En regardant dehors ce soir,
j’ai vu cette lumière, juste ce ton particulier qu’avait pris ma cour pas très
jolie pour l’instant et plutôt en grande pagaille. Je n’ai pas d’horizon
puisque c’est une cour fermée par un mur de trois mètres de haut, je vois juste
chaque jour si le ciel est bleu ou gris. Mais ce soir c’est certain c’était la
lumière de septembre, déjà un peu froide, elle est difficile à décrire. C’est
juste une lumière qui, quand je la regarde me ramène à d’autres fin
d’après-midi de septembre du reste de ma vie, je me revois sortant de l’école
et jouant encore dans la cour quand j’avais sept ou huit en regardant le soleil
descendre lentement entre les arbres, et me dire qu’au loin il tombait dans
l’océan… parfois avec Pierrot de la lune et mamamia et le reste de la tribu,
tout le monde montait dans le break pour aller passer un moment à regarder les
vagues, et surtout l’ horizon dévorer ce cercle parfait de lumière orange.
Puis, me reviennent les soirs où je sortais de cours à Bayonne au lycée, et ou
j’attendais que l’on vienne me chercher. Je me vois assise parterre contre le
mur du lycée. Seule. Mes amies étaient rentrées chez elles. Je n’étais pas des
élèves qui filent dans un café et fument entre potes… J’attendais dans mon
coin, penchée sur une page de cahier déchirée, j’écrivais, ma journée, mes
amours, mes colères contre mes parents… Et je me souviens comme si c’était tout
à l’heure de ces soirs de septembre et de leur lumière, je me souviens de la
couleur du ciel et aussi de la lumière vers 18 heures, du moment où la chaleur
de l’après-midi s’enfuit. Quand le soleil est mangé par la mer pas trop loin de
là, vers Biarritz.
D’un sens à l’autre, de mes
yeux à mon nez, de ma vue à mon odorat, j’aime ces petits bonheurs qui se
gravent dans ma mémoire. Mon nez. Un nez de famille. On appelle ça entre nous,
le nez des Dubasque. Daniel ou Blanche ? Le quel nous a donné ce nez en
héritage. Je ne sais plus. Le nez des Dubasque n’a pas une forme particulière,
quoique… Il est souvent en trompette dans la jeunesse et en patate dans la
vieillesse. Mais surtout c’est véritable détecteur d’odeur avant tous les
autres. Ou que tu sois, si près de toi, tu entends « Ca sent le
gaz » ou « Y’a quelque chose qui brûle », ou « personne n’a
marché dans une merde ». Alors là, sûr vous avez un Dubasque dans le coin.
Et sûr, il va vous casser les pieds jusqu’à ce qu’il ait trouvé d’où vient
l’odeur. Et sûr, vous cinq voir dix minutes plus tard, vous allez sentir cette
odeur de gaz, de brûlé, ou de merde.
C’est une chose qui me ramène
aussi dans le passé, quand les Dubasque se réunissaient, grands-parents,
parents, frères et sœurs, cousins et cousines… Il y avait toujours un moment où
les narines Dubasque se mettaient à palpiter, les têtes Dubasque se mettaient à
tourner comme des radars, et on entendait des petits snif Dubasque et tous les
Dubasque se mettaient à chercher d’où venait l’odeur…. Et immanquablement, les
époux de Dubasque se regardaient d’un air désolé et compatissant, et savaient
que toute activité, toute conversation était devenue impossible tant que
l’odeur ne serait pas localisée et identifiée. Impossible de cacher à un
Dubasque que l’on a fumé, bu un verre de vin, on qu’on lui a piqué son parfum,
ou simplement qu’on est passé par là.
