare-brise, plaid rangé dans le coffre. Je ne pouvais rien ignorer de ce qui se passait là… J’en souriais, j’allais être libre bientôt.
Pour la garde alternée, elle a fait long feu. Rapidement Ken et Barbie réclamaient la voiture pour un week-end en amoureux, la voiture pour aller chez de nouveaux potes, ma voiture pour aller acheter un lit… Bref, il fallait faire un choix. Elle était à lui ou elle était à moi ??? Elle fut à moi, moyennant finances.
Elle m’amena partout, où je voulais, j’y mettais tout, mes meubles à transporter, mes enfants et leurs copains, mes copines en vadrouille avec moi pour le week-end. Elle visita le Portugal sans moi, avec une de mes amies.
Un été même, partie en vacances avec les tdc chez mamamia, je claquai la porte au bout de deux jours, fâchèe avec sœur fâchée, déjà. Mais je poursuis vis les vacances juste deux kilomètres plus loin, au bord de la mer. La nuit nous dormions tous dedans, le jour nous étions à la plage en forêt elle fut notre maison de vacances pendant quinze jours.
Mais bien vite elle tomba en panne. Gravement. Chèrement aussi. La réparation me mit dans une situation financière fragilisée.
Ma vie continuait, j’aimais à nouveau. Il la conduisit pour une semaine de bonheur. Elle retomba en panne et me laissa dans une situation financière délicate.
Je transportai Mamamia, et tous ses bagages quand elle vint chez moi. Elle ne l’aimait pas elle était trop grosse trop haute elle avait du mal à monter dedans.
Elle m’aida dans mes trois déménagements.
Elle m’aida à aller sur des chantiers.
Elle tomba encore en panne et me laissa dans une situation financière inquiètante.
Elle connut souvent la fourrière. Les dépannages en cata.
Je connus d’autres hommes. Des départs en urgence pour voir mamamia qui finissait sa vie.
Je ne compte plus les autres pannes. Les autres remorquages. Les autres sommes laissées dans les réparations.
Hasard cruel, je déménageais encore une fois et l’annonce à laquelle je répondis me conduisis juste pile poil en face de chez mon garagiste. Ironie du sort certainement.
Il devint son médecin référant alors que je refuse d’en avoir un pour moi. Et cela me laissa dans une situation financière catastrophique.
L’été dernier le garagiste a pris sa retraite.
Alors quelques mois plus tard, en janvier dernier quand elle a décidé encore une fois de tomber en panne sur le bord de l’autoroute, j’ai décidé qu’entre nous tout était fini ; Il le fallait.
Depuis elle est posée sur un parking à côté de mon bureau et elle continue de me torturer puisque je suis persécutée par la police municipale que veut que je l’enlève.
Mais c’est fini elle ne me coûtera plus rien. Jamais. A prochaine fois qu’elle prendra la route, je ne la reverrai plus jamais. Jamais.
Elle représente une dizaine de mes années de liberté. Mais elle fût une chaîne pour moi. Je ne veux pas couler avec elle.
Je n’ai plus de voiture mais je me débrouille. Celle du boulot, celle de potes, le tram, le bus, m’accompagnent dans mes déplacements.
Elle ne me manque pas. Mais je considèrerai en avoir fini avec elle quand elle sera loin de mes yeux et de mon compte en banque.

3 commentaires:

  1. très bel article, juste pour un "tas de féraille"

    RépondreSupprimer
  2. Je m'attache beaucoup à mes voitures moi aussi...
    MAis j'ai la chance qu'elles ne me lachent pas... pour l'instant!

    RépondreSupprimer
  3. On survit très bien sans voiture si on habite une ville...

    RépondreSupprimer