jeudi 29 août 2013

D’ AUTRES VIES QUE LA MIENNE



Jamais de toute ma vie je n’ai passé autant de temps sans lire un bouquin. Depuis de longs mois, mon esprit peuplé de trop de cafards avait cessé de laisser la place au plaisir qui m’est le plus cher, la lecture. J’essayais malgré tout. Je cherchais en vain dans ma bibliothèque celui qui me redonnerait envie. Mais pas une fois je n’en ai acheté un seul.  Je lisais des débuts, puis je les relisais, puis je les re-re-relisais….  J’oubliais les phrases et les chapitres à la minute où je les terminais. J’étais tellement triste que même ce plaisir là se refuse à moi.

Pour la première fois de ma vie je suis partie en vacances avec un seul bouquin dans mes bagages et pas avec un bagage pour les bouquins. Qui plus est c’est l’un de ceux que je n’arrivais pas à lire. 

Dans la maison de location, je n’ai pas tout de suite remarqué la petite bibliothèque.  C’était une drôle de maison. Pas ouverte depuis deux ans elle sentait un peu le renfermé et la moisissure. Elle appartient à des amis qui me l’ont louée pour pas trop cher. Elle date des années 60-70. Construite sur une dune landaise avec une terrasse tournée sur la forêt landaise, on y entend juste le bruit du vent dans les arbres, celui des cigales dans les aiguilles de pins, et des vagues qui se brisent au loin sur le sable de la plage. Une image à mémoriser pour la sophrologie. Des tas de niveaux,  avec des baies vitrées partout et des espaces mezzanines immenses meublés de multiples canapés : une déco estampillée peace and love and sea and sex and drugs and sun.  Les canapés profondément défoncés en gros velours côtelé marron, noir orange ne pouvaient à l’évidence qu’inviter au repos et à la paresse. Exactement ce qu’il me fallait.  J’ai élu celui qui trônait sur la terrasse face aux pins à perte de vue, j’ai laissé la mente religieuse qui y avait élu domicile me tenir compagnie, mais j’ai chassé les chenilles, et j’ai préféré ne pas me demander où s’étaient lovées les araignées.  C’est là que j’ai décidé d’abandonner définitivement le bouquin dont j’avais lu la première phrase des dizaines de fois.  Je venais de repérer las quelques livres de la bibliothèque et surtout celui que j’avais trouvé en m’asseyant un jour dans la voiture de l’ami qui me louait la maison.  Il avait été oublié ou laissé pour moi dans la bibliothèque. Il était là pour moi à l’évidence.  C’est là, que le plaisir des mots est revenu enfin. En deux jours le bouquin était dévoré. Malheureusement aucun des autres bouquins ne m’attirait. J’ai alors couru sonder la bibliothèque de ma tatami qui habite à quelques kilomètres. J’en ai choisi un bien épais, bien lourd, pour y passer un peu plus de temps. Je l’ai commencé le soir devant une tasse de thé accompagné de quelques biscuits. A minuit je l’ai refermé pour rejoindre mon lit, mais je l’ai pris avec moi. Au petit jour il était sur mon oreiller, je n’ai pas pu résister.  C’était si bon, si reposant, si nourrissant tous ces mots, ces histoires ces autres vies que la mienne….  A midi les 500 pages étaient non pas dégustées mais dévorées. La première fois que j’ai pris des antidep je suis devenue boulimique de chocolat. Mes fesses et ma silhouette s’en souviennent….

 Il m’a fallu courir à nouveau chez ma tante pour me réapprovisionner.  Depuis, j’en ai lu six d’affilée. Passant d’un jour à  l’autre, d’un siècle à l’autre, d’un pays à un autre, d’un drame à une comédie, d’un polar à une histoire d’amour, du rire à l’angoisse aux  larmes.

Je n’ai pas tout aimé, mais j’ai tout lu.

J’ai un peu traîné sur certains alors que d’autres m’ont paru trop courts. J’aurais aimé pouvoir les relire à peine la dernière page terminée.

Un moment, j’ai cru que je ne pouvais plus lire, et j’en étais très triste.

Je suis rassurée. Et surtout c’est le signe que dans ma tête quelque chose va mieux.

 

ETONNANT !!!!

