vendredi 14 octobre 2011

Et toi, t’es là pour quoi toi ???



Une salle d’attente d’IRM, c’est comme qui dirait une petite réunion de famille. La famille de ceux qui ont mal quelque part. La famille de ceux, qui ont essayé les médicaments, les ostéos, les radios, les échos et que ça n’a toujours rien donné….
Mardi j’ai fait l’expérience de la salle d’attente d’IRM.
Depuis toujours j’ai cette manie d’être dedans et pas dedans. Petite, il y avait toujours un moment dans les réunions de familles ou d’amis, ou je me sentais non pas au-dessus, mais hors du groupe. J’étais au milieu du groupe mais je ne n’en faisais pas partie,  je réfléchissais, j’observais chacun comme un étranger, un inconnu, de qui j’avais tout à découvrir. Je prenais conscience du moment, en essayant de le graver dan ma mémoire pour le futur. Je regardais les adultes en pensant que moi aussi un jour, je serai dans ce groupe, de ceux qui ont des soucis, de ce qui ont tous les droits (hahaha !!! une idée d’enfant…). Bon je ne vais pas en faire un roman, ni un fromage, ni un fromage-roman, mais je n’ai pas perdu cette habitude.
Quand je suis entrée dans la salle d’attente de l’IRM, il y avait déjà huit ou neuf personnes. Il restait juste une petite table suédoise avec un Gala, un Femme actuelle, et une page volante qui dataient tous de la guerre de 14, les sièges étaient tous occupés. Je me suis donc calée sur la table au coin de la pièce, accueillie par le « Bienvenue au club ! » d’une des patientes. En fait non, ce n’était pas une patience mais une accompagnante de patiente. La petite dame accompagnante, caleçon rentré dans les chaussettes de tennis, baskets de marche, sacoche en bandoulière, était en fait la GO du groupe de ceux qui viennent pour l’IRM. C’est comme si le fait d’avoir mal quelque part, nous soudaient comme les doigts de la main, comme si on était des vieux potes de souffrance… On se regarde tous, complices, avec une sorte de « vous aussi » dans l’œil… Alors ça donne le droit de se poser des tas de questions même les plus indiscrètes. Ce genre de situation me rend un peu autiste. Je veux bien faire un petit sourire à droite un petit sourire à gauche, mais bon de là à raconter ma vie, j’ai beaucoup plus de mal. En trois minutes, j’avais compris que la GO, était la chauffeuse de salle d’attente. Ceci me permit de comprendre que sur les dix personnes, il n’y avait que 5 souffrants. Une jeune femme venue avec sa grand-mère, un couple de moncoeurmonamour frais, un couple de mon vieuxcoeurmonvieilamour, la GO et sa patiente, et un homme seul. Et moi. J’ai aussi compris que la complicité qui régnait datait de plus de deux heures pour certains !!! Le vieux couple, était arrivé à 16 heures en même temps que le jeune couple, et il était plus de 18 heures. Venait ensuite la GO dont la patiente était à ce moment là sur le grill, enfin dans le maxi rouleau de PQ. Elle souffrait de migraines, et elle avait tout essayé, l’allo, l’homéo, m’ostéo, les plantes, l’argile, enfin tout tout tout, et aucun médecin ne pouvait la soigner. Si bien que quand elle est sortie du rouleau, nous savions qu’elle était prof de gym, qu’elle avait la migraine, qu’elle habitait Pessac, et qu’elle avait un ménisque en moins de une semelle dans une chaussure. Mais elle, elle ne savait pas qu’on savait. La GO, après avoir demandé à patient tout seul ce qu’il avait, lui a dit que comme patiente du rouleau était prof de gym elle allait lui expliquer comment fonctionnait un genou. Et nous voila repartis, version la patiente elle-même, qui explique qu’elle n’a plus son ménisque, qui se déchausse pour montrer sa semelle, qui dit à patient tout seul que le mieux serait qu’il voit d’abord un ostéo, puis un podologue. Mais patient tout seul a l’air vraiment très con. Il ne sait pas ce qu’est un podologue et il dit qu’il va aller à Auchan pour s’acheter lui aussi une semelle. Et puis il se demande comment il va faire quand il va changer de chaussures. Je crois que mon ex-Ken a du souci à se faire pour son titre olympique de crétin…  Fort de tous ces conseils, patient tout seul, pourrait presque rentrer chez lui sans passer par la case IRM…Mais c’est son tour, il ne peut plu fuir. Il est d’ailleurs remplacé par un athlétique jeune homme venu avec sa môman. La c’est GO et sa pote qui se colle au diagnostic. La GO pense qu’il a les ligaments croisés : « Ca c’est sûr, vous avez les ligaments croisés, vous faites du foot je parie ? » Yes !! Elle en était sûre…. La prof de gym devrait de temps en temps donner un petit cours de biologie à la GO, et lui dire que les ligaments sont toujours croisés et que le problème s’appelle la rupture des ligaments croisés. Mais elle rompt l’interrogatoire quand elle apprend qu’il n’est même pas footballeur professionnel avec un petit « ah… » de déception. Il est militaire. Ca, ça plait à la copine qui prend le relais. Petite prescription, d’ostéo, de kiné…Il a son diagnostic avant le passage par le tube lui aussi.
Entre temps tout le monde a fait une petite hola d’adieu à vieux couple et à jeune couple qui sont partis en même temps. Bon courage, bon retour, pensez à nous quand vous aurez les pieds sous la table parce que nous on va dormir ci.
GO appelle toute sa famille pour prévenir que c’est long long long. Elle demande à Maman de fermer les volets, à Emeline de se faire chauffer un truc et de manger sans elle.  Elle, elle rêve d’une pizza. Puis elle appelle fiston, qui vit avec sa copine à Mérignac, pour lui dire qu’elle attend et qu’elle a envie d’une pizza. J’ai peur qu’elle n’aie plus rien à dire et qu’elle finisse par me demander pourquoi je suis là. Heureusement, bonheur bonheur, on m’appelle.
Quand je reviens, la GO est toujours là. Elle a envie de faire pipi. Cooooool. Je lui indique les toilettes. Mais elle me dit que c’est bon qu’elle peut tenir que quand même comme les gamins… Et d’ailleurs, sa fille………………. Heureusement re-bonheur, re-bonheur, le médecin vient de donner le compte-rendu à sa copine et je ne saurai jamais ce que sa fille……
Je suis moi-même sortie vers 21 heures. 3 heures pour un diagnostic, du médecin-radiologue et non pas de la prof de gym. Je n’ai rien. J’ai mal mais je n’ai rien. J’ai juste de gros seins et des soucis qui me donnent des contractures.

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