jeudi 21 juin 2012

To help or not to help


Encore une fois, mais qu’est ce qu’il m’arrive, je vais dire du bien des profs…. Là ça devient carrément de la lèche….
La lutine redouble. Elle souhaitait faire une seconde générale avec option arts du spectacle, mais les places sont chères et elle a de trop mauvaises notes en matières générales. Heureusement que son 16,5 en histoire des arts et son 15 en physique lui permettent de sauver le 4,5 en espagnol , le 9 en maths en anglais et en français. Pas terrible tout ça pour une entrée en seconde. J’espère qu’elle comprendra enfin avec ce redoublement qu’on n’a rien sans bosser un minimum. Mais ce redoublement là, il lui est offert comme une chance par son collège et  il n’a rien d’une sanction.
La principale m’a appelée perso pour m’en parler. Et surtout en parler avec la lutine. Pas franchement emballée au début à l’idée de se retrouver avec des gamins qui ont un an de moins qu’elle. Mais j’ai aussitôt signé l’accord pour le redoublement et refusé de faire appel.
C’est quand la principale a dit à la lutine « tu vas redoubler mais en 3°3 » que j’ai vu son œil friser… Moi je n’ai pas compris instantanément, il a fallu me traduire.
La troisième 3 est une troisième spéciale. C’est la classe des élèves qui font histoire des arts et arts plastiques, depuis la 6°. Et la prof principale de cette classe est la prof d’arts plastiques, qui ne jure que par la lutine depuis qu’ensemble elles ont monté une pièce de théâtre pour les « Olympes de la parole ». Vite fait je t’explique ignorant que tu es… C’est un truc mis en place par l’association française des femmes diplômées d’université. Un concours national pou les collégiens, qui montent des pièces de théâtre en rapport avec l’égalité des sexes. Cette année c’était les femmes et la création artistique. Alors la lutine qui vit mange dort et marche théâtre, a marché a fond dans l’histoire et elle a co-écrit la pièce. Et elle a joué une Frida Khalo plus vraie que nature. Elle et ses copines ont remporté le prix de l’académie de Bordeaux et étaient en juin au ministère de l’éducation pour la finale. Elles ont fini deuxième avec un prix d’excellence. Et une prof d’arts plastiques en pleurs quand la lutine a joué son rôle et l’a expliqué par la suite au jury.  Et donc cette prof qui croit en la lutine plus que personne a proposé de la prendre dans sa classe l’an prochain et d’être son tuteur, pour la faire travailler à fond pour que l’an prochain elle puisse rentrer sans problème dans la seconde « arts du spectacle » avec option théâtre. Et la principale elle aussi très émue, m’a dit que ma fille était faite pour « ça » et qu’elle était vraiment heureuse de pouvoir lui donner sa place dans cette classe. Elle a aussi briefé à fond la lutine sur ce qu’est un objectif et comme on fait quand on veut l’atteindre.  Ca fait du bien tout ça… Bon maintenant la lutine a bien la pression, mais ça lui fait les pieds, parce que cette année elle a glandé un maximum… Et je trouve que 10 de moyenne générale en ayant aussi peu travaillé c’est bien payé. Elle nous a présenté un sketch à soeurette et à moi cette semaine qui pourrait s’intituler  « Révise toutes les matières du brevet des collège en huit minutes chrono…ou comment viser la mention très bien sans se fatiguer et en rigolant.. » Nous avons bien ri, soeurette a filmé, et c’est impayable. Mais je suis une mère indigne et inconsciente comme le dit Ken l’ex. Je ne devrais pas rire de voir ma fille prendre son prendre son premier examen avec autant de légèreté. Si au brevet il y avait l’option « amusage de galerie » elle aurait tout de suite 20.
Ce soir elle joue du Shakespeare, demain aussi et samedi elle présente Frida à son collège. Je ne sais pas si elle réussira dans le théâtre, mais elle se sera totalement épanouie dans cet art là. Et moi, j’aurai passé des heures et des années à faire la répétitrice, à me faire engueuler parce que je soufflai trop vite, ou pas assez, parce que riais trop ou pas assez, parce que je disais c’est bien et pas c’est génial  ou c’est nul… à avoir envie de lancer le livret au nez de la lutine, et à l’avoir fait, à bout de patience… à entendre « je suis nulle, je suis la plus mauvaise de tous, je fais que de la merde… ».
Ah si elle pouvait mettre autant de cœur à bûcher les maths ou l’histoire…

mardi 12 juin 2012

Dame de pique




Dommage ! Elle avait l’air classe cette dame qui veut pas qu’on l’appelle première dame. Indépendante, en retrait sans être une potiche… Ca avait l’air de ne  pas trop mal s’annoncer. Ca nous changeait de l’autre chanteuse sans voix qui battait des cils et disait connement « OHhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh c’est magnifiiiiiiiiiiiiiiique » quand elle visitait des usine de réacteurs nucléaires. On sentait bien qu’elle n’allait pas convoque Femme actuelle et Avantages pour boire un thé en disant « Mon mari est merveilleux et il est très gentil mon mari le meilleur des maris. »

Mais j’avais quand même un petit pressentiment qu’elle n’allait pas tenir sa langue longtemps. J’avais dans l’idée que sous ces airs calme et intelligents … on n’allait pas tarder à voir surgir autre chose. Un peu plus sec, glacial, radical…

Ca n’a donc pas tardé. Et pof sur Ségolène ! La bonne claque dans la gueule de l’ex de son chéri de président. Et ça je trouve ça pas cool du tout. Je n’ai pas dix mille arguments à apporter, mais pour moi c’est déjà le contraire de l’élégance. C’est à la fois indélicat, déplacé, hors de propos, ridicule… Et c’est surtout donne du grain à moudre à la droite qui n’a vraiment pas besoin de ce genre d’histoire pour enfoncer le nouveau président.