Solaire Ian McEwan 

Michael Beard aurait tout de l’antihéros pathétique (boulimique, chauve, bedonnant, il est proche de la soixantaine et son cinquième mariage est sur le déclin) s’il ne s’était vu décerner le Prix Nobel de physique. Croyant que son heure de gloire est derrière lui, il végète en faisant de vagues recherches sur les énergies renouvelables, et c’est par ailleurs un coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’il rencontre un étudiant, Tom Aldous, qui prétend avoir trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique. Contre toute attente, cette rencontre va remettre Michael Beard en selle. Celui-ci décide de se rendre au pôle Nord et à son retour, il va de surprise en surprise. Non seulement il trouve Aldous installé chez lui (il est flagrant qu’il est devenu l’amant de sa femme) ; mais lorsque Beard lui demande de quitter les lieux, Aldous glisse malencontreusement, sa tête heurte le coin de la table et il meurt. Beard se débrouille alors pour faire accuser Tarpin, l’amant « officiel » de sa femme, lequel écopera de 18 ans de prison. Dans le même temps, Beard compulse les notes qu’Aldous avait laissées pour lui. Il se les approprie et parcourt le monde de conférence en conférence en prônant cette thèse d’avant-garde, mais ne tarde pas à se voir traité d’imposteur et de plagiaire par son propre centre de recherche, désireux de récupérer le brevet… Comme souvent chez McEwan, trajectoire individuelle et destin collectif sont indissociables : de même que l’état de la planète sert de toile de fond pour mettre en scène les déviances de Michael Beard et le pousser dans ses derniers retranchements, les errements du physicien représentent autant de signes avant-coureurs de l’apocalypse annoncée. Le comique du début cède la place à une ironie absolue, le divertissement à la parabole. Beard, qui devait sauver la planète du désastre écologique, apparaît pour ce qu’il est : un prédateur narcissique incapable d’accepter la moindre frustration. Malgré ses promesses répétées de se réformer, il remet sans cesse au lendemain et court à sa perte. Comme l’humanité. Le dernier sommet de Copenhague rend d’une actualité « brûlante » ce roman, sans doute l’un des plus intelligents et des plus narquois de Ian McEwan.

 

TROUBLANT ET EMOUVANT!!!!

Rien ne s’oppose à la nuit  Delphine de Vigan
Avec Rien ne s'oppose à la nuit, joli titre inspiré de la chanson de Bashung Osez Joséphine, Delphine de Vigan, quarante-cinq ans, va encore plus loin : même s'il est qualifié de "roman", ce sixième livre évoque ouvertement sa mère dont la mort, en 2008, à l'âge de soixante et un ans, l'a incitée à écrire sur elle. Pas tout de suite, certes. Mais finalement en profondeur. Convoquant les témoignages des uns et des autres, collectant les documents et les photos, les traces de toutes sortes, Delphine de Vigan retrace en détail la destinée de cette jolie Lucile, née en 1946, troisième enfant d'une fratrie de neuf - dont trois mourront en bas âge. Dans cette enquête poignante au coeur de la mémoire familiale, la romancière fait resurgir les souvenirs les plus lumineux comme les secrets les plus enfouis. Un récit sensible et fascinant, qui fait écho aux blessures de chacun...

PRETENTIEUX PARFOIS CURIEUX UN PEU AGACANT MAIS INTERESSANT !!!
Bon petit soldat Mazarine Mitterand
Être ou ne pas être. Être un secret inavouable, affublé d’un prénom impossible, une vie entre les lignes : une enfant cachée. Être la fille du président Mitterrand ou ne pas être du tout. Être la progéniture adorée à la maison, au sein d’un trio aussi idéal que mythique, mais n’être rien ailleurs – rien, nada, personne. Être la soeur, la belle-fille, la nièce, la cousine, et la tante, d’une ribambelle de frères, belle-mère, oncles, cousins et neveux qui, eux, ne savent pas qui vous êtes. Et puis soudain la lumière, pleins feux ; les flashs, le scandale. Être sa fille, enfin, officiellement. Un objet de curiosité, de suppositions, de préjugés, de rancoeur – ne vit-elle pas aux crochets de la République ? De harcèlement aussi, quand les paparazzi campent devant chez elle. Et puis devenir l’héritière morale. Le portrait craché. La représentante. Devenir lui, un peu. Mais jamais soi-même. Comment échapper à ce sortilège originel qui l’empêche d’être autre chose qu’un « bon petit soldat » ? Comment protéger ses propres enfants, comment leur transmettre un héritage à la fois si prestigieux et si tortueux, sans qu’ils en souffrent à leur tour ? C’est sous forme de journal que Mazarine Pingeot a choisi de transcrire ces réflexions, au fil des mois de la campagne présidentielle durant lesquels le combat personnel est sournoisement venu se mêler au combat politique. Reprenant le fil là où elle l’avait laissé il y a sept ans, concluant Bouche cousue sur l’espoir d’un lendemain meilleur, elle fait de son écriture, vibrante et exutoire, le lieu d’une étonnante introspection collective.