Moi, la méli, je me sens digne
de cette lignée de renifleurs, détecteurs d’odeurs, et j’ai bien compris que la
lutine avait été fournie avec le pack-Dubasque. Quand dès qu’elle trouve un
morceau de tissu, une veste, un pull, elle me dit « AH untel est
venu ? » ou « AH untel t’a prêté sa veste ? », je la
comprends totalement. Car j’ai encore en tête l’odeur des mouchoirs qui
venaient d chez Mamie Blanche, ils sentaient le frais, l’eau de Cologne
Bien-Etre, la poudre de son poudrier, un petit coté citronné et sucré, comme
elle. Quand le mouchoir sentait la vieille armoire, le bois un peu humide, et
un peu le poulailler je dois le dire, il venait de chez mamie Laurence. Quand
il avait l’odeur d’une maman parfumée et qui fume il venait de chez ma tatie
Simone, quand il avait la fraîcheur de la lessive et rien d’autre il venait de
chez ma tatie michmich. Plus tard, j’ai connu l’odeur insupportable et
envahissante de la naphtaline, quand j’empruntais un mouchoir mis dans la veste
de mon ex par sa mère.
Je crois avoir pris conscience
réellement de cette mémoire des odeurs, quand j’ai lu le parfum. Et que je
savais exactement ce qu’était ce parfum de pierre froide ou de mimosa mouillé
par la rosée, comme si je les avais eus sous le nez. J’avais l’impression
curieuse que mon nez se mettait en connexion immédiate avec mes neurones, pour
donner à mon corps la sensation de s’emplir de l’odeur. Le seul fait d’écrire
tout ça, me ramène les parfums de mes amies, de mes cousines, les parfums des
cuisines, des draps, ou des toilettes de ceux que j’aime.
Je pourrais aussi parler de
l’odeur qui émanait des doigts de Pierrot de la lune, la craie, le tabac,
l’encre du stencil de sa machine à écrire, les pages de ses livres lus et
relus. Mamamia aussi avait une odeur qui ressemblait à celle de sa sœur, pas de
parfum, juste le linge propre, repassé et de la maison maternelle.
J’ai aussi la mienne. Celle de
mon kenzo Jungle qui permet à tous de savoir par où je passe et à qui
appartient une écharpe oubliée sur une chaise.
Quand j’étais enceinte, mon
odorat est devenu un giga détecteur d’odeurs. J’avais obligé une collègue qui
travaillait dans le même bureau que moi, à aller ranger son thé à la bergamote
très loin, car même coincé u fond d’un tiroir je le sentais et cette odeur me
donnait des nausées terribles. Les seules que j’ai ressenties. Bizarrement
aujoud’hui, j’adore ce thé et son parfum est celui que je préfère.
Alors, et vous , quel sont les
sens qui vous parlent le plus ?
peaux d'amour
D’un coup d’aile
Coccinelle
S’est posée
Sur Oïhana-Itza ensommeillée
Comme elle est sucrée
Cette peau de bébé
Elle a goût de lait
…et de fleur d’oranger
Et vole coccinelle
Vole à tire d’aile
Sur le bout du nez
De Maria l’aînée.
Comme elle est doucette
Cette peau de fillette
Elle a goût de sucette
…Et de pain d’épice en miettes
Elle s’est fait la belle
Notre coccinelle
Sur le doigt de pied
De Samuel le cadet.
Nom d’un Patapon !
Les peaux de garçons
Ont goût de bonbons
…Et …de soldat de plomb !
Coccinelle a voyagé
Et s’est retrouvée
Bien plus haut perchée
Sur Maman posée
Nom d’une Maman
Sur cette peau là
Je sens le lait et la fleur d’oranger
Je sens la sucette et le pain d’épice en miettes
Je sens le bonbon et le soldat de plomb
J’irai une autre fois
Sur le bras du papa
Parole de coccinelle
Je muscle mes ailes ! ! !
Ah, moi aussi, les odeurs, les parfums.... La terre quand il pleut, le couscous, mes batonnets d'encens (nag champar),les acacias au printemps et....le tabac à pipe, mais plus personne ne fume la pipe!
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