Je fus si bavarde la dernière fois, que je me suis
auto-coupé le sifflet. En fait, non. Pas du tout. Les tdc sont là. Depuis
quinze jours. Et cette quinzaine, ils sont bien là. Le nounours chamallow me
« prend » la tête. Il est plus dur qu’il n’a jamais été. Il ne tient
plus compte de mes interdits, des règles
de vie de la maison. Il va, vient, insulte sa sœur, voudrait que tout se passe
comme il le veut. Il ne supporte plus la frustration et surtout celle de ne pas
disposer d’argent à la demande. Il ne voit pas toutes les restrictions que je
peux m’infliger pour répondre à ses demandes. Quand c’est impossible il se met
en colère. Je reste ferme et nous avons des affrontements violents qui me
laissent vide. Dimanche dernier, il s’est mis à taper dans les murs de sa
chambre. J’ai du le maîtriser en l’attrapant par le col et en le collant contre
un mur. Je savais que s’il l’avait voulu il pouvait facilement me repousser
mais il n’a pas osé. Il me dépasse largement et il lui aurait suffi de me
pousser un peu pour se dégager. Je prends le risque. Puisque ma voix, mes mots
n’ont pas d’effet je ne trouve rien d’autre pour lui faire savoir que je suis la personne que décide dans cette
maison.
Pendant ce temps la lutine, va vient avec les copines,
prépare « un peu » son brevet blanc.
La voilà maintenant tutrice de deux élèves de sa classe en
difficultés scolaire. Une jeune roumaine
dont les parents ne parlent pas le français, et une autre jeune fille.
Finalement, les profs ont du détecter une certaine maturité et l’envie qu’elle
a d’aider les autres. Je suis fière d’elle, mais pas surprise. Sera t’elle pâtissière, avocate ou comédienne,
comme elle le souhaite ? Je ne sais pas mais elle donnera d’elle-même j’en
suis certaine… Pour l’instant son souci à la maison est de savoir si le kaki de
l’écharpe va avec les gris du pantalon, si les chaussures plates sont mieux que
celles à talon avec le slim, si c’est mieux les cheveux lissé ou la pince en
haut ou en bas. Tous les matins elle se présente devant mois avec un pied avec
une chaussure et l’autre avec une autre chaussure et je dois être assez
réveillée pour donne un avis dont je me fous totalement. Elle passe repasse
devant mon lit, avec l’écharpe kaki, puis la bariolée, puis la veste collège,
et la veste de treillis. Parfois je réponds n’importe quoi pour pouvoir refermer
les yeux… Puis, j’entends les talons claquer sur le carrelage, ou le caoutchouc
des baskets crisser. Puis elle chante un « A ce soir maman, fais
attention, sois prudente je t’aime », je grogne un moi aussi et reste
encore un peu sous ma couette.
Il me reste une petite demi heure pour passer sous la douche,
après avoir passé l’éponge sur le
lavabo, et la baignoire, et enlevé les traces de gel, de crème, de dentifrice,
nettoyé la brosse à cheveux, mis le linge qui traîne partout dans la machine,
et aussi trouvé la seule serviette de bain sèche qui me reste. En général, la
plus petite… 5 minutes dans la salle de bain pour moi. Plus de maquillage
depuis longtemps. Je n’ai plus les moyens et plus le temps. Juste mon parfum et
mon déo. Il y a si longtemps que je ne me suis pas posée pour me préparer. Puis
je passe en coup de vent dans la cuisine et range les verres dans le
lave-vaisselle, ôte le couteau du pot de Nutella, suis obligée de le lécher « pour
ne pas gaspiller »… Je zappe le thé. Si j’ai un euro dans le sac, je m’arrêterai
à la boulangerie de Nansouty et profiterai du charmant sourire du jeune vendeur.
Ne pas gaspiller non plus… J’enfile mon manteau, les bottes (merci Coco !!),
je cherche mon portable –le téléphone- qui en ce moment m’est confisqué par la
lutine tous les soirs, car elle n’a pas d’unités sur le sien et moi j’ai les
sms illimités. Elle reçoit sur le sien er répond avec le mien… je cherche mon
portable –l’ordi du boulot- qui m’est confisque tous les soirs soit par le
nounours soit par la lutine, car c’est le seul portable de la maison. Je mets
tout ça dans mon sac à dos. J’ouvre la porte et sors sous les yeux des 200 ados
agglutinés devant chez moi, j’ai envie de tous les étriper. Ceux qui sont
appuyés sur ma voiture, ceux qui ne bougent pas pour me laisser passer, ceux
qui marchent sur la route au lieu du trottoir, ceux qui prennent la rue en vélo
en sens interdit et attendent que JE freine.
Parfois je pleure dans ma voiture, c’est ma façon de
décompresser. J’ai dix minutes un quart d’heure pour vider mes glandes lacrymales
et retrouver mon air souriant.
Je n’y arrive pas toujours ? Parfois je crois que c’est
bon, et la première personne croisé me lance un « Ouh, ça va pas toi ?! »
Bon j’ai déjà dit ça non ? Et puis c’est un peu comme
ça pour tout le monde …
Et puis je prends un café je bosse et je pense au boulot.
D’ailleurs les bruits de chiottes se précisent. Officieusement
j’ai le poste. J’attends le courrier de confirmation.
Tu ne peux pas te faire aider pour ton fils...
RépondreSupprimerJe fais aussi ça dans ma voiture...
RépondreSupprimerRessasser... et puis surtout, écrire - ce que vous faites - cela permet de mettre les choses à distance et de tenir l'esprit en état de marche. Bon courage en tout cas.
RépondreSupprimerC'est dur ! mais c'est bien de ne pas baisser les bras face au Nounours. Même s'il y a des engueulades, il y a de l'amour et du respect de sa part. Même si son père n'est pas top, il sait aussi qu'il y a ce cadre là. Il existe et l'empêche de partir à la dérive. les ados sont "coupants comme le diamant" disait l'autre et c'est bien difficile pour nous qui avons besoin de douceur et de calme.Ils sont épouvantablement égocentriques mais ils nous empêchent de vieillir trop vite en nous obligeant à une vigilance constante. Je pense à toi beaucoup. Je t'embrasse.
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