DELIRANT FACILE MAIS IRRESISTIBLE (ECLATS DE RIRE GARANTIS)
Demain j’arrete  Gilles Legardinier
Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides.
Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu, obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier… Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret.
Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons- nous fait le truc le plus idiot de notre vie ? 

PASSIONNANT  MON PREFERE !!!
L’ile des oubliés Victoria Hislop
Une jeune femme en quête d'identité découvre l'incroyable histoire de sa famille : trois générations de femmes émouvantes et courageuses, au destin lié à Spinalonga, l'île des lépreux ...
Alexis ignore tout du passé de sa mère. De sa famille, elle ne connaît que l'existence d'une tante, Maria, aperçue sur une vieille photo sépia. Pour en savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère situé en Crête. Alexis va alors faire une terrible découverte : juste en face se dresse Spinalonga, l'île où l'on envoyait les lépreux ... et où un membre de sa famille aurait péri ...
Quels mystères effrayants recèle cette île des oubliés ? 
Quelles épreuves ont vécues Maria et les siens ? 
Pourquoi la mère d'Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la bouleversante destinée de ses aieules et sur leurs sombres secrets ...

DELICIEUX CURIEUX INQUIETANT PARFOIS !!!

La singulière tristesse du gâteau au citron  Aimée Bender

Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein mord avec délice dans le gâteau au citron préparé pour l?occasion. S?ensuit une incroyable révélation : elle ressent précisément l?émotion éprouvée par sa mère, alors qu?elle assemblait les  couches de génoise et de crème. Sous la douceur la plus exquise, Rose perçoit le désespoir. Ce bouleversement va entraîner la petite fille dans une enquête sur sa famille. Car, chez les Edelstein, tous disposent d?un pouvoir embarrassant : odorat surpuissant ou capacité de se fondre dans le décor au point de disparaître. Pour ces superhéros du quotidien, ce don est un fardeau. Chacun pense être affligé d?un mal unique, d?un pouvoir qu?il faut passer sous silence. Comment vivre lorsque les petits arrangements avec la vérité sont impossibles ? Comment supporter le monde lorsque la moindre bouchée provoque un séisme intérieur ? Comme le singulier gâteau de Rose, les livres d?Aimee Bender sont recouverts d?un succulent glaçage, fait d?humour et de fantaisie. Dans ce texte plein de charme, proche des films de Wes Anderson, elle met l?imagination au pouvoir et prouve qu?elle est l?un des auteurs les plus originaux du paysage littéraire américain.Aimee Bender vit à Los Angeles. Après un roman (L?Ombre de moi-même) et deux recueils de nouvelles (La Fille en jupe inflammable et Des créatures obstinées) publiés aux Éditions de l?Olivier, elle a connu un grand succès aux États-Unis avec La Singulière Tristesse du gâteau au citron.

PAS TRES CREDIBLE VITE LU …. PAS MAL TOUT DE  MEME …
Spirale  Tatiana de Rosnay
Hélène est une femme sans histoires à la vie lisse. Un jour, sur un coup de tête, elle trompe son mari pour la première fois avec un inconnu. L’adultère vire au cauchemar quand, au lit, l’amant sans nom meurt d’une crise cardiaque.
Hélène s’enfuit, décidée à ne jamais en parler, et surtout, à tout oublier.
Mais dans l’affolement, elle laisse son sac à main avec ses papiers dans la chambre de l'inconnu…
Happée par une spirale infernale, Hélène ira très loin pour sauver les apparences à tout prix.
Jusque où ?

