mercredi 10 août 2011

Vent du large...

J’y suis. Je me pose dans une chambre. On en parle comme d’une maison de famille. Famille je vous aime, famille je vous hais ??? Je ne sais plus. Famille, je n’irai pas chercher dans le Grand Robert la définition de ce mot car elle ne m’apprendrait rien. Je suppose que ça doit parler du sang, de la filiation, des frères et des sœurs, des pères et des mères.
Je ne crois pas avoir inculqué à mes tdc les valeurs qu’on donne à la famille, telles que le dictionnaire pourrait les définir. Ils ont eux même tissé leurs liens avec ceux de leurs oncles, leurs tantes, leurs cousins dont ils se sentaient proches. Ils ont fait leur choix dans les affinités qui ne sont pas forcément les miens. Ils ont aussi fait de certains de mes amis, des confidents, ou des oncles et des tantes de substitution.
Ici dans cette maison qu’on appelle de famille, il ne reste que peu de trace de la vie des grands-parents. Les pièces sont vidées de leur vie passée. Le strict minimum de souvenirs. Un tableau resté au mur, on ne sait pas pourquoi…Deux pêle-mêle rappelant que les enfants ont été tout petits et qu’ils ont eu des grands-parents. Une table, une armoire, un prie-dieu, un bureau, que Pierrot de la lune et mamamia affectionnaient. Le reste a disparu. Nous nous sommes partagés les livres des objets, nous avons chacun chez nous un peu de notre enfance.
Les cendres ont été rangées dans un meuble à ma demande. On ne les croise plus chaque fois qu’on va dans une chambre.
Quand on arrive ici, quand j’arrive ici, j’ai besoin de quelques jours pour trouver une place, pour me sentir bien. Les premières nuits sont peuplées de cauchemars, fatigantes, effrayantes parfois. Il n’y a rien qui me dise bienvenue chez toi. Cette année mes neveux étaient déjà installés avant mon arrivée. Je ne les connais pas si bien que ça. Il nous faut un peu de temps aussi pour nous sentir un peu proches. Mes tdc eux, qui sont leurs cousins ont plus de facilité à se sentir chez eux...
Rapidement j’ai envie, besoin, d’aller voir ma tatie. Je me sens presque plus chez moi, chez elle. Elle est la seule tante à m’avoir vu naître et grandir et à être encore là. La sœur de mamamia. Sa fille est ma filleule, bien que ce mot ne veuille pas dire grand-chose pour moi. Elle aussi, aime la vie, les rires, les moments partagés. J’ai aussi envie de voir ma grande cousine, elle aussi pleine de bienveillance, et d’affection envers moi. Chez elle aussi tout est chaleureux, tout donne envie de s’asseoir, de boire un verre, de parler. Elle partira dans quelques jours pour une autre vie, pendant 4 ans, à Mayotte. Elle me manquera.
C’est mon troisième jour ici. Les ados ont tous leurs activités. Niécette travaille. Son frère trop cool file le parfait amour avec sa fiancée, trop cool. Le nounours, quand il n’est pas au téléphone avec ses potes, prend le vélo et va à la plage ou se balade à la recherche d’autres potes. La lutine et sa copine, se déguisent, dansent, rient comme deux excitées sous leur tente.
Demain je pense que je les amènerai à la plage. Il me faut aussi trois ou quatre jours pour avoir envie de me baigner et de passer l’après-midi au soleil sur le sable. Je me suis un peu trompée cette année dans le choix des livres que j’ai emportés, et je n’arrive pas à me plonger dedans. Je ne dois pas dépenser trop d’argent. Je dois attendre le virement de la CAF pour me rembourser les achats de rentrée que j’ai déjà avancés. Alors j’irai faire un tour pour choisir quelques bouquins à dévorer.
Je n’ai pas de nouvelles de ma gazelle. Si je ne vais pas les chercher, je n’en aurai pas. Je repousse tous les jours le moment de l’appeler.
Ce silence me fait mal, mais je le connais et l’ai accepté.
Hier, j’ai passé un moment au bord du lac, j’étais bien à regarder les pins, les pieds us dans le sable.
C’est là que je suis chez moi.


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