Que l’ex et la nouvelle « Madame Hollande » se détestent peut se comprendre. Mais que la nouvelle utilise ces moyens là pour l’atteindre est assez bas.

Pour une fois je fais court car je suis juste écœurée et stupéfaite.



samedi 2 juin 2012

Le marchand de glace pleure depuis trop longtemps...

Je me souviens d’un adolescent rieur.
Tout comme ses cheveux, son regard était brun sombre. De son grand frère, il avait appris l’esprit rieur et farceur, l’amour des potes, des sorties, de la fête et des troisième mi-temps… Mais un peu en retrait de lui.
Ils avaient juste deux ans ou trois de différence, et le petit regardait toujours le grand avec admiration. Angel dévorait la vie sans souci, traînait derrière lui des cohortes de filles même si son cœur était transi d’amour pour soeurette courage. Eric n’était pas Eric mais d’abord le frère d’Angel. Même pour ses parents, il était un peu l’ombre de son frère.
Pour moi c’était un gamin, j’avais 5 ans de plus que lui, et deux fois par semaine un certain printemps, dans la classe de Pierrot de la Lune, devant un tableau noir, je l’ai torturé avec les accords de compléments d’objets directs, les équations et le théorème de Pythagore… Et il l’a eu son BEPC.
La fin de son adolescence s’annonçait, toujours dans les traces de son frère : rugby, filles, plage, marchand de glaces l’été, lycéen le reste du temps. Toujours dans l’ombre de l’aîné… Qui n’était pas vraiment l’aîné d’ailleurs puisqu’une grande sœur avait existé juste quelques trois ou quatre années avant eux. Mais elle était morte. Ni Angel, ni Eric n’en parlaient jamais. Mais nous on le savait. Et puis une nuit terrible d’hiver, une nuit de nos 20 ans, dans un fracas de tôles, le grand frère est parti. Nos vies de grands ados connaissaient ce jour là leur premier drame.
Au petit matin nous allions dans la maison des deux frères avec nos parents. Une mère était déchirée et sans voix. Un père hurlait que son fils était mort. Nous étions là mais assommés. Et si tristes. Puis dans un coin près de la cheminée, prostré, sans larmes, sans regard, sans mots, comme une ombre qui a perdu ce qui le fait exister, il était isolé. Il écoutait ce père exprimer un chagrin qui ne guérirait jamais.
Je me souviens à quel point j’ai senti ce garçon seul et perdu. A quel point j’ai eu l’impression que plus personne ne le voyait. J’ai fait signe à Ken, et nous sommes allés un peu dans le coin près du fauteuil d’Eric. Ken lui a pris la main. Je le vois encore. Je trouvais tellement horrible cette solitude soudaine dans la vie de cet adolescent et je sentais qu’elle n’était pas que passagère…. Comme si ce chagrin, cette solitude, trop lourds à porter pour un jeune homme de dix-sept ans avaient pesé sur son corps autant que sur son cœur, en quelques semaines, les épaules, le cou, le dos d’Eric, se sont courbés, recroquevillés, jusqu’à le paralyser… Il était déjà vieux. Le grand était mort, le petit ne se donnait plus le droit de vivre…. Malgrè tout le chagrin, toutes les douleurs, la vie a donné des bonheurs à Eric. Une jeune femme. Je n’en parlerai pas car elle ne lui pas vraiment ensoleillé la vie. Et deux enfants. Mais les miracles n’existent pas. L’adolescent brisé est devenu un homme brisé et malade. Il ne s’accrochait que pour ces deux petits.
Depuis cet après-midi, ils ont orphelins. 4 ans, 6 ans, et plus de papa si tendre. 4 ans, 6 ans et une vie à faire dans tout ce malheur. Ce papa ne pouvait plus se battre, son corps avait assez lutté. La vie ne lui a fait aucun cadeau. Aucun. Ca me met en colère que certaines personnes n’aient droit à ce point qu’au malheur. Que ces parents qui sont maintenant si âgés aient vu partir leurs trois enfants. Le papa ne s’en rendra pas compte, ca depuis de longues années il a emmené son cerveau ailleurs, dans un autre monde, la maman mourra sûrement de douleur, « encore une fois ». Perdre ses trois enfants c’est mourir trois fois un peu plus.
Deux petits enfants, si jeunes, et déjà de tels drames qui planent autour d’eux. Et une histoire familiale si cruelle et injuste. J’espère que quelqu’un pourra leur raconter leur papa et leur oncle. Et aussi leurs grands-parents réfugiés espagnols, pleins de chaleur et de joie de vivre. Qui vendaient des glaces et des beignets en famille, l’été au bord de la plage d’Hossegor.