mercredi 7 août 2013

Perdue en chemin, mais va se retrouver, il le faut


Finalement les choses  se passent rarement comme  on l’envisage.
Et de mon côté c’est plutôt jamais.
Serai-je une bipolaire qui s’ignorait jusqu’à maintenant ?
Je ne sais plus trop.
Croire que la fin de la galère financière sonnerait la fin des jours difficiles était un leurre. Peut-être qu’on ne se remet pas aussi vite que ça de  dix ans de souffrance. J’y ai cru pourtant. Quelques semaines. Mais la trahison de mon fils, en novembre, m’a laissée comme assommée. Se faire voler par son enfant est comme recevoir un uppercut et rester sonné sur le ring. Je suis restée debout tout de même. Tenter de garder le lien avec ce fils que je ne comprends plus m’épuise. Voir la gazelle travailler sans relâche mais galérer elle aussi financièrement, être là quand elle appelle et qu’elle a besoin, me mine. Et voir la lutine, elle aussi avoir sabordé son année scolaire, et se retrouver elle aussi sur le carreau et avec une orientation qui ne se décidera que fin Août, me donne le tournis.
Depuis quelque temps mon corps me parle. Il montre que lui aussi il pâtit de tous ces soucis. Les envies me quittent. C’est comme si je ne me voyais plus d’avenir radieux. Mes nuits si longues et pleines de rêves fous, deviennent courtes et sans aucun souvenir de mes rêves. Le petit matin arrive pour moi à 5 heures, et jusqu’au lever les pensées s’entrechoquent en moi. Sur le dos, sur le ventre, sur le côté droit, sur le côté gauche, rien ne change, les soucis sont là quelle que soit la position. L’angoisse vient par énormes bouffées en moi, elle se diffuse. Violement. Sortir du lit et commencer la journée de travail me délivre. Même si dans la journée les bouffées reviennent, elles sont plus rares et le travail fait diversion. Parfois je vais m’enfermer dans les toilettes, respirer sophro pour évacuer les tensions. Ca fait un peu de bien.
Plus de rêves, plus de larmes, plus de désirs, d’envies. Même plus celle de manger. Juste avaler ce qui traîne dans le frigo. Vite. Vider sa tête devant un film idiot, jouer à des conneries sur l’ordi, puis s’endormir à nouveau. Sans difficulté là, à cause de la fatigue.
Parfois, se raccrocher à de petites joies, les envisager somme des bouées qui sauveront de la noyade.
Se dire que tout ça et normal, que revivre n’est pas si facile…
Puis un jour, accepter que c’est ça la déprime, la dépression, qu’elle est là.
Et que personne n’aurait l’idée de marcher sans plâtre ni béquille avec une jambe cassée. Alors pourquoi essayer vainement d’avancer encore et encore en puisant dans les forces de son corps, et refuser l’aide de l’autre béquille. Le médicament. Même si on n’en a pas envie du tout.
Ces quelques derniers jours, c’est un emmerde finalement pas si grave qui m’a donné le coup de grâce mais aussi décidée à faire quelque chose.
En allant chercher ma voiture en révision, j’ai appris qu’elle était quasiment foutue alors que je l’ai achetée il y a moins d’un an. Incapable de réfléchir, je ne voyais même plus d’idée de solution à trouver. Comme un coup de grâce, comme un souci supplémentaire, j’ai encaissé encore une fois la nouvelle. Mon corps aussi. Tendu à se rompre. Vrillée dans mon estomac, serrée dans mon sternum, étouffée dans ma gorge, j’entendais plus que je n’écoutais les conversations des amis venus me soutenir de tout leur amour. Parfois quelques secondes un répit venait et je pouvais rire ou sourire, mais même mon visage avait mal.
Alors j’ai accepté que je ne m’en sortirai pas seule et avec mes propres forces.
Je n’aime pas cette idée de n’avoir pas réussi seule. Il me faut toutefois l’accepter.
Depuis lundi, me voilà à nouveau avec les petites pillules sur ma table de nuit, que je prends par moitié, et sans plaisir. Mais mon corps se détend de nouveau. J’arrive à penser et ne me focalise plus sur les problèmes en boucle. Je ne me réveille plus à 5 heures mais à 7.
En vacances pour un mois, je vais essayer de retrouver un peu de repos de l’esprit et du corps aussi. La semaine prochaine j’irai respirer l’air de l’océan des pins du sable chaud.
Pour mieux revenir. Et voir la vie, écouter plutôt qu’entendre, et avoir des envies à nouveau.